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Description

Extrait de la publication Ba Cet ouvrage a reçu le Prix « Graines de lecteurs » de Billère 2001. Une fiche pédagogique consacrée à ce livre se trouve sur le site Casterman à la rubrique « enseignants » : http://jeunesse.casterman.com/enseignants.cfm casterman 87, quai Panhard-et-Levassor 75647 Paris cedex 13 www.casterman.com ISBN : 978-2-203-05959-7 Conception graphique : Anne-Catherine Boudet © Casterman, 2000 et 2011 pour la présente édition Achevé d’imprimer en octobre 2010, en Espagne. Dépôt légal : janvier 2011 ; D. 2011/0053/006 Déposé au ministère de la Justice, Paris o(loi n 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse). Tous droits réservés pour tous pays. Il est strictement interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie ou numérisation) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Extrait de la publication Jean-François Chabas Illustré par Benjamin Bachelier Pour Martine J.-F. C. L’auteur tient à remercier le Centre national du livre pour l’aide matérielle apportée à la rédaction de ce roman. Extrait de la publication 1 PANIQUE La montagne s’est fendue en deux. Des blocs de plusieurs centaines de tonnes de neige, de glace et de rocher ont dévalé la pente et moi, je suis restée plantée là, bouche entrouverte, mes bûches dans les bras.

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Extrait de la publication
Ba
Cet ouvrage a reçu le Prix « Graines de lecteurs » de Billère 2001.
Une fiche pédagogique consacrée à ce livre se trouve sur le site Casterman à la rubrique « enseignants » : http://jeunesse.casterman.com/enseignants.cfm
casterman 87, quai Panhard-et-Levassor 75647 Paris cedex 13
www.casterman.com
ISBN : 978-2-203-05959-7
Conception graphique : Anne-Catherine Boudet
© Casterman, 2000 et 2011 pour la présente édition Achevé d’imprimer en octobre 2010, en Espagne. Dépôt légal : janvier 2011 ; D. 2011/0053/006
Déposé au ministère de la Justice, Paris o (loi n 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse).
Tous droits réservés pour tous pays. Il est strictement interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie ou numérisation) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Extrait de la publication
JeanFrançois Chabas
Illustré parBenjamin Bachelier
Pour Martine J.-F. C.
L’auteur tient à remercier le Centre national du livre pour l’aide matérielle apportée à la rédaction de ce roman.
Extrait de la publication
1setesndfeeueaLnomngatdeplusieurscenedxuD.sebolsc PANIQUE ntaines de tonnes de neige, de glace et de rocher ont dévalé la pente et moi, je suis restée plantée là, bouche entrouverte, mes bûches dans les bras. Le grondement s’est amplifié dans le ciel d’hiver, si pâle qu’il semblait un prolongement aérien du sol neigeux. Dans mon souvenir, il s’agit plutôt d’un rugissement, un phénomène étrange ayant, d’un instant à l’autre, fait passer la montagne de l’état minéral à l’état animal. Une masse de pierre glacée et poudrée qui se transforme en monstre affamé. La peur m’a frappée au ventre, d’un coup, et j’ai lâché les bûches qui sont tombées sur mes pieds mais je n’ai pas senti la douleur tout de suite. J’ai dit :
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— Maman… Autour de moi j’ai entendu des gens crier, mais sans les écouter. Comme un bruit de fond inintelli-gible, un bourdonnement d’insectes. Quand on a peur à ce point-là, on est seul et ce n’est pas des autres qu’il faut attendre du secours, mais bien de l’intérieur de soi. Si on en est capable, s’il reste quelque chose à aller chercher au fond de ses proprestripes.Etmoi,jétaisvide,uneenveloppe creuse habitée seulement par des vents de panique, tandis que l’avalanche descendait. Un large massif d’épicéas et de sapins a été fauchécommeunerangéedecure-dents.Lesouffle de l’avalanche était si puissant que les arbres se couchaient ou s’envolaient, avant même que la matière proprement dite les atteigne. La coulée poussait devant elle une sorte de mur invisible fait de gaz sous pression. Le bruit est devenu insupportable et des silhouettes sont passées à côté de moi, en courant. On m’a bousculée ; je me suis réveillée, je me suis mise à courir moi aussi, mais sans but précis, comme une poule affolée. J’ai crié sans m’arrêter, les hurlements s’extrayant de mes lèvres distendues malgré moi, jaillissant comme on vomit. Plus
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Extrait de la publication
jamais, au cours de ma si longue existence, je n’ai éprouvé une telle terreur. Je n’avais que treize ans. Ce n’est pas bien vieux, lorsqu’il est question d’af-fronter les manifestations les plus épouvantables d’une nature hostile. Malgré l’âge que j’avais à l’époque, il m’arrive encore, quatre-vingt-dix ans plus tard, de juger sévèrement ma conduite. J’avais perdu la tête…
J’étais en haut d’une petite colline quand le souffle m’a rattrapée. J’ai été projetée dans les airs et, pour le reste, je ne me souviens plus de rien. La première chose que j’ai vue en me réveillant, c’est le visage étrange de la femme qui était penchée sur moi.
2 103 Bien que je m’en défende, il me faut avouer que j’ai un peu de mal à comprendre les enfants de maintenant. Si on m’avait dit que je vivrais l’an 2000… Le vingt et unième siècle… Si on m’avait dit ça quand j’étais petite fille, jamais je ne l’aurais cru. Je suis née le 12 juin 1897, à Fairbanks en Alaska, et c’est là que je vis encore. Je demande pourtant à ce qu’on n’en tire pas de trop hâtives conclusions. Je n’ai pas passé mon temps ici. J’ai beaucoup voyagé ; pour tout dire, j’ai traîné mon sac à peu près partout dans le monde, mais mon cœur m’a rame-née à Fairbanks. J’ai fait comme les saumons rouges qui, après des années de mer, remontent le courant pour mourir à la source du fleuve qui les a vus naître.Puisquejaicenttroisans,ilmesemble
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difficiledimaginerquejepuissequittercetteterre ailleurs qu’ici ; je n’en suis pas certaine malgré tout. La vie est pleine de surprises. Oui, j’ai du mal à comprendre certains de nos petits pensionnaires. Ils parlent un argot étrange, ils emploient aussi des mots qui ont à voir avec la télévision, les jeux vidéo, les ordinateurs, tous ces machins du diable dont je n’ai jamais voulu entendreparler. Ce qui ne change pas en revanche, ce sont les atti-tudes et les bravades. Dans la manière de marcher d’un gamin, dans sa façon de bousculer un de ses camarades, je retrouve un air éternel. Ainsi, il y a deux jours, Brian, un des plus grands – je crois qu’il a seize ans –, était appuyé contre un mur dans la cour, en train de fumer une cigarette, ce qui est tout à fait interdit chez nous. Il y avait dans son maintien un mélange très amusant, fait de la crainte de se faire surprendre et de la volonté bien arrêtée d’ex-primer son indépendance dans le cas où cela serait arrivé. Il en venait à manier sa cigarette comme un sceptre : un symbole de son émancipation. Je me suis alors souvenue d’un garçon, un des tout pre-miers parmi ceux qui ont habité l’orphelinat. C’était en 1958, il y a quarante-deux ans déjà.
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