Ils vont tous bien de Tornatore Giuseppe
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Ils vont tous bien
Stanno tutti bene
de Giuseppe TornatoreF
FICHE FILM
fiche technique
Italie 1990 2h
Réalisateur :
Giuseppe Tornatore
Scénario original :
Giuseppe Tornatore
Musique : Ils vont tous bien
Ennio Morricone Alvaro, son fils, est introuvable : unRésumé
répondeur répond sempiternellementC’est l’histoire d’un voyage à travers
qu’il faut “laisser un message...".une Italie que l’on voit rarement à la
Matteo ira d’un défilé de mode autélévision, sur laquelle on ne lit pasInterprètes : siège d’un parti politique, d’une villegrand chose, l’Italie invisible, l’Italie
dortoir aux gares mélancoliques dedes anonymes, de ceux qui ne fontMarcello provinces abandonnées, découvrant laparler d’eux ni en bien ni en mal.
vraie vie de ceux qui lui étaientMastroianni C’est l’histoire du voyage de Matteo
proches et qu’il croyait connaître.Scuro, employé de mairie en retraite
Quand, à la fin, il revient au village, ledu district rural de Castelvetrano en
chef de gare l’interroge : “Alors tuSicile, et passionné d’Opéra. D’unMichèle Morgan t’es bien amusé ? C’était bien de joueroptimisme à toute épreuve, il décide
les touristes ?” “C’était très bien”,soudain de partir, de “tailler la route”,
répond Matteo en souriant. “Et com-pour faire une visite surprise à ses
ment vont-ils tous ?”; “Ils vont touscinq enfants qui vivent chacun dansMarino Cenna
très bien” et, cachant son émotion leune ville différente de l’Italie. “Je ne
vieil homme ramasse sa valise etfais rien, je m’ennuie. Depuis que je
s'éloigne...suis petit, je rêve d’être un touriste et
Roberto Nobile j’a décidé de commencer aujourd’hui”,
dit-il à son vieil ami, le chef de gare,
qui l’accompagne à son train. Son idée
est de rassembler autour d’une table
ses cinq enfants. Et c’est avec un
regard neuf et naif qu’il traversera un
pays bruyant et fou, dans un voyage
plein d’incidents inattendus et trou-
blants...
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
le conditionnant par des pièges à Tornatore : quand, retombée enCritique
émotion. Si bien qu’à force de fabri- enfance, la progéniture de
quer des sentiments, il finit par Mastroianni s’avance vers lui dansSTANNO TUTTI BENE de Giuseppe
recréer une Italie totalement imagi- la nuit, on frôle le film d’horreur et,Tornatore. Le troisième film de
naire, expressionniste (au mauvais derrière ses lunettes à triple épais-Guiseppe Tornatore était attendu.
sens du terme), peuplée de person- seur, l'acteur italien ressemble plusTant par les éblouis de Cinema
nages commodes , de porteurs de que jamais à un frère jumeau d’ET.Paradiso que par les indifférents.
larmes et de bon sens, les ratés for- Cette ouverture vers une autreStanno tutti bene avait tout pour
cément émouvants, les vieillards dimension (ni réaliste, ni poétique:faire peur : un comédien bien rôdé,
nostalgiques et fardés, les enfants étrange) est tout à fait réjouissanteMastroianni vieilli à l’occasion,
trop mignons. La complexité du réel dans ce parcours sans surprisegrimé en grand-père envahissant;
tissée par le monde des adultes a qu’aurait pu être Ils vont tous bien.un trajet très dessiné dans l’ltalie
été chassée sans questionnement. On aurait tort de rejeter les idéescontemporaine, menant le vieillard
Mais elle prend parfois sa revanche: noires de Tornatore : elles sontsicilien vers ses cinq enfants, instal-
lorsque Mastroianni et Michèle cinématographiquement meilleureslés suivant la ligne classique des
Morgan, déguisés en retraités que sa manière, si déprimante, demouvements migratoires de la
moyens, dansent au milieu de vrais voir la vie en rose paradiso. .Péninsule, Naples, Rome, Florence,
retraités puis regardent partir un Les cahiers du cinéma n°436Milan, Turin; enfin une thèse: tous
car empli de véritables vieillardsles enfants, idéalisés dans l’esprit
qui leur font des signes dérisoires,de leur père, ont échoué. Le député
s’accroche aux regards des deux Sous l’exubérance et la verve, lase révèle être un petit politicien
comédiens trop pleins d’expression morale est donc sombre. Et l’onlocal, le grand mannequin pose pour
l’obscénité du faux et du mauvais comprend que beaucoup d’ltaliensdes marques de soutiens-gorge rin-
goût. renaclent devant cette Italie tris-gardes. Stanno tutti bene fait effec-
Les cahiers du cinéma n° 433 tounette vue par un Sicilien— detivement peur. Mais Tornatore a
quoi se mêle-t-il celui-là ?—, undéplacé son objet. On attendait un
Sicilien, qui plus est, couvert de prixroad movie social et nostalgique, et
et d’honneurs pour son précédent-l’on tombe sur une habile manipula- Le voyage du héros de Ils vont tous
film: CinémaParadiso.tion des sentiments. Tornatore exer- bien se limite à une vérification
Il est vrai que Tornatore montre unece sur son spectateur un constant désenchantée: rien ne va, en vérité,
société en plein désarroi. Le périplechantage à l’émotion. Ses acteurs, pour le mieux et tout aurait plutôt
entrepris par Matteo le mène auxtransformés en simples vecteurs tendance à mal tourner,les rêves
quatre coins d’un pays encore pleinsentimentaux, donc caricaturaux qu’on a faits, les enfants qu’on a
d’humour, certes, mais complète-(Mastroianni est tout autant au bord eus et le pays qu’on a aimé. La
ment désorienté. Et il est vrai quedes larmes que Salvatore “ Toto “ même litanie se répétant à chaque
cette vision pourrait être noirâtre,Cascio, le petit garçon cabotin de nouvelle étape de ce tour d’Italie, le
sinistre—voire réac—si l’œil deCinema paradiso), ne s’adressent film se met à radoter comme un
Giuseppe Tornatore n’était pasplus à des spectateurs mais aux vieillard cacochyme et acariâtre.
aussi chaleureux que celui dechiens de Pavlov, commandant Tornatore n’arrive jamais à regarder
Marcello Mastroianni (génial), der-mécaniquement les émotions du vraiment en face le monde actuel et
rière ses verres grossissants.grand écran. Le ressort narratif, tout ses trouvailles visuelles (parfois
Visiblement, Tomatore aime chacuncomme la scène centrale du film, belles, particulièrement sur le jeu
de ses personnages, jusqu’ausont les illustrations de ce chantage. d’aller-retour entre présent et
moindre figurant: celui, par exemple,Mastroianni, pour faire tourner le passé, et en tous cas plus nom-
qui dessine une Joconde sur lesrécit, n’a qu’une phrase à la bouche breuses que dans bien des films)
trottoirs d’une grande ville. Ellelorsqu il parle à des interlocuteurs: sont autant de chemins poétiques
n’est rien, cette silhouette que l’on“ Demandez-moi: pourquoi je fais ci sur lesquels il s’enfuit. A force de
entrevoit à peine, mais là,à cet ins-ou ça, Demandez-moi où je vais “. tenter de s’échapper ainsi vers
tant, c’est toute la comédie à l’ita-Le cinéma de Tornatore fonctionne l’ailleurs, le film finit par déraper
lienne de jadis qui semble renaîtresur le même registre: il relance dans un climat presque fantastique
de ses cendres.périodiquement son spectateur en totalement inattendu chez
L E F R A N C E
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2
77.32.76.96D O C U M E N T S
C’est que Tornatore, est à la frontiè- cent aussitôt, par gentillesse, par
re exacte de deux grands cinéastes lâcheté, à user de faux-semblants.
de jadis: Pietro Germi et Vittorio De Mais la dame du train a tout de
Sica. Germi qui dans Séduite et même raison: ce sont tous des
abandonnée et Ces messieurs âmes nobles. Et on ne les oubliera
dames dénonçait les mœurs de son pas de sitôt
pays et De Sica qui les excusait Pierre Murat
dans un sourire. Telerama n°2123 19 septembre 1990
C’est d’ailleurs Miracle à Milan
qu’évoque la séquence où des per-
sonnes du troisième âge défilent à
Rimini sous la pluie. Sauf qu’à Le réalisateur :
Rimini, il n’y a pas de miracle: nul ne
s’envole. Toute cette séquence à
Giuseppe Tornatore est né en 1956 àRimini pourrait facilement verser
Bagheria, près de Palerme, endans l’ignoble: un zeste de mépris y
Sicile. Dès son plus jeune âge, il estsuffirait. Mais, pas un instant,
passionné de photo et gagne deTornatore ne le frôle.
nombreux prix en compétition natio-Ils sont donc très genti

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