Dieux indigènes et cultes à mystères à Argentomagus. Essai d interprétation - article ; n°1 ; vol.14, pg 3-14
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Description

Revue archéologique du Centre de la France - Année 1975 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 3-14
Jacques ALLAIN,
Dieux indigènes et cultes à mystères à Argentomagus - Essai d'interprétation.

L'enceinte cultuelle d'Argentomagus avait livré en 1970 un groupe ternaire sculpté dans un calcaire local, dont seul subsistait le personnage central : un joueur de lyre acéphale vêtu d'une longue robe.
La mise au jour récente d'un fragment complémentaire : torse de femme au sein droit découvert, permet d'avancer une nouvelle interprétation, fondée sur la présence d'un réseau de pampres auquel sont adossés les personnages : le meurtre d'Orphée par les Bacchantes.
Le regroupement de Sarapis, de la grande Mère des Dieux et d'un groupe Dionysiaque autour d'un Dieu Gaulois accroupi, rapproche son culte de la série des cultes à mystère.
Une nouvelle lecture (Hatt) de la dédicace mutilée (NVMIN) AVG - E (SV), éclaire mieux encore ce culte indigène associé à celui du Mercure Gaulois et continûment attesté jusqu'à la destruction de la ville en 276.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dr Jacques Allain
Dieux indigènes et cultes à mystères à Argentomagus. Essai
d'interprétation
In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 14, fascicule 1-2, 1975. pp. 3-14.
Résumé
Jacques ALLAIN,
Dieux indigènes et cultes à mystères à Argentomagus - Essai d'interprétation.
L'enceinte cultuelle d'Argentomagus avait livré en 1970 un groupe ternaire sculpté dans un calcaire local, dont seul subsistait le
personnage central : un joueur de lyre acéphale vêtu d'une longue robe.
La mise au jour récente d'un fragment complémentaire : torse de femme au sein droit découvert, permet d'avancer une nouvelle
interprétation, fondée sur la présence d'un réseau de pampres auquel sont adossés les personnages : le meurtre d'Orphée par
les Bacchantes.
Le regroupement de Sarapis, de la grande Mère des Dieux et d'un groupe Dionysiaque autour d'un Dieu Gaulois accroupi,
rapproche son culte de la série des cultes à mystère.
Une nouvelle lecture (Hatt) de la dédicace mutilée (NVMIN) AVG - E (SV), éclaire mieux encore ce culte indigène associé à celui
du Mercure Gaulois et continûment attesté jusqu'à la destruction de la ville en 276.
Citer ce document / Cite this document :
Allain Jacques. Dieux indigènes et cultes à mystères à Argentomagus. Essai d'interprétation. In: Revue archéologique du
Centre de la France. Tome 14, fascicule 1-2, 1975. pp. 3-14.
doi : 10.3406/racf.1975.1960
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0220-6617_1975_num_14_1_1960DIEUX INDIGÈNES ET CULTES A MYSTÈRES
A ARGENTOMAGUS
ESSAI D'INTERPRÉTATION
par Jacques Allain
Lors de la fouille de sauvetage qui entraîna en 1970 la découverte
de l'enceinte cultuelle avec ses deux temples du type fanum et leurs
annexes, nous avons mis au jour une abondante statuaire dont le caractère
disparate frappe de prime abord.
Nous avons tout d'abord dégagé, le long du mur Est du grand fanum,
un joueur de lyre acéphale vêtu d'une courte tunique et d'une longue
robe. A 20 mètres de là, dans l'angle Nord-Est de la galerie couverte, le
long du mur qui sépare les deux temples, il nous a été donné de découv
rir le socle : socle à trois personnages, taillé comme la statuette dans
un calcaire jaunâtre, de grain et de dureté moyens. La corrosion
est peu prononcée et ne semble pas avoir altéré sensiblement cette pièce.
Des deux autres sujets, comme le précédent brisés à ras du socle,
ne subsistent que le bas de la robe et l'extrémité des pieds chaussés, en
tous points comparables à ceux du sujet central vers lequel ils convergent.
Il importait tout d'abord au premier chef de déterminer avec certi
tude l'emplacement précis du personnage. Son plan dorsal ne permettait
pas, compte tenu de l'orientation des pieds, d'y voir un des personnages
latéraux.
Dans un premier essai, nous avions donné au sujet une verticalité
qui paraissait plausible * mais devant l'exacte coaptation des cassures
de la pierre comme des plis du vêtement, il nous a bien fallu admettre
en deuxième analyse que le personnage était fortement incliné sur sa
gauche — la verticale passant par l'axe du cou tombe à 1 centimètre
en dehors du pied gauche. Cette attitude est d'autant plus surprenante
que c'est le genou droit et non le gauche qui est légèrement fléchi. Cela
confère à l'ensemble une raideur et une lourdeur maladroites qu'on
retrouve dans tous les détails aussi bien dans le traitement des bras que
dans le façonnage assez grossier du socle. Et pourtant, bien que nous
soyons privés des indications de la coiffure, il n'y a aucun doute quant
au sexe masculin du personnage : la partie antérieure du thorax est
bien dégagée, aucun relief évoquant des seins n'est perceptible sous les
plis réguliers de la tunique.
Plus fruste encore mais d'un très grand intérêt est la face dorsale
* On notera sur la publication de G. Picard la petite cale de bois qui
visait, lors de la découverte, à verticaliser le personnage (2). JACQUES ALLAIN
TROT
Figure I. — Enceinte cultuelle d'Argentomagus.
Plan du grand Fanum avant restauration - Les points noirs indiquent
l'emplacement primitif des fragments du groupe orphique.
(Dessin P. Trotignon). DIEUX ET CULTES A ARGENTOMAGUS 0
du personnage : on y discerne grossièrement dégagé en bas-relief un
motif végétal qui ne laisse aucun doute quant à son identification : une
tige sarmenteuse et contournée suit approximativement les épaules,
feuille polylobée s'en détache et masque presque entièrement le dos du
joueur de lyre. On note un peu plus bas au niveau des genoux une autre
feuille plus fruste encore ; un troisième élément végétal qui, lui, pourrait
bien être une grappe fait corps avec la robe du musicien. Des traces
nombreuses et indubitables de fractures attestent qu'une sorte de réseau
de pampres ajouré au trépan servait de fond à la scène et reliait entre
eux les trois personnages. On doit mettre l'accent sur le contraste offert
entre l'obliquité du musicien central et la verticalité des motifs végétaux
qui tombent tout à fait normalement.
A qui a-t-on affaire ? G. Picard propose d'y voir un Apollon escorté
de deux personnages féminins 1. Cette hypothèse, la plus simple, a pour
elle les analogies reconnues et analysées par C. Merleau-Ponty tant à
propos de l'attitude du personnage central que des deux sujets qui
l'accompagnent (Leto et Artémis ou deux muses) 3. Cette interprétation
a encore pour elle la présence à Vendœuvres (Indre) d'un probable
Apollon assis et à demi dévêtu jouant de la lyre sur la face latérale d'un
bloc au centre duquel trône un magnifique et célèbre Cernunnos 4. La
même association se retrouve à Reims. A Argentomagus, si le Dieu
accroupi ne fait pas partie intégrante du groupe, c'est comme nous le
verrons, lui qui était adoré dans la cella du grand temple.
Pourtant, nous ne pouvons faire nôtre cette interprétation qui laisse
de côté un élément capital : le réseau de pampres servant de toile de
fond à l'ensemble. C'est dans le cadre dionysiaque qu'il nous semble
nécessaire de replacer ce joueur de lyre et depuis deux ans déjà l'hypo
thèse orphique avait retenu toute notre attention *.
Cette interprétation a été récemment confirmée par la découverte
en dégageant le périmètre du grand fanum d'un nouveau fragment
appartenant au même groupe. Fragment assez informe de prime abord
mais où nous avons, après nettoyage et examen attentif, reconnu un
torse féminin acéphale. Une draperie dont le pli marginal, fortement
accusé, barre le torse en écharpe recouvre l'épaule et le sein gauche
laissant à nu le sein droit. Les deux membres supérieurs sont brisés
au-dessus des poignets mais il est possible de restituer l'attitude de
cette femme : le coude droit en hyperflexion est collé au corps, en légère
antépulsion. Le gauche est assez franchement détaché du corps,
en rétropulsion et demi fléchi.
Malgré l'attention la plus vigilante, nous n'avons retrouvé la moitié
inférieure de ce deuxième sujet ni dans les morceaux de statuaire
antérieurement recueillis ni dans le sol avoisinant.
Similitude de la matière première et proportions concordantes
malgré la surprenante puissance des bras plus volumineux que ceux
du personnage central suggéraient un rapprochement mais ne permet-
1. G. Picard, Les Sanctuaires d'Argentomagus. CRA, 1971, 2, p. 621-633.
9. C. Gallia 1972, II, Rapport de Direction, p. 321-329, fig. 12, p. 326.
3. Claire Merleau-Ponty, Mémoire de Maîtrise : les sculptures d'Argen-
temagus, Paris-Sorbonne 1972. Inédit.
4. Esperandieu, T. II, n° 1539 + Bibliographie abondante.
* Nous devons cette féconde hypothèse à notre ami le Professeur M.R.
Sauter de Genève. JACQUES ALLAIN
f "
Figure II. — Grand fanum d'Argentomagus.
Groupe ternaire orphique, longueur 60 cm, hauteur 44 cm.
1) Vue de face : Orphée jouant de la lyre (noter l'obliquité du personnage.
2) Vue postérieure montrant le réseau de pampres dont la verticalité contraste
avec l'obliquité du personnage central. On voit nettement les points d'insertion
du réseau végétal brisé

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