L'Afghanistan, pour quoi faire ?
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L'Afghanistan, pour quoi faire ?

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Extrait

Perspectives
L’Afghanistan pour
Francis Gutmann
Il existe au moins dix raisons de se battre en Afghanistan, il s'agit de savoir s'il en est une (ou plusieurs) de bonnes.
1/Eliminer Al-Qaïda Ben Laden et Al-Qaïda sont responsables des attentats du 11 septembre. Ils étaient en Afghanistan, c'est là qu'il faut les rechercher pour les éliminer. Mais à présent, ils se trouvent plus probable-ment au Pakistan.
2/Combattre les talibans, c'est combattre Al-Qaïda. Après le 11 septembre, les talibans ont refusé de livrer Ben Laden aux Américains, en décla-rant qu'il ne pouvait être jugé que par un tri-bunal islamique. Ils sont donc complices d'Al-Qaïda, qu'ils avaient d'ailleurs accueilli en Afghanistan.
3/Lutter contre les talibans est combattre le terrorisme en général, puisque lutter contre Al-Qaïda est lutter contre le terrorisme en général. On passe là, progressivement, de l'amalgame à la pétition de P e r s p e c t i v e spicnirpe. 524/Chasser les talibans du pouvoir, non seulement parce qu'ils sont les complices d'Al-Qaïda, mais aussi parce qu'ils incarnent ce qu'il y a de plus rétrograde dans leur volonté de ré-islamiser l'Afghanistan. Pour ce faire, les Américains vont se servir des Moudjahidines, qu'ils avaient naguère aidés face à l'agresseur soviétique, mais qui, après le retrait de l'URSS, n'avaient ensuite cessé de se battre entre eux avant d'être sup-plantés à Kaboul par les talibans eux-mêmes.
5/Moudjahidines ou pas, instaurer un Etat démocratique. Mais que signifie en l'occurrence démocratique, alors que toute l'histoire contemporaine de l'Afghanistan est faite de luttes entre groupes ethniques débordant sur les pays voisins. Et cet Etat doit-il être laïc ou islamique ?
NOVEMBRE-DECEMBRE Défense N° 142
quoi
6/Commencer du moins par l'instauration à Kaboul d'un noyau de gouvernement démocratique qui étendra progressivement son pouvoir. Mais la réélection de Karsai n'est pas claire, son pouvoir est moins légitime que jamais, la corruption ajoute à son discrédit. Comment le gouvernement minimal de Kaboul pourrait-il rallier l'ensemble de la population ?
7/Regagner le soutien de la population, pour laquelle, le temps passant, et les erreurs et les "bavures" s'accumulant, les Américains et leurs alliés sont devenus des occupants tandis que les talibans naguère honnis apparaissent des résistants. Huit ans après le début des hostilités, ce qui pourrait être fait est sans doute trop tardif pour changer fondamentalement les sentiments d'une population qui, de sur-croît, a de tout temps, rejeté l'étranger quel qu'il soit. 8/Renforcer l'action militaire. Les exemples sont nombreux, dans l'histoire récente, d'une suprématie militaire qui n'em-pêche pas à la fin l'échec politique. 9/A défaut de vaincre totalement les talibans, explorer la possibilité de négocier avec les meilleurs d'entre eux. La question est de savoir s'il y a de "bons" et de "mauvais" talibans. D'autre part, après le retrait soviétique, Nadallah avait cherché en vain à constituer avec eux un gouvernement de coalition. 10/Abandonner aujourd'hui le combat serait perdre la face au-delà même de l'Afghanistan. C'est là l'argument toujours de ceux qui ne peuvent plus gagner.
faire
?
Depuis 2001, les Américains et leurs alliés ont progressivement mélangé tous les sujets. C'est bien parce que leur objectif est de moins en moins clair que leurs opinions sont réti-centes à accepter la poursuite de leur action. Il importe maintenant de ne pas se tromper de conflit. Le terrorisme dans le monde ne se ramène pas à Al-Qaïda et la lutte contre lui ne saurait se résumer à une action militaire limi-tée de surcroît à une zone géographique don-née. Le vrai problème est ailleurs, et il n'est plus tant en Afghanistan qu'au Pakistan. Le premier, presque de tout temps, a connu le désordre avec des luttes intestines ; c'est contre l'intervention étrangère que les Afghans parfois se sont réconciliés, ce ne fut jamais par cette intervention. Quant au second, sa déstabilisation aurait des consé-quences autrement graves pour l'ensemble de la région. Or l'action des Américains et de leurs alliés en Afghanistan a surtout eu pour effet d'accroître le risque de cette déstabilisa-tion. C'est en fonction de ce risque, et pour le prévenir, qu'ils devraient désormais réorienter cette action, y compris contre les talibans, pour lesquels le Pakistan a longtemps été et demeure une base arrière, avant de constituer en outre aujourd'hui un enjeu pour eux et sans doute d'autres avec eux. Tâche ô combien dif-ficile, mais en est-il une autre qui puisse, fina-lement, servir la paix ? Ambassadeur de France
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