Biquefarre de Rouquier Georges
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Biquefarre de Georges Rouquier FICHE FILM Fiche technique
France - 1983 - 1h30 Couleur
RÈalisation et scÈnario : Georges Rouquier
Montage : GeneviËve Louveau
Musique : Yves Gilbert
InterprËtes : Henri Rouquier (Henri) Maria Rouquier (Maria) Roger Malet (Raoul Pradal, ferme de Biquefarre) Roch Rouquier (Roch, ferme de Farrebique) Raymond Rouquier (Raymond) Georgette Rouquier (Jeanne) Rosine, Laurent, Achille, NoÎl, Geoffroy (enfants Rouquier)
L E
D O C U M E N T
Critique
AvecBiquefarre, Georges Rouquier rÈussit une des entreprises les plus diffi-ciles au cinÈma : faire ‡ la fois un film sur des corps, des gestes, des postures, des Èlocutions, des objets, des paysages totalement singuliers (Áa, cÕest le fil que lÕon attendait de lÕauteur Farrebique) et un grand film abstrait, ‡ la ligne pure, dÕune logique dÕordinate (Áa, cÕest la surprise, elle est de taille tout ‡ fait rÈjouissante). (Si Renoir avait raison de rappeler, chaque fois quÕon lui parlait du rÈalism de ses films, que tout grand art est abs-trait,Biquefarreest du grand cinÈma. En lui, le film abstrait, la grande construction logique fait que le film rÈa-liste Èchappe ‡ tout naturalisme, ‡ toute pesanteur, comme il Èchappe ‡ la nos-talgie et ‡ la consistance idÈologique. Regardons de plus prËs lÕenjeu fictionn deBiquefarre: qui va acheter les terres de Biquefarre que Raoul, qui refu-se dÕentrer dans cette folle spirale, dÈcidÈ de vendre pour aller travailler ‡ la ville ? Rouquier, avec un art consom-mÈ du dÈcoupage et du montage, tresse lÕÈcheveau des diffÈrentes logiques q vont sÕentrelacer autour de cet enjeu : l logique froide du profit qui voudrait que Raoul vende au plus offrant, donc au plus riche, donc au plus gros ; la logique des liens et des alliances familiales a ses propres exigences humaines patrimoniales. Mais la logique qui triompher est une logique supÈrieu incarnÈe par Raoul, et qui repose une conception politico-morale de lÕi rÍt gÈnÈral. Pour Raoul, il nÕy a auc raison que les gros deviennent enc plus gros et que les petits disparaisse il vendra donc ses terres ‡ Roch, mai leur juste prix, car il nÕest pas ques pour autant quÕil sacrifie son pro intÈrÍt. Cette capacitÈ de Raoul dÕanalyser point de vue politiquement et mora ment supÈrieur une situation da laquelle les autres sont empÍtr
jusquÕau cou en fait le personnage l plus attachant du film. La ´prÈsenceª d non-acteur qui incarne Raoul, Roge Malet, nÕest pas pour rien dans cett sympathie immÈdiate que dÈgage l personnage. Mais ce ´hÈros positifª d la logique, celui qui refuse de se laisse prendre dans lÕengrenage dÕune logiq imposÈe, est aussi celui qui - aprËs avoi proposÈ en rÈunion syndicale la collecti visation des terres comme seule solu tion raisonnable - quitte la campagn pour la ville. Il nÕy a aucune nostalgie dans la faÁo dont Rouquier filme cet exode tardif. L cinÈaste, comme sÕil sÕÈtait trop attac ‡ son personnage, se refuse ‡ abandon ner Raoul aprËs son dÈpart et profite a contraire de cette ligne de fuite pour tra cer dans son film, en quelques plan dÕune beautÈ et dÕune Èmotion intens une superbe ÈchappÈe fictionnelle. Je nÕai pas parlÈ de lÕautre film, ce des corps, des postures, des gestes d travail que Rouquier capte dans leur sin gularitÈ ‡ chacun de ses plans. Toute l critique, ‡ juste titre, en parlera. La qua litÈ remarquable du son du film, comm la prÈcision aiguÎ de son image, ne son pas pour rien dans la rÈussite de cett captation. Il suffit de voir comment o tient un tÈlÈphone, comment o sÕasseoit dans une voiture, quelle post re on prend pour parler dans ce film
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
comme chacun sait, nÕest jamais donnÈe mais toujours ‡ construire. Si Rouquier rÈussit ‡ inscrire dans son film avec une telle vÈritÈ les gestes, les corps, les paroles de ses personnages, cÕest quÕil ne filme jamais un plan seule-ment pour lui-mÍme, mais toujours pour la relation quÕil va entretenir avec les autres dans une chaÓne logique o˘ ce plan doit impÈrativement Ítre juste quant ‡ lÕessentiel, dans son dÈpouille-ment, comme chaque note de musique dans un mouvement. Et peu importe, ‡ Rouquier, la faÁon dont il obtiendra cette justesse, serait-ce en trichant avec la lettre de la rÈalitÈ : IÕimportant cÕest que lÕeffet de son plan, sur lÕÈcran, soit juste. CÕest le cinÈma ici, et lui seul, qui est capable de construire la vÈritÈ. Mais ‡ trop parler de logique et de vÈri-tÈ, jÕai peut-Ítre oubliÈ de dire lÕessen-tiel, qui est queBiquefarreest un film dÕune grande Èmotion, o˘ lÕon est plu-sieurs fois au bord des larmes, mais que cette Èmotion nÕest jamais obtenue de faÁon moite par un quelconque appel ‡ la nostalgie ou ‡ un passÈisme buco-lique facile : lÕÈmotion deBiquefarre naÓt du tranchant et de la prÈcision avec lesquels Rouquier rend compte aussi bien des affaires que des affects humains. Alain Bergala ∞ -
D O C U M E N T
Entretien avec le rÈalisateur
Biquefarre, cÕest dÕabord pour tous l cinÈphiles du monde un rappel, presqu un ´clin dÕÏilª‡ votre film, votre pre mier long mÈtrageFarrebiquequi marquÈ le cinÈma franÁais. Ce film avait ÈtÈ tournÈ dans une famill paysanne et chacun de ses membre avait jouÈ son propre rÙle. Dans lÕhisto re du cinÈma, IÕexpÈrience avait dÈj‡ e lieu (par exempleNanouk lÕesquima de Robert Flaherty). Mais cette fois-ci, il sÕagissait dÕun film parlant qui nous r tituait dans les scËnes dramatiques, l parler rocailleux de la rÈgion d lÕAveyron. LÕexpÈrience Ètait si diffÈrente de la pr duction cinÈmatographique dÕalor cÕÈtait en 1946, quÕelle avait suscitÈ b nombre de polÈmiques et de passionsÉ et de disputes ! Par exemple, le film fut refusÈ par l ComitÈ de SÈlection du premier Festival de Cannes. Ce refus provoqua une cam pagne de presse qui prit une ampleu inattendue. Le film fut alors prÈsent hors Festival.(É)
Mais pourquoi teniez-vous tant ‡ c retour ? Au cinÈma, IÕexpÈrience nÕa jamais tentÈe - du moins ‡ ma connaissance de reprendre les mÍmes lieux, le mÍmes personnages pour montrer c quÕils sont devenus 38 ans aprËs. Je le regrettais dÕautant plus, quÕu gÈnÈration a suffi pour que le milie paysan bascule dans le monde moderne. CÕest une vÈritable rÈvolution qui a bo leversÈ non seulement la vie familiale mais aussi la vie sociale. Farrebiquemarquait la fin dÕun Èpoque,Biquefarre, cÕest un peu le di ficile dÈmarrage dÕune autreÉ
Ce bouleversement vous a sans do conduit ‡ utiliser une approche diffÈr
te ? Souvenez-vous, dansFarrebique, u des thËmes Ètait lÕarrivÈe de lÕÈlectrici et par consÈquent le modernisme pou les travaux de la ferme et la vie quoti-dienne. DansBiquefarre, les ÈlÈment de la vie moderne sontÉ acceptÈs, digÈrÈs par les agriculteurs. Et le thËm essentiel du film devient alors le problË-me foncier, avec la nÈcessitÈ dÕagra dissement du territoire de la ferme. CÕest le problËme n∞1 du monde rural e Aveyron aujourdÕhui et sans dout ailleurs aussiÉ Pour acheter le matÈriel moderne, il faut produire, pour produire il faut sÕagrandir, pour sÕagrandir, il f emprunterÉ CÕest lÕengrenage, comm dit Raoul le personnage du film qui refu se cette voie. Le thËme sert de support une intrigue qui se dÈroule ‡ travers l vie de plusieurs personnages, dont l plupart sont dÕailleurs des protagoniste deFarrebique: par exemple Raymondou, le petit garÁon d Farrebique, devenu le maÓtre de l ferme, et surtout Henri, souvenez-vous, le cadet qui, par tradition, doit quitter la ferme et que nous retrouvon aujourdÕhui ‡ 70 ans, toujours attentif ce que devient le domaine familial.
Sur le plan cinÈmatographique, avec de protagonistes non professionnels, vous Ítes sans doute amenÈ ‡ laisser un grande part ‡ lÕimprovisation ? Absolument pas ! Je dirai mÍme, a contraire. Mais Èvidemment, cette entreprise nÈcessite une mÈthode d rÈalisation particuliËre, qui est due ‡ lÕemploi de ces ´comÈdiensª non profe sionnels. Il faut donc : 1) Ecrire une histoire qui touche de prËs ‡ leur vie (on ne peut cÕest Èvident, le faire jouerHamletou leCid). 2) Bien connaÓtre chacun des interprËte non professionnel de maniËre ‡ Ècrire l dialogue en fonction de la psychologi de chacun dÕeux. 3) Etablir un dÈcoupage technique e
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pour jouer leur rÙle. Par exemple, ne pas prÈvoir de plan avec un texte trop long. LÕutilisation du plan - sÈquence est bien entendue exclue. 4) Tourner avec une Èquipe discrËte pour ne pas impressionner les interprËtes. CrÈer un bon climat psychologique pour quÕils soient ‡ lÕaise et oublient la camÈ-ra. Ce film nÕest donc ni un reportage ni un documentaire (au sens pÈjoratif du terme) ni du cinÈma-vÈritÈ ; cÕest un film de fiction, fiction si prËs de la rÈalitÈ quÕelle pourrait paraÓtre la rÈalitÈ elle-mÍme.
«‡, cÕest thÈorique, mais sur le plan pra-tique, au moment du tournage, la rÈalitÈ a d˚ Ítre un peu diffÈrente, non ?É Je ne crois pasÉ Parce quÕen fait jÕai eu sans cesse lÕimpression de nÕavoir ‡ diriger quÕune seule Èquipe, tant lÕenten-te entre techniciens de cinÈma et agri-culteurs a ÈtÈ totale et spontanÈe, cha-cun dÈcouvrant et apprenant ‡ respecter le travail de lÕautre. Par exemple, ‡ la fin du tournage, IÕun des Èleveurs mÕa dit : ´Je ne pourrai plus jamais voir un film au cinÈma sans penser ‡ lÕÈnorme travail que reprÈsente un tournageÉ parce que, finalement, vous autres, dans le cinÈma, vous avez des journÈes aussi dures que les nÙtres !ª. Quant ‡ ceux que vous qualifiez de ´non professionnelsª je crois que je peux dire avec beaucoup de respect et dÕadmira-tion ´mes comÈdiensª, car je suis allÈ tout au long de ce tournage, dÕÈtonne-ment en Ètonnement devant ces gens, concentrÈs, consciencieux, et capables de comprendre et de restituer lÕesprit dÕune scËne par rapport ‡ lÕensemble de lÕesprit du film ‡ travers un tournage qui sÕest ÈtalÈ sur un an, sans que soient altÈrÈes en rien les qualitÈs que jÕallais prÈcisÈment rechercher chez eux, cÕest-‡-dire, la spontanÈitÈ, la vÈritÈ, la gÈnÈ-rositÈ et la gravitÈ. Bref, la vie !
D O C U M E N T
Le rÈalisateur
Filmographie
Courts mÈtrages Georges Rouquier est nÈ le 23 juin 190 ‡ Lunel-Vieil (HÈrault). Ouvrier typolinoVendanges192 typiste dËs lÕ‚ge de 14 ans, il est, depuiLe tonnelier194 lÕenfance, passionnÈ par le cinÈmLe charron194 spectacle populaire qui met le mondLÕÈconomie des mÈtaux entier ‡ sa portÈe. Sans cesser de traLa part de lÕenfant vailler dans lÕimprimerie jusquÕen 19Le chaudronnier194 Rouqier va apprendre pas ‡ pas lLe sel de la terre195 mÈtier de cinÈaste : la prise de vues, lLes galeries de Malgovert195 montage et la rÈalisation, ‡ lÕoccasioLe lycÈe sur la colline195 dÕun premier filmV(endanges, 1929)Un jour comme les autres lÕutilisation du son et de la post-synchrArthur Honegger195 nisation aux cÙtÈs dÕEugËne Deslaw aLa bÍte noire studio J.HaÔk de Courbevoie (au dÈbuUne belle peur195 des annÈes trente) ; lÕassistanat sur lonLe bouclier196 mÈtrage auprËs de Claude VermorelSire le Roy nÕa plus rien196 (Jeunes filles de Paris, 1936).Le marÈchal ferrant197 Dossier Distributeu Longs mÈtrages
Farrebique Sang et lumiËre Lourdes et ses miracles Noronha Biquefarre
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194 195 195 195 198
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Georges Rouquier par Philippe Haudiquet Dossier distributeur Extrait deGeorges Rouquier CinÈaste PoËte et Paysanpar Dominique Auzel -
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