La question des minorités. Une perspective de sociologie politique - article ; n°38 ; vol.10, pg 136-149
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Politix - Année 1997 - Volume 10 - Numéro 38 - Pages 136-149
The Question of the Minoritdes. A Political Sociology Point of View.
Bernard Voutat et René Knuesel [136-149].
The article argues that the question of minority in political science has been hardly conceptualized, because the analysis generaly use the categories defined by the very mobilized actors. One ought to reformulate the initial problem, in studying the social and political construction of the minority groups.
La question des minorités. Une perspective de sociologie politique.
Bernard Voutat et René Knuesel [136-149].
A partir du constat selon lequel la question des minorités n'a guère été conceptualisée en science politique, les auteurs procèdent à un examen critique d'une approche courante dans les sciences sociales, qui appréhende cette notion de minorité de façon inductive et simultanément descriptive. Ces travaux, en définitive, versent dans des explications tautologiques, dès lors qu'ils prennent pour acquis ce qui, précisément, pose problème, en définissant le fait minoritaire à partir des critères invoqués par les acteurs mêmes des mobilisations considérées. C'est pourquoi il convient de reprendre le problème au niveau de sa formulation initiale en s'interrogeant, dans une perspective relationnelle, sur les logiques qui président à la construction sociale et politique des groupes sur le mode fondamentalement ambivalent de la problématique minoritaire.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 405
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Voutat
René Knuesel
La question des minorités. Une perspective de sociologie
politique
In: Politix. Vol. 10, N°38. Deuxième trimestre 1997. pp. 136-149.
Abstract
The Question of the Minoritdes. A Political Sociology Point of View.
Bernard Voutat et René Knuesel [136-149].
The article argues that the question of minority in political science has been hardly conceptualized, because the analysis generaly
use the categories defined by the very mobilized actors. One ought to reformulate the initial problem, in studying the social and
political construction of the minority groups.
Résumé
La question des minorités. Une perspective de sociologie politique.
Bernard Voutat et René Knuesel [136-149].
A partir du constat selon lequel la question des minorités n'a guère été conceptualisée en science politique, les auteurs
procèdent à un examen critique d'une approche courante dans les sciences sociales, qui appréhende cette notion de minorité de
façon inductive et simultanément descriptive. Ces travaux, en définitive, versent dans des explications tautologiques, dès lors
qu'ils prennent pour acquis ce qui, précisément, pose problème, en définissant le fait minoritaire à partir des critères invoqués par
les acteurs mêmes des mobilisations considérées. C'est pourquoi il convient de reprendre le problème au niveau de sa
formulation initiale en s'interrogeant, dans une perspective relationnelle, sur les logiques qui président à la construction sociale et
politique des groupes sur le mode fondamentalement ambivalent de la problématique minoritaire.
Citer ce document / Cite this document :
Voutat Bernard, Knuesel René. La question des minorités. Une perspective de sociologie politique. In: Politix. Vol. 10, N°38.
Deuxième trimestre 1997. pp. 136-149.
doi : 10.3406/polix.1997.1672
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1997_num_10_38_1672La question des minorités
Une perspective de sociologie politique
Bernard Voutat
Institut de sociologie politique,
Université de Lausanne
René Knuesel
Chaire de travail social,
Université de Fribourg
EN SCIENCE POLITIQUE, la question des «minorités» a donné lieu
à des recherches relativement clairsemées1. En fait, elle a
principalement été abordée au travers des divers mécanismes
institutionnels destinés à permettre aux groupes désignés et reconnus
comme minoritaires de s'exprimer sur la scène publique, voire d'être
représentés dans les différentes instances du pouvoir étatique. C'est
ainsi que les politologues - dans le prolongement d'une réflexion menée
par les juristes - portent leur attention sur les modalités susceptibles
d'assurer la présence des minorités dans les institutions, que ce soit
au niveau des systèmes électoraux (représentation proportionnelle
versus majoritaire ; découpage des circonscriptions) ou de l'existence de
divers mécanismes de démocratie directe (initiative ou référendum)2.
1. On pourra se convaincre du fait que la problématique des minorités ne constitue qu'un
objet très marginal en science politique en consultant les principaux manuels réalisés
dans cette discipline, qui ne consacrent aucun développement significatif à cette
question. Plus largement, certains politologues se sont penchés depuis quelques années
sur «la question nationale», thème à travers lequel ont pu être effectuées des analyses
consacrées aux minorités nationales. Divers ouvrages sont parus, dans lesquels les
chercheurs en science politique soulignent de façon récurrente le retard de la réflexion
accumulée par leur discipline dans ce domaine, tout en s'inspirant des travaux réalisés
dans les disciplines voisines, histoire et sociologie principalement. Cf. Jaffrelot (C),
«Les modèles explicatifs de l'origine des nations et du nationalisme», in Delannoi (G.),
Taguieff(P.-A.), dir., Théories du nationalisme, Paris, Kimé, 1991 ; Coackley (J.), dir., The
Social Origins of Nationalist Movements, London, Sage, 1992 ; Voutat (B.), Espace
national et identité collective. Pour une sociologie politique du conflit jurassien,
Lausanne, Institut de science politique, 1992.
2. Ce faisant, les travaux menés en science politique débouchent sur une caractérisation
des régimes démocratiques en deux grandes catégories : les systèmes majoritaires d'un
côté, les systèmes consensuels de l'autre. Nous n'aborderons pas dans le cadre limité de
cette étude, l'approche dite «consociative», qui est à l'origine de cette distinction. Si ce
modèle peut revêtir un certain intérêt par son analyse des transactions au sommet entre
«élites politiques» en vue d'assurer la stabilité de formations sociales hétérogènes au plan
culturel, linguistique ou religieux notamment, il ne place toutefois pas la problématique
minoritaire au centre de ses préoccupations. De même laisserons-nous de côté les
nombreux travaux consacrés à la formation de l'État, en particulier ceux de S. Rokkan qui
portent plus sur la constitution des clivages sociaux consécutifs au processus de
modernisation et leur traduction dans le système politique, que sur la question des
minorités proprement dite. Pour un aperçu d'ensemble de ces approches, cf. notamment
Rokkan (S.), Urwin (D.), Economy, Territory, Identity. Politics of West European
[suite de la note page suivante]
136 Politix, n°38, 1997, pages 136 à 149 Bernard Voutat et René Knuesel
Ils sont également amenés à analyser (et à évaluer) la limitation de
l'emprise territoriale de l'État, en consacrant des études aux
institutions politiques locales, au fédéralisme ou encore aux ressorts
du pouvoir local dans les processus de régionalisation, donc de
déconcentration du pouvoir.
Une catégorisation juridico-institutionnelle
Cette perspective «juridico-institutionnelle» est largement redevable de
la théorie démocratique d'inspiration libérale (construite par opposition
à d'autres formes de régimes politiques, totalitaire, autoritaire,
dictatorial, etc.), qui accorde une importance déterminante à
l'expression du nombre, via l'exercice du droit de suffrage, dans le
processus même de la représentation politique. Il n'est dès lors pas
étonnant que la notion de minorité renvoie prioritairement, dans cette
optique, à une dimension numérique : une minorité, c'est au premier
chef un groupe quantitativement moins important qu'une majorité, que
ce soit sur le plan de sa force réelle (exprimée par l'ampleur
de l'électorat dont il peut se prévaloir) ou sur celui de la représentation
politique dont il pourrait bénéficier en raison de protections
institutionnelles lui permettant d'accéder à une existence publique1.
Cette conception quantitative, numérique, de la notion de minorité,
ancrée dans les consciences au point qu'elle relève désormais du sens
commun, ne va pas sans poser de sérieuses difficultés. D'une part, elle
omet de prendre en considération l'enjeu politique que représente la
négation et/ou la reconnaissance sociale d'une situation minoritaire,
d'où dérive un statut pouvant conférer certains avantages au groupe
qui parvient à l'obtenir. D'autre part et surtout, pareille approche
laisse de côté tout le travail politique nécessaire à l'imposition des
critères de division du monde social considérés comme pertinents dans
la reconnaissance d'une minorité. Un groupe social n'est jamais
minoritaire en soi, mais toujours par le biais d'une propriété spécifique
(langue, race, religion, ethnie, identité sociale, etc.) qui le qualifie sous
un certain angle. Ce raisonnement peut être appliqué par extension à
la définition, pas toujours explicite, de la majorité. En Suisse, par
exemple, la liste des groupes considérés habituellement comme des
minorités (Romands, Tessinois, catholiques, femmes, paysans, jeunes,
Peripheries, Londres, Sage, 1983 ; Rae (D.-W.), Taylor (M.), The Analysis of Political
Cleavages, New Haven, Yale University Press, 1970 ; Rae (D.-W.), The
Consequences of Electoral Laws, New Haven, Yale University Press, 1971 ; Lijphart (A.),
Democracy in Plural Societies : A comparative Exploration, New Haven, Yale University
Press, 1977 ; Lagroye (J.), Sociologie politique, Paris, Dall

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