La Révolte du Pauvre.
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Description

Note succincte sur la Révolte du Pauvre.
L’histoire que l’on va lire a bien eu lieu sous le régime de BenAli.
C’est une histoire vraie .
Si le patron de l’entreprise où travaillait votre père depuis plus de trente ans, commandite l’assassinat de ce dernier pour éviter d’être pénalisé pour n’avoir pas payé les cotisations dues à la Sécurité Sociale,qu’est-ce que vous feriez,cher lecteur ?Eh bien, la réponse est dans cette histoire.
L’auteur demeure cependant certain que vous auriez réagi avec la même détermination et le même esprit de vengeance que ceux du fils de l’ouvrier assassiné…dussiez-vous encourir le même sort :la condamnation à la pendaison.

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Publié par
Publié le 03 mai 2012
Nombre de lectures 131
Langue Français

Extrait

La Révolte  .du Pauvre
MOHAMED SELLAM
LARةVOLTE DU PAUVRE
ROMAN
La Révolte  .du Pauvre
Après la prière, la main du bourreau toucha la corde et d'un ton bourru, lui ordonna de s'arranger pour en enfiler le nœud. D'un geste brutal, RIHABfit comprendre de se patienter et la voix tremblante et émue, il déclara:lui "Messieurs, vous ne me connaissez point, il est vrai; je ne vous connais pas non plus "Je vais mourir… je vais rejoindre l'éden où séjourne en ce grave moment l'âme immortelle de mon pauvre père…! "J'ai péché, je suis loin de vouloir le désavouer… j'ai incendié par esprit de représailles… pour me venger de l'homicide de ce malheureux père qui n'a récolté durant toute sa vie, comme prix de son intégrité et son dévouement, que le mépris et une fin tragique… "J'ai péché.. mais je n'ai pas assassiné pour le plaisir de voir le sang d'autrui se répandre à flots sur le sol… "J'ai volé aussi, mais je n'ai volé que ce qui avait été usurpé aux pauvres pour le leur rendre… "Mais lequel parmi vous, vous qui me regardez avec des yeux effarés, l'âme remplie peut- être de commisération sur mon sort, lequel parmi vous n'a pas péché, n'a pas volé et n'a pas extorqué d'une manière ou d'une autre le bien d'autrui? "Lequel parmi vous, ose déclarer solennellement qu'il a les mains innocentes, pures et honnêtes? "Il y a des criminels qui sucent en plein jour le sang du peuple, il y a encore des criminels qui sucent le sang des pauvres gens pour les faire disparaître ensuite… "Oui, ces criminels vivent encore dans la paix, entourés d'une poignée d'admirateurs naïfs et accablés par l'aisance matérielle… Ils sont parmi nous et ils jouissent d'une liberté absolue.. souveraine.. "J'ai bientôt fini… je vais mourir… il ne me reste plus de temps pour les récriminations et la douleur… Mon père m'appelle dans l'au-delà"Qu'on m'enterre près de sa tombe… c'est le seul vœu que je formule…!"  P ;52
MOHAMED SELLAM                                    
LA REVOLTE DU PAUVRE
Roman
Avant-propos                        J’ai le plaisir de présenter ce nouveau roman au public tunisien,dont la prise de conscience pour la liberté et la justice se développe et s’affirme de jour en jour,surtout au lendemain du changement .politique instauré au sein du pays En vérité,ce n’est pas un changement,mais plutôt une restauration,une réhabilitation des acquis de la nation,une concrétisation réelle des valeurs humaines pour lesquelles nos martyrs se sont sacrifiés sur le champ de bataille et qui demeurent pour nous les vrais piliers de la .démocratie,de la liberté et de la justice Les événements de ce roman,qui s’étaient passés aux environs des années 1985,sont authentiques et ne sont guère le produit de mon imagination :aussi ai-je tenu à ce que la vérité des choses reste telle .qu’elle est, sans falsification ni mystification Les personnages sont des figures réelles,empruntées à celles qui peuplent notre société d’hier et d’aujourd’hui:les contours psychologiques,les habitudes,les manies ,les tares et les vices sont rapportés au lecteur avec fidélité pour lui permettre d’en saisir la portée et d’en méditer les .conséquences Ce roman ,au même titre que ceux que j’ai écrits durant les années passées,se veut être avant tout un fidèle miroir reflétant la réalité si tristement sombre d’avant l’avènement historique du nouveau .régne J’espère avoir accompli ce pénible devoir
PREMIER CHAPITRE                                       MISERE ET OPULENCE                                      C'était un soir d'hiver, la rue à peine mouillée par une bruine brusque, brillait d'un vif éclat; les voiture roulaient à une allure modérée, par crainte de glissade aux tristes conséquences; la lumière se répandait à profusion dans cet espace étouffant et bruyant... Tout le monde courait, se précipitait dans une course interminable, vertigineuse, accaparé par les affaires ou par un désir ...brûlant de savourer à une heure pareille, la chaleur exquise du foyer familial Parmi cette horde indifférente, impitoyable, un vieil homme, aux yeux hagards, et au visage envahi d'une pâleur presque maladive, marchait lourdement, bousculé, entraîné de force, impuissant à résister à cette poussée ininterrompue... Il gémissait en silence... il voulait crier sa peine, sa douleur, mais aucun son ne jaillissait de sa gorge en feu, malgré le froid intense qui mordait sa chair ridée et ...exsangue
La Révolte  .du Pauvre
Il venait de quitter l'usine après une journée de travail accablante, cette usine où il avait vu son énergie s'amenuiser au fil des ans, sa vigueur, sa force d'homme strict et volontaire, s'acheminer ...inéluctablement vers l'épuisement ultime . En réalité, le moment était déjà venu pour lui de goûter au repos d'une retraite bien méritée, mais il ne pouvait pas se livrer ainsi, à contrecœur, à l'inaction, qu'il avait cependant toujours exécrée du ...fond de son âme La retraite viendra d'elle-même, lorsque l'heure du trépas sonnera pour toujours... Et cette fois, ce ...sera la retraite finale au fond d'un petit trou creusé dans la terre Il savait pourtant qu'il avait atteint le dernier cap de sa vie... qu'il était au bord du néant... mais il persistait à croire qu'il était encore capable de porter le fardeau, de travailler sans lassitude et de procurer à sa famille sa subsistance quotidienne... Il n'en savait pas moins qu'il est âgé de plus de quatre vingts ans et qu'il avait derrière lui toute une vie de peine, de misère, de souffrance et de .frustration A cet instant,il sentit quelque chose lui tenailler les entrailles et un nuage sombre lui obscurcit soudain les yeux...Néanmoins,en dépit de cette étrange commotion,qui avait secoué tragiquement son être si frêle,il ne put s’arrêter,au contraire,il continua obstinément à marcher,déterminé à ....regagner à tout prix son pauvre domicile Cependant,il entrevoyait à peine cette foule qui se pressait autour de lui,toujours haletant et ...gémissant sous le poids d’une douleur poignante Rien ne l'arrêtait; il n'a même pas pensé à s'octroyer un moment de répit, le temps de se ressaisir ...pour pouvoir ensuite reprendre sa marche Enfin, n'en pouvant plus, il s'arrête, un rictus affreux lui déforme le visage, chancelle et enfin s'effondre lourdement sur le trottoir... évanoui... la multitude continue sa course, implacable, .indifférente Brusquement un ouvrier, jeune et robuste, se détache de la foule et se dirige du côté du vieillard étalé, inanimé, comme un tas de vieilles hardes d'où apparaît un visage hideux à moitié envahi d'une ...barbe grise Le jeune homme se pencha hâtivement sur lui, appliqua son oreille sur le cœur, le souleva avec effort et,lentement, le mit sur son séant... en même temps, sa main rugueuse s'insinuait à l'intérieur des vêtements du vieux, fouillant dans les poches et en un tournemain, il en retira un objet qu'il fourra subrepticement dans la sienne, tout en toisant avec des yeux rieurs la foule des curieux qui ...commençaient déjàà s'attrouper autour du vieillard presque inanimé Sur ces entrefaites, le malheureux fit un mouvement et au prix d'un effort suprême, tenta de se ...relever, mais il retomba sur ses genoux décharnés Cependant, aidé et soutenu par ce jeune homme qui semblait rire de bon cœur, le vieillard put enfin ...se remettre sur ses pieds  ¾Alors père Safwane, dit le jeune homme avec un air presque railleur, te sens-tu mieux maintenant? Je t'ai vu tomber et tu t'es évanoui... je me suis précipité pour te secourir... voilà tu ne ?souffres plus à présent...., n'est-ce pas
 ¾C'est toi Doua? Merci, fils! Je ne me suis aperçu de rien... Je croyais marcher tranquillement... mais quelque chose s'est emparé de moi, une sorte de vertige et je me suis écroulé par terre... Maintenant grâce à toi, petit, je crois que je suis apte à poursuivre seul mon chemin... Ne ...dis aucun mot au patron... je risquerais d'être mis au chômage  ¾Rassure - toi, père Safwane, je ne dirai rien de ce qui est arrivé... tu sais que je suis ...?honnête et que je ne mens jamais ...¾Que Dieu t'accorde sa bénédiction! Au revoir et à demain; on se reverra à l'usine Après des efforts constants, le vieillard, livide et presque moribond, parvint enfin à son domicile où ...il se jeta aussitôt sur son lit, un minable grabat couvert de haillons Son fils Rihab, saisi de l'état de son père, accourut et se prosterna à son chevet... Il s'aperçut non sans inquiétude que son vieux père était submergé de sueur et qu'il lui était impossible de lui ...arracher un seul mot ... gardant ainsi constamment un mutisme impénétrable
Immédiatement, on fit appel à un médecin qui l'ausculta..., mais ce dernier eut beaucoup de peine à déceler la nature de son mal, puisque le père, déjà accablé par l'âge et une vie de labeur, semblait ...avoir perdu la faculté de parler Alors le médecin, voyant que le vieux était déjà fini et qu'il lui semblait difficile qu'il survivrait à :rien saisi, se tourna vers Rihab et, d'un ton plein de regret, il lui ditcette crise dont il n'avait Votre père est condamné: la plupart de ses cellules organiques sont déjà détériorées... et vu-!pas qu'il recouvre sa santé; je dirais plutôt que sa fin est imminenteson âge, je ne crois Comment? S'insurgea Rihab, sous l'empire d'un mortel chagrin, mon père est déjà fini?-Mais il n'y a pas de remède qui puisse lui rendre la santé? Vous ne pouvez rien faire pour lui? Et pourtant, il était toujours d'une vigueur, d'une énergie inépuisables? Que lui est-il arrivé, ô mon ?Dieu :Le médecin ,l'air embarrassé et ne sachant que dire, réitéra sa déclaration Oui, je l'ai affirmé pourtant, ton père est fini... Il n'y a aucun remède qui puisse le guérir...-parce que effectivement son mal n'a pas de remède, tout comme la mort d'ailleurs. J'espère que je ...me suis fait comprendre à présent Quel malheur, ô mon Dieu! Mon père, mon pauvre père! Et le jeune Rihab, triste et abattu,-....se jeta brusquement sur son  finpère, toujours muet et comme ahuri de voir sa prochaine Le médecin, après avoir perçu ses honoraires, est parti, content de la bonne aubaine et pressé de ...regagner la rue, satisfait de s'être défait enfin d'une pénible corvée Cependant, dès que le médecin eut franchi le seuil de la porte,le père se releva, comme mû par un miracle extraordinaire. Il soupira profondément en ouvrant des yeux écarlates, comme s'il était ...délivré d'un monstre qui avait habité son corps Ses yeux rencontrèrent derechef ceux de son fils... et sans attendre plus longtemps, il se mit à parler :d'une voix saccadée Je ne sais pas ce qui m'est arrivé... J'ai eu comme un vertige, un choc affreux s'est emparé-de moi comme dans un tourbillon et je suis tombé... N'eût été le secours bénévole de cet ouvrier Doua que je rencontrais quelquefois dans l'usine et qui est très proche du patron, peut-être son ...collaborateur, je serais à coup sûr, piétiné, écrasé sans pitié par la foule ...Mais ce Doua ne t'a pas ramené ici.; tu es revenu tout seul-Oui, mais c'est lui qui m'a relevé... Il m'a aidé à reprendre ma marche... à peine eût-il dit ces-mots, qu'il retomba à la renverse et s'endormit... Rihab, bouleversé, croyant que son père venait de rendre l'âme, versa lentement des larmes de désespoir et la mère qui rentrait en courant, étouffa un cri de douleur et, ne pouvant soutenir ce spectacle funèbre, s'écarta un peu du lit, pour donner libre ...cours à ses muettes lamentations Quelques moments plus tard, en se réveillant, le père Safwane se trouva en présence d'un autre ...médecin, qui s'occupait à lui faire subir un examen minutieux sur les raisons de sa défaillance
La Révolte  .du Pauvre
Au terme de sa visite, il pria Rihab de le suivre et sur le seuil de la porte, il lui murmura quelque ...le fils, abasourdi et perplexe, il s'en allachose à l'oreille... Après quoi, laissant A son retour près de son père, celui-ci, d'une voix mélancolique, s'informa sur les résultats du ...diagnostic Repose-toi, père; le médecin te conseille de ne plus travailler désormais... Il ne te-!recommande que le repos, rien que le repos... tu m'entends Mais comment oserai-je quitter cette usine où j'ai travaillé plus de trente ans...? N'est –ce-.pas que ce serait de l'ingratitude de ma part Non, tu n'iras plus au travail! Tu auras tout ce qu'il te faut avec tes allocations de retraité...-Donc tu n'a plus besoin de trimer... Tu mettrais ta vie en danger, si tu continuais à t'obstiner à vouloir travailler dans cette usine... le médecin vient de l'affirmer sans ambages... Il te met devant ...tes responsabilités ...entraînant sa mère hors de la pièce, tâcha de l'éclairer sur le cas désespéré de son pèrePuis le fils, Mon père souffre d'un cancer, dû à des germes microbiens provoqués par le type de métier-qu'il pratique... Ce sont là les propos du spécialiste, ce qui nécessite une opération chirurgicale ...coûtant une somme considérable ...La mère, d'ordinaire calme et imperturbable, réagit violemment à cette nouvelle tragique Que dis–tu, mon petit, ce spécialiste ne se trompe-t-il pas par hasard? Jamais ton père n'est-tombé malade... Il est toujours aussi vigoureux, aussi invulnérable qu'un jeune homme de trente ...!ans Mère, ne te trouble pas tant...! je t'ai dit que c'est un cancer, c'est un mal quasi incurable,-mais que, parfois, une opération chirurgicale faite par un médecin habile, pourrait à la rigueur nous permettre de ne pas perdre tout espoir dans sa guérison... Mais cela exige une somme énorme que le ...médecin lui-même n'a pas pu évaluer Oh, mon pauvre Safwane, prononça la mère d'une voix faible, les yeux ,embués de larmes-,tournés constamment vers la piéce,oû le vieillard gisait,insouciant du mal qui le rongeait insidieusement... Il ne s'est jamais accordé le moindre repos; il a travaillé avec une constance ? condamné à l'oisiveté, qu'adviendrait –il de lui êtreinfaillible... Et maintenant qu'il allait Ma mère, cria le fils, exaspéré, pourquoi tous ces pleurs inutiles... Je t'ai dit qu'il guérirait et-qu'il reprendrait peut-être son travail, puisqu'il semble refuser carrément de vouloir se mettre à la ...retraite qui est, en toute vraisemblance, le refuge ultime de sa carrière Non, mon cœur me dit qu'il en est autrement et qu'il ne s'en sortira pas aussi aisément que tu-crois Que dis-tu, mère? Cesse, je t'en conjure, de concevoir des présages aussi funestes…tu-parles des choses que tu ignores complètement…Sais-tu maintenant que le progrès en médecine a franchi des étapes notables dans la vie de l'humanité et rien ne saurait désormais dresser des !....obstacles devant ce progrès si prodigieux Alors pourquoi donc, interrompit-elle, comme suffoquée par le désespoir et assaillie par ce-triste pressentiment… entendons-nous de temps à autre,parler de patients décédés à la suite des ?…opérations chirurgicales
C'est parce que, insinua le fils, tout décontenancé, la fatalité y a joué un rôle néfaste… On- rienne peutl'opération, le patient était condamné à l'avance contre le destin…avec ou sans Quelle insanité! Rétorqua la mère, toujours incrédule, tu venais de me dire à l'instant que-l'impossible en médecine était maîtrisé et que toute opération, quelle qu'elle soit, pourrait être faite ?avec succès…alors pourquoi tu parles de l'intervention de la fatalité Le fils, un peu confondu, riposta, mais avec moins d'énergie et de conviction que tout à l'heure, pour quelque sorte l'insuccès de la médecine face à des cas complexesjustifier en C'est vrai, mère, tu as raison… on ne peut imputer ce fiasco uniquement à la fatalité…mais-il convient d'avouer toutefois que l'ignorance et l'erreur sont pires que la fatalité même…quoi qu'il en soit, n'aie pas de souci là-dessus…Mon père sera confié à des chirurgiens très experts et très habiles, puisqu'il partira à l'étranger  ¾Quoi! S'exclama la mère avec désarroi, c'est à l'étranger qu'on va lui faire cette ?…opération…? Pourquoi pas ici  ¾Parce que je ne sais pas: d'ailleurs je ne saurais … te le dire… puisqu'il s'agit, je crois, des problèmes inhérents à des considérations matérielles… L'opération est en effet est si délicate instruments et des moyens que nous ne possédons pas dans nos hôpitauxqu'elle nécessite des  ¾Quel dommage! Alors nous n'avons en rien bénéficié du progrès de la médecine…? Est-ce que cela est dû à la fatalité aussi ou à l'insouciance de ceux qui veillent à la destinée de nos ?hôpitaux  ¾Tais-toi, mère, il ne faut pas dire de telles choses… Il faut toujours dire que nous avons tout, que nos médecins sont les meilleurs du monde, que les médicaments sont les moins chers que dans les autres pays de la planète, que nos hôpitaux sont pourvus d'installations ultramodernes et qu'ils sont fort accueillants et d'une extrême propreté, qu'enfin nos dirigeants sont les plus irréprochables, les plus intègres, les plus honnêtes et qu'ils se sacrifient pour le bien du peuple…! Voilà ce qu'il faut dire, mère…parce que, comme tu ne le sais pas, nous vivons dans un monde où !…l'hypocrisie, la flagornerie, l'imposture et la vanité, sont monnaie courante Le lendemain matin, Rihab, miné par l'angoisse et une nuit d'insomnie, s'est rendu à l'usine où son père avait travaillé pendant plus de trente ans Dés qu'il eut franchi le grand portail, un pressentiment de mauvais augure le saisit et lui fit comprendre, comme d'instinct, qu'il ne devait pas attendre du secours de ce patron qui, avide, exploiteur coriace de la masse ouvrière, n'avait d'autre souci que d'accroître davantage sa fortune qu'il amassait sans scrupule grâce à la sueur de son pauvre père et d'une multitude d'autres travailleurs résignés Sur ces entrefaites et pendant qu'il ruminait ainsi cette noire image sur ce type détestable, un jeune homme, qui avait l'air d'être le planton, attiré soudain par la présence de cet intrus, se précipita au :devant de lui et d'un ton impoli, lui demanda  ¾Qui es-tu? Que demandes-tu? Ne sais-tu pas qu'il est formellement défendu de pénétrer ?...dans l'usine  ¾ne le savais pas, et je regrette... Je ne récidiverai plus... Répondit Rihab d'un tonNon je ...ironique  ¾que cherches-tu? Et pourquoi me souris tu ainsi? Réponds vite, je n'ai pas de tempsAlors ...à perdre avec toi  ¾Je suis le fils du père Safwane, que tu connais certainement... Je voudrais parler au ...patron... mon père est malade... Son état est très grave  ¾Pourquoi tu m'as fait languir pendant une éternité? Pourquoi tu ne m'a pas dit cela sur - le-...champ?... Attends- moi ici, je reviens dans un instant Quelques instants plus tard, le planton réapparut et dit au visiteur qui, presque abasourdi par le bruit ...infernal de l'usine, était sur le point de se sauver pour se mettre dans un endroit plus calme
La Révolte  .du Pauvre
...¾Entre, le patron t'attend... dit le planton avec un accent presque discourtois Rihab, rongé de doute quant à l'issue de sa mission et avec beaucoup d'hésitations, il pénétra dans le bureau du patron, qu'il trouva assis douillettement dans un élégant fauteuil, les yeux grands ouverts ...sur un dossier  ¾Vous dites que votre père est malade... Eh bien, que faut-il faire pour lui? Interrogea –t-il à ...brûle-pourpoint  ¾vous savez que mon père vous respecte et vous estime beaucoup et qu'ilMonsieur Nawar, vous a servi avec un dévouement constant pendant plus de trente ans, c'est – à –dire depuis le ...démarrage de votre usine jusqu'à ce jour  ¾Oui, je le sais...interrompit-il soudain... Mais où voulez-vous en venir exactement? Le ...temps presse, dites-moi ce que vous désirez sans préambule  ¾Or,continua Rihab, imperturbablement, un destin cruel a voulu que mon père tombât malade... Il est atteint de cancer et selon le médecin, il faudrait lui faire une opération à l'étranger... La réalisation de cette opération exige une somme considérable que nous ne possédons pas ..... ...l'était au début de sa carrièrepuisque mon père est resté aussi pauvre qu'il !...¾Alors, débrouillez-vous pour amasser la somme requise             ¾vous l'ai dit, nous sommes pauvres, nous ne possédons rien et mon père, comme vousJe le savez, n'a rien économisé durant toute sa vie. Nous somme atterrés... Nous ne savons plus que . pourquoifaire... C'estsuis venu pour demander de l'aide je  ¾Quoi? Rugit le patron, plein de colère et l'œil injecté de sang ,vous voulez demander du secours...? Puis d'un ton calme et modéré comme si un éclair lui eût traversé l'esprit... mais oui, bien sûr, je suis à votre disposition... je n'oublie pas que le père Safwane est considéré comme mon propre père et si j'ai réussi à mettre en place cette usine, c'est grâce à lui... je vais me charger des frais de l'opération... Rassurez-vous, vous pouvez vous retirer... je prendrai les mesures propres à satisfaire le père Safwane et toute sa famille... car il est impossible de nier le sacrifice de plus de ...et d'un geste, il lui désigna la portetrente ans de labeur, monsieur... Rihab, après avoir balbutié quelques mots en guise de remerciements et de reconnaissance, s'en ...chez lui, le cœur rassuré et tout heureux ainsi de s'être défait d'un cauchemar sinistreretourna ...Sa mère, dès qu'elle l'avait vu, se précipita vers lui pour s'enquérir des résultats de ses démarches  ¾n'y a personne dans notre famille qui puisse avoir assez deJe ne suis allé nulle part, car il moyens pour nous tendre une main secourable..., mais par contre je me suis fait du courage et je suis allé à l'usine... Là, j'ai vu le patron Nawar... il m'a rassuré et m'a promis qu'il se chargerait des ?…frais que nécessiterait l'opération… n'est-ce pas que c'est beau ...¾Ah quel soulagement! Je ne savais pas que ce patron était aussi humain  ¾Ne te fais pas trop d'illusions, mère! … Je me sens accablé d'incertitude… Je savais déjà, sur       cet homme, beaucoup de choses qui n'étaient pas du tout bonnes… Et ce qui est paradoxal, c'est que après cette entrevue, j’ai eu le sentiment prémonitoire de m'être mépris sur son compte…En tout doutes sur le but de ses proposcas, cela ne m'empêche pas d'avoir des
je me demandais comment un homme comme ce Nawar pourrait porter secours à un de ses» ouvriers en détresse…cela m'est difficile de le concevoir ..Mon père le connaît bien et je ne pense pas qu'il ajoute foi à ses promesses  ¾Tu crois donc qu'il se moque de nous alors et que tout ce qu'il t'a dit n'est que mensonge et ?…isircopyhe  ¾ autre, qui a desC'est ce que je pense… Cet homme qui s'est enrichi au détriment construit des villas superbes et qui possède une fortune incommensurable… cet homme, ma mère, n'est qu'une vermine dans la société…c’est une espèce de philistin dont la vue seule me donne la !..nausée Ce n'est pas tout, après avoir répudié sa femme, il a gardé son fils et sa fille, lesquels,au fil des» ans, sont devenus des monstres comme lui: ils foulent au pied les lois de la morale et nagent dans l'aisance et la luxure Songe que, au lendemain du départ de sa pauvre femme, abandonnée dans la misère et frustrée» de ses enfants, il en a épousé une autre, jeune et belle, mais qui, malheureusement, ne lui a pas donné d'enfants Alors il a conçu pour elle du mépris et même de la haine…il la malmène, la martyrise avec» violence, jusqu'à ce qu'elle soit tombée malade, pour être ensuite reléguée pour toujours dans une pièce constamment sombre, seule et prostrée,pleurant sans cesse son cruel destin, attendant avec résignation la fin de ses jours ?Alors, mère, que pouvons-nous attendre d'un tel homme»  ¾N'anticipons pas, mon fils, c'est peut-être qu'il a commencé à se repentir et que son cœur a enfin fléchi pour compatir aux malheurs d'autrui  ¾C'est toi qui le dis, mère…il ne se réveillera jamais de ses nuits d’illusions,de ses nuits où il se grisait de débauche jusqu’à la lie … Trop d'argent corrompt celui qui le touche et ce Nawar est un monstre moderne que l'argent et l'ignorance ont érigé au rang des maîtres de notre cité
La Révolte  .du Pauvre
DEUXIEME CHAPITRE                                     L'ECLIPSE DE LA RAISON                                  L'usine du patron Nawar est implantée dans la périphérie de la cité El Djem. La main d'œuvre qui y travaillait, presque exclusivement masculine, n'appréciait pas beaucoup le patron qu'on considèrait à juste titre comme un tyran, toujours assoiffé de gains et préoccupé de ses intérêts, qui surveillait de plus près la production et malheur à celui qui se laissait traîner ou qui n'accomplissait pas sa tâche dans l'espace de temps qui lui a été imparti... il doit être sûr qu'il n'échappera pas à la colère farouche de ce patron qui ne reculait même pas devant la possibilité de son expulsion d'office sans indemnités... C'est une perspective indubitable et imminente...pour chacun des pauvres ouvriers de !l’usine Nawar C'est en effet pour cela que les ouvriers, dans leur grande majorité, l'ont pris justement en grippe, en particulier à cause de la lésinerie qu'il pratiquait arbitrairement à leur égard, en dépit du succès constant que ne cessait de réaliser la manufacture dont le chiffre d'affaires pourtant augmentait ..ntmelebisnetso D'ailleurs, ce n'est que depuis quelque temps qu'ils ont pris conscience qu'ils étaient exploités sans scrupules par ce patron impitoyable et cependant,sans oser rien réclamer,ils se résignèrent, malgré ... sort,de peur d’être privés pour toujours de leur gagne-paincette injustice flagrante, à accepter leur Ce silence avait encouragé davantage le patron, qui continuait à sucer avec une avidité toujours croissante le sang de ses ouvriers, négligeant expressément de les payer ou s'il les payait, ce n'est ...toujours qu'à la moitié du prix convenu Ce Nawar est un type trapu, presque glabre, au visage rubicond et rieur, comme s'il voulait montrer ...qu'il s'était largement rassasié de la peine et de la souffrance d'autrui Ce qui est frappant en lui, c'est qu'il est encore d'apparence fort jeune, bien qu'il ait dépassé déjà le ...cap de la cinquantaine Toujours vêtu élégamment à la manière des hommes d'affaires européens, il se targuait d'être le citoyen le plus fortuné de la région, et que l'usine qu'il avait édifiée de ses propres mains, sans le secours d'aucune subvention bancaire, procurait de la nourriture à plus de deux cents familles... C'est, toujours selon ses prétentions pour le moins outrancières, le meilleur exploit de sa vie... Non sans affirmer encore avec une ostentation factice, qu'il ne lésine pas, qu'il a toujours la main tendue vers ceux qui ont besoin de son secours. Qu'il est l'ami, le père, le frère de ses ouvriers et qu'enfin l'usine est la leur et qu'il n'y possède rien... Des propos pleins d'hypocrisie et de mensonge, que la ..plupart des ouvriers, devenus clairvoyants et lucides, dénigraient en silence Mais ce patron n'est pas seulement un individu que l'argent a corrompu et transformé en une sorte de marionnette sans cœur,en tuant en lui tout sentiment d'honneur et de vertu... c'est encore un type qui avait ses passions, ses désirs charnels qu'il est loin de pouvoir réprimer, des amours coupables, auxquels il se livrait de temps en temps, clandestinement, en y consacrant des nuits entières, loin de ...sa pauvre femme et de ses enfants
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