CHOISIR LES MOTS ET APPROPRIER STRICTEMENT LE VOCABULAIRE - HAL ...
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CHOISIR LES MOTS ET APPROPRIER STRICTEMENT LE VOCABULAIRE - HAL ...

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Extrait

« CHOISIR LES MOTS ET APPROPRIER STRICTEMENT
LE VOCABULAIRE À LA PENSÉE » À L'ÉPOQUE MÉDIÉVALE
X.-L. Salvador
Le présent article s'inscrit dans la continuité de la réflexion que nous avions entreprise en Italie
alors que nous posions les bases d'une étude linguistique des procédés à l'oeuvre dans le discours
des traductions des Bibles au Moyen Âge, et de leur rapport avec la lexicographie bilingue. Nous
souhaiterions en effet poser le postulat suivant: c'est à travers le travail « sur le mot » que se
manifeste la pensée « du mot » particulièrement opérante dans les traductions des clercs de
l'Université médiévale. A partir de ce postulats fondamental, nous souhaiterions défendre l'idée qu'il
existe un concept opératoire du mot dont nous nous efforcerons de montrer qu'elle est théorisée de
manière indirecte dans l'oeuvre grammaticale d'Isidore de Séville, elle-même tributaire de la
tradition grammaticale d'Aristote et de Donat. Enfin, nous nous efforcerons d'illustrer notre propos à
travers le répertoire d'exemples de phénomènes de traduction propres à la traduction de la Bible en
prose au Moyen Âge particulièrement propres à souligner cette pensée issue d'une tradition antique.
Il existe donc une tradition du mot depuis l'Antiquité, mais une tradition qui ne dit pas son nom. En
effet, l'idée même du « mot » conçue comme une unité minimale porteuse de sens indifféremment
de sa nature et de sa relation aun discours ne se manifeste pas en tant que telle, en tant que théorie
du sens.
Différence
Disons peut être que de manière sommaire, la tripartition latine « verbum, vocabulum, mottum »
suffit à elle-seule à illustrer la pensée antique du mot « mot ». Notons dans un premier temps que si
les deux premiers « verbum » et « vocabulum » sont présents régulièrement dans les huit premiers
livres des
Origines
d'Isidore de Séville par exemple, le troisième quant à lui n'est pas attesté.
L'opposition sémantique entre les deux premiers termes repose sur la réalisation physique du son.
Nous reconnaissons ainsi dans le terme « vocabulum » la racine latine « vox » (« la voix ») alors
que l'étymologie de « verbum » fait entendre la racine grecque, plus ancienne et partant plus noble,
du verbe qui voulait dire « parler ». De la dépréciation de l'origine contemporaine, latine, du terme
« vocabulum » naît la répartition du spectre sémantique des deux termes se partageant autour d'un
axe concret-abstrait, « verbum » renvoyant à l'idée du mot et « vocabulum » à sa réalité concrète
dans le discours. La première occurrence en revanche du mot français issu de « mottum », à savoir
notre mot « mot » d'aujourd'hui, date du XIe siècle. Or, conformément à l'étymologie en bas-latin de
« mottum » (« le grogrement »), « mot » apparaît d'abord comme le résultat de la profération.
Comparons par exemple ces différents extraits de la
Chanson de Roland
:
N'i ad paien qui
un sul mot
respondet (Livre II).
N'i a celui qui mot sont ne mot tint (ib. XX).
Il lur a dit un mot curteisement (ib. LXXXIX).
De nos franceis [il] va disant si mals moz, (ib. XCI).
Nous constatons que sur l'ensemble de ces occurrences, « mot » fonctionne comme synonyme de
discours et entre dans des locutions figées comme « sonner mot », « tinter mot », « dire mot » qui
accordent avec l'idée principale de réalisation physique. Il est intéressant de voir que ces acceptions
originales s'éloignent du sens d'une occurrence comme celle que nous relevons chez Froissart
lorsque ce dernier écrit « [les deux Anglais] ne savoient mot de françois, et l'escuier ne savoit mot
d'anglois
1
». Il est donc logique de trouver sous la plume du même auteur l'une des premières
1 Froissart,
Chroniques
, II, II, 67.
1/7
halshs-00457235, version 1 - 16 Feb 2010
Manuscrit auteur, publié dans "Le Français Moderne 1, 1 (2009) 18"
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