No man s land de Danis Tanovic
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Fiche technique du film " No man's land "
Produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

FICHE FILM
No manÕs land
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
doute des convictions, on voit surtout qu'ils sont cabrÈs sur des positions de convention. Tanovic dÈbusque ainsi les postures, casse les stÈrÈotypes, et laisse deviner les signes d'une connivence, voire d'une sympathie, entre les deux adversaires -qui se dÈcouvrent mÍme une ex-petite amie commune. Plus grand-chose ne sÈpare ces deux paumÈs qui, dans une autre sÈquence, d'un burlesque insolite, sortent ensemble de leur trou en cale-Áon et tentent d'attirer par de grands gestes l'attention de leurs camps res-pectifs. Et pourtant, d'un dÈrapage ‡ l'autre, ils sont condamnÈs ‡ reprendre les hostilitÈs. Et Áa ne peut que dÈgÈnÈ-rer avec l'intrusion dans ce huis clos ‡ fleur de nerfs des comparses Ètrangers au conflit, les ´observateursª, qui ont surtout ‡ cÏur de sauver la face quand les faits ne collent pas avec leurs thÈo-ries prÈconÁues. Il y a les Casques bleus du coin appelÈs par les deux camps pour dÈnouer l'im-broglio. Ils sont de bonne volontÈ, mais les Schtroumpfs (comme on les a sur-nommÈs en Bosnie) sont ‡ la merci d'une ´chaÓne de commandementª alÈa-toire. Et puis il y a les mÈdias, reprÈsen-tÈs ici par une journaliste de tÈlÈ britan-nique (la parfaite Katrin Cartlidge) qui traque le scoop en live : plus ils prÈten-dent Ítre honnÍtes, plus ils faussent les perspectivesÉ La pertinence deNo Man's Landest renforcÈe par ce basculement : trois hommes dÈmunis qui jouent leur peau sont pris en otage dans un jeu macabre o˘ l'irresponsabilitÈ, la l‚chetÈ et le cynisme crÈent des dÈg‚ts irrÈparables. Par petites notations, Tanovic dÈzingue sËchement les faux-semblants. Il lui arri-ve de frÙler la caricature quand il tire les ficelles de ses marionnettes galonnÈes. Mais cette caricature vise juste quand il fait dire ‡ un militaire que ses supÈ-rieurs sont rÈunis ‡ GenËve pour un sÈminaire sur les relations avec les mÈdiasÉ Il force le trait ? C'est un parti pris satirique fort, o˘ l'on sent l'en
d'en dÈcoudre, de mettre les points su les i. Sans prÍcher. Sans renoncer l'humour, indispensable contrepoint a drame qui se dessine. Car le drame est inscrit dans les excË et les ridicules du show militaro-mÈdia tique qui s'est organisÈ autour de l tranchÈe fatale. Il se solde par un men songe monstrueux. Tanovic l'Èpingle d la plus fÈroce maniËre qui soit. Ave juste un plan o˘ l'atroce et le dÈrisoir sont indissociablement mÍlÈs. C'est un image de cinÈma sans parole qui s'im prime durablement dans la mÈmoire. L signature d'un cinÈaste de 32 ans qui affirme dÈj‡ un tempÈrament hors d commun. Jean-Claude Loisea TÈlÈrama - 19 Septembre 200
On pense ‡Duel dans le Pacifique de John Boorman, qui jetait Lee Marvi et Toshiro Mifune sur un atoll d Pacifique. Il y a une dimension dÈlibÈrÈ ment emblÈmatique dans la confronta tion entre Ciki (Branko Djuric), l Bosniaque au physique rugueux, u homme fait, et Nino (Rene Bitorajac), l jeune Serbe ‡ tÍte d'Ètudiant, de lycÈen presque. On sent bien que Tanovic a envie de le charger de toute une sÈrie de message sur la guerre, en Bosnie en particulier entre les hommes en gÈnÈral. Mais so instinct de cinÈaste est assez s˚r pou corriger en permanence sa volont dÈmonstrative et laisser les deux sil houettes prendre assez de chair e d'‚me pour devenir des personnages part entiËre. Cet Èpanouissement s'ac complit gr‚ce aux deux acteurs qui jamais ne renoncent ‡ la complexitÈ de Èmotions et des pulsions, mais aussi pa un coup de scÈnario qui tient ‡ la fois d l'astuce et du gÈnie, et s'avËre ‡ l'usag d'une efficacitÈ irrÈsistible. Entre Nino et Ciki, un mort s'Èveille
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
niaque que l'on croyait tuÈ, est vivant, mais Ètendu sur une mine qui explosera dËs qu'elle sera libÈrÈe de son poids. On y lira bien s˚r, comme le souhaite Tanovic, une mÈtaphore des bombes ‡ retardement qui gisent ‡ travers les Balkans. Mais parce que Cera devient lui aussi un personnage et parce que l'horreur de la situation est assez origi-nale, mÍme pour la guerre de Bosnie, No Man's Landprend, ‡ partir de l'Èveil de Cera, une autre ampleur qui se dÈploie en cercles concentriques autour du duo original. Il y a d'abord les deux armÈes croquÈes rapidement, les Serbes qui prÈfËrent gaspiller vingt obus plutÙt que de courir le risque de laisser un ennemi vivant, les Bosniaques aussi peu ÈquipÈs qu'organi-sÈs. Les deux cÙtÈs tombent d'accord pour faire appel aux Nations Unies, tant la situation dans la tranchÈe leur semble inextricable. Et dËs qu'entrent en scËne le gÈnÈral britannique au treillis impec-cablement repassÈ (Simon Callow, qui passe du col clergyman deChambre avec vue‡ l'uniforme avec une facilitÈ saisissante), le capitaine franÁais qui aimerait tellement ne pas avoir d'ennuis et son sous-officier plein d'illusions, Danis Tanovic s'installe dans la satire avec une assurance confondante. Non qu'il force tellement le trait. On peut se replonger dans les journaux de 1993 pour se convaincre du contraire. Mais il filme la farce onusienne en contenant sa colËre avec tant de fermetÈ que celle-ci, comme la vapeur d'un autocuiseur, pro-pulseNo Man's Landd'Èpisodes absurdes en saynËtes aussi comiques que terrifiantes. Encore un peu plus ‡ l'extÈrieur de la tranchÈe campent les journalistes. Ici c'est de tÈlÈvision qu'il s'agit, reprÈsen-tÈe par Jane Livingstone (Katrin Cartlidge), employÈe britannique d'une chaÓne amÈricaine. La dure condition du reporter, coincÈ entre les indigËnes per-suadÈs que les journalistes viennent ‡ la guerre pour s'enrichir gr‚ce ‡ la souf-
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chef avides d'images de souffrance qui feront monter les indices d'Ècoute et le tarifs publicitaires, est dÈcrite en troi traits, avec le mÍme talent (mais un pe plus de compassion) que Tanovic a mi dans son portrait de la machine militair onusienne. Et quelles que soient l langue et la culture des interprËtes, l jeune cinÈaste obtient d'eux la mÍm justesse, ce qui augure bien de se talents de directeur d'acteurs. (É) Thomas Sotinel Le Monde Interactif - 19 Sept. 200
(É)No ManÕs Landcommence comm un film de guerre ´traditionnelª, ave ses embuscades, ses tueries arbitraires ses moments d'attente terriblemen angoissants o˘ il ne se passe rien. Puis avec beaucoup d'habiletÈ (de roublardi se ?) Tanovic conduit ses deux protago nistes (le troisiËme n'a qu'un rÙle fonc tionnel), et nous avec, dans l'orniËre d la tranchÈe qui, coincÈe entre les deu lignes antagonistes, devient le thÈ‚tr d'une bouffonnerie tragicomique, un maniËre de miroir grossissant de l'ab surditÈ du conflit interethnique et d l'impuissance de la communautÈ inter nationale. CinÈaste mÈthodique, Tanovic procËd en deux temps pour parvenir ‡ dÈmonstration. Il orchestre d'abord face-‡-face entre Ciki et Nino, Bosniaque et le Serbe, qu'il isole d un surprenant huis clos ‡ ciel ouve Haineux par principe, les deux hom s'affrontent verbalement, se rejet mutuellement la responsabilitÈ de guerre pour aboutir au dialogue sourds, puis au non-dialogue (la men d'un fusil se substituant aux ar ments) : c'est l‡ une belle mÈtaphore dÈclenchement des hostilitÈs dans ce rÈgion des Balkans. Pourtant, trËs vi ils passent de l'orgueil nationaliste - u posture bien plus qu'une conviction une compassion mal assumÈe qui l
empÍche de s'entre-tuer. Ils se dÈcou vrent une petite amie commune et son mÍme prËs de se serrer la main. Lor d'une scËne militant pour le pacifisme, Ciki et Nino, dÈbarrassÈs de leurs ori peaux, agitent un chiffon blanc ‡ l'inten tion des deux camps adverses : duran ce court instant, ils ne sont plus que deux hommes, placÈs ‡ ÈgalitÈ (ils sont pareillement blessÈs) et contraints de coexister. Comme si le cinÈaste nous disait que les peuples qui se sont dÈchi-rÈs auraient pu continuer ‡ vivre en bonne intelligence - puisqu'il subsiste (presque) toujours une petite parcell d'humanitÈ chez les pires ennemis hÈrÈ ditaires. Fin du premier acte. DÈsormais, ce micro-ÈvÈnement qu'est la cohabitatio forcÈe entre le Serbe et le Bosniaque, ÈpiphÈnomËne dans une guerre mena Áant l'intÈgritÈ d'un pays tout entier, attire l'attention des instances supÈ rieures : les Ètats-majors en prÈsence, les forces de l'ONU et les mÈdias. C'est alors que les visÈes allÈgoriques et la charge critique de Tanovic se rÈvËlent au grand jour. ¿ la maniËre deTh Second Civil Warde Joe Dante, l cinÈaste alterne entre le point de vu individuel dans la tranchÈe (qui, d coup, passe au second plan), celui des militaires occidentaux, et enfin des Èquipes de tÈlÈvision dÈpÍchÈes su ' '-
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(Katrin Cartlidge, formidable), n'en paraÓt que plus monstrueuxÉ Face ‡ ce tragique imbroglio, Tanovic se pose une question que bien des cinÈastes d'Europe de l'Est se sont posÈe avant lui : comment rÈagir face ‡ l'absurde ? AvecUnderground, Kusturica tentait d'y rÈpondre par une volontÈ fantasmatique de rÈÈcrire lÕHistoire, et par un dÈferlement baroque et surrÈaliste d'images et de sons. Tanovic, lui, choisit l'humour. En tÈmoi-gnent, par exemple, les rÈactions symÈ-triquement semblables des deux camps face ‡ ces trois hommes piÈgÈs dans le no man's land, ou encore les Èchanges quasi comiques entre Ciki et Nino. LÕhumour se fait volontiers grinÁant quand le rÈalisateur dÈcrit l'attitude aberrante des gradÈs de la FORPRONU, eux-mÍmes tributaires des diplo-matesÉ en plein colloque ‡ GenËve ! Bien que l'issue du film n'incite guËre ‡ l'optimisme, on perÁoit chez Tanovic une certaine foi en l'homme, malheureuse-ment rattrapÈe par l'horreur de la guer-re. Car ce qu'on retiendra deNo ManÕs Land,outre sa dimension satirique, c'est que les deux protagonistes enne-mis ont failli Ítre sauvÈs par un inef-fable sentiment de fraternitÈ. La croyan-ce - fugace - que l'enfer, ce n'est pas forcÈment l'autre. Franck Garbarz ∞ -
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Propos du rÈalisateur
Quand il parle deNo Man's Land, Danis Tanovic n'a pas la voix d'un rÈali-sateur. Cette urgence, cette colËre tou-jours prÍte ‡ poindre ‡ l'idÈe de ne pas Ítre compris, sont plutÙt celles d'un ancien combattant. Tanovic Ètait Ètu-diant ‡ l'Ècole de cinÈma de Sarajevo lors du dÈclenchement de la guerre, suivi du siËge de la ville par les forces serbes au printemps 1992. Il fit partie des volontaires de la premiËre heure : "Croyez-moi, quand on a une kalachni-kov pour quatre, on se sent idiot." Il a passÈ les deux annÈes suivantes ‡ fil-mer la guerre du cÙtÈ bosniaque, deve-nant le responsable des Archives du film des forces bosniaques. En 1994, Danis Tanovic a quittÈ la Bosnie pour la Belgique. De cette sortie de la guerre il garde un souvenir "plus douloureux" encore que de la guerre elle-mÍme. Il a repris ses Ètudes de cinÈma ‡ Bruxelles. En 1999, il a Ècrit le scÈnario deNo Man's Landavec, en tÍte, deux idÈes contradictoires : "Je voulais faire un film contre la guerre", et "je suis pro-bosniaque, comme tous les gens normaux". Il ajoute : "Aujourd'hui, on n'a plus besoin d'expliquer que les juifs ont ÈtÈ les victimes du nazisme. Pourquoi expliquerais-je que les Bosniaques Ètaient des victimes d'une guerre qu'ils n'avaient pas voulue. Ceux qui veulent savoir peuvent le savoir." Sa mÈfiance, pour ne pas dire plus, ‡ l'Ègard des Serbes, transparaÓt sans cesse, qu'il Èvoque avec une indiffÈren-ce affectÈe un prix reÁu parNo Man's Landdans un festival serbe ou qu'il mette en doute la bonne foi du rÈgime de Belgrade dans sa coopÈration avec le Tribunal de La Haye. Pourtant, il reconnaÓt : "Peut-Ítre que, si j'Ètais serbe, je me sentirais comme une victime." Le noyau central deNo Man's Landest sans doute encore trop br˚lant pour que le cinÈaste puisse en parler avec sÈrÈ tÈ. Mais lorsqu'on passe aux couc
extÈrieures du film - le rÙle des Nation unies et celui de la presse -, Dani Tanovic se fait trËs incisif : "Vous trou vez que je traite l'ONU sur le mode de l farce ? C'est par gentillesse. «'aurait Èt trop dur de les montrer en train de joue au football avec les Serbes Srebrenica. Quand on regarde un femme se faire violer sans intervenir, o n'est pas neutre." Il rappelle nÈanmoin que de nombreux casques bleus ont lais sÈ leur vie en Bosnie. Mais le cinÈast garde un souvenir amer des visites d Lord David Owen et, plus encore, d FranÁois Mitterrand, dans Sarajev assiÈgÈe. Les journalistes sont un pe mieux traitÈs. "Notre sociÈtÈ fonctionn par chocs. Aujourd'hui, la Bosnie n fournit pas de chocs, on n'en parle plus Mais le pays a ÈtÈ sauvÈ gr‚ce aux jour nalistes." Le tournage deNo Man's Land, e SlovÈnie, comportait un aspect thÈra peutique. Les acteurs venaient de toute les RÈpubliques de la dÈfunt Yougoslavie. Celui qui incarne le vÈtÈra serbe qui place une mine sous le corp d'un soldat bosniaque inconscient es d'origine croate. D'autres rÙles son jouÈs par des MontÈnÈgrins, de SlovËnes ou des Serbes. Pendant qu les acteurs "yougoslaves" Èchangeaien leurs souvenirs du conflit, le Britanniques et les FranÁais qui incar nent les casques bleus ou les journa listes ont pris conscience de la rÈalit de la guerre de Bosnie.
Pour Danis Tanovic, le tournage deN Man's Landainsi que sa prÈsentation Sarajevo sont une espËce de sortie de l guerre : "Voil‡ dix ans que je vis avec Depuis la guerre, je ne fais plus de pro jets, mais je suis s˚r que mon prochai film ne sera pas sur la guerre. Je veu me prouver que je suis capable d'autr chose." Thomas Sotinel Le Monde Interactif - 19 Sept. 200
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Le rÈalisateur
De double nationalitÈ bosniaque et belge. NÈ le 20 fÈvrier 1969 ‡ Zenica (Bosnie-HerzÈgovine). En 1993, les Ètudes quÕil poursuit ‡ lÕAcadÈmie des Arts de ScËne de Sarajevo sont inter-rompues par la guerre. Responsable des archives filmÈes de lÕarmÈe bosniaque pendant les deux premiËres annÈes de guerre, ses images ont ÈtÈ reprises dans de nombreux films et reportages ‡ tra-vers le monde. Il se forme ensuite ‡ la rÈalisation ‡ lÕINSAS de Bruxelles (1995-1997). Il a rÈalisÈ depuis de nombreux documentaires. Fiche AFCAE
Filmographie
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