La corruption de Psyché
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Que sont la Psychiatrie et la Psychologie devenues ? Quand Lacan éclaira son enseignement, d'un retour à Freud en 1955, il redonna à la psychanalyse quelque peu adynamique au lendemain de la disparition de son inventeur, une formidable ré-impulsion qui consista en une véritable pollinisation intellectuelle, au sein de cette époque si riche en productions de l'esprit. Il en dépoussiéra les concepts fondamentaux, en les éclairant des lumières des sciences affines. De l'anthropologie de Claude Levy-Strauss à la linguistique de Roman Jakobson et de De- Saussure. Du structuralisme d'Althusser à celui de Roland Barthes. Des mathématiques de Frege et de Cantor, à l'économie Marxiste. De la topologie moebienne et borroméénne, aux paradoxes de Russell, en passant par la logique de Gödel. Enfin d'une relecture critique des philosophes à un regard nouveau sur la psychose, il fit éclater les topiques freudiennes en un feu d'artifice dont le sujet parlant resta le départ et l'arrivée. Or, que se passe-t-il donc depuis sa disparition à lui, Jacques Lacan (en 1981) et à ses contemporains, aussi novateurs dans le champ analytique ? Face à ce que la psychiatrie moderne aurait pu soutenir du lien entre l'humain et le sens de ses symptômes, elle s'est tirée une balle dans le pied, se laissant inféoder par le marketing médicamenteux, par les étiquettes nosologiques teintées de modernisme américain et par les sirènes du comportementalisme.

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Publié le 26 février 2013
Nombre de lectures 50
Langue Français

Extrait

Que sont la Psychiatrie et la Psychologie devenues ?
Quand Lacan éclaira son enseignement, d'un retour à Freud en 1955, il redonna à la
psychanalyse quelque peu adynamique au lendemain de la disparition de son inventeur, une
formidable ré-impulsion qui consista en une véritable pollinisation intellectuelle, au sein de
cette époque si riche en productions de l'esprit.
Il en dépoussiéra les concepts fondamentaux, en les éclairant des lumières des sciences
affines.
De l'anthropologie de Claude Levy-Strauss à la linguistique de Roman Jakobson et de De-
Saussure. Du structuralisme d'Althusser à celui de Roland Barthes. Des mathématiques de
Frege et de Cantor, à l'économie Marxiste. De la topologie moebienne et borroméénne, aux
paradoxes de Russell, en passant par la logique de Gödel. Enfin d'une relecture critique des
philosophes à un regard nouveau sur la psychose, il fit éclater les topiques freudiennes en un
feu d'artifice dont le sujet parlant resta le départ et l'arrivée.
Or, que se passe-t-il donc depuis sa disparition à lui, Jacques Lacan (en 1981) et à ses
contemporains, aussi novateurs dans le champ analytique ? Face à ce que la psychiatrie
moderne aurait pu soutenir du lien entre l'humain et le sens de ses symptômes, elle s'est tirée
une balle dans le pied, se laissant inféoder par le marketing médicamenteux, par les
étiquettes nosologiques teintées de modernisme américain et par les sirènes du
comportementalisme.
Cet oubli d'elle-même, à conduit à laisser la place à une psychiatrie déshumanisante et
scientiste. La psychologie semble engagée dans cette même voie.
La mythologie nous permet d'illustrer ce «trou de mémoire».
Psyché, mortelle princesse, incarnant un cognitivisme ardent, séduit Eros (visage de la
psychiatrie-psychologie moderne). Aphrodite (psychanalyse née de l'écume des vagues ...à
l'âme), mère de ce dernier, le somme de détourner cette créature de la tentation des hommes.
Eros cédant aux charmes de Psyché, commet un acte manqué, en décochant sa flèche dans
son propre pied, le laissant hypnotisé d'amour (cela se dit addict actuellement…) envers
Psyché...L'enseignement per- et post-universitaire, tant psychiatrique que psychologique, a appris à
parler cette novlangue de la Psyché moderne, qui condense la pensée en une série de mots-
clefs (évaluation, rendement, comparaison, statistique, cognition, comportement, re-
conditionnement, etc ...) capables d'apporter des réponses toutes faites aux questions que se
posent des individus en souffrance.
Maurice Blanchot disait que «la réponse était le malheur de la question»...
De nos jours, c'est le malheur lui-même, ainsi que la question, que nous promettent de faire
disparaître les chantres de la santé psychique contemporaine. Managés comme des produits,
les patients sont bercés d'illusions, quasi publicitaires, sans apercevoir que de «managés» à
«mangés» il n'y a qu'un petit tas, qu'ils viendront grossir en tant que restes de digestion.
Ces anthropophages de l'âme humaine établissent sans cesse de nouvelles grilles
d'évaluations. Ces grilles, derrière lesquelles on nous propose de nous observer, évoquent
celles de l'enfermement carcéral. Pris dans ces rets de savoir, l'individu en sortira confondu.
Confondu avec l'idéal des valeurs normales et confondu comme on le dirait d'un malfaiteur
déviant, en fin de compte démasqué.
Où sont donc les mots d'antan (tristesse, désir, conversion, névrose…) qui soutenaient des
diagnostics, autour desquels, s'articulait l'individu souffrant? Où est donc passée la notion
d'inconscient ? On ne les retrouvent plus cités dans aucun article, tant médical que
psychiatrique ou psychologique...
Certains états d'âme de l'être humain, permettaient d'ouvrir la porte d'entrée du sens, pour
l'individu malade de ses pensées. La toute puissance de la nosographie du DSM IV
( Diagnostic and Statistical Manuel of mental disorders, 4ème édition ) dont la 5ème
version est prévue en 2013, leur à coupé la parole.
Les conflits intra-psychiques et leur cortège de symptômes (qui pourtant étymologiquement
«tombent à propos») sont de plus en plus découpés et rangés dans des tiroirs nosographiques
d'où disparaît le sujet. C'est bien d'une schize du « Phrên » à quoi nous convie cette
démarche.Du coté de la thérapeutique psychique, c'est la réadaptation en cure courte ( car time is
money ) qui, avec les psychotropes, se taille la part du lion. Ces approches curatives
univoques s'effectuent comme des remplissages ciblés de l'individu, aux endroits des vides
de son existence, ces mêmes vides qui assuraient jadis le mouvement du désir dans le jeu de
taquin de la pensée humaine.
Le système du soin mental qui s'installe, tend à attribuer des codes-barres aux humains,
permettant la quantification statistique des foules qui ne cessent pourtant de dire leur mal-
être, tant individuel que collectif. Dans ce même temps de l'uniformisation numérique, où le
sujet n'est plus que chiffré, la pression sociétale le pousse à suivre la voie de la
revendication procédurière d'un dû égoïste, qui lui laisse croire à l'inverse, qu'il est sujet-roi
tout puissant d'une monarchie d'opérette.
Le temps n'est-il pas venu de stopper cette folie de la dissolution humaine dans la plus-value
de l'homme par l'homme ?
Tout comme pour l'équilibre de notre écosystème, l'équilibre psychique des humains impose
un retour à ce qui constitue sa trame la plus intime : Ses motions pulsionnelles
(inconscientes dans leur essence) qui le font penser, souffrir, espérer, s'attrister, réussir
parfois et renoncer souvent.
Le respect de la singularité d'autrui, en ce qu'elle est toujours animée par un désir sous-
jacent, passe par la reconnaissance des messages que s'échangent les humains au travers de
toutes leurs productions métaphoriques créatrices, artistiques, langagières et
symptomatiques.
La psychanalyse soutient que ce n'est pas le sujet qui fonde sa vérité, mais bien sa vérité
insue qui fonde le sujet. Ce savoir inconscient peut parfois l'aliéner, jusqu'au confins d'une
insoutenable lourdeur de l'être. C'est dans l'alcôve d'un lieu d'écoute, que pourra se dire ce
que l'humain ne sait pas encore savoir de lui-même et de ce qui le meut dans la souffrance
de ses répétitions.
Un retour aux interrogations fondatrices que permet l'expérience psychanalytique nous
semble une alternative nécessaire au difficile choix d'Héraclès qu'est la vie de tout homme.L'éthique de la psychanalyse et la quête de la vérité humaine qui l'anime, pourra peut-être
faire entendre autre chose dans le discours ambiant actuel.
Rien n'est jamais acquis à l'homme et les vexations coperniciennes, darwiniennes et
freudiennes imposées par ces génies à l'humanité, sont toujours aussi difficiles à avaler pour
le ''parlêtre'' divisé que nous sommes.
Ne nous y trompons pas. Ce ne sont pas les avancées scientifiques au service de l'être
humain, en ce qu'elles ont pu en élever la condition, qui sont à repenser. La psychiatrie et la
psychologie, si tels sont leurs désirs en tant que sciences, continueront à frayer leurs
chemins en éclairant la clinique par des comparaisons statistiques, l'appui d'imageries
médicalement assistées et l'emploi de drogues parfois incontournables.
Ce qui est à questionner, c'est le discours de la science quant il se fait dogmatique et
normativant, celui de la politique et de l'économie quant il se fait pensée unique totalitaire et
consumériste, et enfin celui de la société toute entière quant il se fait pervers réifiant
l'individu, assujettissant l'autre et soi-même sur l'autel de ce qui n'est autre chose qu'un des
visages de la pulsion de mort en tout un chacun : la Jouissance à tout prix.
La psychiatrie et la psychologie sont pris dans ces discours comme dans des filets dérivants.
Si elles oublient ce qui a constitué leurs fondements, elles s'oublieront elle-mêmes. Elles
altéreront définitivement leurs essences, ce qui étymologiquement revient à les corrompre.
Il est temps de se remettre à penser pour se panser les plaies de l'âme. Se mettre à table non
pas pour consommer mais pour se dire. Prendre le risque de la parole, ailleurs que devant
l'œil de « l'audi-mate », afin que des oreilles tierces, puissent en entendre quelque chose et
restituer ce qui, métaphoro-métonymiquent, ne cesse de chercher à êt

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