Trop (peu) d’amour de Doillon Jacques
4 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
4 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 44
Langue Français

Extrait

Trop (peu) dÕamour de Jacques Doillon FICHE FILM Fiche technique
France - 1998 - 1h50 Couleur
RÈalisateur : Jacques Doillon
ScÈnario : Jacques Doillon Brune Compagnon
Montage : Catherine Quesemand
InterprËtes : Lambert Wilson (Paul) Elise Perrier (Emma) Alexia StrÈsi (Margot) Lou Doillon (Camille) JÈrÈmy Lippmann (David)
L E
D O C U M E N T
presque survole la petite ville de Salins dans le Jura), un lieu dur (IÕarchitectur militaire du XVIIIe siËcle ne faisait pa dans la dentelle), rigide, blanc. Le cal caire jurassique a rÈsistÈ ‡ lÕÈrosion, rÈflÈchit la lumiËre, inscrit dans lÕimag des angles ou des courbes (fonction nelles: des vo˚tes) dont lÕaigu est sa Èquivoque. LÕexigence architectural son austÈritÈ induisent lÕexigence de sentiments, leur expression claire e coupante. La vÈritÈ de la pierre blanch et nue est un gage de la vÈritÈ de l parole de ceux qui ont choisi de vivre l‡. Paul est un cinÈaste reconnu. Il vit ave sa jeune femme Margot et une fill (Camille) quÕil a eue dÕune autre fem dans une partie du fort sobrement amÈ nagÈe : quelques piËces aux murs nus isolÈes par des portes dont la fragilit fait contraste avec lÕÈpaisseur, la pesa teur de la construction. On sait lÕimpo tance des couloirs, des coursives et de portes dans le cinÈma de Doillon, et qu pour lui les portes sont faites pour quÕo les ouvre ou quÕon les force, le lieu d Paul est aussi un lieu dÕÈchanges. Paul invitÈ une jeune fille (Emma) qui lui Ècri vait des lettres passionnÈes et vient lui soumettre un projet de scÈnario.Tro (peu) dÔamourest un film ‡ quatre per sonnages, avec un comparse (David, l petit ami de Camille) et quelques figu rants saisis dans les cafÈs du mond dÕen bas. Quatre personnages. Un homme, troi femmes. Pendant quelques jours, u thÈ‚tre de sÈduction, dÕamour (presque) de mort. Un thÈ‚tre : IÕesse tiel est dans le dit. Dans les mots, l choix des mots, la justesse des mots (le personnages de Doillon aiment les mots quÕils ont pesÈs avant de les prononce et cherchent aussi ‡ dire pourquoi ils le aiment), et, au-del‡ des mots, la vÈrit des sentiments. La diffÈrence entre l propos de Doillon et celui dÕune chaÓn de romans dÕanalyse qui balise la littÈr ture franÁaise depuis trois siËcles es que chez Doillon - le Doillon deTro (peu) dÕamou-ron sait que ses pers
nages ne mentent pas. Le parler Doillo est ici, tous risques assumÈs, un parle vrai. Pas de piËges, pas de manipula tion, pas de demi-vÈritÈs. Pas (peu dÕhÈsitations non plus. Les crÈatures d Doillon pensent leurs conduites, sÕanal sent, se disent, ils ne trichent pas. CÕe parce quÕils se jugent eux-mÍmes quÕ sÕautorisent ‡ juger les autre Impitoyables et coupants comme le arÍtes de la vieille pierre militaire. CÕe ‡ ce prix que lÕanalyse des affect IÕexpression des sentiments, le que tionnement sur la libertÈ - la limite e les risques de la libertÈ - ne sont plu trËs loin dÕune science exacte, la gÈ mÈtrie sans doute. CÕest ‡ portÈe de canon du fort d Doillon, dans le mÍme calcaire blanc mis en Ïuvre plus civilement par Claude-Nicolas Ledoux, que Pierre Kas avait situÈ sa propre leÁon de gÈomÈtri sentimentale,La morte-saison de amours. Kast (marquÈ comme Doillo par la culture protestante) travaillai aussi dans la vÈritÈ, mais sa maniËre d conteur aimable Ètait aux antipodes d lÕintensitÈ dramatique de lÕauteur dLe tentation dÔIsabelle. Je ne cite pas c titre au hasard, cÕest sans doute le fil de Doillon qui prÈparait le mieux ‡Tro (peu) dÕamour, le personnage quÕ interprÈtait Ann-Gisel Glass Ètant v comme une prÈfiguration de celui dÕ…lis Perrier. Trop (peu) dÔamourmarque le retou de Doillon ‡ sa ligne majeure, celle qui travaille cr˚ment les relations extrÍme au sein dÕun groupe o˘ les nÏuds fami liaux, la relation au pËre sont dÈtermi nants. Une ligne quÕil avait laissÈe e jachËre depuisLa vengeance dÕun femme, il y a presque dix ans. Le retou aussi ‡ ce quÕil avait appelÈ son ´aut route du Nordª, la filiËr Dreyer/Bergman et la rigueur luthÈrien ne, associÈe ‡ lÕexigence douloureus presque hÈroÔque, quÕil impose ‡ se comÈdiens. Car le meilleur du cinÈma de Doillon, c
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
ments et les mots qui en rendent comp-te, cÕest ici, comme dansLa Pirate, ou La Puritaine, ouLa vengeance dÕune femme(liste non limitative), IÕincarna-tion du propos dans deux, trois, quatre acteurs qui assument simultanÈment lÕintensitÈ, IÕincandescence du dit. Direction dÕacteurs ? On est au-del‡. Doillon dit de lui quÕen la matiËre il est un maniaque. Il fait ´donnerª aux Ítres quÕil dirige, comÈdiens chevronnÈs quÕil pousse au-del‡ dÕeux-mÍmes, comÈ-diens dÈbutants ou amateurs recrutÈs pour le temps dÕun rÙle, la vÈritÈ (la ten-sion du corps, de la voix, le mouvement dans le cadre) quÕil a pressentie en eux. Lambert Wilson trouve ici son meilleur rÙle, et pourtant Doillon nÕa fabriquÈ ‡ partir de lui que ce double tendre/tendu, fragile/orgueilleux, quÕil a si souvent cherchÈ (preuve quÕils ont lÕun et lÕautre, complÈmentaire, ce mÈlange de talent, de rage et de patience qui fait les grandes choses). …lise Perrier, blonde et rose, tendue comme un arc, confuse, odieuse, dÈlicieuse, excitante et Èner-vante comme un coup de foehn en mon-tagne, trahit ‡ la fois des dispositions Ètonnantes et lÕefficacitÈ de la mÈthode Doillon. Les deux autres sont de niveau. Tous les quatre donnent effectivement ce quÕils ont de plus beau, de plus prÈ-cieux, et le donnent ensemble. Sorcellerie ? Non. Travail de persuasion et dÕintelligence des rapports humains. Doillon sait ce quÕil veut, et se donne les moyens (le temps, entre autres, prise aprËs prise) de lÕobtenir. Il lÕobtient. Dans quel but ? On va comme souvent lui reprocher de refaire le mÍme film, de rÈitÈrer cette quÍte du vrai o˘ ses dÈtracteurs de bonne foi ne voient que complaisance ou provocation. On aura tort :Trop (peu) dÔamour(au titre Ènigmatique : qui donne trop, qui donne peu ?) est, comparÈ ‡ ce quÕil appelait naguËre ses ´tueriesª, un film non pas apaisÈ, mais en voie dÕapaisement. Quand il se termine, les dÈg‚ts sont limitÈs, et pËsent moins sans doute que
D O C U M E N T
surtout) chaudes On nÕes
Contre CÕest l Doillon. un film film de personn nelo˘ J citÈ HL un acte pait par familier. de mett Doillon dent le aiment Car il e Jacques plus su contemp lui manq a, pres caricatu ne se r cinÈast autour entre el ‚me et corps da pour lui faut, l‡ convient prÈciosi agencÈ Aucun p mise de franÁais avec D quelque propices a du co soupÁon de plus
Le problËme, cÕest que cet ensemble fini par faire recette, je ne dis pas com-merciale, mais formelle. CÕest la mise e scËne comme tambouille dÕauteur, l prÍt ‡ consommer du regard susceptibl de sÕappliquer ‡ nÕimporte quel suj pourvu quÕon y retrouve les obsession et les thËmes chers ‡ lÕ´univers d lÕartisteª. Ces sujets, ces obsession ces thËmes, nÕont plus aucun intÈrÍ Les histoires que raconte Doillon sont convenues, avec leurs doses homÈopa thiques dÕexcentricitÈ et de libertinag les acteurs deviennent pitoyables, le mots ÈchangÈs sont grotesques, l forme totalement vaine, et lÕensembl terriblement prÈtentieux. Du g‚chis. Son talent de metteur en scËne, Doillo donne lÕimpression de le perdre ‡ film des personnages ÈpuisÈs par leur propr nÈant, des dialogues qui ressemblent des tics de cinÈma et des situations ren-contrÈes sur les sentiers battus de son propre auteurisme. Un cinÈma narcis-sique, nombriliste, qui, ‡ aucun moment, ne peut sortir de lui-mÍme et retrouve la curiositÈ dÕaller voir ailleurs. Prenon Trop (peu) dÕamou,rdont le titre est u symptÙme : dÈj‡ vu, dÈj‡ lu, facile, trop facile. Le film est une sorte de ´mor ceaux choisisª du cinÈma de Doillon, entre caricature et refabrication infinie de soi par soi. Trois trËs jolies jeunes femmes se poussent du coude (physi quement et intellectuellement) afin de pratiquer le jeu de la sÈduction avec u homme m˚r, le cinÈaste de 45 ans. Dan la propriÈtÈ, somptueux domaine inves tissant une forteresse ‡ la Vauban au dessus dÕune petite ville de provinc dÈcorÈe ´up to dateª, juste ce quÕil fa de rustique et dÕartiste, tout le monde s dÈchire avec la gravitÈ et lÕinsoucianc qui siÈent aux tourmentÈs. Ballet qui fai de chacune, tour ‡ tour, une amie, un confidente, une rivale, une victime, une sÈductrice, une manipulatrice, et de lÕhomme une rÈincarnation miËvre affectÈe du libertin (´je dÈteste ce motª dit-il comme pour signer ses forfaits). Il suffit dÕÈvoquer cette histoire et ce
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
situations pour que le film sÕÈcroule, mÍme si Doillon continue ‡ ´fonction-nerª, ‡ vide, tournant son marivaudage au mËtre, se faisant littÈralement son cinÈma. Si lÕ´indulgenceª est un beau mot, comme le dit lÕun des personnages deTrop (peu) dÕamou,r ilfaut absolu-ment la refuser ‡ ce film qui nÕest quÕune impasse et un fourvoiement. Antoine de Baecque Cahiers du CinÈma n∞523 - Avril 1998
Entretien avec le rÈalisateur
DansTrop (peu) dÕamou,rle film tour-nÈ aprËsPonette, on parle moins de la mort que dans vos films prÈcÈdents. Il y a des points communs, malgrÈ les apparences, entre ces deux films. Ce sont deux filles qui se frottent ‡ la liber-tÈ, deux portraits de femmes libres ! Deux filles qui ont une espËce dÕardeur ‡ toute Èpreuve, que rien ne peut arrÍ-ter. Si on veut trouver des connexions, on les trouvera, si ce nÕest quÕ‡ chaque fois jÕai toujours la volontÈ de crÈer de nouveaux ´personnagesª (cÕest un mot que je dÈteste, je ne fais pas de distinc-tion entre lÕacteur et celui quÕil incarne). (É) Pouvez-vous nous expliquer le choix du titre ? CÕest un titre que jÔai trouvÈ ‡ la toute fin. En fait, jÕaurais prÈfÈrÈ que ce soit Trop dÔamou.rJÕai essayÈ de mettre le ´peuª le plus petit possible. JÕaurais aimÈ quÕun spectateur demande un billet pourTrop peu dÕamou,ret le sui-vant pourTrop dÕamourÉ Finalement, Áa devient ´Trop peu dÕamourª, ce qui mÕembÍte un peu car ce qui mÕintÈresse, cÕest justement le jeu entre les deux. Dans le journal de Benjamin Constant, on trouve quatre Ètapes . Le numÈro 1, cÔest ´LÕAmour physiqueª, et le numÈro ´ ª
D O C U M E N T
a le numÈro 2, ´En finir avec [Madam de StaÎl]ª, et le numÈro 3, ´Retou dÕamourª : ces deux numÈros, on le retrouve dans la mÍme journÈe Constant est lÕun des premiers ‡ avo dit nettement que, dans le cas de amours fortes et des grandes passions on va valser avec ces deux numÈros mÍme si ce nÕest pas dans les premie jours ni les premiers mois, mais plutÙ aprËs quelques annÈes. On va valse entre lÕamour et une absence. Et l‡, me semble quÕon est dans une vÈrit que peu de gens supportent, mÍme sÕil sont beaucoup ‡ la vivre. Les sentiment ne sont pas une ligne droite, une auto route. «a bouge beaucoup, et on le voi bien sur chacun des personnages d film. Si on prend le cas dÕAlexia [StrÈsi] jÕai du mal ‡ dire ´Margotª car pour m cÕest avant tout de lÕacteur, de sa p sonne, quÕil sÕagit-, son sentiment lÕÈgard de Paul bouge tout le long d film. Il y a une grande impossibilitÈ pou elle, en tant que fille plutÙt astucieus et intelligente de cette fin de siËcle celle dÕinterdire ‡ son mec tout dÈs pour une autre. Ils ne sont pas dan lÕenfermement, dans le huis clos, mai dans un espace de libertÈ o˘ ils font c quÕils peuvent. Quant ‡ Emma, elle arr ve en disant quÕelle nÕest pas une riva et plus tard elle cherche quand mÍme jeter Margot de lÕautre cÙtÈ de la vallÈ Emma se balade beaucoup entre les dif fÈrents sentiments quÕelle Èprouve lÕÈgard de Paul, et lui-mÍme se balad beaucoup avec elle. De temps en temps il sÕinterdit de sÕintÈresser ‡ cette fil l‡ ; ‡ dÕautres moments, il admet so dÈsir; et parfois il lÕassume volontier en homme de libertÈ, quasiment e libertin, et il se dit : ´Allons au bou de...ª Mais quand il essaie dÕaller a bout, il se rend compte que ce nÕest p si simple.
Vous aviez la fin du film dËs le dÈpart ? JÕavais tout, sauf lÕhistoire drÙle, jÕai entendu Alexia raconter un soir me suis dit que ce serait rigolo, en u
seule prise et sans prÈvenir les autres, dÕimproviser cette scËne. Il me semblai que je devais rendre hommage ‡ lÕextra ordinaire libertÈ dÕAlexia, en tant qu comÈdienne inconnue. (É) Entretien rÈalisÈ par Yann Tobin
et Claire VassÈ Positif n∞446 - Avril 1998
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
Filmographie
LÕan 011971 Les doigts dans la tÍte1974 Un sac de billes1975 La femme qui pleure1978 La drÙlesse La fille prodigue1980 LÕarbre1982 (TV) Monsieur Abel1983 (TV) La pirate La vie de famille1984 La tentation dÕIsabelle1985 Manguy, onze ans peut-Ítre La puritaine1986 ComÈdie !1987 LÕamoureuse La fille de quinze ans1988 Pour un oui pour un non dÕaprËs la piËce de Nathalie Sarraute (TV) La vengeance dÕune femme1989 Le petit criminel1990 Amoureuse1991 Le jeune Werther1992 Germaine et Benjamin1993 (TV) Du fond du cÏur1994 Ponette1995
Documents disponibles au France
Positif n∞446 - Avril 1998 Le Monde - 26 Mars 1998 Fiche AFCAE -
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents