Pour une politique de développement du spectacle vivant : l'éducation artistique et culturelle tout au long de la vie

Social Et Environnemental, Gibault Claire, Conseil Économique

Description

Des inégalités d'accès à l'art et à la culture subsistent en France. Une généralisation de l'éducation artistique et culturelle doit s'opérer à travers des pratiques artistiques dès le plus jeune âge, poursuivies tout au long de la vie dans les différents lieux de séjour et de travail. Afin d'y arriver il convient de favoriser la nécessaire complémentarité des acteurs de l'éducation artistique et culturelle, la reconnaissance du rôle des artistes dans la transmission et la formation initiale et continue de tous les intervenants.

Sujets

• Spectacle vivant
• Spectacle
• École
• Financement
• Culture
• Communication

Informations

• Publié par: rapports-culture-communication
• Publié le: 01 octobre 2013
• Nombre de lectures: 17
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• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

LESAVIS  DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL

Pour une politique de développement du spectacle vivant : l’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie

Claire Gibault

Octobre 2013

Les éditions des JOURNAUX OFFICIELS

2013-21 NOR : CESL1100021X Jeurdi 10 octobre 2013

POUR UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT DU SPECTACLE VIVANT : L’ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE TOUT AU LONG DE LA VIE

Avis du Conseil conomique, social et environnemental

sur le rapport prsent par Mme Claire Gibault, rapporteure

au nom de la section de l'ducation, de la culture et de la communication

Question dont le Conseil conomique, social et environnemental a t saisi par lettre du Premier ministre en date du 25 septembre 2012. Le bureau a confi à la section de l'ducation, de la culture et de la communication la prparation d’un avis et d’un rapport  intitul :Pour une politique de développement du spectacle vivant : l’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie. La section de l’ducation, de la culture et de la communication, prside par M. Philippe Da Costa, a dsign Mme Claire Gibault comme rapporteure.

  Introduction

Sommaire

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■ Synthèse de l’avis _________________  8 ________

■ Avis   14 _____________________________________

Le constat

  Les obstacles à la généralisation de l’éducation artistique et culturelle   Des inégalités socioculturelles criantes   Des pratiques marquées par la logique générationnelle   Le prix de l’enseignement artistique, un obstacle à la pratique de tous   Des stéréotypes sexués affirmés et une diversité peu valorisée   L’EAC tout au long de la vie, une opportunité pour renforcer le vivre-ensemble encore peu utilisée   La nécessité d’une pratique artistique dès le plus jeune âge   De nombreux dispositifs sans cohérence nationale   offre culturelle dans l’enseignement supérieur quiUne passe par des associations   L’inégal accès à l’enseignement artistique spécialisé   L’éducation artistique et culturelle dans les autres lieux de vie   L’action peu coordonnée des acteurs de l’éducation artistique et culturelle   Une complémentarité encore insuffisante entre les différents acteurs de l’EAC

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  L’éducation populaire à la croisée des chemins   quasi absence de formation des enseignants,La des artistes et des amateurs

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Les préconisations 21   Développer l’EAC par la pratique artistique tout au long de la vie, pour tous et sur tous les territoires 22   Mettre l’EAC au cœur du système éducatif 22 Ê  Dans le système scolaire 22 Ê   25L’enseignement suprieur   L’enseignement artistique spécialisé dans les conservatoires 26   Dans les autres lieux de vie 26 Ê  Dans le monde du travail 26 Ê  L’hôpital 27 Ê   27La prison Ê  L’accueil des personnes âges, autonomes ou dpendantes 27   Développer la complémentarité des acteurs de l’EAC 28   Un pilotage national structuré 28   Un dialogue territorial institué 29   La coordination entre les institutions culturelles et tous les acteurs de l’EAC 29   L’EAC en Europe 30   Dynamiser l’éducation populaire comme outil de transformation des territoires et de la société 31   La valorisation des pratiques amateurs collectives 31   La définition d’un cadre de financement et de coopération 32   Former les intervenants : enseignants, artistes, amateurs 33   Conclusion 34

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■ Déclaration des groupes ________________ 35 __

■ Scrutin   49 __________________________________

■ Rapport__ 52 _______________________________   Introduction 52

  Les enjeux de la généralisation de l’éducation artistique et culturelle

  Les inégalités socioculturelles   Les inégalités territoriales Ê  Des ingalits socioconomiques Ê  Des ingalits d’accès aux structures culturelles et aux ressources   Le prix de l’éducation artistique, un barrage pour les ménages les plus modestes Ê  Le prix de l’enseignement artistique spcialis dans les conservatoires Ê  Le prix de la frquentation des œuvres   L’approche générationnelle Ê  La pratique artistique Ê  La frquentation du spectacle vivant Ê  Le rôle du numrique chez les jeunes   Transmission du patrimoine, création et diversité des cultures Ê  Patrimoine et cration Ê  La diversit des cultures et des approches : l’oral et l’crit   Les stéréotypes de la représentation sexuée dans les pratiques artistiques Ê  une pratique diffrencie Ê  Des choix diffrencis Ê L’accès des femmes     aux postes de responsabilit et de direction

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  L’éducation artistique tout au long de la vie : étude et bilan 71   L’éducation nationale 71 Ê   72école maternelle et lmentaire Ê  Le collège et le lyce 77 Ê  Les dispositifs d’ducation artistique et culturelle 80 Ê  La lutte contre le dcrochage scolaire et pour l’insertion professionnelle 91 Ê  L’universit 92   L’enseignement artistique spécialisé 94 Ê  L’organisation institutionnelle : la constitution d’un rseau des conservatoires 94 Ê  Ouverture, transversalit, mixit sociale : le bilan contrast des enseignements artistiques spcialiss 101   Les pratiques amateurs collectives 105 Ê  L’ducation artistique et culturelle dans le monde du travail 105 Ê  Les associations culturelles et d’ducation populaire 106 Ê   110La pratique artistique dans d’autres lieux de vie   L’éducation artistique et culturelle en Europe et dans le monde 118 Ê  Les grandes lignes de l’ducation artistique et culturelle dans les pays de l’union europenne 119 Ê   121Focus sur quelques pays   Le rôle social des pratiques artistiques 122 Ê   122La mdiation culturelle Ê  La protection de l’enfance en danger 123 Ê  L’art thrapie 123   Les différents acteurs de l’éducation artistique : une complémentarité à développer 124   L’État et les collectivités territoriales : une complémentarité encore insuffisante. 124 Ê  L’action peu coordonne des collectivits territoriales et des ministères en matière d’ducation artistique et culturelle 124 Ê  Les budgets des ministères 125 Ê  Les collectivits territoriales 126 Ê  Les dpenses par collectivits 127

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Ê  Les dispositifs existants de mise en œuvre territoriale de l’ducation artistique et culturelle. Ê  un pilotage difficile des politiques d’ducation artistique et culturelle   Les missions des institutions culturelles Ê  Les missions : cration, transmission, rayonnement Ê  Des partenariats au fil des projets Ê  La politique de la ville : un cadre pour la contractualisation Ê  Conventions, lettres de mission, contrats de performance : des outils trop peu utiliss   Le Haut Conseil à l’éducation artistique et culturelle, le HCEAC Ê  Le financement Ê  Les travaux   Des associations insuffisamment reconnues   Le mécénat   Rôle des artistes et statut de leur rémunération   Les lacunes de la formation des intervenants Ê  La formation des enseignants Ê  Les artistes et les intervenants spcialiss   Le rôle des parents   Conclusion

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____________________________________ Annexes   150

Annexe n° 1 : composition de la section de l’éducation, _____________________ de la culture et de la communication 150

Annexe n° 2 : liste des p rsonnes au________________________ e ditionnées 152

° 3 : liste des personnes entend__________________________ Annexe n ues 153

Annexe n° 4 : liographie__________________________________________ bib 154

Annexe n 5 : table des sigles ______________________156 ° __________________

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POUR UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT DU SPECTACLE VIVANT : L’ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE TOUT AU LONG DE LA VIE

Introduction

Le 25 septembre 2012, le bureau a confi à la section de l’ducation, de la culture et de la communication la prparation d’un avis et d’un rapport intituls :Pour une politique de développement du spectacle vivant : l’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie. La section de l’ducation, de la culture et de la communication, prside par M. Philippe Da Costa, a dsign Mme Claire Gibault comme rapporteure. L’ducation artistique et culturelle (EAC) est un enjeu majeur des politiques ducatives et culturelles françaises. Le CESE a souhait apporter sa contribution à une rflexion autour d’une politique sur le long terme, sans perdre de vue les ambitions et les exigences des engagements ministriels à plus court terme. une volont politique s’est affirme rcemment avec la loi d’orientation et de programmation pour refonder l’cole de la Rpublique de 2013. L’avis du CESE souhaite galement envisager l’ducation artistique et culturelle comme une formation continue et un «droit à l’élévation tout au long de la vie» (B. Stiegler). L’ensemble de la socit a vocation à participer à cette reconsidration de la place de l’art et de la culture dans notre socit. Le CESE a choisi de se limiter au spectacle vivant  en particulier la musique, le thâtre et la danse  pour resserrer son champ de rflexion, ce choix permettant de mettre l’accent sur un mode de connaissance par la pratique collective, particulièrement importante dans le spectacle vivant. Si la pratique individuelle est souvent un pralable, les pratiques collectives sont essentielles pour favoriser la mixit sociale, le vivre-ensemble, la lutte contre l’exclusion et pour porter un ambitieux projet de dveloppement artistique et culturel pour le pays. Si l’art et la culture ne doivent pas être justifis par l’obsession du lien social, ils sont à la fois les produits et les conditions de l’existence de ce lien. Notre socit propose aux enfants une ducation qui s’adresse davantage à leur intellect, au dtriment des richesses qu’apporte un dveloppement plus complet de toutes les facults sensibles et corporelles. La dcouverte de la correspondance entre un geste et une intention, de la beaut d’un mouvement, du sens d’un regard, de l’expressivit d’une voix sont des moments essentiels pour le dveloppement cognitif. Pratiquer une discipline artistique doit aussi permettre d’acqurir progressivement une meilleure interprtation de la socit, et d’affiner sa perception du monde artistique et de ses enjeux. Assister à des spectacles de thâtre, de danse, de cirque ou de rue, couter de la musique, permettent de dcouvrir et de partager le plaisir et l’motion du spectateur, de donner l’opportunit d’veiller le dsir d’art et de culture.

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Le CESE pose le dfi de la dmocratisation de l’ducation artistique, à travers lequel se pose la question fondamentale de l’mancipation du citoyen par la culture. i l dplore les ingalits d’accès à l’ducation artistique. L’avis du CESE prconise la mise en place d’une politique nationale pour l’accès de tous à l’EAC. Pour sa mise en œuvre, le territoire apparaît comme le cadre de rfrence, dans le respect de la complexit d’une socit donne et de la diversit des populations qui font la France d’aujourd’hui. une autre conception de la territorialisation doit permettre de construire des projets territoriaux inventifs, relis à des orientations nationales, à même de lutter contre les ingalits.

Synthèse de l’avis 1

L’ducation artistique et culturelle tout au long de la vie est essentielle pour le dveloppement du citoyen et de la personne. Elle doit reposer sur la pratique artistique collective, le contact avec les œuvres et les artistes. Les pratiques culturelles restent encore trop marques par le capital culturel de chaque individu, notamment l’hritage familial et le diplôme. Entre 1973 à 2008, la frquentation des quipements culturels par les ouvriers a connu une baisse tandis que celle des catgories socioprofessionnelles les plus favorises a augment. Ces ingalits culturelles sont aggraves par les dsquilibres territoriaux, les ingalits sociales et de conditions de vie. Les initiatives dans les territoires dpendent de la volont politique des lus et de la capacit financière des collectivits. De plus, le prix de l’enseignement artistique spcialis dans les conservatoires constitue un frein à la pratique des jeunes et des amateurs, particulièrement pour les personnes à revenus moyens et modestes. Enfin, des strotypes sexus et le manque de valorisation de la diversit pèsent sur les pratiques artistiques et aboutissent parfois à de vritables discriminations. L’ducation artistique et culturelle doit donc passer par une gnralisation de la pratique artistique dès le plus jeune âge et doit être poursuivie tout au long de la vie. Cependant, l’cole peine à remplir cette fonction. Cette situation peut être explique par le recul des activits artistiques à l’cole maternelle, le manque de structuration des enseignements artistiques à l’cole lmentaire et le manque de pratique artistique collective qui marque le collège et encore plus le lyce où elle ne devient qu’optionnelle. Dans l’enseignement suprieur, la ralit est galement proccupante puisque seules les associations d’tudiants proposent des activits culturelles qui varient selon leurs moyens et le soutien des tablissements. Les dispositifs spcifiques d’ducation artistique et culturelle (classes à projet artistique et culturel, classes amnages, ateliers artistiques...) manquent de cohrence et ne touchent que 10 à 20% des jeunes. Les autre lieux de vie (entreprise, hôpitaux, prisons, maisons pour seniors...) sont marqus par des initiatives intressantes mais disparates et ingalement rparties sur les territoires. Cette difficult à toucher tous les publics tout au long de la vie est aggrave par une complmentarit insuffisante entre les diffrents acteurs de l’ducation artistique et culturelle, malgr leurs investissements. Si les associations jouent un rôle essentiel en proposant des activits intergnrationnelles et d’animation des territoires ainsi que de dveloppement du monde des amateurs, elles souffrent de financements alatoires sur des

1 L’ensemble du projet d’avis a été adopté au scrutin public par 169 voix et 4 abstentions   (voir le rsultat du scrutin en annexe).

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temps trop courts pour mener leurs actions. De leur côt, les artistes sont contraints par des règles qui ne permettent pas la reconnaissance de leurs interventions auprès de publics scolaires. Les institutions culturelles peinent à mettre en œuvre une vritable mixit sociale de leurs publics.

Enfin, le manque de formation initiale et continue de l’ensemble des intervenants (enseignants, artistes ou intervenants) constitue un obstacle à la gnralisation de l’ducation artistique et culturelle sur le plan didactique.

Préconisations

Le CESE prconise de rduire les ingalits pour un accès de tous, sur tous les territoires à l’ducation artistique et culturelle dans le domaine du spectacle vivant (musique, thâtre, danse...) et de :

Ê Mettre l’éducation artistique et culturelle (EAC) au cœur du système éducatif

 A l’école :

y Associerla mise en place du parcours d’EAC et les inciter à participer les parents à à des activits ou manifestations avec leurs enfants ; y Encourager les activits d’EAC à la maternelle pour favoriser l’veil des facults cognitives, sensorielles et la socialisation des enfants ; y des lieux dvolus à ces activits du spectacle vivant et les construire au Crer sein de chaque nouveau collège et lyce, mutualiser ceux prsents au sein des communes et mettre à disposition des instrumentariums dans les tablissements scolaires ; y et valoriser la cration numrique à l’cole ; Reconnaître y évaluer les dispositifs d’EAC existants, notamment en prenant en compte la pratique ultrieure des lèves ; y en place une chorale dans chaque collège à travers une dotation horaire Mettre prvue à cet effet ; y Encourager la prsence des artistes du spectacle vivant à l’cole en leur permettant d’intervenir au moins 80 heures par an; y l’offre d’EAC dans tous les lyces et proposer une offre de proximit Gnraliser pour la srie L spcialit « arts » ; y Etendrel’histoire des arts à toute la scolarit en organisant les temps scolaires  dvolus à la mise en place de projets transdisciplinaires.

 Dans les centres de formation pour apprentis :

y des ateliers artistiques dans le cadre de conventions avec les rectorats Dvelopper et les directions des affaires culturelles et encourager les partenariats avec les structures culturelles territoriales.

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