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Description

n chercheur en philosophie quitte la bibliothèque où il travaille après deux heures d'ennuis extrême, range précipitamment les livres qu'il a emprunté et s'en va boire un café. À vous d'apprécier la suite quelque peu intrigante.

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Publié le 14 avril 2012
Nombre de lectures 170
Langue Français

Extrait

10h42
Assis dans le fauteuil noir inconfortable, je cogite. La table luit du vernis brun caractéristique de la bibliothèque municipale. Devant moi une pile de bouquins barbants s'entasse. Il faudra les ranger plus tard dans les rayons, sinon la grosse dame de l'accueil va m'ennuyer pendant des lustres, et j'aime pas quand elle m'importune, avec ses dents toutes de traviole sa coiffure de pie et son maquillage qui part en sucette. Puis qu'est ce qu'elle pue de la gueule la grosse. Bref encore une chose qu'il ne faut pas oublier. Ceci dit avec « falloir » on referait le monde hein. Si j'oublie au pire ça sera juste la fatalité, il aura fallu et moi j'aurai oublié c'est tout. Ça sera pas la première fois que je déçois « falloir ». C'est qu'il faut pas le décevoir ce fichu verbe. Je m'égare encore, une fois de plus et je rentre à la maison, j'ai pas la tête à travailler ce matin. De toute façon j'ai emmerde sur emmerde cette semaine, donc un jour de retard dans mes études ça sera sûrement pas la goutte qui fera déborder le vase. Et bon Dieu que mon vase à moi il est plein. On y voit même plus la plante qui s'évertue à pousser dedans. L'eau y est sans doute sombre et remplie de racines torturées. Ceci dit il déborde pas, enfin pas pour l'instant, donc ne nous plaignons pas des remous et de la couleur pardi. Ça y est là je décroche, je sais même plus où j'en étais. De toute façon ça fait depuis que je suis arrivé que mon cerveau fait le comique, il joue avec moi j'en suis sûr, c'est un vicieux cet enfoiré. Et vas y que je pense à un tel qui commence toujours ses repas par le dessert, et vas y que je m'amuse à dénombrer les poutres et les carreaux, et vas y que je compte à l'envers en partant de cent, et vas y que je pense à la grosse de l'accueil. Allô la police je vous appelle pour un harcèlement violent et sans limite, l'auteur est un cerveau, oui un cerveau vous avez bien entendu. Bon allez je sature. Le stylo dans la sacoche, les notes dans la pochette. C'est parti mon kiki je vais me boire un café moi, ça épuise le travail intellectuel.
« Vous oubliez pas quelque chose cher monsieur, me sort la grosse en remuant sa lèvre inférieure de colère, par exemple de ranger la vingtaine d'ouvrages que j'ai passé une éternité à sortir ?
− Si sûrement mais vous êtes payée pour ça à ce que je sache, sortir des bouquins, inscrire monsieur, ranger les bouquins, barrer le monsieur sur le calepin, prendre la carte d'adhérent, aérer la pièce principale, passer des commandes ? Voilà très bien allez vous aurez le plaisir du travail bien fait, hé oui vingt livres sur des hautes étagères, ça fait des bras ma petite dame. Moi vous savez de toute façon je suis un voyou mal poli d'après vous, ça se voit sur votre visage, donc un peu plus un peu moins on s'en fiche, après je demande à voir la gueule de votre vase. Moi le mien il a pas débordé c'est peut être un miracle, je pense pas que le votre non plus. Donc allez madame, allez faire votre boulot. »
Ça c'est ce que j'ai pensé dire sur le moment, ça aurait été drôle, elle serait devenue rouge, voire orange comme un potiron qui sait on aurait pu en tirer de la soupe. Mais bon je me suis contenté de répondre :
« Oui, excusez moi. »
Et allez que je range un à un les bouquins sur leurs étagères. J'avais pas tort ça fait des bras ces merdes. C'est pitoyable là ce que je fais. Pourquoi je lui mâche le travail alors qu'elle aurait pu s'étouffer avec... enfin elle risque de me bannir de la bibliothèque au moindre faux pas la bougre et la prochaine et à cinquante bornes à tout casser. On va pas se compliquer la vie, sinon l'eau dans le vase risque de tourner au tsunami.
« Au revoir. »
Ciao la grosse, j'ai pensé. J'ai répondu :
« À bientôt. »
10h48
Ils ont l'air bête les passants à se démener pour aller au travail, emmener leurs gosses à l'école, de toute façon le travail on l'arrête quand on veut hein, j'en suis la preuve. Bon j'accorde à qui veut l'entendre que j'effectue pas un taff vraiment éprouvant ni stressant. Mais alors la monotonie ça ça déchire, c'est exaspérant de refaire toujours la même chose, et quand on s'ennuie en plus c'est le pompon, ça vous décrisperait un chinois. Et les gosses aussi c'est facile de s'en détacher, prenez l'exemple de la dame qui congelait ses bébés. Elle avait compris le sens des priorités elle je pense. Faut que j'arrête de sourire comme un con on va croire que je suis attardé. Il arrive le café ou bien ? Je sais pas quoi faire, tiens je vais regarder ma montre ça va m'occuper pendant un quart de seconde et distraire mes yeux, mes pauvres yeux qui se tuent à la tâche depuis douze ans. Dix heures cinquante.
Regarder sur la droite ça me paraît pas mal. Ah joli décolleté mademoiselle, mais pas assez à mon goût. Non la gauche me paraît mieux. Enfin pas l'heure de parler politique. Sinon au pire je regarde devant moi, mais après j'aurai l'air de faire comme les autres. C'est qu'on se fait tous chier en fait, tous assis en terrasse en attendant un café qui n'arrive pas. Tous seuls avec une chaise vide comme compagnon. J'irai bien combler le vide de la chaise face à la jolie fille aux joli décolleté, mais ça ferait limite pédophile. J'y pense il me reste peut être un bonbon dans mon manteau. Ah oui un réglisse, ah non c'est dégueulasse le réglisse. Quelle heure ? Pas loin de onze heure. Je vais pas forcer sur le café j'aurai plus faim. Et si plus faim c'est la fin. Mon ventre sera affamé et j'aurai pas d'oreille, la totale hein.
« Votre expresso monsieur.
−Merci versez le dans le vase que ça déborde une bonne fois pour toute.
−Pardon ?
−Je disais posez le sur la table, je vous dois combien ?
−Un euro vingt. »
Sourire. Putain c'est pas donné. Le porte monnaie. Je le pose devant moi et compte mes pièces, lui tend la monnaie.
J'ai pensé : « T'es mieux payé qu'une prostituée mon ami ! »
J'ai dit :
« Voilà, le compte est bon.
−Merci, à bientôt. »
Ciao pédale.
« Au revoir. »
Hé voilà y'a trop de mousse comme d'habitude. Je sais pas moi c'est si compliqué de faire un café ? Déjà qu'il leur faut trois ans pour le faire, ils pourraient le préparer correctement. Un café digne d'un quatre étoiles sinon rien !
Ho ça tape le soleil aujourd'hui. Il fait combien ? Soixante ? Soixante-dix au moins. J'aurais dû commander un café froid voire un café glacé. On a bien inventé le thé glacé hein.
Je vais mettre mes lunettes de soleil j'aurai l'air d'une star qui sait. Puis on me dit souvent que ça me rajeunit. Que nenni c'est juste que les yeux marrons ça craint. Marron caca qu'elle me dit ma nièce.
Elle peut parler elle est blonde, elle a sûrement même pas le tiers de mon intellect.
Je mets mes lunettes ça y est, alors beau gosse ou pas ? Je vais fixer la jolie fille, on sait jamais peut être que le port de lunettes accentue la classe de la personne. Avec mon charme naturel je vais devenir un tombeur les gars. Rangez vos œillades et vos sourires de loveurs, bibi est dans la place.
C'est vachement ridicule quand même faut l'avouer. Le confesser même.
Autour de moi les personnes passent et repassent, un air abattu plaqué sur la face, avec des petits bruits de chien perdu à chaque pas, et « piouk » la semelle qui couine, et « clak » la talon aiguille qui se bloque entre les pavés, et « splotch » la glace de la fillette qui tombe. J'entends des effluves de conversation. Un accent bas normand, une vois forte, l'autre suave. « ...oui chérie je passe prendre les petits à l'école ce soir, reste bien au chaud avec la saleté que t'as attrapé... », « ...combien de carottes ? Tant que ça, t'abuses maman ! Et Pierre il peut pas faire les courses aussi ? », « ...Salut Sabine, ça fait longtemps, alors tu deviens quoi ? Tu as finis tes études..? »
« Vous avez la mallette ? » Une voix près de mon oreille.
Je sursaute. Ho le con j'ai failli renverser mon expresso avec trop de mousse. Des gouttes viennent s'écraser sur ma chemise neuve, blanche, fraîchement lavée et tout juste repassée. Une main agrippe mon épaule, une main gantée, massive. Il va me déchiqueter la clavicule si il continue comme ça...
«Comment?
−La mallette ! Vous avez le compte ? Continue-t-il. »
Il me prend sans doute pour quelqu'un d'autre. Il s'assoit en face de moi après m'avoir contourné par la gauche. J'aurais préféré par la droite, décidément tout va mal.
« J'ai bien ma sacoche mon bon monsieur mais je doute que les notes ennuyeuses et à peine lisibles qui s'y trouvent vous intéressent.
−Tant que tout y est, et surtout, surtout, l'essentiel, alors tout va bien, me répond-il. » Il m'adresse un clin d'œil entendu borné d'un sourire assuré.
Non non tout va pas bien mon coco, si tu savais, j'ai perdu mon chat, ma petite boule de poil à moi. Je rame comme pas deux dans mon travail et tu viens de me tacher ma chemise neuve enflure, et j'oubliais je suis chercheur en philosophie, donc je pars avec de mauvaises bases professionnelles mon chou. Et si je jouais le jeu ? Et si je me prenais pour X, le type qui refourguait des mallettes à d'autres sur des terrasses des cafés ?
Je m'entends dire tout haut :
« La mallette est en lieu sûr, j'attends que vous me prouviez que vous êtes fiables pour vous la refiler. On sait jamais vous comprenez, on ne remet pas ce genre de chose entre les mains du premier venu...
−Bien entendu ! »
Il semble réfléchir. Bon Dieu qu'est ce que je suis en train de faire. Mon cœur palpite et ma
respiration s'accélère. Suivant le genre de mec à qui j'ai affaire il serait préférable que cela ne se remarque pas. L'homme se penche de côté et fouille dans la poche de la veste qu'il vient d'enlever. Discrètement il en sort un objet métallique brillant qu'il vient appliquer l'air de rien contre mon genou.
« C'était pas le marché convenu mon pote, alors tu vas bien faire ce que je te dis à partir de maintenant ! »
Doux Jésus un malade vient de braquer un flingue sur ma jambe. J'ai déjà vu des films où le mec braqué retourne le bras de l'individu en une demi seconde et les rôles sont inversés. Mais je galère déjà à serrer la main d'un ami alors effectuer une clef de bras. Pour mon honneur et ma dignité il serait bien que je ne me fasse pas descendre en plein air sur la terrasse d'un café, à un petit mètre même pas d'une fille assez bien foutue. Je tremble tellement que je pourrais battre des blancs en neige avec l'index. Dites donc c'est quoi cette situation plus qu'invraisemblable, la routine déconne, mon destin vacille les gars. Je pensais mon histoire toute rectiligne. Mais en fait non. C'est presque exaltant. L'adrénaline me fait du bien. Si je ferme les yeux là je suis presque sûr que je me sens bien. Enfin si je ferme les yeux je passe aussi pour un con. Aussi. Bon allez je garde mon calme et je souris. La pêche mes amis !
« Oui oui je vous crois, dis-je, pas trop inspiré.
−Donc maintenant je range mon arme, tu me conduis à la mallette, je te refile le fric tu m'oublies, je t'oublie tu vis heureux et t'as beaucoup d'enfants. »
Il rigole pas trop lui, il est bien crispé. Il est bridé. Il doit être chinois au fond.
« Montrez moi l'argent. »
L'homme sort de la poche intérieure de sa veste un paquet de papier journal gros comme un poing. Il déchire un bout du papier devant moi et en sort une partie d'une liasse de quelques dizaines de billets de cent euros.
« Y'a combien ? Demandai-je.
−Deux mille cinq cent, vous pouvez compter.
−Non non je vous crois. »
L'individu a rentré l'arme dans sa poche. Un soulagement m'envahit. Je suis un peu une tapette en fait. Je me pensais plus fort moralement. Il faudra que je noie ma honte dans la bière ce soir. Si je suis encore là ce soir.
Plusieurs solutions viennent éclairer le problème de mon identité. Soit je vends des armes. Mais bon vendre une mallette pleine de flingues en pleine terrasse un vendredi en fin de matinée, ça le fait pas. Soit je deale. Mais j'ai pas la tête d'un dealeur... Soit je blanchis de l'argent. Mais j'ai pas de peinture blanche que de la noire à la maison donc c'est mort. (Faut vraiment que j'arrête de sourire comme ça.) Ou alors je vends des diamants. Si c'est la dernière option je suis quand même bien dans le pétrin pour me sortir de cette situation...
J'ai une idée, je vais bluffer, ça passe ou ça casse. J'ai peur que ça casse malheureusement :
« Si vous êtes l'homme que vous prétendez être, dis-je, alors vous sauriez sans doute me récapituler exactement au chiffre près la commande que vous avez passé. Qu'est ce que vous voulez, précisément ? »
Je m'assois plus profondément dans ma chaise, croise les mains, m'appuie et me penche en
avant sur la table. Je risque un petit clin d'œil assuré, réplique identique du sien de tout à l'heure. Décidément je suis un excellent acteur ce matin. Je vais me reconvertir professionnellement parlant.
« Qu'est ce que vous me chantez là ? Vous n'êtes pas censé être courant de la commande ! Vous n'êtes qu'un intermédiaire, répond-il avec un froncement de sourcil, vous n'êtes pas monsieur Simon ? Vous êtes un imposteur ? Et j'ai prétendu être personne !»
De toute façon ça passait ou ça cassait, c'est pas passé au moins maintenant je suis fixé sur le sort qui m'est promis. Il a pas l'air content du tout, il a finis sa phrase en chuchotant presque. C'est mauvais signe ça je crois, mais je crois juste je suis pas sûr. Il ressort son arme précipitamment et me la braque sur le genou de nouveau. Filez moi des œufs pour le coup je vous les bas en neige. Et ça y est que je passe pour une tafiole dans la pire des situations qui peut se présenter à moi. Donc en fait on m'a pris pour une personne que je ne connais pas, un petit voyou sans doute. La faute aux lunettes de soleil que j'ai eu la mauvaise idée de foutre sur mon nez. De toute façon ça pue le cliché ça. Les voyous n'ont pas forcément des lunettes de soleil. Quoique en fait peut être. Mais inversement tous ceux qui portent des lunettes de soleil ne sont pas mafieux. Il serait bon de le rappeler à mon interlocuteur. Et puis si c'était le cas il y a longtemps que les prisons se rempliraient avec des opticiens. Voilà que mon cerveau me joue des tours, je divague et c'est franchement pas le moment pourtant. Donc je disais on m'a pris pour quelqu'un, et moi qu'est ce que je fais en bel imbécile que je suis ? Je joue le jeu.
« Effectivement il semblerait mon cher monsieur que je ne sois pas la personne que vous cherchiez. Donc voilà allez déglinguez moi le genou qu'on en finisse. »
C'est qu'il le fait le con. Vous avez bien lu. Il appuie sur la gâchette. C'est bizarre ce bruit de percuteur, ce cling discret qui vient propulser la balle dans le canon. La balle. C'est fou les noms absurdes qu'on donne aux objets. Balle. Une balle on joue avec, vous allez me dire que les armes sont les jouets pour les grands ?
Ça serait comme dire à son chien « allez toutou on va jouer à la baballe » et lui faire sauter la cervelle au premier aboiement.
L'homme a le regard figé, il sourit à demi, laisse voir ses dents parfaitement blanches. Un postillon s'est échappé de sa bouche, il n'a pas encore touché la table. Il s'y écrasera sûrement au moment où mes os se broieront les uns sur les autres. Un homme sur le trottoirs s'en face, lunettes noires et mallette à la main, marche, il a une veste grise, le crâne dégarni. Le soleil y luit, jaunâtre. Il semble me regarder, avec un petit rire ironique.
Le silence est reposant, j'aimerais m'y glisser, m'y endormir, mais j'ai pas le temps. Dans une seconde tout au plus ça sera la débandade. La douleur pour moi et la peur pour les autres. J'ai faim. C'est con de se faire tirer dessus le ventre plein. C'est con de toute façon de se faire tirer dessus. Faut pas se mentir, le monde est rempli de choses, d'évènements, de lieux cons. C'est absurde, c'est con mais c'est ainsi. Ainsi va la vie les amis. J'en étais où ? Il appuie sur la gâchette. Bruit du percuteur, bruit de la balle qui se propulse.
J'avais dit que ça passait ou que ça cassait ? Je peux vous assurer que ça a cassé. Brisé même. Et nette la brisure.
J'ai pensé : « Et bien mon petit gars, la médiocrité de ta vie ratée a fait de toi un consanguin qui tire aux premiers déboires que sa petite personne rencontre. Tu me déçois je te croyais méchamment robuste moralement t'avais l'air d'un voyou sympathique bien que crispé comme un chinois, qui sait on aurait pu devenir amis mon petit gars. Malheureusement entre toi et moi il y a un déficit net de quotient intellectuel. »
J'ai dit : « Aïe. »
Ça je crois que c'était la fameuse goutte. Ça a débordé c'était pas beau à voir. Des tourbillons infernaux dans tous les sens et des vagues aux quatre coins de mon univers, des remous partout, la navigation ce matin là dans mon vase, c'était râpé je crois bien.
12h08
« Votre expresso monsieur.
−Merci, pas dans le vase, c'est le bordel en ce moment.
−Pardon ?
−Je disais posez le sur la table, je vous dois combien ?
−Un euro vingt. »
J'ai bien dormis, c'était court mais agréable. Il crame le soleil hein, vous trouvez pas ? Elle est fichtrement bien foutue la fille à droite. Faut que j'arrête, je suis marié quand même. D'ailleurs je me souviens assez bien du riz qu'on m'a jeté à la gueule y a trois mois pour en être sûr. Et oui jeune marié que je suis. Allez y j'attends vos félicitations les amis. Soyez pas radins. Des gentillesses c'est bien aussi parfois.
Je règle la note et m'en vais, il est temps pour moi d'aller chercher quelque chose à me mettre sous la dent. En prime, une chaise à me mettre sous les fesses ne serait pas de refus.
Je marche sur les trottoirs. Les gens ne décollent pas de leur portable c'est fou. Vivre avec une troisième oreille, quelle originalité. Ils doivent au moins capter le satellite avec tout cet attirail. Qui sait, dans dix ans peut être aurons nous des écrans de télévision ridiculement petits greffés dans nos paires de lunette. Quelle originalité mes amis. On arrête pas le progrès.
Un bar. Tiens y a du monde en terrasse, c'est fou ça, même le vendredi midi les cafés sont remplis. Je vous l'accorde on est dans la capitale mais faut pas déconner, y a une enseigne différente tous les cent mètres, vous allez pas me dire que le vendredi tout le monde sort de chez soi pour allez boire son breuvage en solo, en observant les jolies filles à décolletés plongeant.
Je m'arrête et observe le bar tabac d'en face. Le soleil me brûle le crâne et j'ai les mains moites.
D'ailleurs en parlant de décolleté elle est mignonne celle assise au centre sur la chaise blanche. Dommage que toutes les tables alentours soient prises. Par des hommes en plus comme c'est bizarre.
Puis eux à côté, ils ont l'air étranges ces deux là. Ils bougent comme des asticots et parlent à voix basse. Ça mériterait une photo. J'ai pas d'appareil. J'aime pas les photo. Au moins on est fixé.
Mais qu'est ce qu'il fait là ? L'homme là bas. Il a pas l'air dans son assiette, il sue légèrement, la chaleur sans doute, il s'agite, il sort une arme. C'est esthétique en fait une arme. Un gun, un flingue, un pistolet, ça claque. Ça fait bling bling comme on dit. Ceci dit il le braque sur le genou de son camarade. Ça c'est déjà plus suspect. Je vais faire demi tour au cas où. Au cas où seulement. On sait jamais ce qu'il peut passer par la tête d'un homme effarouché par la chaleur.
« Pan ! »
10h48
« Votre expresso monsieur.
−Merci, j'hésite pour l'histoire du vase, il a tendance à frôler les raz de marrée ces derniers temps.
−Pardon ?
−Je disais posez le sur la table, je vous dois combien ?
−Un euro vingt. »
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