L architecture dans le décor de théâtre : le cas d Émile Bertin (1878-1957) - article ; n°1 ; vol.5, pg 25-35
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L'architecture dans le décor de théâtre : le cas d'Émile Bertin (1878-1957) - article ; n°1 ; vol.5, pg 25-35

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Livraisons d'histoire de l'architecture - Année 2003 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 25-35
Le décor de théâtre à l'italienne est depuis ses origines très étroitement lié à l'architecture. Au XIXe siècle, l'architecture est même le critère principal qui permet aux décorateurs de ranger les décors en différentes catégories et d'en fixer les tarifs : plus l'architecture est présente et grandiose, plus le tarif demandé pour l'exécuter est élevé. Hériter de cette tradition, le décorateur de théâtre Émile Bertin, formé à l'extrême fin du XIXe siècle, en reprend les techniques principales en les adaptant à sa manière. Sans rompre définitivement avec le décor figuratif, pourtant fortement remis en question à l'époque, il développe un style particulier, reposant sur l'élément significatif. S'écartant ainsi des décors fouillés de ses prédécesseurs, il peint des décors où la représentation de l'architecture vise plus à rendre l'atmosphère de la pièce de théâtre qu'à situer précisément son action. Un décor de palais peut ainsi se résumer à la présence sur scène d'un simple massif pan de mur ou d'un escalier monumental. L'emploi de ces formules fait de Bertin un maillon essentiel dans l'évolution du décor de théâtre, passant des formes figées du XIXe siècle à des installations plus novatrices. Le décor architectural peint laisse peu à peu la place à un décor construit qui structure ou architecture lui-même l'espace scénique.
The Italian-style stage-design has been closely linked with architecture since its origins. In the 19th century, architecture is even the main criterion used by stage-designers to organize sets into categories and price them : the more visible and imposing it was, the higher the price to create it. Heir to this tradition due to his training at the very end of the 19th century, the stage-designer Emile Bertin uses its main techniques in his own way. He develops a personal style based on a few significant elements, while keeping in mind the representational stage-designs that were nevertheless highly challenged at the time. Thus moving away from the elaborate sets of his predecessors, he painted sets in which architectural elements were aimed more at rendering the atmosphere of the play than at elaborating on its historical context. Thus, the interior of a palace can be represented with merely a monumental wall or staircase. The use of such devices makes Bertin a vital link in the evolution of stage sets, going from the fixed forms of the 19th century to more innovative installations. The painted architectural set gradually gives way to a three-dimensional set structuring and giving form to the stage.
Die Bühnenbilder nach italienischer Art sind seit ihren Ursprungen sehr eng mit der Architektur verbunden. Im 19. Jahrhundert ist die Architektur sogar der wichtigste Maßstab, der es den Bühnenbildnern erlaubt, die Ausstattungen in verschiedene Kategorien einzuteilen und ihren Preis zu bestimmen. Je mehr die Architektur vorhanden und je erhabener sie ist, desto höher ist der Preis, der fur ihre Ausfuhrung berechnet wird. Als Erbe dieser Tradition übernimmt der Bühnenbildner Emile Bertin, der ganz zu Ende des 19. Jahrhunderts ausgebildet wurde, ihre hauptsächlichen Techniken, die er auf seine Weise anpasst. Ohne endgültig mit dem figurativen Bühnenbild zu brechen, das zu dieser Zeit sehr in Frage gestellt wurde, entwickelt er einen besonderen Stil, der auf dem bedeutsamen Element» beruht. Indem er von den sorgfaltig ausgearbeiteten Ausstattungen seiner Vorgänger abrückt, entwirft er Bühnenbilder, bei denen die Darstellung der Architektur eher danach strebt, die Atmosphäre des Theaterstücks wiederzugeben, als seine Handlung genau zu platzieren. Das Bühnenbild eines Palastes kann sich so auf das Vorhandensein eines einfachen massiven Mauerstücks oder einer monumentalen Treppe auf der Bühne beschränken. Der Gebrauch dieser Technik macht Bertin zu einem wesentlichen Glied in der Entwicklung des Theaterbühnenbildes, das von den steifen Formen des 19. Jahrhunderts zu neumodischeren Ausstattungen übergeht. Das gemalte architektonische Bühnenbild macht immer mehr einem konstruierten Buhnenbild Platz, das seinerseits den Bühnenraum strukturiert, ja architektonisch gestaltet.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 140
Langue Français

Extrait

Iris Berbain
L'architecture dans le décor de théâtre : le cas d'Émile Bertin
(1878-1957)
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°5, 1er semestre 2003. pp. 25-35.
Citer ce document / Cite this document :
Berbain Iris. L'architecture dans le décor de théâtre : le cas d'Émile Bertin (1878-1957). In: Livraisons d'histoire de l'architecture.
n°5, 1er semestre 2003. pp. 25-35.
doi : 10.3406/lha.2003.929
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2003_num_5_1_929Zusammenfassung
Die Bühnenbilder nach italienischer Art sind seit ihren Ursprungen sehr eng mit der Architektur
verbunden. Im 19. Jahrhundert ist die Architektur sogar der wichtigste Maßstab, der es den
Bühnenbildnern erlaubt, die Ausstattungen in verschiedene Kategorien einzuteilen und ihren Preis zu
bestimmen. Je mehr die Architektur vorhanden und je erhabener sie ist, desto höher ist der Preis, der
fur ihre Ausfuhrung berechnet wird. Als Erbe dieser Tradition übernimmt der Bühnenbildner Emile
Bertin, der ganz zu Ende des 19. Jahrhunderts ausgebildet wurde, ihre hauptsächlichen Techniken, die
er auf seine Weise anpasst. Ohne endgültig mit dem figurativen Bühnenbild zu brechen, das zu dieser
Zeit sehr in Frage gestellt wurde, entwickelt er einen besonderen Stil, der auf dem bedeutsamen
Element» beruht. Indem er von den sorgfaltig ausgearbeiteten Ausstattungen seiner Vorgänger abrückt,
entwirft er Bühnenbilder, bei denen die Darstellung der Architektur eher danach strebt, die Atmosphäre
des Theaterstücks wiederzugeben, als seine Handlung genau zu platzieren. Das Bühnenbild eines
Palastes kann sich so auf das Vorhandensein eines einfachen massiven Mauerstücks oder einer
monumentalen Treppe auf der Bühne beschränken. Der Gebrauch dieser Technik macht Bertin zu
einem wesentlichen Glied in der Entwicklung des Theaterbühnenbildes, das von den steifen Formen
des 19. Jahrhunderts zu neumodischeren Ausstattungen übergeht. Das gemalte architektonische
Bühnenbild macht immer mehr einem konstruierten Buhnenbild Platz, das seinerseits den Bühnenraum
strukturiert, ja architektonisch gestaltet.
Abstract
The Italian-style stage-design has been closely linked with architecture since its origins. In the 19th
century, architecture is even the main criterion used by stage-designers to organize sets into categories
and price them : the more visible and imposing it was, the higher the price to create it. Heir to this
tradition due to his training at the very end of the 19th century, the stage-designer Emile Bertin uses its
main techniques in his own way. He develops a personal style based on a few significant elements,
while keeping in mind the representational stage-designs that were nevertheless highly challenged at
the time. Thus moving away from the elaborate sets of his predecessors, he painted sets in which
architectural elements were aimed more at rendering the atmosphere of the play than at elaborating on
its historical context. Thus, the interior of a palace can be represented with merely a monumental wall or
staircase. The use of such devices makes Bertin a vital link in the evolution of stage sets, going from the
fixed forms of the 19th century to more innovative installations. The painted architectural set gradually
gives way to a three-dimensional set structuring and giving form to the stage.
Résumé
Le décor de théâtre à l'italienne est depuis ses origines très étroitement lié à l'architecture. Au XIXe
siècle, l'architecture est même le critère principal qui permet aux décorateurs de ranger les décors en
différentes catégories et d'en fixer les tarifs : plus l'architecture est présente et grandiose, plus le tarif
demandé pour l'exécuter est élevé. Hériter de cette tradition, le décorateur de théâtre Émile Bertin,
formé à l'extrême fin du XIXe siècle, en reprend les techniques principales en les adaptant à sa
manière. Sans rompre définitivement avec le décor figuratif, pourtant fortement remis en question à
l'époque, il développe un style particulier, reposant sur l'élément significatif. S'écartant ainsi des décors
fouillés de ses prédécesseurs, il peint des décors où la représentation de l'architecture vise plus à
rendre l'atmosphère de la pièce de théâtre qu'à situer précisément son action. Un décor de palais peut
ainsi se résumer à la présence sur scène d'un simple massif pan de mur ou d'un escalier monumental.
L'emploi de ces formules fait de Bertin un maillon essentiel dans l'évolution du décor de théâtre,
passant des formes figées du XIXe siècle à des installations plus novatrices. Le décor architectural
peint laisse peu à peu la place à un décor construit qui structure ou architecture lui-même l'espace
scénique.Par Iris Berbain
L'ARCHITECTURE DANS LE DÉCOR DE THÉÂTRE :
LE CAS D'EMILE BERTIN (1878-1957)
Le décor de théâtre à l'italienne tire son origine des découvertes concernant la
perspective à la Renaissance. C'est à cette époque que sont conçus les premiers
décors destinés à des théâtres en hémicycle et non plus à des parvis d'églises ou à
des places publiques1. Rendus nécessaires par la nature de l'action représentée:
place de ville, entrée ou salle de palais, ils sont construits suivant les lois de la
perspective, sur un plan plus ou moins complexe dont nous avons encore un exemp
le dans le théâtre de Palladio à Vicence, lequel se présente comme une construc
tion de bois figurant les rues d'une ville rayonnant à partir du centre de la scène.
La plupart des décors sont plus simples que ce dernier, composés seulement d'une
rue en perspective axiale, les différentes demeures des côtés étant figurées par des
châssis recouverts de toile peinte2. Les évolutions ultérieures sont dépendantes de
celles de la perspective, mais aussi de l'architecture : le XVIIIe siècle voit se multi
plier les perspectives désaxées et fait passer du baroque au rococo le style architectur
al des demeures figurées. Le choix des sujets conduit à la figuration d'intérieurs
plus modestes, non plus seulement des palais, mais aussi des salons, des chambres,
des jardins.
Au XIXe siècle, les décors, réalisés toujours selon les mêmes techniques, devien
nent de plus en plus riches et exubérants : le permettent les sujets exotiques et
royaux qui constituent la plus grande partie du répertoire. Leurs auteurs ont sou
vent à cœur de rechercher une illusion de vérité archéologique. Ils se documentent
sur l'architecture orientale, sur celle des palais et des églises, afin d'aboutir à une
reconstitution historique3. La connaissance de l'architecture, particulièrement de
1 . Cette évolution est retracée dans de nombreux ouvrages parmi lesquels on peut citer ceux de Léon
Moussinac, Le Théâtre des origines à nos jours, Paris, Flammarion, 1966, 347 p., de Gaston Baty et
René Chavance, Vie de Vart théâtral des origines à nos jours, Paris, Pion, 1932, 311 p., 37 pi.
2. Ces techniques de décors et plus particulièrement les machines qui les accompagnent sont exposées
dans la réimpression de l'ouvrage de Nicolas Sabbatini, Pratique pour fabriquer scènes et machines
de théâtre [lrcéd., Ravenne, 1638], traduction de Maria et Renée Canavaggia et de Louis Jouvet,
Neuchâtel, 1942, LVI-84 p.
3. Ces efforts de reconstitution ne correspondent pourtant pas aux critères actuels : un palais peut être
fidèlement représenté d'après des documents issus de fouilles archéologiques, mais le décorateur
peut décider de faire figurer sa reconstitution dans un opéra se déroulant en Egypte alors qu'il
s'agit d'un palais assyrien. Cet emploi a été étudié par Jean-Marcel Humbert, « Egyptomanie et
spectacles scéniques du XVIIIe siècle à nos jours : les raisons de la fréquente dichotomie entre les
progrès de l'archéologie et l'interprétation qu'en proposent les artistes », actes du 1 1 5e congrès des
sociétés savantes à Avignon, 1990, Paris, C.T.H.S., 1991, p. 485-495.
LivraLwrui à'hiitoire de l'architecture n° 5 26 IRIS BERBAIN
l'architecture antique ou médiévale, devient l'un des fondements de la technique
du peintre décorateur4. L'architecture, dans ce monde de toile peinte, constitue
l'un des pivots essentiels de la composition scénique et de l'univers théâtral de
l'

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