La tentation du cinéma chez les poètes au temps du surréalisme, d Artaud à Supervielle - article ; n°1 ; vol.20, pg 257-274
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La tentation du cinéma chez les poètes au temps du surréalisme, d'Artaud à Supervielle - article ; n°1 ; vol.20, pg 257-274

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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1968 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 257-274
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain VIRMAUX
La tentation du cinéma chez les poètes au temps du
surréalisme, d'Artaud à Supervielle
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1968, N°20. pp. 257-274.
Citer ce document / Cite this document :
VIRMAUX Alain. La tentation du cinéma chez les poètes au temps du surréalisme, d'Artaud à Supervielle. In: Cahiers de
l'Association internationale des études francaises, 1968, N°20. pp. 257-274.
doi : 10.3406/caief.1968.913
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1968_num_20_1_913гя
LA TENTATION DU CINÉMA
CHEZ LES POÈTES
AU TEMPS DU SURRÉALISME,
D'ARTAUD A SUPERVIELLE
Communication de M. Alain VI RM AUX
{Paris)
au XIXe Congrès de l'Association, le 28 juillet 1967.
laisser théâtre poésie. de envisagés Les cette rapports un Or puis, journée — peu il importe actuellement et dans du les le cinéma communications confirment l'ombre de ne surtout, et pas de les négliger amplement lalittéiaturesont relations du proposées roman. l'existence du — cinéma Ceci au dans très d'une niveau conduit le souvent avec cadre condu la à
frontation privilégiée entre les poètes et le cinéma. Confront
ation historiquement délimitable et qui coïncide à peu près
avec l'âge d'or du cinéma muet : en gros les années 1918-
1930. Il s'agit donc d'une période brève, mais particulièr
ement féconde.
Pour l'homme d'aujourd'hui, le trait distinctif de cette pé
riode est une extraordinaire ferveur pour l'écran ; ferveur
dont on ne se fait maintenant qu'une faible idée. Dès 1917,
les revues — et non pas seulement les revues d'avant-garde —
regorgeaient d'articles passionnés, de poèmes à la gloire du
cinéma, de professions de foi parfois dithyrambiques ; de
cette tendance à l'inflation verbale, on trouve quelques
17 8 ALAIN VIfcMAUX 25
exemples éloquents dans un numéro spécial des Cahiers du
Mois (n° 16-17, 1925) :
II me semble que la découverte du cinéma dans les temps mo
dernes correspond à peu près à celle de l'imprimerie au XVe siècle
(Dominique Braga).
[Le cinéma] peut reculer le monde, sur la glissière des âges, jus
qu'aux origines. Ou ne le replace-t-il pas plutôt en marge du temps,
à côté de Dieu, dans la fraîcheur de la Création ? (Jules Superv
ielle).
Je veux vous dire que le cinéma est mon père. Je lui dois la vie
et je l'aime. Le cinéma est la pilule Pink de la littérature ; il lui donne
sang et pourpre (Joseph Delteil).
Dans les années 20, cette ferveur adorante, un peu déli
rante, est le fait de toute une génération d'artistes, mais
touche principalement les poètes. Et la fascination qu'exerce
sur eux le cinéma les amène logiquement à cette idée que
cinéma et poésie sont indissociables, ou, du moins, que le est une forme nouvelle de la poésie. Conviction
très profondément ancrée chez plusieurs d'entre eux :
Débarrassé des stratagèmes de toutes les autres industries artis
tiques, le film pourrait devenir le poème par excellence parce qu'il
se situe dans la durée pure (André Beucler, ibid.).
Il appartient au créateur, au poète, de se servir de cette puissance
et de cette richesse jusqu'alors négligées, car un nouveau serviteur
est à la disposition de son imagination (Philippe Soupault, Sic, jan
vier 19 18).
Bref, en face de l'écran, les poètes se sentent appelés. Pré
curseur aussi en ce domaine, Apollinaire avait donné dès
1917 la première formulation connue (sauf erreur) de cet
appel dans sa conférence sur « l'Esprit nouveau et les poètes » :
II eût été étrange qu'à une époque où l'art populaire par excel
lence, le cinéma, est un livre d'images, les poètes n'eussent pas
essayé de composer des images pour les esprits méditatifs et plus
raffinés qui ne se contentent point des imaginations grossières des
fabricants de films. Ceux-ci se raffineront et l'on peut prévoir le
jour où le phonographe et le cinéma étant devenus les seules formes
d'impression en usage, les poètes auront une liberté inconnue jusqu'à
présent. Qu'on ne s'étonne point si, avec les seuls moyens dont ils
disposent encore, ils s'efforcent de se préparer à cet art nouveau.
Renonçant dès lors à étudier d'autres aspects des relations LA TENTATION DU CINEMA CHEZ LES POETES 259
entre poètes et cinéma — tels que la critique des films (chez
Soupault ou Desnos) ou l'influence du cinéma sur les œuvres
écrites (chez Cendrars ou Aragon, par exemple) — , nous
avons jugé préférable de faire porter directement l'enquête
sur cette croyance en l'avènement d'un nouveau langage poé
tique et sur les formes qu'elle a revêtues. On se bornera
donc ici à examiner les tentatives des poètes pour s'exprimer
par le film.
Dans cette perspective, une orientation et un encourage
ment nous sont apportés par des ouvrages récemment publiés :
Cinéma, de Robert Desnos (Gallimard, 1966), propose no
tamment un ensemble de scénarios recueillis par André
Tchernia et dont quelques-uns seulement avaient été publiés
par le poète ; de même, le tome 3 des Œuvres complètes
d'Antonin Artaud (Gallimard, 1961) contenait déjà plusieurs
textes conçus pour l'écran et directement écrits à cette fin.
Or Desnos et Artaud ne furent pas des cas isolés ; d'autres
poètes ont écrit pour l'écran des textes oubliés, parce que
tenus pour mineurs, ou restés inédits et que nous avons eu la
chance de retrouver. Tout un mouvement poétique a donc
existé, qu'il devenait intéressant de cerner et d'étudier.
* # *
La prophétie d'Apollinaire ne devait pas rester sans écho.
De l'audience qu'elle trouva chez les poètes, on peut marquer
quelques jalons. Dès janvier 1918, Philippe Soupault publie
Indifférence, « poème cinématographique », dans la revue Sic ;
cinq autres « poèmes cinématographiques » paraîtront un peu
plus tard {Les Cahiers du Mois, 16-17, X925)- Aux éditions
« Sic », qu'il dirige, Pierre Albert-Birot publie, de son côté,
une brochure intitulée Cinéma (« Drames. Poèmes dans l'e
space composés en 1919-20 »). Dans le même temps paraissait
la première mouture du Donogoo-Tonka de Jules Romains,
sous la forme d'un « conte cinématographique » écrit en 19 19
et publié en 1920 aux éditions de la N.R.F. C'est également
en 191 9 que Biaise Cendrars fait paraître, aux éditions de la
Sirène, La Fin du monde filmée par l'Ange N. D., qu'il sous- 2ÓO ALAIN VIRMAUX
titre « roman » ; même désignation (« roman cinématogra-
phié ») pour La Perle fiévreuse, publiée en 1920-21 par Cen
drars dans la revue Signaux de France et de Belgique. Le rôle
joué par les revues dans ce faisceau de tentatives mérite
d'ailleurs d'être signalé ; c'est dans la Nouvelle Revue fran
çaise qu'Antonin Artaud publie ses deux scénarios les plus
importants : La Coquille et le Clergyman en 1927, la Révolte
du Boucher en 1930. Parallèlement, d'autres revues consacrent
des numéros spéciaux à la publication de scénarios : six textes,
dont un de Robert Desnos, dans le n° 12 des Cahiers du Mois
(1925) ; cinq textes, dont un autre scénario de Desnos, dans
Les Cahiers jaunes (1933).
Cette enumeration ne prétend pas être exhaustive ; elle
indique quelques étapes et montre une orientation ; elle
appelle en outre une remarque explicative. Jusqu'à 1930, les
poètes publient généralement leurs scénarios avec la convic
tion ou l'espoir qu'un film en résultera ; la publication est
sentie par eux comme préambule à une réalisation clairement
appelée ou, parfois, comme moyen de renouer un dialogue
déjà amorcé, mais interrompu, avec les commanditaiies éven
tuels ; ainsi, on trouve, dans Donogoo, une foule d'indications
techniques à l'intention du futur réalisateur ; Pierre Albert-
Birot, de même, mentionne dans Cinéma les démarches qu'il
effectua pour tenter de donner le jour à tel de ses

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