Youcef de Chouikh Mohamed

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• Langue: Français

Extrait

Youcef ou La lÈgende du septiËme dormant de Mohamed Chouikh FICHE FILM Fiche technique

AlgÈrie - 1993 - 1h45 Couleur

RÈalisation et scÈnario : Mohamed Chouikh

Photo : Allel Yahiaoui

Montage : Yamina Chouikh

Musique : Khaled Barkat

InterprËtes : Mohamed Ali Allalou (Youcef) Selma Shiraz (Aicha) Youcef Benadouda (Amin) Dalila Helilou (Fatima) Mohamed Benguettaf (Ali) Azzedine Medjoubi (Lyes)

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colons, le FLN un mouvement de libÈra tion, la femme lÕÈgale de lÕhomme. cela Youcef est un pur qui nÕa pas v son rÍve dÕindÈpendance sombrer da la corruption du pouvoir, qui ne sait pa que son armÈe de rÈsistants est deve nue complice des oppresseurs, que so pays est en Ètat de guerre civile plus o moins larvÈe entre une population ren due apathique par trente ans de parti unique et un islamisme intÈgriste e totalitaire. Mohamed Chouikh joue d tous les aspects de son rÈcit pour don ner corps ‡ sa fable : il sait mettre e scËne aussi fortement lÕidÈalisme mil tant et gÈnÈreux de Youcef que son ridi cule face ‡ certaines situations dont l comprÈhension lui Èchappe. Le suje pourrait Ítre universel mais le rÈalisa teur sait lÕancrer dans une rÈalitÈ pol tique et gÈographique trËs concrËte, un rÈalitÈ historique et culturelle Ègale ment, en prenant pour base de son scÈ nario une lÈgende prÈsente aussi bie dans le Coran que dans la Bible. Au-del des intentions, Mohamed Chouikh sai filmer avec une vÈritable rigueur dÕÈcr ture ce destin brisÈ : on se souviendr des beaux plans, angoissants et mystÈ rieux, des scËnes inaugurales, dan lÕasile, et de ceux, ‡ lÕÈtrangetÈ vag ment dÈrisoire, de la caverne dÕo Youcef tente dÕappeler ‡ la rescousse l haut commandement dÕune rÈvolutio dont il est le seul, lui lÕamnÈsique, ‡ ga der le souvenir. Didier Roth-Bettoni Mensuel du CinÈma n∞15 - Mars 199

Une des meilleures surprises du festival fut sans contesteYoucef ou La lÈgen de du septiËme dormantde Mohame Chouikh, rÈalisateur algÈrien dont o avait pu voir il y a quelques annÈe (avec beaucoup dÕintÈrÍt dÈj‡)L Citadelle. De Youcef, on ne sait a dÈpart que peu de choses : enfermÈ battu, il hurle Òje suis un prisonnier poli tiqueÓ, puis sÕÈchappe et part ‡ recherche de ses amis de combat LÕAlgÈrie quÕil traverse semble en gu re. Dans les rues, on manifeste pour l dÈfense du pays et, dans un village, un femme volage pleure son enfant tuÈ Mais ‡ Youcef qui accuse les colons, o rÈpond : ÒNon, ce sont tes frËres qui on fait ÁaÓ. Cette atmosphËre mystÈrieus et inquiÈtante finit par trouver une expli cation inattendue : Youcef sÕest en rÈal tÈ ÈchappÈ dÕun asile o˘ il avait Èt internÈ ‡ la suite dÕune grave blessur qui lui avait fait perdre la mÈmoire, il y trente ans, pendant la guerre dÕAlgÈri Ceux quÕil prenait pour les ennemi dÕhier sont les extrÈmistes islamiste dÕaujourdÕhui et le pays quÕil redÈco nÕest pas celui quÕil rÍvait de construi De ce scÈnario habile lui permettant d dÈcocher dÕutiles flËches cinglante Mohamed Chouikh a tirÈ un film ‡ lÕim gination fertile qui, avec un plaisir com municatif, joue sur toute la gamme de situations (dramatiques, Èmouvantes o mÍme comiques) rendues possibles pa lÕamnÈsie de son hÈros. La force rom nesque prÈcËde ainsi le message qui nÕen a que plus dÕimpact et, si la fa va trËs loin (Youcef, devenu lÕincarnatio dÕun nouvel espoir, dÕun combat rena sant, meurt assassinÈ), la mise en scËn nÕest pas davantage ‡ court dÕargume (comme dans ce beau moment o˘, pou prouver ‡ Youcef que lÕindÈpendance ÈtÈ proclamÈe, on lui montre un extrai deLa Bataille dÕAlgerde Gill Pontecorvo). CÕest la clÈ de la rÈussit deYoucef: Ítre un bon film, indÈpen damment de lÕimportance que lui conf re dÕemblÈe son grave propo (Mohamed Chouikh lÕa dÈdiÈ ‡ lÕÈcriv

SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : [phone]

algÈrien Tahar Djaout, qui avait dÈfendu son projet en commission de censure et a ÈtÈ assassinÈ il y a quelques mois). FrÈdÈric Strauss Festival de Venise Cahiers du CinÈma n∞472 - Octobre 1993

Entretien avec le rÈalisateur

Le spectateur ne peut avancer dans lÕhistoire sans heurter un symbole propre ‡ notre culture. Avez-vous pensÈ ‡ un public Ètranger ? Il faut garder la spÈcificitÈ propre ‡ notre culture certes, mais aussi ne jamais occulter lÕaspect universel. Sans dÈnaturer lÕhistoire, le film doit Ítre vu par un maximum de gens.La Citadelle est algÈrien, de culture arabe, mais a ÈtÈ vu dans de nombreux festivals Ètran- gers et a reÁu de nombreux prix. Youcef... raconte lÕhistoire dÕun homme diffÈrent qui ose exprimer des vÈritÈs blessantes. LÕÈpoque importe peu. Ce film a ÈtÈ rÈflÈchi bien avantLa Citadellemais la conjoncture politique dÕavant 88 ne permettait pas de faire des films contre le ou les pouvoirs. AujourdÕhui, cÕest possible et on exploite cette chance.

Le personnage est au dÈbut du film, pro- blÈmatique, nous ne saurons le situer ; quelle a ÈtÈ votre dÈmarche ? Je voulais que lÕambiguÔtÈ subsiste longtemps dans le film. Il faut se placer dans la logique du personnage encore victime de son univers. La raison inter- vient quand Youcef dÈcouvre lÕhorreur que produisent les anciens combattants et lÕespace rÈpressif dans lequel ils se meuvent. Le nouveau Che Guevara est un romantique mais a des rÈactions explosives qui restent paradoxalement toujours inoffensives. Il se met ‡ chan- ger les mentalitÈs mais peut-on

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transformÈs en ÒcontrebandiersÓ commanciens compagnons, il dÈcide alors delÕassistant rÈalisateur de Mohamed cela apparaÓt dans le film ?mener tout seul la guerre afin de rendreLakhdar Hamina pourVent de sable. Le A travers ce long mÈtrage, cÕest toutjustice aux opprimÈs tel un Donfilm est dans la sÈlection officielle ‡ ma peine pour les morts nobles, pour lQuichotte. Cannes.1983 :Ruptureest prÈsentÈ ‡ rÈvolution propre, qui est exprimÈe.Mais la surprise est grande lorsquÕla quinzaine des rÈalisateurs ‡ Cannes. dÈcouvre que son pays, quÕil croyaiIl devient ´professionnelª du cinÈma Youcef nÕest-il pas quelque part lauprËs de lÕorganisme dÕEtat :occupÈ, est indÈpendant depuis long- Boudiaf de lÕAlgÈrie ‡ son retour ? TroLÕO.N.C.I.C. qui deviendra plus tard letemps et lÕindÈpendance nÕa rien chan de situations le rapellent ?‡ ses yeux.C.A.A.I.C. (Centre AlgÈrien pour lÕArt et Mon personnage est amnÈsique.Extrait dÕentretien par R. BenbouzilÕlndustrie CinÈmatographique) . Il rÈali- Boudiaf, lui, fut accusÈ de ne paEl Watan (AlgÈrie) - 10 Novembre 1993se divers courts mÈtrages et documen- connaÓtre son pays. Mais tout commtaires. 1989 :La Citadelle. PrÈsentÈ Youcef, lÕengagement de rÈtablir la judans 70 festivals internationaux le film tice est vain. LÕassassinat clÙturera soremporte une vingtaine de prix. 1993 : passage dans un pays dans lequel ilYoucefprÈsentÈ au festival de Venise avait placÈ sa confiance.et Berlin... 1997 :LÕarche du dÈsert Paradoxalement, en rÈalisant le film, jpremiËre prÈsentation en compÈtition au Le rÈalisateur ne savais mÍme pas o˘ se trouvait lfestival de Locarno... prÈsident dÈfunt.Dossier distributeur Est nÈ ‡ Mostaganem, le 3 Septembre Il nÕy a pas de parti pris dans le film. L 1943. Il a 11 ans en 1954, quand dÈbute cameraman se contente de jouer le rÙl la guerre dÕAlgÈrie. de spectateur. Quel est votre avis ? En 1962, IÕindÈpendance est proclamÈ Les faits que jÕÈvoque dans la fictio Mohamed Chouikh rejoint une troupe de sont tirÈs de la rÈalitÈ. Je montre u thÈ‚tre (qui deviendra le ThÈ‚tre Filmographie Ètat o˘ le constat dÕÈchec de la sociÈt National algÈrien). Il sÕengage activ est visible. Je lÕanalyse, sans malhe ment avec dÕautres artistes pour l reusement proposer de solutions, je nÕe construction du thÈ‚tre et du cinÈma enLÕembouchure1972 ai pas. DÕailleurs, je nÕai pas ‡ apai AlgÈrie. les consciences de certains. Youce En 1965, Mohamed Chouikh joue dansLes paumÈs1973 dÈrange, il nÕa pas de parti pris, il nÕa lÕune des premiËres grandes rÈalisation dÈpit pour personne, tout le monde a s algÈriennes :LÕaube des damnÈsdeRupture1983 part de responsabilitÈ. Pas de consen RenÈ Vautier et Ahmed Rachedi. En sus. CÕest lÕhistoire dÕun homme q 1966, il interprËte le rÙle de Lakhdar (leMaquam Echahid1984 tout ÈdifiÈ sur les principes fondamen fils) dansLe vent des AurËsde taux des droits de lÕhomme. Lakhdar Hamina. Le film a le prix de laLa citadelle1989 AprËs avoir pris les armes contre lÕinju premiËre Ïuvre ‡ Cannes. JusquÕe tice, menÈ une guerre de libÈration dan 1970, Mohamed Chouikh se consacreYoucef1993 le tourment dÕune lutte inÈgale, il e essentiellement ‡ sa carriËre dÕacte blessÈ, soignÈ et oubliÈ dans un asil psychiatrique au Sahara, o˘ il deme amnÈsique, la mÈmoire lui revi comme sÕil sortait dÕun profond so pour se retrouver dans un cauche carcÈral -, le temps nÕayant nulle altÈrÈ son sentiment combatif, il repre alors lÕinitiative et sÕÈvade pour c nuer sa noble t‚che. Sa douleur grande lorsquÕil dÈcouvre que le mo est devenu encore plus fÈroce pour l siens. NÕayant plus de contact avec

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