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Publié par | science-magazine |
Publié le | 26 juillet 2011 |
Nombre de lectures | 8 |
Langue | Français |
Extrait
De nos jours, de très nombreux mammifères ont un mode de vie grégaire. Toutefois, certains, comme la plupart des marsupiaux (un groupe auquel appartiennent opossums, koalas ou kangourous...), sont strictement solitaires. En revanche, on ne sait à peu près rien du comportement social des mammifères fossiles car il est rarissime que soit conservé un nombre important d'individus pouvant attester d'une vie communautaire. Les deux seuls cas connus sont relativement récents à l'échelle géologique (15 millions d'années) et ne renseignent pas sur l'ancienneté de ce comportement.
La très grande majorité des marsupiaux fossiles anciens sont représentés par des dents isolées ou, au mieux, par des fragments de mâchoires. Les crânes ou squelettes sont extrêmement rares et toujours isolés. Dans ce contexte, la mise au jour de plusieurs dizaines de crânes et squelettes appartenant à 35 individus de Pucadelphys andinus, parfois remarquablement complets, découverts sur quelques mètres carrés, constitue un événement majeur dans la connaissance de l'histoire des mammifères et de leur vie sociale.
Cette découverte apporte la preuve que, contrairement à leurs représentants actuels, les marsupiaux du début de l'ère tertiaire vivaient en groupe. L'espèce Pucadelphys andinus (de petite taille) présentait un fort dimorphisme sexuel, les mâles ayant un crâne plus grand et plus long, une crête occipitale plus développée et surtout des canines beaucoup plus grandes que celles des femelles. Parmi les 22 squelettes et crânes les mieux conservés, les scientifiques ont pu dénombrer 6 mâles, 12 femelles et 4 sub-adultes (pour lesquels le sexe n'est pas décelable). L'association d'un aussi grand nombre d'individus ainsi que ce dimorphisme sexuel marqué sont une indication de moeurs grégaires, de compétition entre mâles et de polygynie (un mâle fécondant plusieurs femelles). De plus, le probable climat tropical qui était celui de la Bolivie il y a 64 millions d'années semblerait indiquer que la reproduction de Pucadelphys andinus n'était pas saisonnière comme cela est le cas pour les faunes des régions tempérées ou froides.
Ces marsupiaux vivaient sur les rives d'un grand fleuve tropical et ont sans doute été surpris par une crue soudaine. Leurs cadavres se sont fossilisés sur place car les restes découverts sont trop bien conservés pour avoir été transportés. Ces 35 individus ont donc vécu et sont morts ensemble.
Les fossiles boliviens nous fournissent le plus ancien cas connu de comportement social chez les mammifères et permettent de lever une partie du voile sur leur mode de vie au tout début de l'ère tertiaire aussi appelée "l'ère des mammifères".