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Innovation organisationnelle 15 15 Cet article interroge les politiques et stratégies numériques des organisations et plus particulièrement la fondation d'un modèle assis sur le déplacement au sein de l'entreprise, des dispositifs 2.0 ou « social software ». À partir de la notion de performation et de travaux de l'anthropologie des sciences et techniques, la perspective d'un agencement d'innovation complexe, hétérogène et traversé de conflits, est développée. L'enquête réalisée au sein de deux grandes entreprises publiques françaises, permet de mettre en évidence les confrontations qui ont cours entre une performation théorico-doxique, une performation machinique, une performation expérimentale, une performation expérientielle et enfin une performation
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L’innovation organisationnelle sous les tensions performatives: Propositions pourl’analyse d’une co-constructionconflictuelle despolitiques etpratiquesnumériquesMaryse CarmesinPiloter l’entreprise numérique, Les Cahiers du Numérique, n° 4/2010, p15-36 Extraits
Cet article interroge les politiques et stratégies numériques des organisations et plus particulièrement la fondation d’un modèle assis sur le déplacement au sein de l’entreprise, des dispositifs 2.0 ou « social software ». À partir de la notion de performation et de travaux de l’anthropologie des sciences et techniques, la perspective d’un agencement d’innovation complexe, hétérogène et traversé de conflits, est développée. L’enquête réalisée au sein de deux grandes entreprises publiques françaises, permet de mettre en évidence les confrontations qui ont cours entre uneperformation théorico-doxique, uneperformation machinique, uneperformation expérimentale, une performation expérientielle et enfin uneperformation désirante. Deux axes majeurs de débats, associés à l’extension des pratiques socio-numériques des salariés, sont isolés : la « pression » des intranautes-internautes dont la montée en compétences s’accompagne d’une montée en exigences vis-à-vis de l’entreprise ; l’extension des territoires d’individuation professionnelle et la gouvernance des frontières info-communicationnelles normatives.
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L’innovation comme problème consiste ici à examiner comment elle se produit et se négocie à partir de la composition complexe de processus performatifs. Nous menons notre analyse à partir des travaux de l’anthropologie des sciences et des techniques conduits dans le champ économique (Muniesa, Callon, 2008), mais nous adaptons leurs apports à notre objet. En mobilisant la notion de performation, nous insistons sur l’agencement hétérogène à partir duquel émerge et s’incarne « une fabrique de l’organisation 2.0 », et ce dès les débats qui la traversent et lui donnent chair. Cette performation est envisagée en tant qu’activité distribuée, reposant non seulement sur les narrations, les agencements collectifs d’énonciation, avec leurs stratégies discursives, leurs diagrammes prescriptifs et les diverses inscriptions-supports qui en permettent la dissémination, mais aussi sur les pratiques concrètes et les technologies mobilisées. Il convient, en effet, de prendre en compte une performation non exclusivement ramenée aux « discours », en intégrant d’emblée l’action des objets, desinterfaces machiniques(Guattari, 1991 ; Lazzarato, 2006), et les pratiques hétérogènes qui leur sont associées. Bref, il s’agit de prendre la mesure des divers types de performation en lutte à l’occasion de ce procès que l’on nomme innovation.
Dans cet article, nous proposons d’examiner les tensions performatives auxquelles se confrontent le management, et plus particulièrement, celles attachées aux pratiques et expériences socio-numériques des salariés. Nous exploitons deux cas d’organisations en mettant en évidence les rapports de force entreuneperformation théorico-doxique, uneperformation machinique, uneperformation expérimentale et uneperformation expérientielle. Plus globalement, on montre que la question politique hante plus que jamais, sous des incarnations nouvelles et des affrontements inédits, la création de stratégies numériques en se constituant en véritable économie politique « des désirs » et de la raison innovatrice.
La performation des stratégies numériques d’organisations
L’agencement performatif et son questionnement
Dans les recherches portant sur la communication en milieu organisationnel, la question performative s’est éminemment centrée sur l’analyse des narrations, des sémiotiques de l’organisation et au façonnage de cette dernière par les interactions, les récits et les écritures sous leurs diverses formes, qu’elles soient ici chartes, normes, journaux internes, systèmes de gestion etc. A certains égards dans les travaux sur les organisations, la perspective a souvent maintenu
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une dissociation de « l’endogène/exogène », des dedans/dehors, quand, comme le souligne F.Cooren, il s’agirait d’envisager lesmodes d’être des organisations et des 1 processus organisants, en réassemblant le local et le global (Latour, 2006 ) et ce, afin de pouvoir aborder ces questionsd’un point de vue à la fois constitutif et performatif(Cooren, 2010).
Développé encore plus radicalement par l’anthropologie des sciences et des techniques, l’examen des processus performatifs a notamment suscité un vif intérêt en sociologie économique. Introduit dans ce champ par Michel Callon dans ses travaux sur la performativité des sciences économiques (1998), le « concept » de performativité (ou de performation) est aujourd’hui largement reconnu par de nombreux auteurs et ses implications y sont débattues (cf par exemple,Economy and Society, 2002 ;Journal of Cultural Economy, 2010). Ce phénomène, objet pluridisciplinaire, nous oblige à repenser les politiques et dispositifs organisationnels, leur élaboration, à partir de l’intervention 2 d’actants hétérogènes, en opérant non seulement « une décentration du tout langagier » (tel que proposé par rapport aux processus normatifs en organisation ; De LaBroise, Grosjean,op. cit.), mais aussi, en restituant aux actants matériels leur pleine puissance. A l’instar de M. Callon et F. Muniesa, nous préférons l’emploi de la notion de « performation » à celle de « performativité » ou « d’énoncé performatif » forgée par J. L. Austin (1970), afin de nous extraire, autant que faire ce peut, de l’emprise du langage, et privilégier la prise en compte d’une narratique non exclusivement ramenée aux discours ou aux écrits, en intégrant les conditions politiques, sociales et techniques qui participent, en associant plusieurs niveaux d’échelle, à la création d’un référentiel d’actions et au formatage des ensembles technico-organisationnels.
Bien sûr, l’activité discursive est ici essentielle, mais encore s’agit-il de prendre les discours sur les usages des TIC « dans leur pleine et entière positivité, non pas comme des discours d’accompagnement, mais comme éléments constitutifs de la « machine collective » qui donne sens à l’élément 1. Selon B.Latour, il s’agitde mener à bien la tâche qui consiste à assembler le collectif, mais seulement après avoir abandonné les raccourcis de la « société » comme l’explication du socialet de considérer queni en-dessous des interactions : il vient s’ajouter à elles le macro n’est ni au-dessus comme une autre connexion qui les alimente et qui s’en nourrit. (Latour, 2006, p. 259). 2. Le concept d’actant se réfère notamment aux travaux de la sémiotique et de la sociologie de la traduction, désignant par là les instances humaines et « non humaines » présentant une capacité à affecter ou à être affecté. Préféré à ceux d’acteur ou d’agent, utilisés par les sociologues, le terme actant permet de recouvrir non seulement les êtres humains, mais aussi les objets, les théories. Un actant correspond à toute entité (technique ou non), tout intermédiaire, déclencheur d’action.
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technique. Ils performent le monde et participent à notre auto-expérimentation, symbolique, imaginaire, réelle » (Noyer, 2006). Ces discours et récits organisent une composition de nombreux objets techniques et donnent réalité à ces « choses » qui « n’existaient pas » il y a encore quelques années : « l’e-organisation », son prolongement « l’organisation 2.0 », et tous les dispositifs, ingénieries, marchés, acteurs, objets, pratiques qui vont alors s’y rattacher. Actants humains et non humains s’agencent et participent au processus de performation dans des espaces socio-techniques, des réseaux socio-cognitifs. Pour G. Deleuze (proposant une autre perspective du dispositif de M. Foucault), l’agencement est, de manière indissoluble, « à la fois agencement machinique d’effectuation et agencement collectif d’énonciation ». À ce titre, ce dernier règle sous divers modes (non exclusivement linguistiques), la production et la distribution des énoncés, « ce qui se dit et s’échange » : « L’énoncé est le produit d’un agencement, toujours collectif, qui met en jeu, en nous et en hors de nous, des populations, des multiplicités, des territoires, des devenirs, des affects et des événements » (Deleuze, Parnet, 1977/1996, p. 65). L’agencement, dont les règles d’analyse sont rassemblées par G. Deleuze et F. Guattari dans la « conclusion » deMille Plateaux,met en jeu une pensée de la relation, de la connexion et des compositions de rapports « qui font tenir ensemble ces hétérogènes ». L’agencement se définit alors notamment par les « alliances », « alliages », « attraction et répulsion », « sympathie et antipathie », « altération » etc. qu’il facilite ou censure, et donc aussi par le potentiel de transformation qu’il permet. Il ne s’agit plus ici de poser le problème en termes de diffusion des technologies, pratiques, doxas etc. à partir de la présupposition d’un centre, mais de considérer les dynamiques, les connexions qui s’agrègent, les rapports de forces qui s’établissent entre une pluralité d’acteurs et de localités. La performation devient ainsi « un ensemble d’activités et d’événements qui instaurent ou modifient un agencement » (Callon, Muniesa,op. cit.).
Enfin, le questionnement de la performation dépasse le seul objectif de savoir si tel modèle, tel script socio-technique, sont effectivement suivis et réalisés à lettre, ou si telles théorie ou « prophétie » rencontrent les conditions 3 de félicité nécessaires à son auto-réalisation effective (Merton, 1949) . À notre sens, la performation relève aussi « du circuit virtuel/actuel » ou, pour reprendre le vocabulaire de G. Deleuze, d’une « cristallisation » (Deleuze, 4 1968) . Selon P. Levyest virtuel ce qui existe en puissance et non en acte.[ ]. En toute rigueur philosophique, le virtuel ne s’oppose pas au réel mais à l’actuel : virtualité et actualité 3. Pour Callon, le succès d’un modèle et la véracité de ses déclarations ne se distinguent pas. 4. Le virtuel dans la pensée de Deleuze, est rigoureusement distinct du possible. L’actuel et le virtuel composent la réalité comme ses deux moitiés asymétriques.
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sont seulement deux manières d’être différentes1995). En ce qui concerne les. (Levy, technologiessocial software, déjà disponibles sur internet, elles portent des virtualités qui, dans le monde organisationnel, vont s’incarner selon des formes variées. Toute décision prise quant au déploiement de technologies 2.0 au sein d’une organisation (les intégrant ou les rejetant), toute pratique professionnelle des salariés qui les utilisent « hors des murs » de celle-ci, tout programme et logiciel de réseaux sociaux d’entreprise proposés par des éditeurs, les scripts socio-techniques, les débats et passions que tout cela suscite, actualisent des formes organisationnelles qui ne cessent en même temps de se différencier des finalités annoncées et des buts affichés. Les performations qui expriment ces actualisations sont des procès complexes et en tension.
Les configurations performatives
Une pluralité de configurations performatives ont été décrites dans les travaux conduits par F. Muniesa et M. Callon. Afin d’appréhender les rapports de force et les tensions qui traversent l’agencement performatif qui nous intéresse ici, nous tentons une mobilisation des propositions de ces deux chercheurs, à notre objet, tout en soulignant les difficultés du cadre théorique utilisé. Premièrement, les auteurs appréhendent l’articulation entre une « performation théorique » et une « performation expérimentale »(rattachée aux situations d’ingénierie, aux activités des équipes projet).La première se caractérisepar des configurations dans lesquelles l’enjeu principal est de construire un monde à l’image d’une théorie, c’est-à-dire de verser sur un monde un ensemble de problèmes et solutions exprimés préalablement de manière abstraite dans un corps théorique. À bien des égards, l’examen d’une performation, mobilisant des travaux de sociologie, de 5 sciences de gestion ou des sciences de la communication, et opérant sur des rationalités organisationnelles (qui peuvent fonctionner en aveugle par rapport à ce qui les structure) ainsi que sur des usages (contraints par des programmes et interfaces des plate-formes logicielles), ouvre des problématiques de recherche 5. Une approche critique des sciences de gestion a été récemment relancée en ce sens. « Elle questionne la nature et les finalités des connaissances produites dans la discipline, dénonçant le “managérialisme” de travaux de recherche qui adoptent implicitement les finalités managériales et ce faisant les légitiment en leur conférant la neutralité d’un statut technique et scientifique. » voir la conférence AIMS 2010, Luxembourg et Palpacuer,et al,2010.
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6 stimulantes . Toutefois, celles-ci engagent un travail ethnographique et de récolte de « traces » éminemment conséquent, voire aléatoire. La « théorie » à laquelle on se réfère dans cet article est à considérer de manière plus restreinte : elle ne se situe pas au niveau académique mais dans le domaine opérationnel (associations et presses professionnelles, experts, conseillers d’entreprise, chefs de projets, organismes d’études etc.), donc plutôt du côté des contraintes dogmatiques, des prescriptions générales et normatives, qui tendent à définir un modèle info-communicationnel et organisationnel, assis sur les paradigmes du « web 2.0 ». Le résultat de cette performation, que l’on peut qualifier dethéorico-doxique, décrit un monde organisationnel et contribue à le réaliser. Elle s’incarne dans une codification collective des connaissances, dans les référentiels d’action rendus disponibles et institués par divers leaders d’opinion.problématisation », Les opérations de « processusle « d’intéressement », d’enrôlement et de « mobilisation des alliés » (selon la perspective de la sociologie de la traduction), vont impliquer de nombreuses instances-intermédiaires, parmi lesquelles on retrouve des associations 7 professionnelles, des « concours » , des cabinets conseils, des ouvrages professionnels et autres articles de presse. Sur la période de janvier 2003-mars 2010, et relativement aux acteurs spécifiques que constituent les revues professionnelles, nous avons recensé plus de 800 articles (d’origine française) concernant l’usage des RSN par les salariés avec une croissance très forte à partir de 2008 (80 % des articles sont produits à partir de cette date). « L’intranet 2.0 » devient un thème émergent abordé dans la presse d’entreprise 8 ou généraliste à partir de 2006 et, dans le même temps, plusieurs ouvrages à 9 destination des managers, s’emparent du sujet . C’est aussi une période faste 6. Pour les seuls réseaux sociaux numériques (Facebook et autres), il serait utile de ré-interroger la mobilisation explicite de la théorie des graphes, des travaux de Milgram ou encore de Granovetter, dans leurs modèles, configurations et discours de légitimation. 7. Le prix Intranet organisé par Entreprise & Carrières/Les Echos/Cegos, depuis 1998, en est une illustration. Ce dispositif porte l’autoconviction de sa puissance performative. Nous avions notamment étudié ce processus dans notre travail de thèse. 8. Sélection : « L’électronique de loisirs se décline dans le monde du travail »,Les Échos, N°19586 du 18 Janvier 2006 ; « BlueKiwi met les entreprises au Web 2.0 » ;l’Expansion,25/05/2007 ;travailleur nomade fait sa migration vers le « mobile 2.0 »,« Le Les Échos,21/05/08 ; « Le Web 2.0, un outil de gestion RH », Silicon.fr, 12/06/2008; « Les services RH se mettent au Web 2.0 » , LEntreprise.com , le 28/04/2009 ; « L’utilisation des outils Web 2.0 est encore timide dans l’entreprise »,La Vie Éco,;août 2009  3 « Comment les entreprises apprivoisent le Web 2.0 »,Les Échos,; « Les 13 oct. 2009 réseaux sociaux raniment les intranets »,Usine Nouvelle,26 mars 2010. 9. Un précurseur : L’Art du Management 2.0 , PriceWaterHouseCoopers,Les Échos, et Le Financial Times2001 ; F. Nonnenmacher, Blogueur d’entreprise, éds (coll),
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pour l’organisation de colloques et séminaires professionnels souhaitant 10 promouvoir cet « intranet du futur » . Tant Lyotard que Bourdieu, ont rappelé que la position sociale, l’autorité, le pouvoir dont est doté l’énonciateur, étaient des conditions essentielles de félicité d’un énoncé performatif (Lyotard, 1979 ; Bourdieu, 1982). Ce n’est donc pas la qualité intrinsèque de l’innovation socio-technique qui fait qu’elle va ou non s’imposer, mais la valeur dont se trouvent investis un ensemble d’intermédiaires-médiateurs parlant au nom d’autres entités. La performation théorico-doxique se trouve ainsi étroitement mêlée, dans notre cas, à ce que Callon et Muniesa dénommentperformation psychogèneet qu’ils rattachent aux croyances, aux représentations collectives, ou encore aux expériences psychiques. À ces notions, nous préférons la perspective d’un agencement traversé de subjectivités, d’intentions, de stratégies, de forces, de passions, bref, de désirs (au sens de production sociale et désirante telle que pensée par G. Deleuze et F. Guattari), alimentant alors une techno-politique des projets intranets dits 2.0. Nous désignons ce processus par le terme de performation désirante. Elle mobilise une multiplicité de mots d’ordre, slogans, diagrammes et indicateurs (les porte-parole administrent les éléments de « preuve » et les appareils d’évaluation). Tout cela participe au creusement des « chréodes temporelles et stratégiques » (Noyer, 2002), des points de passages obligés de l’action organisationnelle, et nourrit un désir de « révolution » (qui n’en reste par moins soumise au phantasme de contrôle) sans cesse relancé.
Le troisième mouvement, une « performation expérimentale », se réfère « aux situations d’ingénierie dans lesquelles la démarchepart de problèmes et de situations problématiques pour élaborerprogressivement les modèles, mesures et instruments économiques qui, mobilisés pour transformer ces situations problématiques, pourraient apporter des solutions aux questions posées. » Responsables et décisionnaires d’entreprises, dont nombre d’entre eux participent directement aux productions « théorico-doxiques », formulent et prescrivent des stratégies qui sont le résultat d’un processus réflexif sur leurs d’Organisation, 2006 ; Martin Roulleaux-Dugage ; Organisation 2.0 : Le knowledge management nouvelle génération, éditions d’Organisation ; 2007 ; G. Hamel, B. Breen La Fin du management : Inventer les règles de demain,F. Créplet et T. Jacob,Vuibert, 2008 ; Réussir un projet Intranet 2.0,; B. Jarrosson (Auteur), P.d’Organisation, 2009  éditions Kosciusko-Morizet (Préface),Vers l’économie 2.0 : Du boulon au photon...!,Les Échos, eds d’Organisation, 2009. 10. « De l’intranet traditionnel aux perspectives de l’internet 2.0 », Intracom, Paris, avril 2006 ; « Intranet 2.0 : L’ère duPeopleware : »,retour à l’utilisateur et e-transformation Intracom, Paris, avril 2007 ; « De la révolution dans l’air ; web 2.0 état de l’art », Intracom, Paris, mars 2008, « Intranet 2.0 et e-Transformation, » Intracom, Paris, mars 2009 , « Entreprise 2.0 Forum : première édition parisienne », 17 et 18 mars 2010, à l’initiative de Bertrand Duperrin…
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contingences et contraintes propres à leur organisation. Même si certains peuvent exposer des pratiques très innovantes et singulières, en recherche de valorisation, les acteurs seront souvent en démonstration de leur conformisme par rapport aux modèles institués. Par ailleurs, tel que nous l’avons montré dans une recherche portant sur la conception d’un dispositif de gestion collaborative des ressources humaines (cas Moeva, Carmes, 2008), les scripts socio-techniques (ce dont il convient de décider, les justifications, les contraintes et les effets attendus de cela), leurs cahiers des charges, ainsi élaborés au sein d’un groupe projet, vont pouvoir se déplacer d’un lieu en d’autres lieux. Dans la sociologie de la traduction, « pour qu’ils deviennent de « véritables » performatifs, les faits, les théories ou les formules doivent circuler dans des chaînes de traduction qui consolident l’assemblage des entités qui le composent et leur permet d’acquérir le statut dematters of fact(Denis, 2006). De même, « ce transport » sera favorisé (en sus des porte-parole évoqués plus haut) par les articulateurs spécifiques que constituent les éditeurs et concepteurs de solutions technologiques : ils capitalisent les développements réalisés pour un client auprès de plusieurs autres organisations clientes qui peuvent alors adopter et adapter les « standards » du premier. Les scripts socio-techniques opèrent telle une « capture » recomposant des singularités, des différences, des stratégies et des croyances locales (Carmes,op. cit.2008). Nous nous engageons alors dans un quatrième type de mouvement de performation, souligné par les deux chercheurs, qui dans le contexte des TIC, devient tout à fait remarquable : il s’agit de questionner laperformation machinique (matérielle »Callon et Muniesa emploient le qualificatif « ) résultant de l’agissement des objets techniques sur les subjectivités et les comportements. L’artefact peut être à la fois pris, dans une performation d’après-coup (leurs inventeurs peuvent se préfigurer un monde social, mais tous n’attendent pas « que le sociologue leur définisse la société dans laquelle ils vivent » (Latour, 1984, p. 67), et dans un processus de performation adossé à un « programme d’action » (Akrich, 1993). Dans notre perspective, et à la suite d’un travail initié avec J.M. Noyer (Noyer, Carmes, 2010), nous avons affaire à des « interfaces machiniques » à partir desquelles les processus de performation tentent de frayer leur voie : elles sont équipées de dispositifs de filtrages, de droits, de règles de relations, d’indexations, de recherche, de cartographies, de systèmes d’annotation, de logiciels et d’écritures hypermédias diverses, quise constituent en « milieux » où se définissent et s’alimentent les pragmatiques internes et externes des machines socio-techniques, des semiopolitiques organisationnelles. Ces interfaces machiniques entrent en couplage avec le cinquième mouvement que nous proposons d’étudier ici, à savoir laperformation
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expérientielle: elle se réfère pour nous, aux situations où la négociation des modèles s’effectue à partir des expériences et pratiques numériques des salariés.
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