Ségrégation urbaine, logement et marchés du travail - article ; n°4 ; vol.17, pg 85-129
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Description

Revue française d'économie - Année 2003 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 85-129
Our purpose is to survey the main ideas of modern economic theory that can contribute to a better understanding of the segregation and unemployment problems arising within cities. We start by discussing the main contributions of urban economics and of labor economics that can used for our purpose. This is followed by a short discussion of the way economists deal with the phenomenon of discrimination. We then sketch what could become an economic theory of ghettos, which is based on the interactions between the labor markets and the market for housing as well as on various social externalities. We conclude by discussing some policy recommendations.
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 79
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques-François Thisse
Etienne Wasmer
Yves Zenou
Ségrégation urbaine, logement et marchés du travail
In: Revue française d'économie. Volume 17 N°4, 2003. pp. 85-129.
Résumé
Our purpose is to survey the main ideas of modern economic theory that can contribute to a better understanding of the
segregation and unemployment problems arising within cities. We start by discussing the main contributions of urban economics
and of labor economics that can used for our purpose. This is followed by a short discussion of the way economists deal with the
phenomenon of discrimination. We then sketch what could become an economic theory of ghettos, which is based on the
interactions between the labor markets and the market for housing as well as on various social externalities. We conclude by
discussing some policy recommendations.
Citer ce document / Cite this document :
Thisse Jacques-François, Wasmer Etienne, Zenou Yves. Ségrégation urbaine, logement et marchés du travail. In: Revue
française d'économie. Volume 17 N°4, 2003. pp. 85-129.
doi : 10.3406/rfeco.2003.1473
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2003_num_17_4_1473Jacques-François THISSE
Etienne WASMER
Yves ZENOU
Ségrégation urbaine,
logement et marchés
du travail
la des s'imposent. En données moins dimension deux France, tels et dernières qu'on études et En plus économique premier les décennies portant généralement connaît lieu, sur 'entrée des les ont dans la recherches mécanismes permis composante en les de Europe villes jeu, de mieux effectuées nord-américaines. trois continentale, d'exclusion, économique comprendre remarques au cours du les de
Revue française d'économie, n° 4/vol XVII 86 Jacques- François Thisse, Etienne Wasmer, Yves Zenou
ces problèmes sont rares. En dépit de la richesse des travaux
consacrés à ces sujets, peu connus des économistes français, l'im
pression dominante est que l'économie n'a rien à dire en la
matière. Malgré l'absence de données précises sur la nature et
l'intensité de la ségrégation dans les villes françaises, il est
possible d'énoncer un certain nombre de principes que devrait
suivre une politique urbaine plus efficace. Sans nécessair
ement faire nôtres les propos de Karl Marx, pour qui « Le pays
qui est industriellement le plus avancé ne fait que montrer au
pays moins développé l'image de l'avenir qui l'attend » (pré
face du Capital), nous pensons que cette opinion contient
une part de vérité suffisante pour motiver l'étude de la réalité
économique et sociale des Etats-Unis.
En deuxième lieu, il faut savoir que, sans faire de nomb
reuses simplifications, il est impossible de démêler l'écheveau
des forces agissant au sein de l'espace urbain et pesant sur les déci
sions des agents {cf. la qualité du logement, la distance domicile/
travail, l'hétérogénéité sociale et culturelle des quartiers, les
moyens de transport disponibles, la qualité des services scolaires,
la sécurité publique, etc.). En voulant aborder la question urbaine
dans toute sa complexité, on se condamne en effet à des analyses
descriptives sans portée générale et peu instructives pour l'action.
Il nous paraît plus utile d'isoler les forces fondamentales - forces
de marché et effets externes échappant par leur nature au mar
ché - afin de mieux comprendre leur rôle, mais aussi leur art
iculation réciproque. On risque sinon de voir des mesures, pro
cédant pourtant d'une réelle volonté de résoudre les problèmes
posés, être rattrapées par ces forces et produire des effets à la fois
pervers et inattendus. C'est la raison pour laquelle nos sociétés
ont besoin d'analyses fines des mécanismes socio-économiques
rencontrés dans les phénomènes de ségrégation (Loury [1987]).
Dès lors s'impose la nécessité de séparer les différentes forces en
action par une démarche dont on verra, au fur et à mesure de
cet article, les hypothèses et les conclusions principales. Cette
approche économique, en fait cartésienne, consiste à simplifier
les phénomènes concernés, pour enrichir progressivement les
modèles et déterminer, à chaque étape, les conséquences des
Revue française d'économie, n° 4/vol XVII Jacques-François Thisse, Etienne Wasmer, Yves Zenou 87
modifications apportées, permettant ainsi de mieux appréhend
er le jeu des forces en présence.
Enfin, il faut garder à l'esprit que les questions qui nous
préoccupent s'inscrivent dans une problématique plus large, fo
rmée à partir des tendances lourdes que connaissent nos sociétés.
On pense principalement, mais pas uniquement, aux déséquilibres
démographiques entre pays ou continents, à la montée des inégal
ités, à l'internationalisation des échanges économiques et à la
mobilité croissante des facteurs de production au sein d'espaces
de plus en plus polarisés, thèmes qui ne peuvent être abordés dans
cet article mais qui en constituent pourtant la toile de fond.
Nous commençons par évoquer successivement les apports
principaux de l'économie urbaine1 et de l'économie du travail2,
en ne retenant que le strict nécessaire pour notre sujet. Il faut
en effet savoir que les thèmes couverts sont vastes et que les
contributions intéressantes sont nombreuses. Dans un deuxième
temps, nous présentons un bref aperçu de la manière dont les éco
nomistes appréhendent les phénomènes de discrimination, pour
ensuite esquisser ce qui pourrait devenir une théorie des ghett
os. Cette ébauche est fondée sur l'interaction des marchés urbains
du travail et du logement, qui dépend elle-même de variables non
médiatisées par le marché - les externalités. Nous terminons par
une brève discussion de quelques préconisations susceptibles de
lutter plus efficacement contre la ségrégation et le chômage
urbains.
Marchés urbains du logement et
du travail
L'organisation de l'espace urbain
Répartition des activités en milieu urbain
La répartition des populations et des activités au sein des villes
a, pendant longtemps, été dictée par des logiques non écono-
Revue française d'économie, n° 4/voI XVII 88 Jacques-François Thisse, Etienne Wasmer, Yves Zenou
miques. Les règles d'affectation du sol étaient principalement régies
par la coutume, la religion ou le pouvoir politique, ce qui, dans
certains cas, pouvait favoriser une plus grande mixité sociale au
sein des mêmes quartiers, voire dans les mêmes logements. Dans
ces sociétés, toutefois, la proximité spatiale allait souvent de pair
avec une distance sociale très grande entre groupes sociaux et indi
vidus. Tout se passait, semble-t-il, comme s'il y avait substitu
tion entre proximité spatiale et distance sociale.
Lorsque émergent la propriété privée des sols et le droit
de les aliéner, l'achat et la vente de parcelles vont conduire à une
spécialisation croissante des localisations fondée sur leur rentab
ilité relative. En bref, l'existence de marchés fonciers devient l'él
ément structurant de l'espace urbain qui conduit à une séparation
progressive des lieux de travail, de résidence et de loisir. Il est donc
important de comprendre comment se forme le prix du sol - la
rente foncière - et la façon dont les activités s'organisent au sein
de l'espace urbain en fonction des variations de ce prix. Le prin
cipe de base en a été énoncé par von Thiinen (en 1 826 !) dans
son étude de la rente agricole, principe qui reste valable pour les
sols urbains : tout se passe comme si, de manière implicite,
chaque ménage comparait toutes les localisations possibles et
évaluait pour chacune d'elles le montant maximum (ci-après
appelé « enchère ») qu'il serait disposé à payer pour y résider.
Chaque lot est alors attribué au ménage ayant l'enchère la plus
élevée pour le lot en question.
L'enchère d'un ménage pour une localisation particulière
dépend de nombreux facteurs tels que la qualité du logement et
de son voisinage immédiat, les facilités existantes à p

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