Karnaval de Vincent Thomas
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

FICHE FILM
Karnaval
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D O C U M E N T
ment nuls au cinÈma) ou chez les fai seurs de comÈdies pÈtomanes. Et pour tant,Karnavalest un film qui n'Èlud pas la tripe et la trivialitÈ grasse e misogyne, les deux Ètant indissociables Il n'en reste pas moins qu'avec BÈa, so personnage juste (incarnÈ par Sylvi Testud, discrËte, piquante et Èmouvan te, dÈja vue dansMarÈe haute, u court mÈtrage de Caroline Champetier de jeune femme qui cËde ‡ la magi amoureuse, le film laisse une impres sion de dÈlicatesse et de fragilitÈ rÍveu se. De beautÈ, tout simplement. (É) Rien n'est plus difficile que la reprÈsentation intelligente des compor tements orduriers ou primitifs, mai Thomas Vincent sait signifier ce qu'il veut. Dans l'obscÈnitÈ et la sauvageri (il y a de la sauvagerie dans le dÈferle ment de la foule bariolÈe, en transe hur lante, au son assourdissant des fan fares), il dÈcËle la composante possibl d'humanitÈ. Il maÓtrise cet enjeu risqu par la mise en situation de ses hÈro dans cette fÍte paÔenne ‡ l'Ètat de sur chauffe. Il en restitue l'ampleur d dÈbordement violent (le temps disjonct o˘ chacun perd le sens du jour et de l nuit) et son envers de solitudes - accen tuÈes par le climat pluvieux, les rue vides ‡ peine pÈnÈtrÈes par de musiques euphoriques Èmanant de lieux en fÍte : on est doublement seul quand les autres sont ensemble. Le cinÈaste traite du dÈfoulement col lectif sans solliciter le rire complice de spectateurs. LÕentiËre rÈussite de so approche est affaire de cadrages I'impudeur calculÈe, d'ellipses qui n sont pas pudibondes, de rythme narrati et musical, et surtout de morale. Il aim son sujet et tous ses personnages. Il sont ses enfants du paradis. So Dunkerque en carnaval, c'est le boule vard du crime qui donne et repren l'amour entrevu. Il n'est pas de plu beau compliment : si CarnÈ et PrÈver ont conÁu le grand film de la LibÈration Thomas Vincent nous fait cadeau d'u petit film qui libËre, on l'espËre dÈfin
vement, des rab‚chÈes sur le nombrilis me et le parisianisme du nouveau cinÈ ma franÁais. Et il renoue avec un lyrism urbain que l'architecture informe d l'aprËs-guerre n'a pas tuÈ. Karnavalmonte aussi en ligne au pla social. Thomas Vincent le dit et ce sera ‡ juste titre, notÈ partout : sa rÈfÈrenc est le cinÈma anglais. Le FranÁais Ègal Ken Loach ou Stephen Frears. Son scÈ nario est dÕune prÈcision minutieus d'une tonicitÈ jamais dÈmentie dans l'al ternance de moments d'affrontement la rupture de Larbi avec son pËre et so frËre, la bagarre entre Chris, le mari jaloux de BÈa, et Larbi qui en est amou reux, le coup de poing au patron qui licencie, le dÈlire violent de Chris qui incendie la grille, et le chien de garde d l'entreprise dont il est le vigile - et d moments d'Èchanges dialoguÈs riche de subtilitÈ psychologique et d'humour De cet humour loachien qui relËve d'un appartenance de classe, d'une expÈrien ce de l'exploitation et d'une cultur populaires. Karnavalraconte comment BÈa et Larbi ont transgressÈ leurs normes, commen BÈa est restÈe avec Chris qui n'est pa le gros porc qu'il paraÓt (le travail d comÈdien de Clovis Cornillac es convaincant), et comment Larbi a bie quittÈ Dunkerque comme il l'avait dÈci dÈ avant de rencontrer BÈa. Ce serai donc une histoire d'impasse, une histoi re triste, si la derniËre image de BÈa e de Chris n'Ètait celle, en profondeur d champ, du couple enlacÈ. Il sort de l baignoire, nu et innocent comme u enfant propre, et elle va ‡ lui en le pro tÈgeant ainsi de notre regard voyeur. Il sont au dÈbut de quelque chose de nou veau o˘ nous n'avons pas ‡ Ítre. Pour Larbi, l'issue est dans Marseille quand Jean Gabin descendait les esca liers de la Casbah, il allait ‡ sa mort Quand Amar Ben Abdallah - excellent e beau comÈdien qui renouvelle l'imag trop convenue et caricaturale du Nord Africain - dans une lumiËre limpide, des
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
sa vie commence. De Dunkerque ‡É FranÁoise AudÈ Positif n∞457 - Mars 1999
A Dunkerque, le mois de fÈvrier fait vriller le moi. Carnaval dÈlie les langues chargÈes de calembredaines et de chan-sons paillardes. Carnaval dÈlasse les corps, avides de footings Èthyliques et d'unions sans lendemain. Une perruque de nylon rouge et deux faux seins felli-niens pour Christian, le vigile impulsif. Un tricorne de pirate et deux pommettes garance pour BÈa, son Èpouse mutine. Et adieu la grisaille, oubliÈs les soucis. Le couple s'offre une semaine d'amnÈsie en costumes foutraques comme tous les habitants de la ville. Tous, sauf Larbi, qui travaille dÈguisÈ toute l'annÈe. Sa panoplie orange de pantin garagiste exploitÈ par son patron de pËre, il la laisserait bien au vestiaire pour toujours. Carnaval est lÕoccasion rÍvÈe pour tout envoyer valdinguer. Pendant que Dunkerque se grime et s'at-tife, Larbi tombe le masque. Il met son pËre KO, le nez dans la boue, se dÈma-quille le visage plein de cambouis et quitte sa combinaison de travail. DÈbarrassÈ du joug paternel, Larbi peut enfin partir ‡ la conquÍte du monde. Sa virÈe d'homme libre se heurte ‡ deux portes fermÈes. Celle de la gare, vide ‡ mourir. Et celle d'un cafÈ, plein ‡ cra-quer. La troisiËme porte est la bonne, involontaire et providentielle. C'est BÈa qui l'ouvre pour enfourner dans l'appartement conjugal son mari plein comme une outre. Assis par hasard dans la cage d'escalier, Larbi l'aide ‡ porter le collosse aux pieds coupÈs par l'alcool. Il ne sait pas encore quÕil va chanceler ‡ son tour, ensorcelÈ par la corsaire carnavaleuse. BÈa commence par lui offrir un troublant strip-tease dÈtournÈ, dÈgrafant devant lui le monu--
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tenue de fÍte. Un dÈguisement qui tombe, c'est signe de changement pou Larbi. La dispute avec son pËre l'a dÈj prouvÈ. Quand BÈa lui donne un fou gueux baiser d'adieu et lui lËgue so chapeau en souvenir, le prÈsage es clair : l'amour vient de le foudroyer. U amour limpide, franc, obsessionnel. Finies les envies de fugue vers le soleil marseillais. Les tournesols agrafÈs su le galurin de BÈa l'Èblouissent dÈj‡ plu que de raison. Planques au bas de so immeuble, errances au cÏur des parades urbaines, poursuite dans le allÈes de supermarchÈ, bizutages dan les cafÈs en noubaÉ Pour se faire aimer, Larbi tente tout, et tangue entr deux mondes, le carnaval et la vie. MÈfiance, le port du masque est un ar qui se pratique partout. Larbi en fai mÍme une judicieuse tactique de sÈduc tion. BÈa le rembarre ‡ coups d remarques racistes ? Il enfile symboli quement le costume d'´Arabe qui revend de l'ÈlectromÈnagerª, qu'elle lui tend, et poursuit sous ses yeux une pas sante : ´Regarde cette vieille dame ave son sac ‡ mainÉ Je ne me contrÙle plus, ma parole !ª GÍnÈe par son propr ridicule, BÈa paraÓt distante. En fait, ell est conquise. Voil‡ toute la force de ce premier fil Èlectrisant o˘ Thomas Vincent met ‡ n le vrai visage du carnaval, lieu de rÈvÈ lation plus que de camouflage. BÈa cËd ‡ Larbi en plein bal costumÈ, dans un chambre aux allures de loge de thÈ‚tr o˘ elle l'a sciemment attirÈ pour le far der. Une scËne d'amour animale e fuyante, abrupte et essentielle, o˘ l femme adultËre joue ‡ cache-cach avec elle-mÍme. Peindre le visage d son dangereux amant pour mieux l'em brasser, voiler son torse de satin pou mieux lÕÈtreindre, BÈa doit passer p cette cÈrÈmonie de la dissimulation pou laisser Èclater ses vrais sentiments. Mais son mari possËde la mÍme scien ce. Il a besoin de dÈguiser BÈa pour l reconquÈrir. Sentant que son Èpouse le cÏur ailleurs, il improvise une boule-
versante danse nuptiale en plein bar. Dans un accËs de fureur poÈtique, il encercle la tÍte de BÈa avec une guir lande Èlectrique, Èvoquant autant l couronne d'Èpines que le diadËme d mariage, puis l'interroge ´Parce que jÕ picolÈ, quand je dis que je t'aime, Áa ne compte plus?Peut-Ítre que, justement, c'est l‡ que Áa compte vraimentɪ L‡, c'est-‡-dire dans cette fureur de cris rauques et de gesticulations clow-nesques que Thomas Vincent a captÈ in situ, pendant le vÈritable carnaval de Dunkerque. Sa camÈra ne fl‚ne pas, ell participe. Elle ne butine pas, mais v droit ‡ l'essentiel, sans chercher ‡ se faire plus nerveuse que le carnaval lui-mÍme. FiËre d'avoir ÈtÈ acceptÈe par ces fÍtards particuliers, elle leur rend discrËtement hommage tout en racon tant une superbe histoire de cinÈma. DÈmiurge respectueux des Dunkerquoi comme de ses personnages, Thoma Vincent intËgre ‡ merveille se sÈquences ´documentairesª ‡ sa fiction. A premiËre ouÔe, le folklore du carnaval ressemble ‡ de vulgaires chansons ‡ boire de fin de banquets. Mais quand Christian scande ´Les cocus, en bateau jusqu'‡ plus soif, le refrain claque comme une sinistre prÈmonition. Tou comme la danse des canards, revue et corrigÈe, qu'entonnent ses copains en transe ´T'as la main qui tremble, et le Èpaules qui bougent, t'as les pieds qu dansentɪ Ces paroles sont un Èch troublant ‡ l'Ètreinte illicite que BÈa vient de vivre avec LarbiÉ Au son de cette goualante, le visage de la jeune femme se fige, hagard et altier. Cette image d'ivre souffrance, suspendu dans les airs entre deux notes de musique Ètourdissante, est la plus bell du film. On entrevoit alors la mine Èper-due et triomphale de Sylvia Bataille dansPartie de campagne, de Jea Renoir. MÍmes nattes trompeuses mÍmes yeux ingÈnus et voilÈs, l'actric Sylvie Testud s'impose en force. Thoma Vincent fait d'elle une figure de prou Èblouissante, seul point de repËre a
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sein de ce film fluide et mouvant. (É) Marine Landrot TÈlÈrama hors-sÈrie les 60 meilleurs films de 98/99
Entretien avec le rÈalisateur
Karnavalest votre premier film, quel est votre parcours ? En quittant le lycÈe, je voulais devenir Tintin J'ai commencÈ par la photo, pho-tographe de plateau, puis assistant rÈa-lisateur. Ensuite, j'ai tournÈ deux court mÈtrages :Lady Bagen 1991, une his-toire d'amour entre une chiffonniËre dÈjantÈe et un monsieur-muscle en fau-teuil roulant. Le second,Les Mickeys, est une sorte de polar, influencÈ par l'univers de Melville. Ensuite, en 1994, j'ai commencÈ ‡ travailler surKarnaval.
Comment est nÈe l'idÈe du film ? Le point de dÈpart, c'est la dÈcouverte du carnaval de Dunkerque. Tout Áa, c'est la faute ‡ Max, Maxime Sassier, avec qui j'Ècris tous mes scÈnarios et qui est prof de philo. En 1991, il a ÈtÈ nommÈ l‡-bas. Au mois de janvier, il m'a appelÈ en me disant : "Viens voir, il se prÈpare un truc qui a l'air assez spÈcial". A Paris, je fuis les fÍtes costumÈes. L‡, je me suis retrouvÈ dÈguisÈ, en plein week-end du carnaval, ballottÈ dans la foule ! LÕidÈe du film est venue bien aprËs.
Tourner ‡ Dunkerque, c'est aussi l'envie de sortir de Paris, d'aller voir ailleurs ? Oui, j'ai beaucoup aimÈ certains films de Ken Loach, les premiers films de Stephen Frears ou rÈcemment,Les Virtuosesde Mark Herman. Des films trËs rÈalistes qui s'inscrivent dans un contexte local, social, avec une dimen-sion politique et, en mÍme temps, avec beaucoup de lyrisme. ' -
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te, c'est une vision poÈtique alors que le reste du film est plutÙt rÈaliste. Pendant le carnaval, il y a des images qui appellent au rÍve, des apparitions bizarres collÈes sur un rÈel marquÈ. Ces personnages dÈguisÈs qui surgissent au milieu des dunes, on se demande un peu qui c'est. Des sauvages, la guerre de feu ? Puis, on dÈcouvre la rÈalitÈ du lieu. Ce premier carambolage, c'est une faÁon d'annoncer de quoi sera fait le reste du film.
Quelle est l'origine du carnaval de Dunkerque ? Ë C'est la pÍche ‡ la morue au 19siËcle. Quand les marins partaient en mer pour 6 mois, ils touchaient une demie solde, trois jours avant d'embarquer, gÈnÈrale-ment autour de Mardi-gras. Pendant ces trois jours, ils mettaient la ville ‡ feu et ‡ sang ! La coutume s'est fondue avec la tradition carnavalesque. Pendant la guerre, la ville de Dunkerque a ÈtÈ tota-lement dÈtruite, c'Ètait une des der-niËres poches allemandes. Ils ne se sont rendus qu'en fÈvrier 45. Une des pre-miËres choses qu'ont fait les Dunkerquois, c'est de rÈ-instaurer leur carnaval, tambours et masques au milieu des ruines !
Le carnaval nÕest-il qu'un dÈcor ? Non, bien s˚r. Il ne s'agit pas de faire du pittoresque. Le contexte du carnaval permet de concentrer l'action du film sur 24 heures, dans un lieu trËs circonscrit. C'est comme un prisme qui magnifie les relations ‡ l'intÈrieur du trio des person-nages principaux. C'est un contexte pas-sionnant : le travestissement des corps dÈmasque les ‚mes. On rencontre quel-qu'un, on tombe amoureux et puis on s'aperÁoit que l'autre n'est pas celui ou celle qu'on croyait. Dans la vie normale on fait souvent cette expÈrience, on met juste plus de temps ‡ s'en rendre comp-te !
Larbi, le personnage principal Karnavalest un jeune beur, comm
s'est fait ce choix ? Le thËme central du film c'es nance, l'exil, Ítre de quelqu Ètranger. De ce point de vu jeune arabe, est le contrepoi navaleux dunkerquois. C'est l entre un Ètranger et des ge de quelque-part. Qu'est-ce d'Ítre un Ètranger en France que je voulais explorer. On traverse le film en suivant vue de Larbi. Au dÈpart, il racisme des FranÁais ‡ l'en Arabes. En voyant les gens s carnaval, qui est pour lui d'emblËme avec ses cha dÈguisements, Larbi se sent qu'une envie, se casser ‡ Ma fait soleil. Par hasard, il ren et il se rend compte que c femme n'est pas celle qu' Pareil pour Christian, son mar diffÈrent de ce qu'il pouv Chacun des trois va rÈviser s l'autre. Les gens ne sont pas ce qu'ils ont l'air d'Ítre.
Comment avez-vous travaill acteurs ? LÕhistoire met en scËne un c mal, ambiance Famille Brej Èviter d'Ítre pesant et de tom dans un clichÈ du Nord, j'ai Sylvie Testud et Clovis Corni vailler ‡ partir d'improvisa Vasseur mangent devant l Vasseur se prÈparent pour l etc. On allait tous les trois ‡ ils improvisaient en poussan die, ils s'engueulaient. Petit redessinÈ, affinÈ les per Sylvie et Clovis ont des c explosifs, ils dÈmarrent vit d'un couple qui pousse to tapis, on a un couple qui s'en pËte les assiettes, mais qui s'
Le film est portÈ par la musiq fares, par les chansons r
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Les paroles des chansons sont crous-tillantes ! C'est trËs impressionnant et galvanisant de se retrouver au milieu de ces fanfares qui rÈsonnent dans toute la ville. C'est une musique trËs triviale, au sens tripal ! Quand la musique s'ap-proche, Áa rÈsonne dans tout le corps.
Pourquoi un K ‡ Karnaval ? Karnavalest le titre qui s'est imposÈ. Le K est une faÁon de signaler sa spÈci-ficitÈ : un K comme Dunkerque ! Dossier distributeur
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Positif - mars 1999 Cahiers du CinÈma - mars 1999 Fiche AFCAE
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