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8
HISTOIRE VIVANTE
LA LIBERTÉ VENDREDI 14 JANVIER 2011
Quand la guerre devient un «jeu» d’enfants SOMALIE¥ Le recrutement dÕenfants soldats en Somalie connaÓt une hausse alarmante depuis deux ans. Toutes les parties sont impliquÈes, des rebelles du Shabaab au Gouvernement fÈdÈral de transition.
SANDRA TITI-FONTAINE li Fara a ouze ans, et un fusil mi-railleur qui lui arrive ‡ lÕÈpaule. Avec Èsinvolture, il m‚chouille ses feuilles de qat et cr‚ne devant la camÈra du 1 journaliste Philippe Buffon , en Somalie. Avant de durcir le re-gard et de confier: ´Sans qat, je ne peux pas tenir, Áa me lave le cerveau. Ce que je ferai plus tard? Je me vois bien devenir gÈnÈral: ils ont de lÕargent!ª Les autres gamins, gros calibres en main, se moquent. Il est deve-nu risible de se projeter dans lÕavenir quand la seule pers-pective est de rester en vie jus-quÕau prochain coup de feu. En vingt ans de guerre, une gÈnÈration entiËre a grandi li-vrÈe ‡ elle-mÍme. Un jeune So-malien sur cinq nÕa jamais connu les bancs dÕÈcole. A Mo-gadiscio, les Ètablissements scolaires ont ÈtÈ bombardÈs, dÕautres rÈquisitionnÈs par des milices. Le Shabaab, la branche armÈe dÕal-QaÔda en Somalie, tient la plupart des quartiers de la capitale, qui reste inacces-sible depuis 2008, mis ‡ part lÕaÈroport et quelques rues diffi-cilement contrÙlÈes par la Mis-sion de lÕUnion africaine en So-malie (AMISOM), comme le montre le documentaire ´Mo-gadiscio, capitale fantÙmeª, ‡ voir dimanche sur TSR 2.
Recrutement massif Dans ce contexte violent, lÕenrÙlement de jeunes recrues parmi les forces rÈguliËres ou re-belles nÕest ni une surprise, ni rÈcent. Mais aujourdÕhui, la gÈ-nÈralisation du recrutement in-quiËte. ´Plusieurs centaines dÕenfants sont enrÙlÈs dans les forces du Gouvernement fÈdÈ-ral de transition (FTG) ou celles de ses milices, et plusieurs mil-liers combattent dans les groupes dÕinsurgÈsª, assure Rhadika Coomaraswamy, reprÈ-sentante spÈciale du secrÈtaire gÈnÈral des Nations Unies pour les enfants et les conflits armÈs. Difficile cependant dÕobte-nir des chiffres exacts, tant le travail des humanitaires et la collecte dÕinformations sont li-mitÈs par la forte dÈgradation de la situation sÈcuritaire dans le pays depuis 2008. LÕannÈe derniËre, la Somalie a dÕailleurs e re bondi de la 4‡ la 1place du classement Maplecroft des
Enfant soldat au service du groupe islamiste somalien Shabaab, dans les ruines de la capitale Mogadiscio.KEYSTONE
pays prÈsentant le plus fort ´risque terroristeª, devant le Pakistan, lÕIrak ou lÕAfghanis-tan. Toutefois, diffÈrents tÈmoi-gnages recueillis par les Na-tions Unies et les dÈfenseurs des droits de lÕhomme permet-tent de se faire une idÈe de lÕampleur du phÈnomËne.
Entraînement dès 12 ans Ainsi, le groupe islamiste Hizbul Islam aurait mis en place un rÈseau dÕune trentaine de recruteurs dÕenfants soldats, pour alimenter un vivier dÕen-viron 500 jeunes combattants. Tandis que leurs anciens alliÈs du Shabaab (qui signifie ´Jeu-nesseª) compteraient de 30 ‡ 45% de gamins dans leurs rangs. ´Rien quÕen mars 2009, le Shabaab aurait recrutÈ 600 enfants, puis quelque 1800 autres ‡ Galduuna, ‡ la frontiË-re de la rÈgion de Bay. Certains nÕauraient pas plus de 9 ans. Au camp dÕentraÓnement de Raas Kaambooni, leurs miliciens en-traÓnent des garÁons de 12 ‡ 18 ansª, prÈcise un rapport onu-
sien sur les enfants et le conflitlaires ou les Ècoles coraniques. armÈ en Somalie publiÈ en no-KidnappÈs sur le chemin de vembre dernier.lÕÈcole ou enrÙlÈs dans les A la rentrÈe 2009, 270 en-Ècoles coraniques, certains en-fants formÈs par le Shabaab ‡fants sÕengagent aussi ´volon-Baidoa et Galgaduud se sonttairementª par vengeance, ou dÈployÈs ‡ Mogadiscio, racket-par ´sens du devoirª. Certaines tant les automobilistes et fai-familles laissent leur progÈni-sant respecter leur autoritÈ ju-ture partir au combat, par be-vÈnile ‡ la faveur du canon desoin dÕargent ou par chantage leur kalachnikov ou M-16. Ilsdes forces armÈes. Ètaient venus remplacer desFace ‡ cette gabegie humai-combattants fatiguÈs. Pari ne,le gouvernement de transi-tenu: la population continue detion a lui aussi besoin de bras. vivre dans la terreur.Et tant pis si ceux-ci ont ‡ peine la force de soulever des fusils de 5kg. Ce nÕest Des enfants soldats plus un secret: des ga-«légaux» financés par mins de 14 ‡ 18 ans sont enrÙlÈs dans lÕar-les impôts américainsmÈe rÈguliËre soma-lienne. ´Certains Et le filon nÕest pas prËs dedÕentre eux sont envoyÈs au trËs se tarir. Tout au long de lÕannÈeofficiel centre de rÈadaptation 2010, les tÈmoignages tant desdÕHarunta Xisbiga, prËs du sta-travailleurs humanitaires quede de Mogadiscio, qui servirait des mÈdias occidentaux surde base dÕentraÓnement pour place ont relatÈ des centainesles enfants ayant combattu de recrutements forcÈs dÕen-dans dÕautres groupes armÈsª, fants par le Shabaab, souventindique le rapport des Nations dans les Ètablissements sco-Unies. UneenquÍte qui confir-
me la relation Ètroite entre le FTG et lÕancien groupe dÕoppo-sition de lÕAlliance pour la se-conde libÈration de la Somalie, dont la collaboration aurait abouti ‡ la formation de 3000 nouvelles recrues dont une moitiÈ de mineurs. Un fait dÕautant plus para-doxal pour un gouvernement lÈgitime quÕil a ÈtÈ ÈrigÈ com-me lÕun des maillons essentiels de la lutte contre le terrorisme dans la Corne de lÕAfrique et est soutenu par la communautÈ internationale. Un reportage Èdifiant du ´New York Timesª, en juin dernier, a dÕailleurs stig-matisÈ le paiement des enfants soldats ´lÈgauxª par les contri-buables amÈricains. Le FTG sÕest alors engagÈ ‡ dÈmobiliser ces jeunes combattants, avec lÕaide de lÕONU. Mais rien de-puis. La faute ‡ de profonds dÈsaccords internes, estiment les observateurs. Et ‡ une guer-re qui ne laisse plus beaucoup de bras adultes disponibles. AujourdÕhui, les forces ar-mÈes nÕhÈsitent plus ‡ recruter
Des poseurs de mines, espions... et kamikazes
Les forces du Gouvernement fédéral de transition enrôlent aussi des adolescents.KEYSTONE
Outre une formationmilitaire de base sur le maniement des armes, les enfants soldats somaliens reÁoivent une instruction poussÈe dÕespion, de poseur de mines, de dÈmineur... et de kamikaze. Dociles, ils fournissent une chair ‡ canon ´nÈgligeableª et leurs visages poupins trompent la vi-gilance ennemie. PayÈs de faÁon irrÈguliËre, entre 3 et 35 dollars mensuels selon les Na-tions Unies, guËre plus de 1 dollar dÕaprËs les mÈdias ayant enquÍtÈ sur place, ces gamins sont des recrues idÈales ‡ lÕinstar des 300000 autres enrÙlÈs dans des conflits armÈs ‡ tra-vers le monde Ð dont 100000 rien quÕen Afrique Ð, des Philippines ‡ la Birmanie et ‡ la Colombie, en pas-sant par la RÈpublique dÈmocratique du Congo, le Soudan et lÕOuganda.
Facilement manipulables car brisÈs dÕun point de vue familial et social, ils sont plus poreux ‡ lÕendoctrine-ment. Les filles enrÙlÈes, moins nom-breuses que les garÁons, sÕoccupent surtout de cuisiner et de nettoyer le camp, de laver les vÍtements des mi-liciens. Et accessoirement de leur ser-vir de ´femme de confortª, terme uti-lisÈ par de nombreux groupes armÈs pour dÈsigner les viols et mariages forcÈs des fillettes enlevÈes. Peu ‡ peu, leur rÙle actif semble pourtant sÕaffirmer. Le rapport de lÕONU si-gnale un camp dÕentraÓnement du Shabaab prËs de Kismayo, o˘ 120 filles seraient entraÓnÈes ‡ la collecte dÕinformations, au transport dÕexplo-sifs et ‡ la conduite automobile. STF/INFOSUD
AUSSI DANS LA PIRATERIE Les groupes de pirates qui opèrent le long de la côte du Puntland, au Nord-Est de la Somalie, recrutent aussi des enfants. Plusieurs cas ont été établis en 2010, selon un rapport de l’ONU sur les enfants et la piraterie. Rien qu’en deux mois, dix cas ont été recensés. Selon les inspec-teurs, il s’agit en particulier d’en-fants fuyant les rebelles du Sha-baab et se joignant aux pirates. La pira-terie représente un risque croissant pour les navires qui passent dans les parages somaliens. Trente bateaux sont actuellement sous contrôle de pirates, totalisant 680 otages, selon les derniers chiffres (11 janvier 2011) du Bureau maritime international.PFY
hors des frontiËres. Principale cible des forces loyalistes: les jeunes dÕorigine somalienne du Nord-Est du Kenya et surtout du camp de rÈfugiÈs de Da-daab, lÕun des plus importants au monde. Quant au Shabaab, il seraiten train dÕembrigader massivement dans le Puntland et au Somaliland voisin. Avant de parfaire leur instruction de ´chiens de guerreª dans les rÈ-gions de la Bay, Bakool, Hiraan, Mogadiscio et Ras Kaambooni.
Fuite des familles Selon des observateurs, la pression serait si forte en ce mo-ment quÕelle pousserait de nom-breuses familles ‡ fuir le pays pour Èchapper au recrutement forcÈ de leurs enfants. Mais la re-lËve semble assurÈe: une vidÈo de recrutement du Shabaab, dif-fusÈe fin 2010, montre un gamin dÕ‡ peine 4 ans qui mime une tuerie avec un fusil mitrailleur factice. Il serait le fils dÕun kami-kaze dÈcÈdÈ.INFOSUD 1 «Les enfants soldats de Mogadiscio», documentaire de Philippe Buffon.
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