Le sol et la croissance de Paris - article ; n°46 ; vol.9, pg 340-358

P. Dupuy

Description

Annales de Géographie - Année 1900 - Volume 9 - Numéro 46 - Pages 340-358
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1900
• Nombre de lectures: 76
• Langue: Français
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P. Dupuy
Le sol et la croissance de Paris
In: Annales de Géographie. 1900, t. 9, n°46. pp. 340-358.
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Dupuy P. Le sol et la croissance de Paris. In: Annales de Géographie. 1900, t. 9, n°46. pp. 340-358.
doi : 10.3406/geo.1900.5835
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1900_num_9_46_5835340 GÉOGRAPHIE RÉGIONALE.
LE SOL ET LA CROISSANCE DE PARIS
I
Sous la carapace à double et à triple fond, qui, de chaque côté d'un
fleuve machiné et domestiqué, s'étale entre les falaises abruptes des
quais et la ceinture rigide des fortifications, quelle est la physionomie
naturelle d'un sol qui jadis respira librement, fut lavé par les eaux du
ciel et par celles de la Seine, se trempa de marécages et se hérissa de
forêts, donna des moissons et des vendanges ? Semblables aux traits
d'une statue qui ne transparaissent à travers le moule qu'en lignes
molles et en reliefs atténués, ceux de la terre parisienne ne sont plus
visibles que là où leur vigueur les a défendus contre le travail de la
fourmilière humaine. Rien ne saurait, en effet, amollir la force et la
précision du relief que dessinent les anciens rivages de la Seine qua
ternaire, tels qu'elle les a modelés à l'époque où l'exhaussement du
continent l'obligea d'approfondir son lit. Au Sud, c'est la rive convexe
d'un grand tournant, représentée par les hauteurs du Quartier latin;
au Nord, c'est la rive concave, jalonnée par trois groupes de plateaux :
Charonne, Ménilmontant et Belleville, — Montmartre, — Chaillot et
Passy. Partout un dénivellement rapide marque nettement la limite
entre les quartiers bas qui s'étalent sur toute la largeur de l'ancien lit
et les hauts, perchés sur les anciens rivages : montée du
Trocadéro, rue des Martyrs, rue.de Belleville, rue de la Montagne-
Sainte-Geneviève. Longtemps les maisons à cinq étages ont hésité
avant d'escalader les pentes supérieures; mais, depuis quelques
années, elles se sont mises à franchir en grand nombre l'ancien
niveau des hautes eaux quaternaires : elles réduisent progressive
ment les derniers îlots de verdure qui rappelaient les anciens villages
suburbains, et leurs silhouettes, loin d'adoucir ou de voiler l'énergie
du relief, l'accentuent et l'annoncent de plus loin.
Si, au contraire, du Panthéon ou du Sacré-Cœur, du Père-Lachaise
ou du Trocadéro, on jette les yeux sur la ville couchée à leurs pieds,
l'œil se perd dans le fouillis des toits; les plans se distinguent à peine;
le fleuve disparait la plupart du temps; rien ne trahit plus les mouve
ments naturels du sol auxquels furent pourtant liés la naissance et
les progrès de la ville. Même impossibilité de les reconnaître lorsqu'on
est descendu dans les rues et de percevoir autre chose que les pentes
de détail ménagées parles architectes pour envoyer les eaux superfi
cielles dans un réseau d'égouts affranchi lui-même de fout rapport LE SOL ET LA CROISSANCE DE PARIS 341
nécessaire avec le relief du sol parisien depuis que les grands collec
teurs emportent au loin tous les résidus de Paris faut pour retrou
ver les mouvements du relief dans ancien lit de la Seine quater
naire recouriraux témoignages du passé que fournissent les documents
écrits et les plans ceux surtout ont procurés en grand nombre
les fouilles pratiquées pour les canalisations dii gaz et de eau la
construction des égouts et celles des chemins de fer souterrains
époque où Beigrand écrivait son beau livre sur la Seine et le
Bassin parisien aux âges antéhistoriques Iré édition 1869) il semble
il ait négligé de parti pris étude détaillée du sol même de Paris
Il ne lui demandé que dans une très faible mesure les exemples par
ticuliers dont il avait besoin pour appuyer ses théories générales
ainsi sur la carte 88 où il représenté dans le plan de Paris les
dépôts quaternaires et les anciens lits de la Seine une seule coupe est
tracée pour étude des bas niveaux qui achevèrent le modelage du
sol et elle est sur le territoire de Levallois-Perret Dans Paris nieme
environ quatre-vingts cotes donnent les altitudes de points où ont été
retrouvés des graviers de ces anciens lits mais elles sont très inéga
lement réparties sur les différents quartiers intéressés Bien plus doux
indications écrites Cap du Champ-de-Mars sur extrémité occidentale
de la rive gauche et Anse de Paris sur les quartiers bas de la rive
droite montrent nettement que pour ce point particulier Beigrand
pas reconnu les lignes essentielles de son sujet
En effet si on se reporte au texte on voit il entend par anse
une anfractuosité accidentelle dans les anciennes lignes du rivage
tracées par la direction générale des courants anfractuosité où les
eaux échappaient cette direction générale et par leurs remous
déposaient les alluvions dont elles étaient chargées Or il rien ici
de pareil malgré les seuils Lafayette et Monceau qui séparent Mont
martre de Belleville et de Passy il saute aux yeux que les bords inté
rieurs de ces trois séries de hauteurs sont bien le bord concave un
grand tournant et que loin avoir amorti leur force et déposé leurs
alluvions le long de ce bord les eaux ont au contraire atteint
époque où elles ont dessiné et tant elles ont conservé la même
direction leur maximum de vitesse et leur plus grande force érosion
En en tenant la théorie générale est donc faible distance du
pied de ces hauteurs et suivant une courbe convexe vers le nord
il faudrait chercher priori la partie la plus déprimée du lit majeur
de la Seine compris entre la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève et
la rue des Martyrs Apriori également la théorie générale exige on
voie dans les alluvions enveloppées du côté du Sud par cette courbe
non pas des dépôts abandonnés dans une anse par des eaux tranquilles
ou tournoyant sur elles-mêmes mais ceux que le mouvement géné
ral des eaux dans ce grand tournant parisien étalés autour de son 342 OGRAPHIE GIONALE
bord convexe et pas seulement au pied de ce que Beigrand appelle
le Cap du Champ de Mars elles soient hui sur la rive
droite ou sur la rive gauche de la Seine les alluvions dont est formé
le sol des quartiers bas de Paris ne seraient quant aux origines un
seul et même dépôt coupé plus tard en deux par accident qui dé
tourna la Seine mineure du lit préparé par la Seine majeure et lui en
tra un nouveau plus court et pente plus rapide Telles sont les
PIG Sol naturel de Paris reconstitué après les fouilles après Th Vacquer)
hypothèses que suggère nécessairement examen des cartes mêmes de
Beigrand et sur lesquelles il complètement gardé le silence
Ces hypothèses en partie vérifiées avant époque où Beigrand
écrivait ont été complètement depuis parun homme qui fut pendant
plus de cinquante ans 1844-1899) attaché la surveillance de toutes
les fouilles parisiennes Mr Th Vacquer1 Dans un rapport officiel
rédigé naguère par un conseiller municipal de Paris sur la construc-
Vacquer est mort année dernière sous-directeur du musée Carnavalet
Il avait peu publié de son vivant mais on est sur de retrouver son nom dans les
livres de tous ceux qui pendant cette dernière moitié de siècle ont le mieux
étudié et connu histoire de Paris Albert Lenoir Adolphe Berty Jules Quicherat
Nul ne connaissait mieux que lui les dessous du sol parisien et il en laissé la
preuve dans innombrables notes et croquis que possède hui la Bibliothèque
delà Ville de Paris Il est très regrettable que par modestie ou par découragement
il ait renoncé les utiliser lui-même mais il faut espérer que autres en tireron
parti ou les imprimeront tout au moins titre de documents SOL ET LA CROISSANCE DE PARIS 343 LE
tion une nouvelle mairie1 il inséré une carte qui donne en courbes
hypsométriques après ses notes de fouilles les altitudes auxquelles
été retrouvé le sol naturel Là paraît très nettement au pied du
rivage concave de ancien tournant une dépression large de 200 ou
300m. dont le fond ne dépasse altitude de 31 en un seuil très
court et très rapproché de sa limite amont Cette dépression enve
loppe un vaste segment de cercle qui environ 600 de flèche et
dont la corde formée par la rive droite actuelle de