L’Indiscret (Voltaire)
24 pages
Français

L’Indiscret (Voltaire)

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
24 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

V o l t a i r eL ’ I n d i s c r e tL ’ I N D I S C R E TCOMÉDIE EN UN ACTEerREPRÉSENTÉE, POUR LA PREMIÈRE FOIS, LE 1 AOÛT 1725.AVEllTISSEMEXTl'OUll LA IMIKSEMK ÉDITION.� �(!(> lut aux oaux de Forircs ([ul- \oltaire composa ce petit acte dont« riiiipitoyable M. de Kiclielieu « se montrait assez content. Il fut repré- senté, avecla Mariamne, le I" août 1723. « Cette petite pièce fut repré- sentée avant-hier avecassez de succès, écrit Voltaire : mais il me parut que les loges étaient pluscontentes que le parterre. Dancourt et Legrand ont accoutumé le parterre au bascomique et aux grossièretés, et insensiblement le public s'est formé le préjugé queles petites pièces en un acte doivent (Mre des farces pleines d'ordures, et non pasdes comédies nobles où les mœurs soient respectées. » Marais, avant de l'avoirvue. rapportait ainsi le sentiment public : « Voltaire vient de donner une petitecomédie de l'In- discret, à la suite de sa Mariamne; on dit qu'il y a bi'aucoupd'esprit : C(>pendant elle a déplu à la chambre basse, qui y a trouvé peu de règlesdu théâtre, et à la chambre haute, qui s'y est trouvée trop bien dépeinte. » Lachambre haute, ce sont les loges, la haute société, la cour, un |)eu mécon- tentesdes libertés que prenait l'auteur.V Indiscret n'eut que six repré.sentations en 172-j. et fut imprimé la même année.Voici l'approbation du censeur: « Jai lu, par l'ordre de mon- seigneur le garde dessceaux, l'Indiscret, comédie, par M. de A'oltaire : ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 141
Langue Français

Extrait

pendant elle a déplu à la chambre basse, qui y a trouvé peu de règlesdu théâtre, et à la chambre haute, qui s'y est trouvée trop bien dépeinte. » Lachambre haute, ce sont les loges, la haute société, la cour, un |)eu mécon- tentesdes libertés que prenait l'auteur.V Indiscret n'eut que six repré.sentations en 172-j. et fut imprimé la même année.Voici l'approbation du censeur: « Jai lu, par l'ordre de mon- seigneur le garde dessceaux, l'Indiscret, comédie, par M. de A'oltaire : ..." />
Voltaire L’Indiscret
L’INDISCRET COMÉDIE EN UN ACTE REPRÉSENTÉE, POUR LA PREMIÈRE FOIS, LE 1 er AOÛT 1725. AVEllTISSEMEXT l'OUll LA IMIKSEMK ÉDITION. �� (!(> lut aux oaux de Forircs ([ul- \oltaire composa ce petit acte dont « riiiipitoyable M. de Kiclielieu « se montrait assez content. Il fut repré- senté, avec la Mariamne, le I" août 1723. « Cette petite pièce fut repré- sentée avant-hier avec assez de succès, écrit Voltaire : mais il me parut que les loges étaient plus contentes que le parterre. Dancourt et Legrand ont accoutumé le parterre au bas comique et aux grossièretés, et insensiblement le public s'est formé le préjugé que les petites pièces en un acte doivent (Mre des farces pleines d'ordures, et non pas des comédies nobles où les mœurs soient respectées. » Marais, avant de l'avoir vue. rapportait ainsi le sentiment public : « Voltaire vient de donner une petite comédie de l'In- discret, à la suite de sa Mariamne; on dit qu'il y a bi'aucoup d'esprit : C(>pendant elle a déplu à la chambre basse, qui y a trouvé peu de règles du théâtre, et à la chambre haute, qui s'y est trouvée trop bien dépeinte. » La chambre haute, ce sont les loges, la haute société, la cour, un |)eu mécon- tentes des libertés que prenait l'auteur. V Indiscret n'eut que six repré.sentations en 172-j. et fut imprimé la même année. Voici l'approbation du censeur: « Jai lu, par l'ordre de mon- seigneur le garde des sceaux, l'Indiscret, comédie, par M. de A'oltaire : cette pièce, où règne un comique noble et épuré, qui instruit en amusant, m'a jwru très-digne de l'impre.-^sion. Ce 3 septembre 172.'j. Secousse, y Ce ne fut qu'en 1732 que l'auteur, ainsi qu'on le verra dans les variantes, lit quelques corrections à sa pièce. ��  \ M VI) \MK LA MARQUISE DE l>RIE �� \ous, qui possédez la boaiitô, Sans être vaine ni coquette, Et rextrênie vivacité, Sans être jamais indiscrète: \ ous, à qui donnèrent Jes dieux Tant de lumières naturelles, Ln esprit juste, gracieux, Solide dans le si'rieux, Et charinant dans les bagatelles. Souffrez quon présente à vos yeux Laventure d"un ténK'raire Qui, pour s'être vanté de plaire. Perdit ce ipul aimait le mieux.
Si riiéroïne de la pièce, De Prie, eût eu votre ])eauté, On excuserait la faiblesse Ou"il eut de s'être un peu vanté. Quel amant ne serait tenté De parler de telle maîtresse, Par un excès de vanité, Ou par un excès de tendresse? ��  PERSONNAGES' �� EUl'HK.MIE. UA.M1S. HORTENSE. TRASIMON. CLIT ANDRE. NÉRINE. PASQUIN. PLUSIEURS LAQUAIS DE DAMIS. �� 1. Noms des acteurs qui jouèrent dans Mariamne et dans l'Indiscret : La Tho-r.u.LiÈRE père, Qi;inault l'aîné (Damis), DirniisxE, Duchemix père, Legrand tils, I.a THoniLMÉRE tils, DcBREUiL, Deshayes; M""s Lecol vreur, .Iouve\ot, La !\Iotte (Ku-pliémie), La Batii (llortcnso, rôle que Voltaire fit jouer aussi par .M"'-' Lecouvrcur). ni; RoccAdE (\érine). — Recette : 2 001 livres. (G. A.) ��  L'INDISCRET COMÉDIE �� SCENE I. EUPHÉMIE. DA.MIS. ELPHÉ.MIE. \'altoii(lez pas. luoii fils, qu'avec un ton s( \('re  Je déploie à vos yeux l'autorité de mère : Toujours prête à me rendre à aos justes raisons, Je vous donne un conseil, et non pas des leçons; ('/est mon cœui" (jui vous parle, et mon expérience Fait que ce cœur pour vous se trouble i)ar avance. Depuis deux mois au plus \ous êtes à la cour : \ous ne connaissez pas ce dangereux s( jour:  Sur un nouveau venu le courtisan perlide ^ Avec malignité jette un regard avide. Pénètre ses défauts, et, dès le premier jour. Sans piMé le condamne, et même sans retour. Craignez de ces messieurs la malice profonde. Le premier pas, mon fils, que l'on fait dans le monde Kst celui dont dépend le reste de nos jours : Ridicule une fois, on vous le croit toujours ; L'impression demeure. En vain, croissant en âge. On change de conduite, on prend un air plus sage, On souffre encor longtemps de ce vieux pn-jugé-. On est suspect encor lorsqu'on est corrigé ; Et j'ai vu quelquefois payer dans la vieillesse Le tribut des défauts qu'on eut dans la jeunesse: r.onnaissez donc le monde, et songez qu'aujourd'hui Il faut que vous viviez })our aous moins que pour lui. �� 1. Voltaire avait dit dans OEdipe : �� Des courtisans sur nous les inquiets regards Avec avidité tombaient de toutes parts. Afle III, se. If*- . ��  248 L'INDISCRET. DWIIS.
Jo 110 s;iis où pf'iif fciiilrc un si ioii, ous avez des talents, de l'esprit et du co'ur: Mais cro\ez (ju'on ce lieu tout rempli d'injustices. Il n'est point de vertu qui raclu'te les vices, Qu'on cite nos délauts en toute occasion, Que le pire de tous est l'indiscrétion. Et qu'à la cour, mon fils, l'art le plus nécessaire J'est pas de bien parler, mais de sa\()ir se laire. Ce n'est pas en ce lieu que la sociét(' Permet ces entretiens remplis de liberté : Le plus souvent ici l'on parle sans rien dir<': Et les plus ennuyeux savent s'y mieux conduire. Je connais cette cour : on peut fort la blâmer; Mais lorsqu'on y donuMire, il faut s'j conformer : l'our les femmes surtout, j)lein d'un ('gard extrême. l»arlez-(Mi rarement, eucor uu)ins de \ous-mênie. J'ai'aissez ignorer ce (ju'on fait, ce (ju'on dit: Cacbez ^os sentiments, et mémo \otre esprit : Siiiloiit de \os secrets so\ez toujours le malli'(^ : Qui (lit celui d'autrui doit j)asser pour un ti'aîtro: Qui dit le sien, mou (ils, passe ici ])our un sot. (hra\('z-\ous à ii'poiidi'c à cela? I) AMIS. Pas le mot ; Je suis de votre avis : je bais le caractéi-c De quiconque n'a pas le pou\()ir de se taire: Ce n'est pas là mon vice, et, loin dV-tre entiché Du défaut qui par vous m'est ici icpioclie. Je vous avoue enfin, madaui(\ eu conlidence Qu'avec \oiis trop longtemps j"ai gardt' le silence Sur un fait don! pourtant j'aurais dû vous parlei' : Mais soincnl dans la \ie il faut dissimuler. Je suis amant aime (Tune \(Mn(^ adorahle. Jeune, clianuaiite, rich(\ aussi sage f|n'aimal)le ;  S(:i;m-; f. ♦!'.) (l'csl (Idriciisc. A ce nom jn^c;-; de iikhi hoiiliciir: .liiiicz, s'il ('Uiit su, (lo hi \i\(' douleur IJç tous nos courtisans ([iii soiii)ii-('nt pour elle: .\ous leur cachons à tous notre ardeur iniitii;'lle : [/aiuoui' depuis deux jours a serré ce lien. Depuis deux jours entiers: et vous n'en savez rien. i;i l'HÉMIE. .Mais j'( tiiis à Paris depuis deux jours. DAMIS. Madame, On n'a jamais brûlé d'une si belle flamme. Plus l'aveu vous en ])lait, \)\us mon cœur est content: VA mon honlieur s'augmente en vous le racontant. ELI'HÉMIE. Je suis sûre, Damis. que cette confidence Ment de votre amitié, non de \otre imprudence. DAMIS. En doutez-^ ous ? El PHÉMIE. Eh, eh... mais eniin, entre nous. Songez au vrai ])onheur qui vient s'ofFrir à vous : Hortense a des appas : mais de plus cette Hortense Est le meilleur parti qui soit pour vous en France. DAMIS. •Je le sais. - EL PHÉMIE. D'elle seule elle reçoit des lois, Et le don de sa main dépendra de son choix. DAMIS. Et tant mieux. EL PHÉMIE. Vous saurez flatter son caractère, Ménager son esprit. DAMIS. Je fais mieux, je sais plaire.
ELPHÉMIE. C'est Jjien dit: mais, Damis, elle fuit les éclats; Et les airs trop bruyants ne l'accommodent pas : Elle peut, comme une autre, avoir quelque faiblesse ; Mais jusque dans ses goûts elle a de la sagesse, Craint surtout de se voir en spectacle à la cour, Et d'être le sujet de l'histoire du jour; ��  !;jO L'IXDISCKFT. Le sccrcl. le iiivstri'c csl tout ce (|iii la flaltc. I) \\i is. Il laiidi-a bien poiii'taiil (|ii"('nliii la clioso ('clalc. i:i IMIKMIK. Mais |)r('s (roilc, en un mot, (jucl sort vous a ])ro(liiit? Aiiil jeune homme jamais n'est chez elle introduit; Elle fuit avec soin, en personne prudente. De nos jeunes seigneurs la cohue éclatante. UAMIS. Ma foi! chez elle encor je ne suis point reçu : Je l'ai longtemps lorgnée, et, grâce au cie^l, jai plu. D'abord elle rendit mes billets sans les lire: lîicntôt elle les lut, et daigne enhn m'écrii'e. Depuis |)rés de deux jours je goûte un doux espoir; VA je dois, en un mot, rentretenir ce soir. EL PHÉMIE. Kh bien ! je veux aussi l'aller trouver moi-même. La mère d'un amant ([ui nous plaît, cpii nous ainic. Est toujours, ({ue je crois, reçue avec plaisir. De vous adroitement je veux l'entretenir. Et disposer son cœur à presser l'hyménée (}ui fera le bonheur de votre destinc'e. ObteiH'z au plus tôt et sa main et sa foi, .le \ous ) servirai : mais n'en pai-lcz i\\\'i\ moi. DAM IS. \on, il n'est point ailleurs, madame, je vous jure, I ne m( re plus tendre, une amiti(' plus pui'e : A \ous |)laire à jamais je borne tous mes vomix. EL l'IlKMIE. So\ez heureux, mon (ils. c'esl tout ce <pie je \eux. �� SCEM: II. DAMIS. Ma niéi'c n'a point lort : je sais bien (|u"eu ce inoiule Il faut, pour r( uss!r, une adresse profonde. Ifors dix ou doii/.e amis à (pii je puis parler. \\ec toute la cour je \ais dissiuiider. (là, poui" hiieiiN essayer celle prudence exlrèuie, De nos secicls ici ne parlons (pi'à nous-méme; ��  SCKM-: III. i.-ii K\aiiiiii(>iis Mil peu, siiiis U'iiioiiis, sans jiiloiix, Toiil ce ([lie la roi-liiiic a |)i'(>(ligii( pour lions.
Je liais la \anil( ; mais ce n'es! |)oi[if un \\rr Do savoir so connaître ot se rcndic jiislicc. On iTcsl pas sans osprit, on plaît: on a. je croi, \u\ [X'tits ('a])inets l'air de Tanii dn loi. Il fant ])i(Mi s'avoiior (pic l'on est l'ail à peindre: On danse, on cliante, on hoit, on sait parler el feindre. Colonel à treize ans, je pense a\('c raison (Mie Ton peut à trente ans in"iionoi'er (Tun hàlon. Ileni'enx en ce moment, heureux en es|)('i'ance, .le garderai Julie, et vais avoir lloi'tpnsp; Possossonr une fois de toutes ses beautés, Je lui le rai ])ar jour ^ingt infidélités. Mais sans troubler en rien la douceur du in('nage. Sans être soupçonné, sans paraître volage; Kt mangeant en six mois la moitié de son bieîi. J'aurai toute la cour sans qu'on en sache rien. �� SCENE III. DAMIS. TRASI.AIO.X. DAMIS. If('l bonjour, commandeur. TUASIMOX. Ave! oufl on m'estropie DAMIS. Kmbrassons-nous encor, commandeur, je te prie. TP.ASIMOX. Souffrez... DAMIS. Que je t'étoull'e une troisième fois. Tll\SIM0X. Mais ([uoi? DAMIS. Déride un peu ce renfrogné minois : Réjouis-toi, je suis le plus heureux des hommes, TI'.ASIMOX. Je venais pour vous dire... ��  L'IMMSCHKT. DAMIS. Oh: pni-hk'ii tu nfnssonnnos Avec ce front p:l;ic(' (\\\o In portes ici. Tl! \SIM() . ^
Mais je ne prétends pas vous réjouir aussi; Vons avez snr les hras luw laclieuse aflaire. DAMIS. Kh ! eli ! pas si Jàclieuse. TUASIMON. Ki'niijiie et ^aIél■e (loutre vous eu ces lieux (h'clanient hautement : Nous avez parlé d'eux un peu Jé^èrement ; Kt niénie depuis peu le vieux seigueiM" Horace Ma prié... DAMIS. Voilà l)ien de quoi je m'embarrasse! Horace est un vieux Ibu, plutôt qu'un vieux seigneur. Tout chamarré d'orgueil, pétri d'un faux honneur, Assez bas à la cour, important à la ^ille, Et non moins ignorant qu'il veut paraître habile. Pour madame Erminie, on sait assez comment Je l'ai prise et quittée un peu trop brusquement. Qu'elle est aigre, Erminie! et qu'elle est tracassière! Pour son petit amant, mon cher ami Nalère, Tu le connais un peu, parle : as-tu jamais vu Lu esprit plus guindé, plus gauche, plus tortu?... \ ])ropos, on m'a dit hier, eu coididence. Que son grand i'i'ère aîné, cet houiuie d'importance. Est reçu chez Clarice avec (pichpie laNciir: Que la grosse comtesse en cvryo de douleur. El toi, vieux couimandeur. conuueid xa la tendresse? TIIASIMOX". \ous saxez (|ue le sexe assez peu m'iut( resse. I) wiis. Je ne suis pas de m( iue; et le sexe, ma loi, A la xill(\ à la coiii', me donne assez d'emploi. Ecoute: il laut ici (|iie mou C(eiir te coiilie Un seci'et dont (h'peiid le bonheur de uia \ie, Til \SIMU-N. Puis-je \ous \ ser\ir? DAMIS. Toi'/ point du tout. ��  s ci: M- IV. Î33 Tli ASIMOX. Kli hicii! Dainis, s"il csl ainsi, ne nrcii dilcs donc rien. I) \ MIS. Lo droit de r;!iiiiti('... T R A s I M \ . C'est cette amitié niênie Qui me l'ait (■'\ilei' avec un soin e\t)"( me Le fardeau d'un secret au liasard confié, Qu'on me dit par faiblesse, et non par amitié. Dont tout autre que moi serait dépositaire. Qui de mille soupçons est la source ordinaire. Et qui ])eut nous combler de lionte et de dépit. Moi d'en avoir trop su, ^ous d'eu avoir trop dit. DAMIS. Malf^ré toi, commandeur, ([uoi que tu ])uisses dire, Pour te fîiire plaisir, je veuv du moins te lire Le billet (ju'aujoiird'liui... TUASIMOX. Par quel empress(Mnent ?... DAMIS. Ah! tu le trouveras écrit l)ien tendrement. TliASIMON.
Puisque vous le voulez enfin... DAMIS. C'est l'amour même, Ma foi, qui l'a dicté. Tu verras comme on m'aime. La main qui me l'écrit le rend cFun prix... vois-tu... Mais d'un prix... eli, morbleu! je crois l'avoir perdu. Je ne le trouve point... Holà: La Fleur! La Brie! �� SCENE ly. DAMIS. TRASLMON. plusieurs laquais. UX LAQUAIS. Monseigneur? DAMIS. Remontez vite à la galerie. Retournez chez tous ceux que j'ai vus ce matin ; Allez chez ce vieux duc... Ah! je le trouve enfin ; ��  LINDiSCRKT. Ces marauds l'ont mis là pjir pure ('toni-dciio. I A SCS sens.i Laissez-nous. Coinmaiidciir, ('coiitc, je le prie. SCÈNE V. DAMIS, TRASIMON. CLITAXDUK. l>ASOLL\. CI, rr \\ I) li K , à Pasquiii, tcnaut \in lullot à la iiiaiiK Oui, tout le Ion,";' du jour domcurc eu ce jardin : Ohsfrvo tout, vois tout, redis-moi tout, i^asquiu : Ucuds-moi couipto, on un mot, de tous les pas (THortonso Ah 1 jo saui'ai... SCÈNE M. DA.MIS. TRASIMON, CLITANDRl-;. DAMIS. Voici lo mar(iuis (jui s'avanco. Bonjour, mai"(juis. C L I T A X D R E , un liillet à la main. Bonjour. DAMIS. Ou'as-tu donc aujourd'hui? Sur ton front à longs traits (]ui diable a peint reiiiiui? Tout le monde m'al)orde avec un air si morne. Que je crois... CLITANDKK, l>as. ]\la douleur, hélas 1 n'a point de borne. DAMIS. (Jue marmoltes-lti là ? CLITANDIii:, ba-i. Que je suis malliciireiix ! DAMIS. Çà, pour \oiis (\ti;a\er, poiii' nous plaire à tous deux. l.e mar(iuis eidendi'a le billet de ma belle. Cl.rr \M)Iii: , bas, vu n'^anlant le billrl (iii'il a cntn- les mains. (Miel (•oiig( ! (|uelle lettre I lloriciise... Mil la cruelle! D A MIS, à Clitan(b(?. C'est un l)illet à l'aire expirer un jaloux.
��  SCKNH VI. CIIT \\ Dlii:. Si \()iis ("tes niiiH'. (|ii(' \()tr(' soiM est doux! I) \ \ii s. Il je r.'ilit ,i\niifr, les rciiiliics de |;i \ill('. Mil loi. ne savent point ('ciirc de ce .st\lc . ' I 11 lit.) (( Eiiliii je «•('(lo aii.x IVnx dont mon cœur est ('-pris; Je voulais le caclKM'. mais j'aime à vous le dire : Kh ! |ionr(|iioi ne \ons point ( crire  Ce que cent l'ois mes \eii\ vous ont sans donle api)i-is? Oni, mon cliej- Daiiiis. je \ous aime. D'autant pins (pie mon (•o'iir. peu pr(ipi-e à s'onflaminer. Ci'aij^nant \olre jeunesse, et se craignant lui-même, A lait ce (jn'il a pu pour ne vous ])oint aimei-. I*iiissé-je, après l'aveu d'une telle rail)]e.sse. Ne me la jamais reprocher : Plus je vous montre ma tendresse, Ht plus à tous les yeux vous devez la cacher. » TRASIMOX. \ous prenez très-grand soin d'ol)('ii- a la dame. Sans doute, et vous brûlez d'une discrète ]1ainme. CLIÏA.XDr.E. Heureux (pii, dune femme adorant les appas, r.ecoit de tels hillets, et ne les montre pasi DAMIS. Vous troinez donc la lettre... TRASIMON. Un |)eu forte. CLITAXDRE. Adorable. DAMIS. Celle qui me l'écrit est cent fois plus aimable. Que vous seriez charmés si vous saviez son nom ! Mais dans ce monde il faut de la discrétion. TRASI.MOX. Ulil nous n'exigeons point de telle confidence. CLITAXDRE. Damis, nous nous aimons, mais c'est avec prudence. TRASIMOX. Loin de vouloir ici vous forcer de parler... DAMlS. Non, je vous aime trop pour rien dissimuler. ��  rM\ i;i\i)FS(:i{FT. .]o \o\s (|iio vous poiiscz, et la roiir Jo publie, (Jiio je n'ai (rautrc allairo ici qu'avec Julie. CLITANDRE. Oii le (lit (ra|)rès vous, mais nous n'eu ci-oyous rien.
DWI is. Oli! crois... JiiS([u"à [)r('S(Mil, la cliose allait l'oit Iticii ; Nous nous étions aimés, qnilti's, i-epris encore : On en parle partout. TUASIMOX. Non, tout cela s"ignore. nAMIS. Tu crois qu'à cet oison je suis foi1 attacli( : Mais, par ma foi, j'en suis très-iaihienient touché. TU A SIMON. Ou fort, ou faiblement, il ne m'importe guère. DAMrS. La .hilie est aimable, il est ^rai, mais légère: L'autre est ce (pi'il me faut, et c'est solidement Que je l'aime. CLITANDUE. Enfin donc cet objet si charmant... DAMIS. Vous m'y forcez; allons, il faut hien vous l'apprendre Regarde ce portrait, mon cher ami Clitandre ; Çà, dis-moi si jamais tu vis de tes deux yeux Rien de j^lus a(loral)l(^ et de plus graci(Mi\. C'est Macé^ ([ui l'a ])eiiit; c'est tout dire, et je pense Que tu reconnaîtras... CLITANDRE. Juste ciel! c'est Ilortense. DAMIS. l'oui'quoi l'en étouuer? T R A s 1 M N . \ous oubliez, monsieur, Qu'Hortense est ma cousine, et clu'-ril son honneur. Et qu'un pareil aveu... DAMIS. Vous nous la doiiuc/ bonne ; J'ai six cfMisines, moi. <p'*' j ^"""^ abandonne;  Et je \()iis les \ei"rais loi'guer, tromper, (|iiitler, 1. J.-Iî. MacL', peintre de miiiuitures, mort ci 1707. ��  SCENK Vil. Iiiipriiiicr loiirs billots, sans m'en iiKjuic'tcr. Il nous forait beau voir, dans nos liumeurs cliap^rinos, Prondro avoc soin sur nous l'honnour do nos cousinos! Nous aurions trop à faire à la cour: et, ma foi, C'os>t assez (|iio cliaciiu réponde ici pour soi. THASIMON. Mais Hortonse, monsieur... DAMFS. Eb ])ien: oui, je l'adore. Elle n'aime que moi, je aous Je dis encore; Et je l'épouserai pour vous faire enrager. CLITANDRE, à part.
Abl plus cruellement pouvait-on m'outrager? DAMIS. Nos noces, croyez-moi, ne seront point secrètes: Et Aous n'en serez pas, tout cousin que vous êtes. TRASIMON. Adieu, monsieur Damis : on peut vous faire voir Que sur une cousine on a quelque pouvoir. �� SCENE VII. DAMIS. CLITAXDRE. DAMIS. Que je hais ce censeur, et son air pédantesque. Et tous ces faux éclats de vertu romanesque ! Qu'il est sec ! qu'il est brut 1 et qu'il est ennuyeux ! Mais tu vois ce portrait d'un œil bien curieux? CLITAXDRE, à part. Comme ici de moi-même il faut que je sois maître ! Qu'il faut dissimuler! DAMIS. Tu remarques peut-être Qu'au coin de cotte boîte il manque un des brillants? Mais tu sais que la chasse hier dura longtemps ; A tout moment on tombe, on se heurte, on s'accroche. J'avais quatre portraits ballottés dans ma poche ; Celui-ci, par malheur, fut un peu maltraité ; La boîte s'est rompue, un ])rillant a sauté. Parbleu, puisque demain tu t'en vas à la ville, Théâtre. I. 17 ��  !Î58 L'INDISCRET. Passe chez La Fronayo; il est cher, mais liahile; Choisis, comme pour toi, Tun fie ses diamants : Je hii (lois, entre nous, phis de \inf;t mille IVancs. Adieu : ne montre au moins ce |)ortiait ;'i personne. CLITAXDHE, à part. OÙ suis-je? D A M I S Adieu, marquis : à toi je m'abandonne; Sois discret. CLIT VNDUK, à iiart. Se peut-il ? DAMIS, revenant. ,1'aime un ami prudent : \a, de tous mes secrets tu seras conlident. Eh! ])eut-on posséder ce que le cœiir désire. Être heureux, et n'avoir ])ersonne à qui le dire? l*eut-on garder pour soi, connue un dépôt sacré, L'insipide plaisir d'un amour ignoré? ^^ C'est n'avoir point d'amis qu'être sans confiance : -C est n'être ])oint ^ ' heureux que de l'être en silence. Tu n'as vn (|u'un portrait, et qu'un seul hillel doux. CLITANDRE. Kh bien ? DAMIS. L'on m'a tlonné, mon cher, un rendez-\ous. CLITANDRE, à part. Ah ! je frémis. DAMIS.
Ce soir, pendant le bal (pToii donne, ,je dois, sans êli-e vu ni sui^i de ])ersonne, Entretenir llortense, ici, dans ce jardin. CIJTAX DUE, :'i part Voici le dei'niei' coup. \li 1 je snccomhe enlin. I) \M IS. Là, n'es-tii pas cliarnu' de ma bonne l'orliine? ei.i r \\ ni! i:. llortense doit \(uis \()ii"? D \\I IS. Oui, mon i-ber. sur la brune Mais le soleil (|iii baisse aiiieiie ces moinenls. Ces moments rortiines, (b'sin's si buigleinps. Adieu. Je vais chez toi rajnster nui pai nie. ��  SCI- NI- IX. 259  De (l('ii\ li\i('.s (II- ixiiidic (uiici' iiki cIicn cliiro, 1)0 coiif parfiiius oxqiiis iiir-lcr la douce odciir: Puis i)ar( , ti*ioni])liaiit. tout plein de mon lionlieiii-,  Jo revi(Mi(irai soudain Unir notre a\('idiire. Toi, rôde près d'ici, inar([iiis, jo Von conjiiro. IVtiii- te faire nn peu ])art de ces plaisirs si doux, Je le donne le soin (Técartor les jaloux. �� SCENE Mil. CIJTAXDKK. Ai-jo assez retenu mon troiihie et ma colère? Hélas ! après un an do mon amour sincère, Hortense on ma faveur enlin s'attendrissait ; Las de me résister, son cœur s'amollissait. Damis en un moment la voit, l'aime, et sait plaire; Ce que n'ont pu deux ans, un moment Ta su faire. On le prévient ! On donne à ce jeune éventé Ce portrait que ma flamme avait tant mérité 1 11 reçoit une lettre... Ah! celle qui l'envoie Par un pareil billet m'eût fait mourir do joie : Et, pour comhler l'afTront dont je suis outragé, Ce matin par écrit j'ai reçu mon congé. De cet écervelé la voilà donc coifïée ! Elle veut à mes yoiix lui servir de trophée. Hortense, ahl que mon cœur vous connaissait bien mail SCÈNE IX. CLITANDRE. PASQUIN. CLITAXDIIE. Enfin, mon cher Pasquin, j'ai trouvé mon ri\al. PASQl I\. Hélas 1 monsieur, tant pis. CLITAXDUE. C'est Damis que Ton aime ; Oui, c'est cet étourdi. PASQLIN.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents