Une explication monétaire non monétariste : la théorie post-keynésienne - article ; n°3 ; vol.11, pg 69-94
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Revue française d'économie - Année 1996 - Volume 11 - Numéro 3 - Pages 69-94
Le monétaire n'est plus le domaine exclusif des monétaristes. Ils sont aujourd'hui concurrencés sur ce terrain par les post-keynésiens qui mettent l'accent sur le caractère séquentiel de l'évolution économique, sur la situation d'incertitude, sur le rôle des institutions économiques et surtout sur l'importance de la monnaie et du crédit. La monnaie est intimement associée au temps et n'existe qu'en raison de l'incertitude. Ses particularités en découlent. La monnaie est introduite et intégrée dans une économie monétaire de production par l'intermédiaire du crédit et plus généralement dans le cadre du processus de financement de l'économie. L'offre de monnaie est endogène et le taux d'intérêt est exogène. On peut discuter du car- actère plus ou moins « horizontal » de la courbe d'offre. La banque centrale est accommodante et conduit la politique monétaire de manière assez passive en ne disposant que du taux d'intérêt comme instrument.
Money is no longer the exclusive field of monetarists. Today, they are challenged on this ground by Post-Keynesians who emphasize the sequential nature of economic evolution, the uncertainty, the place of economic institutions and above all the importance of money and credit. Money is intimately associated with time and exists only because of uncertainty and its peculiarities come from this. Money is introduced and integrated in a monetary economy of production through the medium of credit and, more generally, as a part of the process of financing the economy. The supply of money is endogenous and the interest rate is exogenous. We can question the more or less horizontal pattern of the supply curve. The central bank is accommodating and conducts its monetary policy rather passively with only one instrument: the interest rate.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-François Goux
Une explication monétaire non monétariste : la théorie post-
keynésienne
In: Revue française d'économie. Volume 11 N°3, 1996. pp. 69-94.
Résumé
Le monétaire n'est plus le domaine exclusif des monétaristes. Ils sont aujourd'hui concurrencés sur ce terrain par les post-
keynésiens qui mettent l'accent sur le caractère séquentiel de l'évolution économique, sur la situation d'incertitude, sur le rôle des
institutions économiques et surtout sur l'importance de la monnaie et du crédit. La monnaie est intimement associée au temps et
n'existe qu'en raison de l'incertitude. Ses particularités en découlent. La monnaie est introduite et intégrée dans une économie
monétaire de production par l'intermédiaire du crédit et plus généralement dans le cadre du processus de financement de
l'économie. L'offre de monnaie est endogène et le taux d'intérêt est exogène. On peut discuter du car- actère plus ou moins «
horizontal » de la courbe d'offre. La banque centrale est accommodante et conduit la politique monétaire de manière assez
passive en ne disposant que du taux d'intérêt comme instrument.
Abstract
Money is no longer the exclusive field of monetarists. Today, they are challenged on this ground by Post-Keynesians who
emphasize the sequential nature of economic evolution, the uncertainty, the place of economic institutions and above all the
importance of money and credit. Money is intimately associated with time and exists only because of uncertainty and its
peculiarities come from this. Money is introduced and integrated in a monetary economy of production through the medium of
credit and, more generally, as a part of the process of financing the economy. The supply of money is endogenous and the
interest rate is exogenous. We can question the more or less "horizontal" pattern of the supply curve. The central bank is
accommodating and conducts its monetary policy rather passively with only one instrument: the interest rate.
Citer ce document / Cite this document :
Goux Jean-François. Une explication monétaire non monétariste : la théorie post-keynésienne. In: Revue française d'économie.
Volume 11 N°3, 1996. pp. 69-94.
doi : 10.3406/rfeco.1996.1098
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1996_num_11_3_1098Jean-François
GOUX
Une explication monétaire
non monétariste: la théorie
post-keynésienne
e monétaire n'est pas le domaine
exclusif des monétaristes. Aujourd'hui, d'autres écoles de
pensée, et parmi celles-ci les post-keynésiens, se situent sur le
même terrain. Ces derniers prétendent fournir des explications
plus pertinentes et proposent un paradigme alternatif. C'est ce
que nous allons essayer d'évaluer à travers la présentation de
leur théorie monétaire.
Situons tout d'abord, et assez rapidement, la place
des post-keynésiens. Aujourd'hui, d'après P. Davidson, un 70 Jean-François Goux
des plus célèbres d'entre eux, ils se trouvent à mi-chemin
entre les keynésiens standards et les néo-keynésiens, voire
certains radicaux américains *. En Europe, ils se trouvent
plutôt à proximité des cambridgiens et de l'école française
de la circulation sans toutefois en admettre toutes les idées.
Ne confondons pas, non plus, les post-keynésiens et les
nouveaux keynésiens 2 qui se présentent plutôt comme une
nouvelle synthèse néo-classique-néo-keynésienne. Du point de
vue monétaire, on peut rapprocher le courant post-keynésien
de l'école de la banque - neo-banking school - à travers
l'influence de T. Tooke, puis beaucoup plus tard du rapport
Radcliffe et de N. Kaldor 3.
De manière plus précise et plus positive, on peut définir
le courant post-keynésien par plusieurs principes 4.
• L'évolution du système économique est un processus
séquentiel.
Ce concept se fonde sur l'idée que le système économique
est un processus qui évolue de façon irréversible selon le
temps calendaire: l'économie est un processus historique. Le est un mécanisme réel: tout ne peut pas survenir d'un
seul coup. La production et la consommation demandent du
temps. Cela signifie que dans le monde post-keynésien, le
temps est une variable asymétrique. Dans un tel espace, les
agents économiques s'engagent sans cesse dans des décisions
et des actions séquentielles qui incorporent des anticipations,
mais aussi le stock d'informations sur le passé, en particulier
les erreurs de prévision, ce qui donne lieu à un apprentissage.
De ce point de vue, un modèle comme IS-LM est rejeté
par les post-keynésiens à cause de sa réversibilité et de son
instantanéité.
• Les anticipations se font en état d'incertitude.
Dans les modèles néo-classiques, l'incertitude existe, mais elle
est probabilisable comme dans la théorie moderne de la finance.
En outre, l'intérêt, conçu comme le prix du temps, permet par
un calcul actuariel de ramener toutes les variables futures à des
équivalents présents certains ou affectés d'une probabilité. Les Jean-François Goux 71
post-keynésiens insistent sur la différence entre l'incertitude et
le risque. En situation d'incertitude radicale, on ne sait rien.
La prévision est de l'ordre du pari. Pour faire face à l'inconnu
de façon rationnelle, les agents se fixent des normes, des règles
de conduite, des habitudes, des conventions. La seule stratégie
optimale est de donner son adhésion à l'opinion commune. On
reconnaît là, la référence bien connue maintenant à R. Knight
et J. M. Keynes. Rappelons que pour l'école des anticipations
rationnelles et R. Lucas en particulier 5, on sort ainsi du
domaine de la science économique.
• Les institutions économiques occupent une place
majeure au sein du système économique.
Les institutions importantes sont: le système bancaire et
monétaire, les marchés de biens, de facteurs de production
et d'actifs financiers, l'Etat, etc. La plupart de ces institutions
fonctionnent sur une base contractuelle, principalement des
contrats monétaires à terme, le plus important étant le contrat
de travail. La présence de ces chaînes de contrat est considérée
comme un élément essentiel par les post-keynésiens; c'est ce
qui permet l'intégration et la reproduction du système. Le
financement de ces engagements à terme va imposer aux
entrepreneurs de disposer de monnaie pour se dégager de
ces charges, d'où le problème de la liquidité partiellement
ignoré par les néo-classiques (sauf sous la forme du cash
in advance) et omniprésent chez les keynésiens et les post-
keynésiens. Ces contrats, et en particulier le contrat collectif de
salaire — convention collective — assurent, en partie, l'élément
de stabilité permettant à l'économie capitaliste de fonctionner,
malgré son instabilité intrinsèque.
• La monnaie et le crédit jouent un rôle déterminant.
Pour les post-keynésiens, toute économie moderne est
monétaire. C'est pourquoi, ils reprennent à leur compte
le concept keynésien d'économie monétaire de production.
L'offre de monnaie y est déterminée par le crédit pour financer
la production; cette offre est totalement ou partiellement
endogène. Cette souplesse nécessite alors un contrôle de la 72 Jean-François Goux
part de la banque centrale qui joue le rôle de prêteur en
dernier ressort, éventuellement contraint.
En résumé:
- la monnaie est intégrée à l'économie à travers la
production plutôt que l'échange;
- la création de monnaie résulte de la création de
nouvelles dettes à l'intérieur du processus de croissance des
revenus ;
- la monnaie est une convention sociale et le taux
d'intérêt est une de ces conventions;
- la monnaie est un flux plutôt qu'un stock;
- la est fondamentalement une variable
endogène qui peut être créée et détruite.
• La répartition des revenus est fondée sur des rapports
de force et est à l'origine de l'inflation 6.
L'analyse post-keynésienne - ou post-kaleckienne, selon
certains 7 - de l'inflation se focalise sur le confli

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