Les principaux centres de production de manuscrits enluminés dans les états de Philippe le Bon - article ; n°1 ; vol.8, pg 11-34
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Description

Cahiers de l'Association internationale des études francaises - Année 1956 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 11-34
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léon M.-J. Delaisse
Les principaux centres de production de manuscrits enluminés
dans les états de Philippe le Bon
In: Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1956, N°8. pp. 11-34.
Citer ce document / Cite this document :
Delaisse Léon M.-J. Les principaux centres de production de manuscrits enluminés dans les états de Philippe le Bon. In:
Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1956, N°8. pp. 11-34.
doi : 10.3406/caief.1956.2077
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/caief_0571-5865_1956_num_8_1_2077PRINCIPAUX CENTRES LES
DE PRODUCTION
DE MANUSCRITS ENLUMINÉS
dans les Etats de Philippe le Bon
Communication de Léon M. J. DELAISSE, du cabinet
des manuscrits, Bibliothèque royale, Bruxelles, au VU* congrès
de l'Association, le 26 juillet 1955
Par son mariage avec Marguerite de Mâle, fille du
comte de Flandre et d'Artois, Philippe le Hardi ouvrait
un nouveau chapitre dans l'histoire des Pays-Bas. Pour
tant le premier Valois duc de Bourgogne, l'homme poli
tique comme le bibliophile, demeurera uniquement un grand
prince de France ; tous ses livres furent parisiens de style.
Son fils Jean sans Peur lui succéda en 1404 et adopta
très tôt une attitude plus indépendante. Il utilisa le pouvoir
économique et militaire que lui apportaient ses provinces
du Nord pour imposer ses vues personnelles à la royauté
chancelante. Plus d'un manuscrit exécuté en Flandre ou
en Artois - pař exemple son livre d'Heures - avait pris
place dans sa « librairie » qui, dans son ensemble, était
constituée de livres sortis des officines parisiennes.
Sans doute la mort tragique de son père en 1419 explique-
t-elle pourquoi Philippe le Bon s'émancipa si tôt de la
tutelle royale. Le fait est qu'en une vingtaine d'années
il réunit sous son pouvoir les territoires qui couvrent
actuellement la Hollande, la Belgique, le Nord de la
France d'est en ouest et le Duché de Bourgogne, terri
toires qui restaient, en partie au moins, sous la suze
raineté théorique du roi de France.
Vers 1440-1445 le Grand Duc d'Occident, alors plus
puissant que les rois et empereurs qui l'entouraient,
a atteint une réelle stabilité politique que seules quelques
révoltes locales viendront troubler. Précisément à cette
époque se développe un nouveau courant littéraire, encore
très médiéval d'esprit, qui doit satisfaire les goûts de la
nouvelle cour dont s'est entouré le Duc. L'ART FRANÇAIS DU XVe SIÈCLE 12
Simultanément un nouveau style de miniature apparaît:
l'enlumineur est capable de représenter l'homme jusque
dans son individualité même et peut en faire le portrait ;
il réussit presque à le situer dans le milieu réel de sa vie,
le paysage et le cadre architectural. Retenons de plus, que
ces textes littéraires ou pseudo-historiques ont ouvert un
champ illimité à l'imagination créatrice des artistes.
Nous constatons donc que dans les Etats de Bourgogne,
récemment constitués et pacifiés, un mécénat sans guère
de tradition locale suscite l'apparition d'un mouvement
littéraire et artistique où s'exprimeront des valeurs nouv
elles. Plus simplement encore, on peut dire que vers
1440-1445 apparaît un nouveau iype de livre. Toutefois
cette appréciation exige des éclaircissements et vou*.
excuserez, j'espère, l'introduction un peu longue que je
dois donner à cette causerie.
Mes fonctions de bibliothécaire au Cabinet des Manuscrits
de Bruxelles, qui m'ont plus particulièrement désigné pour
m'occuper de l'ancienne « Bibliothèque de Bourgogne »,
m'ont amené à examiner plusieurs centaines de ces manusc
rits qui ont été exécutés pendant le règne de Philippe le
Bon et qui sont conservés maintenant dans ce dépôt et
aussi dans d'autres bibliothèques, surtout celles de Vienne,
Paris et Londres. Bon nombre de ces livres sont enluminés;
certains ont même pris place parmi les joyaux de l'his-.
toire de la miniature. Peints ou non, ces manuscrits peu
vent être répartis en groupes bien différenciés, non pas
d'après le style des enluminures, mais plutôt d'après les
caractères techniques de ces manuscrits en tant que livres.
Par techniques j'entends, concrètement, les divers procédés
qui, par étapes, ont permis l'exécution de chacun de ces
manuscrits, depuis le choix de la matière, divers types de
papier ou de parchemin, l'organisation de la mise en page
par les piqûres et réglures, l'écriture, les décorations
secondaires telles que les bouts de lignes, les initiales
ornées parfois de prolongements filiformes si caractéris
tiques, et les ornements marginaux qui sont d'une éton
nante variété. Les illustrations des textes, que l'on appelle
histoires, enluminures ou miniatures, ne sont peintes que
lorsque toutes les autres décorations ont été achevées,
c'est du moins ce qui se présente le plus souvent dans la
miniature flamande ; dans l'enluminure hollandaise, au
contraire, le miniaturiste peint généralement aussi les
marges.
Dans chaque groupe ainsi établi d'après leurs carac
tères techniques, il se trouve généralement l'un ou l'autre
manuscrit daté et même localisé soit par un prologue ou
un colophon, soit encore par le témoignage des archives,
comptes, ou inventaires de bibliothèques. En utilisant de M.-J. DÉLAISSÉ W LÉON
tels éléments on peut dater et localiser le groupe lui-même
tout entier et, approximativement, chaque manuscrit en
comparant le développement de ses techniques avec les
copies datées prises comme points de repère.
Si analytique qu'elle puisse paraître, cette méthode n'en
est cependant pas moins productive d'une meilleure com
préhension, du moins je l'espère, de l'histoire du livre enlu
miné sous le règne de Philippe le Bon ; son application
à d'autres périodes mériterait peut-être discussion.
Pour rendre plus claire encore cette question de la
méthode, qu'il me soit permis de faire le parallèle entre
un manuscrit médiéval enluminé et un imprimé moderne
illustré.
De nos jours, un livre de la maison Pion est aussi diffé
rent d'un autre sorti de chez MacMillan à Londres, à
cause de son papier, de ses caractères d'imprimerie, de sa
justification, qu'un manuscrit de Mons, du temps de Phi
lippe le Bon peut être différent d'un manuscrit de Bruges
sous ces mêmes aspects techniques. Dès lors, du point de
l'histoire du livre, le manuscrit médiéval ne diffère pas
grandement du livre moderne, sauf, évidemment, pour la
mécanisation de la production de celui-ci.
De plus, comme le livre de Paris et celui de Londres
peuvent tous deux avoir été décorés par le même graveur,
Félicien Rops par exemple, ainsi les deux manuscrits de
Mons et de Bruges peuvent avoir été successivement enlu
minés par Loyset Liédet. L'expérience le prouve, nous
pouvons arriver à de tels résultats en nous servant du
style des livres pour faire l'histoire de l'enluminure ; je
ne crois donc pas que l'on puisse nier toute valeur à la
méthode, surtout si le déplacement de l'artiste ainsi
démontré coïncidait aussi avec un changement dans son
style. Ainsi, dans l'histoire de la décoration ou de l'illu
stration du livre aussi bien médiéval que moderne, une
fois de plus nous constatons une étonnante similitude.
Mais il y a davantage. Considérons à nouveau les copies
enluminées ou non, qui sont issues d'un même atelier.
Si nous prenons la peine d'étudier leurs textes nous arri
vons aux conclusions suivantes. Un certain nombre des
manuscrits issus de ces officines sont simplement des
copies de -textes déjà anciens ; toutefois on trouve aussi
généralement parmi eux de nouveaux textes, des traduct
ions, des adaptations et même parfois de nouvelles créa
tions. Ainsi, áous le règne du Grand Duc d'Occident, ces
auteurs - l'étiquette est plutôt généreuse - se révèleni
d'abord comme scribes, copiant leurs propres œuvres et
parfois les illustrant eux-mêmes (ce fut le cas par exemple
de Jean Miélot à Lille et de Jacquemart Pilavaine &

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