Les « voies ensoleillées » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
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Description

Confronté à une dépendance économique grandissante envers l’exploitation des énergies fossiles (le pétrole dans cet exemple), le gouvernement Trudeau louvoie de manière à concilier des objectifs ambitieux en matière environnementale et le développement concomitant du secteur énergétique canadien. Il s’agirait ainsi d’une différence de style plutôt que d’une rupture fondamentale avec le gouvernement Harper, qui rêvait de faire du Canada une superpuissance énergétique, le pétrole constituant en quelque sorte un premier grand test politique du nouveau gouvernement Trudeau. Notre argument se base sur le rôle structurant du secteur pétrolier pour l’économie canadienne, ce qui peu importe la coloration partisane restreint considérablement l’orientation générale de la politique énergétique.

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Publié le 31 janvier 2017
Nombre de lectures 45
EAN13 ISSN:2492-248
Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

OSINTPOL
Note d’analyse
31 janvier 2017
Les « voies ensoleillées » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
Fonds de dotation OSINTPOL
Mathieu Arès
OSINTPOL
Note d’analyse
31 janvier 2017
Les « voies ensoleillées » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
Fonds de dotation OSINTPOL
Mathieu Arès
L’intelligence du bien commun
Le Fonds de dotation OSINTPOL est un laboratoire didées outhink tank. Il accomplit une mission d’intérêt général en soutenant la recherche et la diffusion d’analyses en science politique, notamment les domaines liés à la paix et aux relations internationales. Il agit dans lintérêt du bien commun en conformité avec les valeurs humanistes qui sont les siennes et les idéaux de justice et de liberté énoncés dans la Déclaration universelle des droits de la personne. Les travaux d’OSINTPOL sinscrivent pleinement dans les débats parcourant ses sphères dintérêt. La démarche est résolument critique et avant tout orientée vers la production et la diffusion aussi large que possible des savoirs relatifs à ses domaines dinterventions. OSINTPOL ne saurait accomplir efficacement sa missiond’information et de sensibilisation du public sans le soutien de donateurs motivés par la défense du bien commun. Rejoignez-nous sur osintpol.org.
Fonds de dotation OSINTPOL - Tous droits réservés Les opinions exprimées n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement une prise de position d’OSINTPOL125 rue de Longchamp 75116 Paris Courriel :contact@osintpol.org Tel : +33 (0) 6 02 16 48 02 Site Internet : osintpol.orgISSN : 2492-248X
Photographies : pompe à pétrole de type Pump Jack à Drayton Valley,Alberta. CréditNathan Schneider, CC BY-CA 3.0.
LeCentre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM) réunit des chercheurs de réputation internationale spécialistes de l’économie politique des processus d’intégration et de mondialisation. Les thèmes les plus importants développés au CEIM sont : le régionalisme, notamment dans les Amériques, la gouvernance et les institutions économiques internationales, la concurrence et l’investissement, le lien commerce-travail, lesecteur de l’information et des communications, l’économie de la défense et la reconversion industrielle et les dimensions sociales et culturelles de la mondialisation. Les membres du CIEM ont de nombreux financements individuels et collectifs auprès des organismes canadiens et québécois et d’autres organismesinternationaux. Le CEIM est également partenaires de plusieurs réseaux scientifiques internationaux et joue un rôle actif dans les débats publics.
Faculté de science politique et de droit Université du Québec à Montréal C.P. 8888, succursale Centre-ville Montréal (Québec) H3C 3P8 CanadaTel : 514 987 3000, poste 3910 Site Internet : ceim.uqam.ca
Fonds de dotation OSINTPOL
Sommaire
Sommaire .......................................................................................... i
Liste des figures ................................................................................ ii
Liste des tableaux .............................................................................. ii
Biographie de l’auteur....................................................................... iii
Résumé ........................................................................................... iv
Abstract........................................................................................... iv
Introduction....................................................................................1
1.
2.
3.
Le pétrole : nouveau pilier de l’économie canadienne...............2
Les vents contraires : une conjoncture difficile .........................4
Les nuages noirs : la révolution énergétique nord-américaine ..8
Continuité ou rupture : les pipelines, le test politique du gouvernement Trudeau ...........................................................11
Bibliographie ................................................................................... 13
Fonds de dotation OSINTPOL
OSINTPOL
Liste des figures
ii
ii
Figure 1. Exportations de pétrole brut du Canada vers les États-Unis en millions de barils par jours, janvier 2014-juillet 2015...................... 3 Figure 2. Production et prix du WIT en milliers de barils par jour, 1980-20145..........................................................................................................
Liste des tableaux
Tableau 1. Importations américaines de pétrole brut (million de barils). Pays et années choisis (en %).......................................................3. Tableau 2. OPEP. Production de pétrole brut en millions de barils/jour, 2004-2016.................................................................................... 6 Tableau 3. Importations mondiales de pétrole brut................................ 7 Tableau 4. Production et importations de pétrole brut en Amérique du Nord en million de tonne, 2006-2014................................................... 9 Tableau 5. Différentiel du prix du pétrole canadien (WCS), janvier 2012-janvier 2016 (USD par baril)............................................................ 10
Note d’analyse|Les « voies ensoleillée » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
iii
iiiBiographie de l’auteur
OSINTPOL
Mathieu Arès est professeur agrégé à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke (Québec, Canada). Il aun doctorat en science politique de l’Université de Montréal (2000) et une maîtrise en science politique de l’Université d’Ottawa (1991). Il est spécialisé en économie politique internationale. Depuis 2013, il est co-directeur de l’Observatoire des Amériques du Centre d’étude sur l’intégration et la mondialisation CEIM duquel il est membre depuis 2004. Ses intérêts de recherche portent principalement sur l’économie politique internationale, le régionalisme et les politiques commerciales dans les Amériques, en particulier la politique commerciale mexicaine.
Pour citer ce document
Mathieu Arès, «Lesvoies ensoleillées’de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau»,Note d’analysed’OSINTPOL, 31 janvier 2017.
Reproduit avec la permission du CEIM.
Mathieu Arès, «Lesvoies ensoleilléesde la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau»,Note de recherche du CEIM, janvier 2017.
Lire par ailleurs
Yann Breault, «La dimension géo-énergétique de la guerre en Syrie», Décryptaged’OSINTPOL, 23 octobre 2015.
Yann Breault, «La saga du South Stream : un tournant géopolitique pour l’Europe centrale et balkanique»,Note d’analysed’OSINTPOL, 12 août 2015.
Note d’analyse|Les « voies ensoleillée » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
OSINTPOL
Résumé
iv
iv
Confronté à une dépendance économique grandissante enversl’exploitation des énergies fossiles (le pétrole dans cet exemple), le gouvernement Trudeau louvoie de manière à concilier des objectifs ambitieux en matière environnementale et le développement concomitant du secteur énergétique canadien. Ils’agirait ainsi dune différence de style plutôt que dune rupture fondamentale avec le gouvernement Harper, qui rêvait de faire du Canada une superpuissance énergétique, le pétrole constituant en quelque sorte un premier grand test politique du nouveau gouvernement Trudeau. Notre argument se base sur le rôle structurant du secteur pétrolier pour léconomie canadienne, ce qui peu importe la coloration partisane restreint considérablementl’orientation générale de la politique énergétique.
Abstract
Confronted with a growing economic dependence on the exploitation of fossil fuels (oil, in this example), Trudeau’s government is struggling to reconcile ambitious environmental objectives with the concomitant development of the Canadian energy sector. It would be a difference in style rather than a fundamental break with the Harper government, which dreamed of making Canada an energy superpower, with oil being the first major political test of the new Trudeau’s government. Our argument is based on the structuring role of the oil sector for the Canadian economy, which regardless of partisan orientations considerably restricts the overall direction of energy policy.
Note d’analyse|Les « voies ensoleillée » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
Introduction
Le 19 octobre 2015, les citoyens canadiens mettaient fin à près dune décennie de règne conservateur, qui sur le plan international, du moins au niveau de l’image, a vu un recul de la marque canadienne (voir Morin et Roussel (dir.) 2014). Qui pour dénoncer une vision idéologique. Qui pour souligner l’instrumentalisation partisane de la politique internationale. Qui pour fustiger une préférence marquée pour l’économie au détriment de lenvironnement. Et qui àl’unisson vont rappelerl’échec du gouvernement Harper à obtenir un siège au Conseil de sécurité en guise de preuve de ce recul. Dès son discours de remerciements, le nouveau Premier ministre Trudeau, s’inspirant de Sir Wilfrid Laurier, a promis des «Voies ensoleillées (Sunny ways)» aux Canadiens pour affirmer par la suite que «le Canada était de retour (Canada is back)». Depuis àl’échelle internationale, l’accueil que le Premier ministre canadien Justin Trudeau reçoit est digne duneRock Star. A l’échelle nationale, il nest guère en reste. Il se veut inclusif sur le plan social et a promis une intervention étatique soutenue pour redynamiser l’économie, notamment en proposant un réinvestissement massif dans les infrastructures. N’endéplaise à ses détracteurs, le style Trudeau fonctionne et un an après son arrivée au pouvoir le taux de satisfaction envers le Premier ministre Trudeau atteint près de 65 % (François 2016).
Il n’appartient pas à ce texte de déterminer si la popularité du Premier ministre Trudeau est méritée ou si elle va perdurer. En se basant sur lexemple du secteur pétrolier, ils’agit avant tout détablirs’ila ou non y rupture avecl’approche conservatrice. Que signifie la promesse des «Voies ensoleilléesénergétique, le Canada ayant longtemps rêvé sous le» en matière gouvernement Harper de devenir une superpuissance énergétique. Certains ont vu dans l’empressement d’adhérer àl’Accord de Paris sur les changements climatiques (CUP21)et l’annonce dun marché de carbone pannational une rupture claire du gouvernement Trudeau par rapport à son prédécesseur (Shields 2015). La position de cet texte est plus mitigée. En effet, confronté à une dépendance économique grandissante envers lexploitation des énergies fossiles (le pétrole dans notre exemple), le gouvernement actuel louvoierait de manière à concilier des objectifs ambitieux en matière environnementale et le développement concomitant du secteur énergétique canadien. Ils’agirait ainsi ddune différence de style plutôt que une rupture fondamentale, la question énergétique constituant en quelque sorte un premier grand test politique du nouveau gouvernement Trudeau. L’essentiel del’argumentation se base, sur le rôle structurant du secteur pétrolier pour léconomie canadienne, ce qui peu importe la coloration partisane, restreint considérablementl’orientation générale de la politique énergétique.
Fonds de dotation OSINTPOL
2
OSINTPOL
21.Le pétrole : nouveau pilier de l’économie canadienne
Au-delà del’énorme potentiel pétrolier canadien, le développement du secteur 1 au Canada, exportateur net de pétrole brut, surtout de pétrole lourd , est historiquement tributaire de la demande américaine. La proximité géographique, dautant plus que les champs bitumineux sont enclavés, et la politique sécuritaire des États-Unis post-11 septembre, qui favorise une «canadianisation» de leurs approvisionnements, auront pour effet qu’avec 43,1 % du total le Canada est devenu le principal fournisseur de pétrole brut des États-Unis, détrônant ainsi l’Arabie Saoudite (Tableau 1). Par exemple, en 2015, sur une production nationale de 3,9 millions de barils/jour près de 3 millions ont été exportés (76,9 % de la production), principalement aux États-Unis avec 99 % du total (NRC 2016, p.31; voir Figure 1).
Le développement de l’industrie fut à l’avenant:inter alia, en 2015, le secteur pétrolier contribuait 5,3 % du PIB (98 milliards CAD) et, avec 709548 emplois directs (191415 emplois) et indirects (518133 emplois), fournissait 3,9 % de l’emploi canadien (NRC 2016, p.5.). En 2015, c’était également 21% des exportations canadiennes, 26% de l’investissement non résidentiel au Canada (65 milliards CAD) ainsi que près 20,3 milliards CAD versés sous forme d’impôts des sociétés, de taxes indirectes, de redevances (royautés) et d’achats et de locations de terrains publics aux divers paliers gouvernementaux (NRC 2016, p.8 et 10.).
C’est sur le plan de l’investissement direct étranger (IDE) que l’on peut le mieux apprécié l’atmosphère de boom qui prévalait durant la dernière décennie. Entre 2006 et 2015, l’IDE dans le secteur énergétique est passé de 18 % à 27% de l’ensemble du stock d’investissement étranger, faisant du secteur le plus attractif de l’économie canadienne (NRC 2016, p.17.). Si ce sont les provinces productrices, en tête l’Alberta, qui ont le plus bénéficié des retombées économiques, on ne peut passer sous silence les effets d’entraînement pour l’ensemble de l’économie canadienne. Près de 2400 entreprises canadiennes de l’extérieur de l’Alberta agissent ainsi à titre de fournisseurs de biens et de services pour les exploitants des sables bitumineux (CAPP 2016a). Selon Honarvar etal.(2011, pp.9-12), l’Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec concentreraient respectivement 7,3 %, 3,6 % et 1,8 % des emplois liés aux sables bitumineux. On pourrait continuer, mais ces quelques exemples suffisent pour illustrer la place centrale que l’industrie pétrolière occupe dorénavant dans le tissu économique canadien. En l’espace d’une décennie, le secteur pétrolier est devenu le plus important secteur privé du Canada (CAPP 2016a).
1 Notamment en raison d’une relativement faible capacité de raffinage de pétrole lourd, le Canada doit importer de l’essence et du pétrole léger, principalement des États-Unis.
Note d’analyse|Les « voies ensoleillée » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
9,4
14,5
14,9
100
26,6
28,7
Total
OSINTPOL
Tableau 1. Importations américaines de pétrole brut (million de barils). Pays et années choisis (en %)
3
10,6
79,8
43,1
2015
3
14,3
2000
16,8
73,4
100
Figure 1. Exportationsde pétrole brut du Canada vers les États-Unis en millions de barils par jours, janvier 2014-juillet 2015
12,5
9,9
81,6
Note d’analyse|Les « voies ensoleillée » de la politique énergétique canadienne à l’ère Trudeau
18,4
Arabie Saoudite
30,6
Canada
Autres
Mexique
3,8
20,2
1990
69,4
100
Golfe persique
Source : Deblock et Arès (2016),Tableau 4, p.12
100
71,3
1980
3,0
9,6
11,3
Venezuela
13,5
2010
11,7
10,9
20,3
23,8
Source : NEB
21,4
100
11,7
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