Note sur la classification des modes d'utilisation du sol dans les exploitations agricoles - article ; n°1 ; vol.38, pg 15-23

J. Poitevin

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Économie rurale - Année 1958 - Volume 38 - Numéro 1 - Pages 15-23
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ECONOMIE_RURALE
• Publié le: 01 janvier 1958
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J. Poitevin
Note sur la classification des modes d'utilisation du sol dans les
exploitations agricoles
In: Économie rurale. N°38, 1958. pp. 15-23.
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Poitevin J. Note sur la classification des modes d'utilisation du sol dans les exploitations agricoles . In: Économie rurale. N°38,
1958. pp. 15-23.
doi : 10.3406/ecoru.1958.1631
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1958_num_38_1_1631NOTE SUR LA CLASSIFICATION DES MODES D'UTILISATION
Assistant DU à SOL la chaire DANS d'économie LES rurale par J. EXPLOITATIONS de POITEVIN l'Ecole Nationale d'Agriculture AGRICOLES de Grignon
Les méthodes modernes de gestion des exploita condition essentielle une proportion convenable du
tions agricoles font appel, d'une manière plus ou travail et des engrais, avec l'étendue et la qualité
moins directe, à des procédés de comparaison des du sol ».
systèmes de production. Cette notion de système de On reconnaît dans ces deux textes les trois élproduction n'est pas nouvelle ; les précurseurs de éments de la définition aujourd'hui classique : « Le l'économie de l'entreprise agricole en France et système de production est la combinaison des facen Allemagne ont tenté, au 19° siècle, de définir teurs de la et des productions dans Y exles principes d'une classification des systèmes de ploitation agricole » (3), c'est-à-dire qu'un système production. Des classifications récentes, trop sim de production est caractérisé lorsqu'on a préples ou trop complexes, ont été proposées depuis cisé (4) : par des auteurs modernes dans les deux pays. Nous
proposons, à partir de ces travaux, une méthode de a) .Les caractéristiques générales de l'exploita
classification, adaptée aux besoins actuels de la tion : région agricole à laquelle elle appartient,
gestion et de la géographie économique agricole, dimension et fertilité.
en nous limitant à un élément très important du
b) La nature et l'importance respective des prosystème de production : la combinaison des product
ductions. ions végétales dans la surface agricole utile de
l'exploitation. c) Les moyens de production mis en oeuvre.
S'il est relativement facile de schématiser par ce
moyen le système de production d'une exploitation I. — La notion de système
particulière, il est plus délicat de déterminer les
de production, limites entre lesquelles ces caractéristiques définis
sent, un système de type donné. En effet, malgré base de toute classification.
les impératifs du milieu naturel et économique, les
Qu'il s'agisse de l'analyse économique compar études de gestion ont montré la grande diversité
ée ou de la simple description des exploitations des combinaisons effectivement réalisées.
agricoles d'une région, il est nécessaire de les grou Ce n'est pas par hasard que nous abordons ce per en catégories distinctes, c'est-à-dire d'opérer problème, extrêmement complexe, de classificaune classification. Dès le 19e siècle, Lecouteux, dans
tion, par l'étude des modes d'utilisation du sol. son Cours d'Economie Rurale (1), définit clair
Les conditions naturelles de sol et de climat, les ement les principes qui président à une telle classi
impératifs techniques de la rotation imposent,- en fication en « partant de cette idée maîtresse que
effetr une série de limites aux innombrables possiles divers systèmes (de production) sont principal
bilités de choix de l'agriculteur en matière de proement caractérisés par la nature de leurs produits
ductions végétales, fourragères ou non. Il en résulte, et par les proportions suivant lesquelles y fonction
dans chaque région, un groupement des modes nent les forces naturelles... et les forces artificiel
d'utilisation -du sol autour de quelques types qu'il les... »
est alors possible de définir et de classer. C'est Dans un ouvrage encore plus ancien, les a Prin
pourquoi nous trouvons chez la plupart des auteurs cipes raisonnes d'agriculture » de l'agronome all
anciens et modernes une classification des systèemand. Thaër (2), figure la même notion exprimée
mes de production à partir de ce que l'on a appelé en termes différents : « Les assolements ont pour
improprement des « systèmes de culture ».
Cours d'Economie Rurale. Paris 1889. (1) Lecouteux (3) J. Chombart de Lauwe et J. Poitevin Gestion des Tome II, p. 433. exploitations agricoles. Dunod 1957, p. 5. (2) Thaër : ' Principes raisonnes d'agriculture. Traduction.
(4) J. Chombart de Lauwe et J. Poitevin : op. cit. p. 129. Paris 1831. Tome I, p. 379. 4 ,
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tions. Il distingue quatre composantes d'assole— Quelques classifications II.
ment : ,
anciennes et modernes — Composante biennale : Une tête de rotation
dès modes d'utilisation du sol. suivie d'une céréale.
— Composantes triennales : Une tête de rotation
suivie de deux céréales, ou une tête de 1 ) Les classifications anciennes ne correspond'une culture non céréalière, puis une céréale. dent plus aux productions actuelles.
— Composante quadriennale : Une tête de rota
Lecouteux énumère simplement quatre grands tion suivie de trois céréales.
systèmes qui peuvent être exploités de manière in En combinant ces composantes, il dresse 9 sché
tensive ou extensive (5) : mas d'assolements caractérisés par leurs pourcent
ages en céréales et en « autres cultures ». Un tel — Le système forestier.
système, bien qu'il soit très ingénieux, présente un — Le pastoral.
— Le système arable. grave inconvénient : il suppose en effet que les
— Les systèmes arbustifs. assolements observés en réalité résultent de rota
tions rigoureusement appliquées* hypothèse qui n'est Ces grandes catégories restent encore valables
pas confirmée par les faits. On ne peut en outre de nos jours, mais elles ne nous éclairent pas sur
classer les modes d'utilisation du sol sans tenir les nombreuses variantes et les systèmes intermé
compté des prairies naturelles et des cultures arbus- diaires qui sont nés de l'introduction de cultures et
tives. de techniques nouvelles. En outre, l'introduction
d'un critère d'intensité (travail ou engrais) nous
3) La classification régionale des modes d'uti-, montre que Lecouteux entendait par « classification lisation du sol de M. Klatzmann. des systèmes de culture », un véritable classement
sommaire des systèmes de production. Le but de M. Klatzmann dans « La localisation
des cultures et des productions animales en France » Thaër, dans les « Principes raisonnes d'agricul
(7) est différent de celui que nous poursuivons ici : ture », distingue deux grandes catégories de syst
à partir de statistiques régionales, il a entrepris de èmes (6) :
définir le type moyen d'utilisation du sol, alors que — La culture des grains : Ce système se compose nous cherchons à classer des exploitations individ'une partie hors assolement constituée par les prai duelles dans des catégories distinctes à l'intérieur ries naturelles et d'une partie assolée qui porte les de chaque région agricole. Si les résultats obtenus céréales et les jachères. Suivant la rotation, on dis par M. Klatzmann ne peuvent donner que des inditingue, un assolement triennal, quadriennal ou quin cations sommaires puisqu'ils masquent les dispariquennal. tés individuelles, sa méthode de travail, par cont
— - La culture alterne : Dans ce système, les pâtu re, nous a été très précieuse.
rages et la culture du fourrage entrent avec les Il utilise en effet un procédé de localisation gra
céréales dans des rotations complexes de 6 à 12 ans. phique des modes d'utilisation du sol, qui permet
d'effectuer des rapprochements entre les types de Cette classification de type agronomique est adapt
chaque région. Ce procédé graphique est dérivé du ée à l'agriculture allemande de l'époque. Elle re
diagramme triangulaire parfaitement adapté à la pose sur la durée du cycle de rotation et sur le
représentation des différentes combinaisons de trois principe intangible d'une proportion minimum de
éléments complémentaires. M. Klatzmann distingue- surfaces fourragères. En outre la jachère était pra
dans son exemple (8) trois catégories de terres : les tiquée couramment et les prairies artificielles com
terres lab