Corrigé de l épreuve de  philosophie ES
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Corrigé de l'épreuve de philosophie ES

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Publié le 29 juillet 2014
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Langue Français

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BACCALAURÉAT
Série : ESÉpreuve :PhilosophieSession 2014 Durée de l’épreuve: 4h PROPOSITION DE CORRIGÉ 1
Pourquoi cherche-t-on à se connaître soi-même ? Ce sujet peut être compris de plusieurs manières. Il peut à la fois être une demande d’interrogation sur les raisons de l’introspection comme une approche critique decette forte demande qui est celle aujourd’hui de nos concitoyens de connaissance de soi.De plus, il semble supposer que nous sommes tous dans l’envie de nous connaître. Or, lorsque nous voyons nos semblables, nous avons plutôt le sentiment qu’ils s’ignorent et ne veulent pas se connaître.Mais tel n’est pas toujours le cas et du point de vue de notre «une telleactualité » approche est sans doute bien superficielle. Celle-ci néglige, en effet,le développement considérable que connaissent aujourd’hui toutes les demandes d’ordre psychologiques ou de bien-être qui se font jour. De plus, ce sujet interroge également la fameuse injonction Socratique du « connais-toi toi-même » et se demande si celle-ci est si évidente que cela, si elle estsi importante ? Pourquoi cherchons-nous tant à nous connaître et plus encore aujourd’hui? Est-ce donc si nécessaire, en avons-nous tant besoin que cela ? Ce besoin est-ilde l’ordre du nécessaireou du superflu et dans le premier cas pourquoi le serait-il ? Un tel sujet nous demande donc de déterminer des causes. Il demande de répondre à un « pourquoi »et ce faisant il est important car il interroge sur le besoin de connaissance qui est en chacun de nous pour nous aider à mieux le connaître et peut-être à le distancer lorsqu’il serait trop présent, trop marqué. Un tel questionnementn’est pas sans poser problème car nous ne recherchons pas tous, nous l’avons noté à nous connaître ou en tous les cas, nous ne sommes pas tous prédisposés de la même manière sur la question. Certains souhaitent plus se connaître que d’autres. De plus, nous ne cherchons pas tous à nous connaître pour les mêmes raisons. Alors est-il possible ici de trouver des causes universelles à ce besoin qui serait en nous ? De plus ce besoin est-il réel ? Ce sujet le poseou parait le poser comme une évidencemais est- ce bien le cas ? Pour chercher les causes de ce qui constitue (peut-être?) la marque d’un phénomène qui serait lié à notre condition humaine, il importe sans doute dans un premier temps d’interroger un tel phénomène, de se demander ce qu’il est et s’il existe. Nous verrons ensuite pourquoi il existe et ce que seraient les causes de son existence. **** Le « connais-toi, toi-même était inscrit sur le fronton du Temple de Delphes et c’est Socratequi nous dit que telle fut sa devise dans le texte écrit par Platon et qui s’intitule ,L’apologie de Socrate. Ce texte débute par une interrogation dudit Socrate, dont la Pythiequi est une forme de prophétesse -à fait l’homme le plus sage d’Athènesse demande alors ce que veut dire cette déesse car. Socrate « moi, dit-il, j‘ai conscience de n’être ni peu ni prou» (21c). Pourquoi en fait-il sa devise et que veut-il dire ici ?
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Socrate est le penseur de la réminiscence. Il croit que lorsque l’hommevient au monde, il sait déjà tout et qu’il passe ensuite son existence à oublier tout ce qu’il savait. En d’autres termes, il estime –un peu comme certains psychologues aujourd’hui –que les ignorants sont ceux qui ont rompuavec l’enfant qu’ils étaient. Il faut donc, selon lui, reprendre contact avec cet être perdu, le retrouver pour être dans la liberté et pour sortir de l’illusion.
Se connaître soi-même est en quelque sorte le but de toute philosophie pour Socrate qui est d’ailleurs le fondateur de celle-ci au sens occidental du terme au moins. Ceux qui s’ignorent vivent dans l’errance. Ce sont des égarés. Ils ne savent pas ce qui est essentiel pour eux.Dans la chute, A. Camus, évoquera ces vies « sans examenqui ne méritent pas d’être vécues». Cette idée recèle la conviction profonde que la véritable existence est une existence intérieure, que l’homme profond et l’homme vrai est un homme qui vit replié sur son être profond.Platon était l’homme deseidos, c’est-à-dire des formes ou des idées. Il pensait que l’être réel était celui qui s’approchait le plus de l’idéal. En d’autres termes, pourquoi fallait-il se connaître pour lui ? Parce qu’il s’agissait de vivre une vraie vie, la vie réelle et non pas celle de l’illusion, celle de ceux qui, comme le dit J-J Goldman, dans sa chanson « vivent leur vie par procuration ». Pour Socrate, il faut se connaître soi-même pour ne pas vivre sa vie par procuration devant son poste de télévision mais pour vivre comme on veut vivre. Or comment vivre comme on le souhaite si on ignore ce que l’on souhaite. Il faut donc se connaître soi-même pour vivre la vie qui est la sienne. Mais pourquoi la philosophie occidentale en a- t-elle fait son crédo et pourquoi une telle injonction ? Toutes les cultures ne sont pas centréesautour d’une telle demande. En d’autres termes, pourquoi une telle injonction? C’est à cette question qu’il importe de répondre à présent en nous plaçant peut-être du côté de l’histoire de la pensée. ***** Connais-toi toi-même comme nous l’avons dit est lecrédode la société occidentale. Notre monde est ordonné autour de cette injonction. Or tel ne fut pas toujours le cas et tel n’est pas le cas pour tout le monde. Pour certains, on peut vivre sans se connaître nécessairement, il suffit comme le dit la chanson du film bien connu de W. Disney de «prendre la vie du bon côté et de se satisfaire du nécessaire ». Inutile de se compliquer la vie avec ceux qui cherchent à couper les cheveux en quatre. Telle est la devise de l’ours Baloo dans le Livre de La Jungle.Il faut vivre l’instant présent. Cette « philosophie» n’est en fait que l’expression populaire et filmée d’une philosophie non moins célèbre qui est celle qui est exprimée par Epicure dans la Lettre à Ménécée. L’ours Baloo, demande au jeune Mowgli dese débarrasser du superflu et de ne vivre pour être heureux qu’en se calquant sur le nécessaire. Epicure dans le texte précité, recommande tout autant à son disciple de faire la différence entre chacun de ses désirs et de ne retenir parmi eux que de ceux qui sont nécessaires et naturels. Il faut donc exclure ce qui ne sont pas de cet ordre et qui seraient artificiels. Le bonheur implique donc mise en acte de notre nature, notre phusis engrec. Or comment être heureux et connaître cette nature sans précisément se connaître ?
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En d’autres termes, même si l’ours du Livre de la Jungle recommande une forme de simplicité de vie, on peut voir dans le dessin animé en question que le jeune Mowgli ne parvient pas à faire ce que l’ours fait avec simplicité.
En d’autrestermes, même pour vivre simplement et pour se « satisfaire du nécessaire », il faut savoir ce qui est nécessaire et naturellement pour nous, nous rappelle Epicure.
Il faut donc toujours se hâter de philosopher nous indique cet auteur, car que l’on soitjeune ou que l’on soit plus vieux, il est toujours important de vivre en fonction de ce que l’on est réellement et non par rapport à nos apparences. Et cela requiert un travail sur soi que même les pensées les plus apparemment « simples » ne peuvent ainsi offrir comme une donnée. La simplicité se gagne et elle ne s’offre pas ainsi au premier venu. Il doit se connaître pour pouvoir être heureux et se satisfaire du nécessaire qui n’est pas le même pour tout un chacun. Pour être « soi »il faut chercher à enter dans une forme de connaissance, sinon, comme le dit Ricoeur dans Soi-même comme un autre, on ne parvient pas à entrer dans l’approche réflexive, le «se » qui est lié au soi et qui nous sort de la simple logique d’un moi borné et limité.Le «soi »implique déjà pour être une recherche, un recul. Celui qui n’entreprend pas une telle recherche vit ainsi dans une prison, celle de l’apparence.Mais pourquoi le « soi » serait-il plus nous-mêmes que le « je», qu’est ce qui rend si urgent une telle recherche et pourquoi ne pas vivre dans la mondanité, la recherche du lien avec l’autre? Pourquoi ne pas se dire que l’urgence est de vivre avec les autres plutôt que de se connaître soi-même ? ***** Il y a en effet des maladies qui expriment la souffrance de ceux qui ne parviennent pas à sortir de chez eux et qui ne parviennent pas à s’ouvrir aux autres. Ces maladies ce sont celles de l’homme replié sur lui-même ou plus précisément aussi de la culture ethnocentrique qui croit que le monde tourne autour de son petit univers. Certains êtres sont perdus et jugent toujours avec violence l’étranger qui vient parmi eux pour leur apprendre d’autres manières de vivre.Ils pensent en effet que seul compte son « petit jardin» qu’il faut cultiver et ils ne parviennent pas à considérer qu’il y a autre chose dans la vie que se «connaître soi-même ». Ils estiment que tout se résume à la vie intérieure et que la seule vie vécue est celle qui s’exprime dans la solitude? Mais pourquoi sont-ils ainsi et pourquoi ne cherchent-ils qu’à se connaître eux-mêmes tout en ignorant l’autre? Les psychologues nous indiquent que cela peut s’expliquer parfois par un couple parental qui n’a pas donné à l’enfant toute la sécurité nécessaire et qui a toujours peur de prendre son envol pour aller voir ailleurs, pour découvrir d’autres manières de voir. Plus prosaïquement, comme le rappelle Durkheim dans les Formes élémentaires de la vie religieuse, chaque culture possède en elle-même un rite d’initiation par lequel il humilie le nouveau venu, qu’il soit jeune ou étranger. C’est donc le propre de toute culture d’exclure ce qui n’est pas soi. Il y aurait donc dans cette injonction de se connaître soi-même une forme de demande culturelle d’exclusion de tout ce qui serait autre et ce par peur de l’étrangeté, devenue inquiétante comme le souligne ici S. Freud dans un texte du même nom.
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On ne cherche souvent à se connaître que parce que l’on craint de connaître autre chose, parce que l’on veut fuir tout ce qui nous est étranger et peut nous inquiéter. Il y adonc parfois de l’abus dans ce type de recherche.
Certes S. Freud est l’homme qui demande d’aller à la recherche du véritable «moi » conscient et qui est souvent marqué par un inconscient qu’il ignore. Il faut se connaître pour lui car il s’agit de déjouer tout ce qui peut être inconscient en nous et qui peut nous éloigner de nous en nous obligeant à ce que nous ne désirons pas vraiment. Toutefois Freud est aussi celui qui, à la fin de son existence à écrit le « Malaise dans la culture ».Il est celui qui montre que chaque culture peut contenir en elle une part de culpabilisation excessive faite à celui qui ne sait pas ou qui ne connait pas. Trop demander à l’autre de se connaître peut être une manière pour lui de lui faire peur et de le dominer en luidisant qu’il s’ignore et ainsi lui interdire d’être heureux ou lui interdire de vivre.En conclusion, pourquoi cherche-t-on à se connaître soi-même ? Parce que nul ne peut totalement être heureux s’il ignore ce que peut être sa réelle nature, ou sa singularité. Toutefois, c’est surtout parce que la culture et la « doxa » ambiante nous culpabilise bien souvent que nous recherchons tant à nous connaître. Cette recherche est parfois pathologique, elle exprime chez certains individus une forme de narcissisme.Ils ne pensent qu’à eux ou à se connaître. Chez d’autres, elle exprime la peur de l’autre et de ce qui est étranger.Il faut donc chercher à se connaître oui mais non pas pour s’éloigner d’autrui mais pour se connaître plus encore. Car l’homme n’est pas fait pour se couper de l’autre mais pour vivre en relation avec lui sans pour autant se nier.
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