Édouard-Jules Corroyer (1835-1904) : la construction romane, moment décisif dans l'histoire de l'architecture médiévale - article ; n°1 ; vol.9, pg 99-111

Marie Gloc

Description

Livraisons d'histoire de l'architecture - Année 2005 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 99-111
« Édouard-Jules Corroyer (1835-1904) : la construction romane, moment décisif dans l'histoire de l'architecture médiévale », par Marie Gloc Architecte et archéologue, Édouard Jules Corroyer (1835-1904) rédige à la fin de sa vie, en deux volumes, une histoire de l'architecture au Moyen Age : Histoire de l'architecture romane (1888) et Histoire de l'architecture gothique (1891), tous deux publiés par Quantin dans la Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts. Il y développe une vision organique de l'architecture dont les formes seraient en progrès constant et met en exergue le rôle clé de la coupole sur pendentif comme précurseur du système constructif médiéval : l'ogive. Ce faisant, il insiste sur la période romane comme moment fondateur et remet indirectement en cause l'origine strictement française du système de la voûte d'ogives au profit d'une vision plus large qui prendrait ses origines en Orient, berceau du christianisme et connaîtrait son apogée en France. Ce point de vue lié chez Corroyer à des convictions chrétiennes affirmées (il est membre de divers cercles catholiques) lui valut des critiques acerbes, notamment de la part des milieux archéologiques tenants pour une origine strictement nationale de la voûte sur croisée d'ogives. Les quelques bonnes critiques émanant des milieux officiels de l'architecture ne permirent pas à ces manuels de figurer parmi les ouvrages de référence parus à cette époque. L'intérêt que Corroyer accorde en tant qu'historien de l'architecture à la période romane et à la forme en coupole ne se traduit pas dans ses projets d'architecture par l'adoption d'un système constructif, mais par un emploi récurrent de ce motif dans une démarche éclectique qui fait appel, selon la fonction de l'édifice qu'il élève, au Moyen Age, à la Renaissance ou au vocabulaire classique.
Édouard-Jules Corroyer (1835-1904). Romanesque Construction : a Decisive Moment in the History of Medieval Architecture, by Marie Gloc Towards the end of his life, the architect and archaeologist Édouard-Jules Corroyer (1835-1904) wrote two books on the history of medieval architecture entitled Histoire de l'architecture romane (1888) and Histoire de l'architecture gothique (1891), published as part of the Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts. Corroyer developed an organic conception of architecture in which forms are part of a process of constant change. In his work, the development of the pendentive dome was a key step in the history of medieval architecture. Consequently, he emphasized the importance of the Romanesque period and called into question the French origins of gothic vaulting, preferring to see it as a product of the early Christian East. This point of view was connected to Corroyer's deeply held Catholic beliefs. Archaeologists who sought only French sources for gothic architecture were critical of his work. As an architect, Corroyer did not transfer his studies of Romanesque domes directly into his own projects. Instead, his designs were eclectic and borrowed motifs from antiquity, the Middle Ages and the Renaissance.
«Édouard-Jules Corroyer, die romanische Baukunst als entscheidender Moment in der mediävalen Architektur », von Marie Gloc Am Ende des XIXten Jahrhundert, der Architekt und Archäologe, Édouard Jules Corroyer (1835-1904), schreibt eine zweibändige Mittelalters Architekture Geschichte : Histoire de l'architecture romane (1888) und Histoire de l'architecture gothique (1891). Die Bûcher gehören zu der von dem Verleger Quantin herausgegeben Reihe : Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts. Durch diesen Biicher, Corroyer liegt den Akzent auf die romanische Zeit, als Vorlaüfer des Gotischen Bausystem. Nach Corroyers Meinung, das Pendentif der Kuppel ist der Grundlegendliche Punkt fur die Entwicklung der gotischen Gewolbes Rippe. Diese Idee stellt die Frage des Rippe franzosischen Ursprungs wieder, zugunsten eines christlichenorientalen Beginn. Die französische Archäologen kritizierte diese Punkt sehr heftig. Im Gegenteil wurden die Architekten verständnisvöller. Die Corroyers Architektursprojekte spüren die Nachwirkungen von dieser Idee. Die Kuppel ist bei Ihm ein recurrentes Motiv das er in einem edectische Weise verwendet.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: LIVRAISONS_D-HISTOIRE_DE_L-ARCHITECTURE0
• Publié le: 01 janvier 2005
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Marie Gloc
Édouard-Jules Corroyer (1835-1904) : la construction romane,
moment décisif dans l'histoire de l'architecture médiévale
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°9, 1er semestre 2005. pp. 99-111.
Citer ce document / Cite this document :
Gloc Marie. Édouard-Jules Corroyer (1835-1904) : la construction romane, moment décisif dans l'histoire de l'architecture
médiévale. In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°9, 1er semestre 2005. pp. 99-111.
doi : 10.3406/lha.2005.999
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2005_num_9_1_999Résumé
« Édouard-Jules Corroyer (1835-1904) : la construction romane, moment décisif dans l'histoire de
l'architecture médiévale », par Marie Gloc Architecte et archéologue, Édouard Jules Corroyer (1835-
1904) rédige à la fin de sa vie, en deux volumes, une histoire de l'architecture au Moyen Age : Histoire
de l'architecture romane (1888) et Histoire de l'architecture gothique (1891), tous deux publiés par
Quantin dans la Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts. Il y développe une vision organique de
l'architecture dont les formes seraient en progrès constant et met en exergue le rôle clé de la coupole
sur pendentif comme précurseur du système constructif médiéval : l'ogive. Ce faisant, il insiste sur la
période romane comme moment fondateur et remet indirectement en cause l'origine strictement
française du système de la voûte d'ogives au profit d'une vision plus large qui prendrait ses origines en
Orient, berceau du christianisme et connaîtrait son apogée en France. Ce point de vue lié chez
Corroyer à des convictions chrétiennes affirmées (il est membre de divers cercles catholiques) lui valut
des critiques acerbes, notamment de la part des milieux archéologiques tenants pour une origine
strictement nationale de la voûte sur croisée d'ogives. Les quelques bonnes critiques émanant des
milieux officiels de l'architecture ne permirent pas à ces manuels de figurer parmi les ouvrages de
référence parus à cette époque. L'intérêt que Corroyer accorde en tant qu'historien de l'architecture à la
période romane et à la forme en coupole ne se traduit pas dans ses projets d'architecture par l'adoption
d'un système constructif, mais par un emploi récurrent de ce motif dans une démarche éclectique qui
fait appel, selon la fonction de l'édifice qu'il élève, au Moyen Age, à la Renaissance ou au vocabulaire
classique.
Abstract
"Édouard-Jules Corroyer (1835-1904). Romanesque Construction : a Decisive Moment in the History of
Medieval Architecture", by Marie Gloc Towards the end of his life, the architect and archaeologist
Édouard-Jules Corroyer (1835-1904) wrote two books on the history of medieval architecture entitled
Histoire de l'architecture romane (1888) and Histoire de l'architecture gothique (1891), published as part
of the Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts. Corroyer developed an organic conception of
architecture in which forms are part of a process of constant change. In his work, the development of
the pendentive dome was a key step in the history of medieval architecture. Consequently, he
emphasized the importance of the Romanesque period and called into question the French origins of
gothic vaulting, preferring to see it as a product of the early Christian East. This point of view was
connected to Corroyer's deeply held Catholic beliefs. Archaeologists who sought only French sources
for gothic architecture were critical of his work. As an architect, Corroyer did not transfer his studies of
Romanesque domes directly into his own projects. Instead, his designs were eclectic and borrowed
motifs from antiquity, the Middle Ages and the Renaissance.
Zusammenfassung
«Édouard-Jules Corroyer, die romanische Baukunst als entscheidender Moment in der mediävalen
Architektur », von Marie Gloc Am Ende des XIXten Jahrhundert, der Architekt und Archäologe, Édouard
Jules Corroyer (1835-1904), schreibt eine zweibändige Mittelalters Architekture Geschichte : Histoire de
l'architecture romane (1888) und Histoire de l'architecture gothique (1891). Die Bûcher gehören zu der
von dem Verleger Quantin herausgegeben Reihe : Bibliothèque de l'enseignement des beaux-arts.
Durch diesen Biicher, Corroyer liegt den Akzent auf die romanische Zeit, als Vorlaüfer des Gotischen
Bausystem. Nach Corroyers Meinung, das Pendentif der Kuppel ist der Grundlegendliche Punkt fur die
Entwicklung der gotischen Gewolbes Rippe. Diese Idee stellt die Frage des Rippe franzosischen
Ursprungs wieder, zugunsten eines christlichenorientalen Beginn. Die französische Archäologen
kritizierte diese Punkt sehr heftig. Im Gegenteil wurden die Architekten verständnisvöller. Die Corroyers
Architektursprojekte spüren die Nachwirkungen von dieser Idee. Die Kuppel ist bei Ihm ein recurrentes
Motiv das er in einem edectische Weise verwendet.Par Marie Gloc
ÉDOUARD-JULES CORROYER (1835-1904) :
LA CONSTRUCTION ROMANE, MOMENT DÉCISIF
DANS L'HISTOIRE DE L'ARCHITECTURE MÉDIÉVALE
Lorsqu'il publie les deux volumes consacrés successivement à l'Histoire de l'a
rchitecture romane1 et à l'Histoire de l'architecture gothique2 , Edouard-Jules Corroyer3
est un homme bien connu dans les milieux de l'architecture et de l'archéologie.
Fils du charpentier attaché à Viollet-le-Duc sur le chantier de la cathédrale
d'Amiens, devenu architecte à la force du poignet, formé en dehors de l'École des
beaux-arts probablement dans l'atelier de Questel, il se déclare lui-même « élève de
Viollet-le-Duc », à une époque où cette paternité vaut reconnaissance de compét
ence et de modernité.
Contemporain du développement des administrations chargées de conduire les
travaux sur les anciens monuments de la France, commission des monuments histo
riques et service des édifices diocésains, Corroyer est engagé au début des années
1870 au sein de ces deux services pour y procéder à l'évaluation de l'état des édifices
et y conduire le cas échéant des restaurations. C'est ainsi qu'il prend en charge l'ab
baye du Mont-Saint-Michel dont il est le premier à fournir un projet de restauration
complet. Projet partiellement mis en œuvre du fait de l'éviction de l'architecte du
chantier en 1888 pour des raisons où se mêlent les mobiles politiques et religieux.
Cette formation « sur le terrain » autour du cercle viollet-le-ducien, une proxi
mité avec les médiévistes sortis de l'École des chartes (Anatole de Montaiglon) ainsi
que la fréquentation régulière de plusieurs sociétés savantes (Société nationale des
antiquaires de France, Société de l'histoire de l'art français) permettent à Corroyer
d'approfondir ses connaissances en archéologie médiévale française et plus larg
ement européenne et moyen-orientale. Fort de ce savoir4, il entreprend à la fin de
sa vie l'écriture des deux volumes destinés à trouver leur place au sein d'une des
toutes premières collections de manuels d'histoire de l'art5 : Histoire de l'architecture
romane et Histoire de l'architecture gothique (ill. 1). Il n'est pas anodin de constater
1. Edouard-Jules Corroyer, Histoire de l'architecture romane, Paris, Quantin, Bibliothèque de l'ense
ignement des beaux-arts, 1888, 320 p.
2.Corroyer, Histoire de gothique, Paris, Quantin, de l'ense
ignement des beaux-arts, 1892, 382 p.
3. Marie Gloc, Construire, restaurer, écrire. Edouard Jules Corroyer (1835-1904), l'architecture dans tous
ses états, thèse de doctorat sous la direction de Jean-Michel Leniaud, Éphé, mars 2003, 3 vol.
4. La période est riche en publications de toute sorte, il n'est que de consulter le contenu de sa biblio
thèque, voir ma thèse, op. cit. p. 591-602.
5. Marie Gloc, « L'imprimeur-éditeur Quantin et l'architecte Edouard Corroyer », Le Livre d'architec
ture, XV-XX' siècles, édition, représentations et bibliothèques, actes des journées internationales
d'étude, 8 et 9 novembre 2001, Paris, École des chartes, 2002, p. 75-88.
IÀvraiâonj d'h'utoirt de l'architecture n° 9 100 MARIE GLOC
в*
L'ARCHITECTURE
■ ROMANE r:
EDOUARD В13 CORROYER UOUVEKXEMEHt DIOCÍSAIHS
Illustration non autorisée à la diffusion
MAISON QUÂNTIN
ВТ
111. 1 : É.-J. Corroyer, Histoire de l'architecture romane, Paris, Quantin, Bibliothèque de l'enseignement
des beaux-art