Les Archives de l'ancien département de la Seine et de la Ville de Paris. À la recherche d'une architecture - article ; n°1 ; vol.10, pg 87-104

Stéphanie Quantin

Description

Livraisons d'histoire de l'architecture - Année 2005 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 87-104
« Les Archives de l'ancien département de la Seine et de la Ville de Paris. À la recherche d'une architecture », par Stéphanie Quantin L'histoire des bâtiments des archives de l'ancien département de la Seine et de la Ville de Paris s'inscrit dans une période essentielle de l'architecture archivistique, entre la Commune et la Première Guerre mondiale : exemplaire, cette histoire reflète le processus de spécialisation de cette architecture, son évolution typologique et programmatique au début du XXe siècle. Singulière, elle met aussi en évidence la difficulté du service d'archives parisien à imposer une identité dans la configuration de la capitale : à travers ces quelques représentations architecturales, il s'agit de déterminer le caractère d'exception de ces archives, les modulations de leur définition que manifestent leur dialogue avec les autres corporations administratives et leur positionnement par rapport aux autres établissements culturels.
« Die Archive des früheren Departement de la Seine und der Stadt Paris. Auf der Suche nach einem Bautyp », von Stéphanie Quantin Die Baugeschichte der Archive des früheren Départements der Seine und der Stadt Paris findet statt zu der Blütezeit der Archiv-Architektur, nämlich in der Zeit zwischen der Pariser Kommune und dem 1. Weltkrieg : diese Geschichte zeigt exemplarisch den Spezialisierungsprozess des Bautyps und des Bauprogramms am Anfang des 20. Jahrhunderts. Dieses bedeutsame Beispiel erläutert die Schwierigkeiten der Pariser Archiwerwaltung, bei der Gestaltung der Haupstadt ihre Identität durchzusetzen. Im Hinblick auf diese nur wenigen Beispiele ist es nötig, den spezifischen Charakter dieser Archivbauten zu definieren, die Variationen des Dialogs mit den anderen Verwaltungsbehörden zu bestimmen und ihre Beziehung zu den anderen kulturellen Institutionen abzuklären.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: LIVRAISONS_D-HISTOIRE_DE_L-ARCHITECTURE0
• Publié le: 01 janvier 2005
• Nombre de lectures: 89
• Langue: Français
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Extrait

Stéphanie Quantin
Les Archives de l'ancien département de la Seine et de la Ville
de Paris. À la recherche d'une architecture
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°10, 2e semestre 2005. pp. 87-104.
Résumé
« Les Archives de l'ancien département de la Seine et de la Ville de Paris. À la recherche d'une architecture », par Stéphanie
Quantin L'histoire des bâtiments des archives de l'ancien département de la Seine et de la Ville de Paris s'inscrit dans une
période essentielle de l'architecture archivistique, entre la Commune et la Première Guerre mondiale : exemplaire, cette histoire
reflète le processus de spécialisation de cette architecture, son évolution typologique et programmatique au début du XXe siècle.
Singulière, elle met aussi en évidence la difficulté du service d'archives parisien à imposer une identité dans la configuration de la
capitale : à travers ces quelques représentations architecturales, il s'agit de déterminer le caractère d'exception de ces archives,
les modulations de leur définition que manifestent leur dialogue avec les autres corporations administratives et leur
positionnement par rapport aux autres établissements culturels.
Zusammenfassung
« Die Archive des früheren "Departement de la Seine" und der Stadt Paris. Auf der Suche nach einem Bautyp », von Stéphanie
Quantin Die Baugeschichte der Archive des früheren Départements der Seine und der Stadt Paris findet statt zu der Blütezeit der
Archiv-Architektur, nämlich in der Zeit zwischen der Pariser Kommune und dem 1. Weltkrieg : diese Geschichte zeigt
exemplarisch den Spezialisierungsprozess des Bautyps und des Bauprogramms am Anfang des 20. Jahrhunderts. Dieses
bedeutsame Beispiel erläutert die Schwierigkeiten der Pariser Archiwerwaltung, bei der Gestaltung der Haupstadt ihre Identität
durchzusetzen. Im Hinblick auf diese nur wenigen Beispiele ist es nötig, den spezifischen Charakter dieser Archivbauten zu
definieren, die Variationen des Dialogs mit den anderen Verwaltungsbehörden zu bestimmen und ihre Beziehung zu den
anderen kulturellen Institutionen abzuklären.
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Quantin Stéphanie. Les Archives de l'ancien département de la Seine et de la Ville de Paris. À la recherche d'une architecture.
In: Livraisons d'histoire de l'architecture. n°10, 2e semestre 2005. pp. 87-104.
doi : 10.3406/lha.2005.1017
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lha_1627-4970_2005_num_10_1_1017Par Stéphanie QUANTIN
LES ARCHIVES DE L'ANCIEN DÉPARTEMENT DE LA SEINE
ET DE LA VILLE DE PARIS :
À LA RECHERCHE D'UNE ARCHITECTURE
Le XIXe siècle marque la véritable invention de l'architecture archivistique : en
effet, depuis la Monarchie de Juillet jusque sous la troisième République, les chant
iers se multiplient1. Néanmoins, la naissance du bâtiment d'archives, en tant que
construction indépendante, ne constitue rien de plus qu'une réponse positive au
premier essai pour régler les conditions de conservation des archives, publié en
1843, et en tête duquel figure l'isolement du dépôt. Conçue dans une optique de
sécurisation, cette mesure est à l'origine de la séparation matérielle des archives et
de leurs structures de production, et joue de fait un rôle essentiel dans la création
de ce nouveau type architectural. Pour autant, à l'échelon départemental, les construc
tions entreprises au XIXe siècle accusent l'imprécision de la réglementation, ainsi
que l'absence de principes théoriques. Outre le silence des archivistes dans le pro
cessus de la maîtrise d'œuvre, les hésitations des architectes face à ce programme
inédit aboutissent à une « architecture puzzle » : issu d'une désunion forcée, le bât
iment d'archives sera d'abord pensé comme la partie d'un tout, comme une dépen
dance administrative pour la maîtrise d'ouvrage, comme le programme tronqué
d'une bibliothèque pour la d'œuvre. Ce n'est qu'à partir du tournant du
siècle que s'amorce le processus d'autonomisation de cette architecture, qui se tra
duit par la formulation de principes théoriques et la mise en place de nouvelles
pratiques architecturales.
L'histoire des bâtiments des archives de l'ancien département de la Seine et de
la Ville de Paris illustre cette période d'expérimentation, à la recherche d'une archi
tecture archivistique. Outre ces problématiques communes à toutes les archives
locales, la singularité de celles de la capitale tient, comme leur dénomination l'i
ndique, à ce regroupement des fonds communaux et départementaux, scellé par la
loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), bien qu'une grande partie des archives
départementales ait déjà été intégrée à celles de l'État avant les lois révolutionn
aires2. A cette définition fragmentaire du contenu répond l'identité fragmentée du
contenant : quoique la proportion des fonds laisse supposer un dépôt communal, la
1. Pour une vision d'ensemble de l'histoire de ces lieux de l'archive au XIXe siècle, voir Stéphanie
Quantin, Les Bâtiments d'archives en France (1789-1914), mémoire de maîtrise (patrimoine), sous
la direction de Françoise Hamon, Université Paris IV-Sorbonne, octobre 2004, 3 vol., vol. 3
(annexes), chap. II.
2. À partir de la loi du 5 brumaire an V (26 octobre 1796), les archives du département seront versées
au dépôt de la Seine, et non plus à celui de l'État.
Livraiioru d'h'utoire de l'architecture n° 10 88 STÉPHANIE QUANTIN
situation de ce bâtiment, dans l'orbite de l'hôtel de Soubise, en fait une sorte de
satellite des Archives nationales. À la croisée des échelons communal, département
al et national, les projets successifs de ces dépôts parisiens trahissent les ambiguïtés
statutaires et la difficulté d'imposer une identité.
Un premier bâtiment d'archives :
pour un regard analytique sur l'architecture archivistique
Alors que, dans les années 1850-1860, nombre de départements ont déjà investi
dans la construction d'un dépôt3, les archives parisiennes accompagnent, pendant
les trois premiers quarts du XIXe siècle, les pérégrinations des services administrat
ifs4. En mai 1871, l'incendie du dépôt, alors scindé entre l'Hôtel de Ville et un
local situé au n° 4 de l'avenue Victoria, met en évidence la nécessité d'un bâtiment
spécial et, en novembre 1875, le conseil municipal, autorise la construction, prévue
en deux temps, d'un nouveau dépôt à implanter quai Henri IV5 : les plans sont
d'abord confiés à l'architecte Félix Roguet, qui réalise, entre 1875 et 1878, l'aile
gauche et le corps central antérieur. Cinq ans plus tard, Joseph Bouvard (1840-
1920) prend la suite de son confrère et adjoint l'aile droite dite aile Coligny, ainsi
qu'un corps de bâtiment au nord, qui ferment le quadrilatère en 1888. Venant
conclure la première vague de constructions, le bâtiment parisien se présente
comme le paradigme du dépôt Second Empire. Issu d'un des évènements-clé de
l'histoire de Paris, le projet architectural apparaît également comme le témoin
matériel de la singularité des archives de la capitale.
Une annexe administrative de l'Hôtel de Ville
Avant même la présentation des plans, le choix des maîtres d'œuvres inscrit
d'ores-et-déjà le projet dans le domaine de l'architecture administrative : architecte
de la ville de Paris, Félix Roguet compte parmi ses travaux les plus importants les
annexes de l'Hôtel de Ville (1857-58 et 1873-76). Directeur général du service
d'architecture de la Ville de Paris, Bouvard est lui aussi un familier des programmes
officiels et a notamment réalisé le projet d'agrandissement de l'Hôtel de Ville et la
caserne de la Garde républicaine de la rue de Schomberg ( 1 882-1 883) 6. Ensuite,
la localisation du dépôt a également pu jouer un rôle important dans l'adoption
3. Citons, entre autres, les bâtiments des archives départementales du Nord (1844), de la Seine-
Maritime (1855), de l'Eure (1857), du Calvados (1863), de la Gironde (1866), de la Marne (1866).
4. Pour une notice historique détaillée, voir Marius Barroux, Henri Lemoine, Archives du département
de la Seine et de la ville de Par