Made in France - l industrie française dans la compétition mondiale
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- une première partie sur : la compétitivité de l'industrie française, réalités et défis
- une deuxième partie sur : quelles stratégies pour les acteurs industriels ?
- une troisième partie : le rôle des pouvoirs publics

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Langue Français

Extrait

DOMINIQUE TADDEI BENJAMIN CORIAT
MADE IN FRANCE
L’INDUSTRIE FRANCAISE DANS LA COMPETITION MONDIALE
Résumé par Benoît SALOMEZ
Code Bibliothèque : 019/95 -------------------------------------------------------------------------------------
Made in France s'inscrit dans le cadre d'une mission réalisée par Benjamin CORIAT et Dominique TADDEI en 91-92 à la demande du ministère de l'industrieet du commerce extérieur et du commissariat général au plan.
A l’aube du troisième millénaire et à l’heure des grands bouleversements de l’économie mondiale, qu’en est-il aujourd’hui de l’industrie française? Made in France propose un diagnostic complet sur l’état réel de notre économie et mesure les véritables capacités de notre appareil industriel à affronter, d’un côté, la compétition européenne, et, de l’autre, la compétition mondiale. Partant d’une investigation approfondie, au cours de laquelle ils ont consulté des centaines d’experts internationaux, de chefs d’entreprise, de responsables syndicaux et politiques, Dominique TADDEI et Benjamin CORIAT dressent un bilan de la situation et proposent un ensemble de solutions pour œuvrer dans le sens d’un renforcement durable de la machine productive nationale.
La première partie est consacrée à une appréciation de l’état actuel de l’économie française et de sa compétitivité, la seconde , partant de l’analyse des comportements actuels des entreprises françaises, fait une large place aux difficultés qu’elles rencontrent dans la réorientation de leurs stratégies. La troisième partie est consacrée au rôle des pouvoirs publics et à la politique industrielle.
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Sommaire
SOMMAIRE..............................................................................................................................2
PREMIERE PARTIE LA COMPÉTITIVITÉ DE L’INDUSTRIE FRANÇAISE : RÉALITÉS ET DÉFIS. ............................................................................................................3 I-DÉSINFLATION ET COMPÉTITIVITÉ,DEUX RÉALITÉS BIEN DISTINCTES. ..................................3 La désinflation a réussi….....................................................................................................3 …mais elle n’est pas synonyme de compétitivité .................................................................3 II-L’INDUSTRIE FRANÇAISE,LUMIÈRES ET OMBRES. ................................................................4 III-LA NOUVELLE DONNE INDUSTRIELLE. ................................................................................4 DEUXIEME PARTIE QUELLES STRATEGIES POUR LES ACTEURS INDUSTRIELS ? QUALITÉ, IMPLICATION ET COOPÉRATION ...............................6 I-IMPLIQUER LES SALARIÉS:DE LORGANISATION DU TRAVAIL À CELLE DE LA PRODUCTION..6 II-COOPÉRER AU SEIN DES ENTREPRISES. .................................................................................7 III-COOPÉRER ENTRE ENTREPRISES..........................................................................................7 TROISIEME PARTIE CONSTRUIRE DES AVANTAGES COMPÉTITIFS : LE RÔLE DES POUVOIRS PUBLICS........................................................................................9 I-VERSUNEPOLITIQUEINDUSTRIELLECOMMUNAUTAIRE...................................9 II-UN NOUVEL ART DE LA SÉDUCTION:LATTRACTIVITÉ DU TERRITOIRE. ...............................9 III-IMPULSER,ANTICIPER:POLITIQUE TECHNOLOGIQUE ET MARCHÉS DU FUTUR. .................10 CONCLUSION .......................................................................................................................12
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PREMIERE PARTIE La compétitivité de l’industrie française : réalités et défis.
I- Désinflation et compétitivité, deux réalités bien distinctes.
La désinflation a réussi…
C’est en 1982-1983 que la France s’est engagée dans une stratégie dite de «désinflation compétitive». 10ans plus tard, la désinflation menée avec constance, malgré deux alternances politiques, sous quatre ministres des finances différents, a fait de la France le pays européen qui respecte le mieux les grands équilibres nominaux, celui dont la stabilité monétaire est la mieux assurée. - L’indicegénéral des prix tombe de 13.5% en 80 et 81 à environ 3%à partir de 86. Les circonstances internationales étaient certes favorables à partir de 85 (contre-choc pétrolier et baisse prononcée du dollar) mais la performance relative au sein de la CEE reste éloquente. - Deplus, l’assainissement des finances publiques a été mené à bien : le déficit des administrations publiques reste parmi les plus faibles au sein du G7. - Lefranc français a rejoint le camp des monnaies fortes: sa parité avec le mark allemand est stabilisée. Il s’en est suivi une quasi-disparition du différentiel de taux d’intérêt avec l’Allemagne. - Lesfinances des entreprises françaises sont très largement restaurées sous le double effet d’une fiscalité allégée (le taux de l’impôt sur les sociétés est passé de 50% à 42% en 88 puis à 34% en 92) et d’un partage profit-salaires beaucoup plus favorable aux entreprises.
…mais elle n’est pas synonyme de compétitivité
Cette désinflation incontestablement réussie, est-elle pour autant «compétitive » ? Les experts sont partagés: pour les uns, la désinflation signifie plus de compétitivité par définition, dès lors que cette dernière correspond aux prix relatifs d’un pays par rapport à ceux de ses concurrents. Pour les autres, la désinflation s’avérerait compétitive de par le rétablissement observé de nos comptes extérieurs.
Qu’appelle-t-on compétitivité? La compétitiviténe peut être qu’une notion comparative. Elle ne peut s’apprécier que sur une période relativement longue, en valeur et non pas principalement en volume
Jadis, le problème de compétitivitéétait ramené à des problèmes de prix qui se ramenait à une compétitivité-coût. On considérait que, le prix du capital et des
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consommations intermédiaires étant des prix internationaux, la compétitivité se jouait sur la masse salariale. Désormais, on leur répond que la compétitivité-prix est importante mais que la qualité des produits l’est aussi. Le prix du capital et des consommations intermédiaires sont internationaux mais leur productivité peut être éloignée ce qui entraînera des coûts unitaires très différents. Les ressorts fondamentaux de la compétitivité ne se situent plus au niveau des prix mais plus au niveau des caractéristiques des produits (Qualité, différenciation de l’offre, efficacité des réseaux d’après vente, la rapidité de mise en marché, la spécialisation sectorielle et/ou géographique, l’efficacité des coopérations externes, la bonne image de la firme et/ou des marques). La compétitivité-prix n’est cependant pas à négliger.
Il reste des progrès à effectuer pour améliorer la compétitivitédans certains domaines de coûts de production mais surtout dans l’immense champ de la compétitivité hors-prix.
II- L’industrie française, lumières et ombres.
L’impression générale qui se dégage au niveau macro-industriel est très franchement négative. Pendant une douzaine d’années (1973-85), l’industrie française ne cesse de végéter : stagnation de la production, recul sévère de l’emploi, faiblesse de l’investissement et encore plus de son efficacité. Le redressement de la demande mondiale dans la deuxième moitié des années 80rencontre un appareil productif affaibli.
En 1991, l’INSEE recense 2.4 millions d’entreprises, pour l’essentiel de très petite taille. Les PME (de 10 à 499 salariés) représentent 6.4% de l’ensemble des entreprises mais emploient 47% de l’effectif total des salariés. Les grandes entreprises (plus de 500 salariés) ne représentent que 0.08% des entreprises et emploient 31% des salariés.
Les implantations industrielles actuelles datent largement des trente glorieuses: on décentralise les emplois peu ou moyennement qualifiés et on concentre dans la région parisienne les fonctions de conception et de décision. Dans la deuxième moitié des années 80, la sélectivité spatiale de l’évolution de l’emploi s’accentue fortement. Il y a une très forte concentration quantitative sur la région capitale avec 39% du solde national de création d’emplois et davantage si l’on inclut les départements limitrophes. Il y a également une concentration qualitative, reflet d’une organisation spatiale profondément taylorienne. Ceci constitue un handicap de plus en plus lourd pour la plus grande part du pays, alors que la localisation de nouvelles activités paraît de moins en moins guidée par la minimisation des coûts salariaux, mais davantage par des relations de proximité.
III- La nouvelle donne industrielle.
L’incertitude est devenue une donnée permanente, et les anciennes régularités construites dans l’après-guerre, qui assuraient aux entreprises un cadre et des règles stables, sont aujourd’hui dissoutes.
Le processus de mondialisation est plus dynamique que jamais. On assiste à une internationalisation des marchandises, des capitaux et des savoirs que l’on désigne sous le
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nom de globalisation. L’internationalisation des firmes françaises s’effectue par la délocalisation des activités bien plus que par les exportations de marchandises, accentuant le caractère «global » de la stratégie des entreprises françaises. Cette globalisation s’effectue en recourant toujours davantage à la croissance externe (75% en 92) et prioritairement à l’étranger (70% de la croissance externe).
On est désormais dans une ère qui marque la fin des avantages acquis. Les firmes sont contraintes de travailler au renouvellement des avantages compétitifs, dans un jeu où les positions acquises peuvent à tout moment être contestées et bousculées par de nouveaux arrivants. Pour caractériser l’état nouveau des marchés, et des formes de concurrence, on dira qu’on assiste, parmi les nouvelles dimensions de la compétitivité, à la montée en puissance de deux attributs désormais cruciaux : la qualité des produits et des services offerts et la capacité pour les entreprises de les adapter aux marchés ou d’anticiper leurs évolutions.
Les bénéfices obtenus par la désinflation et la rigueur salariale, et donc la baisse de nos prix par rapport à ceux de la plus part de nos concurrents étrangers, atteignent désormais leurs limites. Sans inverser cette politique, une approche globale de la compétition conduit à privilégier les dimensions nouvelles, qui reposent essentiellement sur l’amélioration constante de la qualité des processus et des produits. C’est là où l’industrie a su résolument s’engager dans la voie de l’innovation et de la qualité que les performances sont les meilleures.
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DEUXIEME PARTIE QUELLES STRATEGIES POUR LES ACTEURS INDUSTRIELS ? Qualité, implication et coopération
I- Impliquer les salariés : de l’organisation du travail à celle de la production.
Dans la décennie 1980, converge, sur le plan de la technologie et celui de l’organisation, des évolutions majeures qui ont pour objet et effet de renouveler en profondeur les supports classiques de la compétitivité des entreprises. D’un point de vue technologique, on est entré dans l’âge de l’automatisation flexible. Le point important est que, cette nouvelle génération de technologie permet de faire face, avec des coûts et des délais réduits, aux contraintes de différenciation et de variabilité caractéristiques des marchés actuels. Au niveau des modes d’organisation du travail, une nouvelle école d’origine japonaise s’affirme.La voie japonaise procède par dé-spécialisation des professionnels pour les transformer non en ouvriers parcellaires, mais en travailleurs multifonctionnels, en professionnels polyvalents. Sur le plan économique, cet ensemble d’innovations se caractérise ainsi par le fait que la productivité est recherchée, par polyvalence et mobilisation des forces de travail, plutôt qu’en suivant les méthodes de la grande série et de la parcellisation. Ce dispositif permet l’accumulation surune longue période d’effets d’expérience.
L’efficience productive repose désormais plus sur la productivité globale des facteurs de production, du capital et des consommations intermédiaires, que sur l’intensité du travail proprement dit. La conjonction de nouvelles technologies et de marchés devenus largement incertains exige des compétences nouvelles : polyvalence, travail coopératif et implication des travailleurs. Une telle implication est désormais requise tant par la nature des technologies modernes, que pour satisfaire aux exigences de la qualitéet de la différenciation des produits.
On distingue les implications de court terme et les implications de long terme. A court terme, l’implication des salariés consiste à valoriser les savoir-faire préexistants selon différentes modalités: la communication interne, la sanction ou l’intéressement financier. A long terme, l’objectif est d’accumuler de nouveaux savoir-faire. La seule stratégie qui puisse convaincre les salariés de s’impliquer durablement repose sur le triptyque formation-qualification-promotion.
L’implication n’est guère simple à mettre en œuvre, du coté des entreprises, on insiste sur les difficultés et les obstacles qu’il faut affronter: le fort vieillissement de la main d’œuvre, sa faible qualification initiale…L’expérience montre qu’il faut mettre en place une organisation qualifiante et évolutive. Une organisation qualifiante est une organisation qui, partant des niveaux existants de qualificationet de formation des salariés, donne à chacun la
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possibilité de faire progresser ses compétences et savoir-faire, et de voir les progrès accomplis, reconnus et valorisés dans les parcours professionnels des entreprises.
L’objectif d’une politique de valorisation systématique des ressources humaines est d’inciter les salariés à coopérer dans la recherche d’un surcroît de compétitivité, pour mieux en partager les bénéfices.
II- Coopérer au sein des entreprises.
Ce chapitre s’intéresse aux grandes directions à partir desquelles la coopération intra-entreprise si elle est conduite de manière efficace est susceptible de faire grandement progresser la compétitivité de notre industrie.
La place attribuée aux marchés dans les stratégies des entreprises a fortement changé. Désormais, il leur faut vendre pour produire et non plus produire puis chercher à vendre. D’autre part, de nombreuses études concluent que la structure de circulation des informations est un outil central de la compétitivité des firmes. Le succès dépend désormais de la qualité et de l’efficacité des lignes de communication établies entre responsables des groupes de projets et sous-traitants est un déterminant essentiel de la bonne marche des groupes d’innovation. La France est en retard dans ce domaine cependant, certaines pratiques visant à décloisonner recherche, études et fabrication apparaissent dans nos entreprises sous le nom de groupes de projets.
Les principes de direction des entreprises peuvent également influencer la compétitivité. Tout d’abord, un constat: la France est le pays qui dispose du taux d’encadrement le plus élevé d'Europe. La France est le pays d'Europe qui a le plus largement recours au recrutement externe de cadres par oppositionà ceux accédant au même rang au moyen de promotions internes. On trouve en France une proportion très élevée de dirigeants d’entreprise issus de la structure d’état. Le «parachutage » constitue une voie très importante d'accès à la direction des entreprises. Ce mode de formation des cadres et des dirigeants français se traduit par le fait qu’à l’heure où l’européanisation pousse vers la formation d’un marché international des responsables d’entreprises, le cadre français apparaît comme peu ouvert à cette mobilité nouvelle. Les chances de promotion étant fortement compromises pour le personnel d’encadrement intermédiaire, il en résulte une certaine démotivation.
III- Coopérer entre entreprises.
Pour regagner la sûreté dans les approvisionnements, bénéficier d’une garantie de qualité dans les consommations intermédiaires, disposer d’une assurance de livraison en temps et en heure sur les produits commandés, l’entreprise doit établir autour d’elle des relations de confiance, lui permettant de réduire sa vulnérabilité. La compétitivité entre entreprises industrielles se joue de plus en plus souvent sur la qualité des services qui les environnent. On peut remarquer une forte croissance des services aux entreprises. On en distingue trois grandes catégories :
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- Lesservices ayant trait à l’organisation et à la structuration des marchés ayant pour objet de servir, fidéliser ou élargir une clientèle à travers de la distribution. - Lesservices ayant trait à la régulation des processus de production interne. Activités qui visent une meilleure maîtrise de l’espace et du temps. - Lesservices ayant trait à l’aide à la prise de décision stratégique (conseils en organisation, conseils juridiques ou financiers) Finalement, il faut garder à l’esprit que la formidable externalisation d’activités à laquelle on a assisté, porte elle-même un danger: celuide faire éclater l’entreprise, de disperser des activités quidoivent pourtant, dans la plupart des cas, être reliées et obéir à une vision stratégique ferme et unique. Rétablir ce pouvoir de centralisation et de commandement passe par une réinternalisation minimum des compétences qui permettent à l’entreprise industrielle de maîtriser l’univers des services dans lequel elle opère, afin non d’en subir les mouvements, mais d’en tirer parti pleinement et efficacement pour poursuivre son développement. En économie, on gagne essentiellement par la solidarité des comportements qui permet seule le plein épanouissement de toutes les potentialités individuelles. Les entreprises industrielles françaises se trouvent face à une contradiction : D’une part, l’internationalisation (changement de taille des marchés) nécessite de mener le plus rapidement possible une stratégie de croissance pour l’essentiel externe et d’autre part, une stratégie de la qualité s’accorde mieux avec une croissance interne.
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TROISIEME PARTIE Construire des avantages compétitifs : le rôle des pouvoirs publics.
On peut constater un regain d’intérêt relatif à l’intervention de l’état en matière de politique industrielle. Par principe, méfiante à l’égard de l’intervention publique, la nouvelle économie industrielle justifie cependant le rôle des pouvoirs publics en se plaçant «sur le seul plan d’une allocation efficace des ressources ». Il faut cependant fixer deux bornes au rôle des pouvoirs publics: ne jamais intervenir quand le comportement spontané des acteurs économiques conduirait au même résultat collectif et ne jamais intervenir quand il n’existe pas d’opérateurs industriels aptes à atteindre les objectifs recherchés.
I- VERS UNE POLITIQUE INDUSTRIELLE COMMUNAUTAIRE.
Dans le domaine industriel, à une époque où les risques sont déjà si importants, les entreprises attendent des décisions publiques qu’elles contribuent, avant toute chose, à créer un environnement stable et favorable qui leur permette d’améliorer la précision de leurs décisions etd’accélérer leur ajustement structurel. On peut remarquer une contradiction entre l’état qui encourage les entreprises a pratiquer le long-termisme et qui continue quant à lui à pratiquer le court-termisme dans le cadre de l’annuité budgétaire. Celle ci est encore aggravée par les mesures intra-annuelles dites de régulation. La stabilité et donc la prévisibilité des dépenses publiques, est un élément décisif de la stabilité et de la prévisibilité de la conjoncture d’ensemble.
Une politique industrielle communautaire paraît émerger progressivement. Son existence marque un tournant incontestable puisque, jusque là, le bien fondé d’une telle politique était nié par certains états membres. La politique industrielle communautaire dispose de moyens budgétaires constitués principalement par le programme-cadre de soutien à la recherche et au développement technologique et par les fonds structurels.
On remarque cependant un manque de cohésion qui s’exprime dans les positions défendues par les différentes parties prenantes publiques et privées au sein de la communauté face à des opérateurs extérieurs qui font preuve d’une cohésion remarquable dans la défense de leurs intérêts. Ces difficultés ne pourront être surmontées que par l’émergence d’une meilleure prise de conscience de l’intérêt communautaire.
II- Un nouvel art de la séduction : l’attractivité du territoire.
On peut définir l’attractivité comme la capacité à attirer des investissements directs étrangers à long terme sur son territoire. Traditionnellement, construire des avantages compétitifs avait un sens assez simple: il signifiait que l’état devait favoriser les entreprises nationales. Mais l’attitude des pouvoirs publics devient plus complexe à définir: doivent-ils préférer les filiales françaises à l’étranger ou les filiales étrangères en France? Il faut tout
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d’abord commencer par distinguer les différents types d’investissements. On peut distinguer les investissements relatifs à des activités situées en amont (recherche…) de l’élaboration du produit qui généreront des exportations et les investissements relatifs à des activités situées plus en aval (au stade de la commercialisation) qui induiront surtout des importations.
De nombreuses enquêtes montrent que les firmes à la recherche d’une nouvelle localisation privilégient la qualité de l’environnement sur la seule considération des coûts de production car la performance est largement déconnectée de ces coûts, la qualité de l’organisation étant le véritable facteur discriminant dans les systèmes moteurs, intégrés et complexes. Il s’ensuit que «la compétitivité du territoire dépend surtout de sa contribution à l’efficacité de l’organisation». En d’autres termes, les réseaux de communication et de transport, la diversité et la qualification de la main d’œuvre, la présence d’entreprises dynamiques et internationales, la présence de centres de recherche et d’universités jouent un rôle important pour le choix d’une implantation. L’attractivité ne doit pas être l’objet d’une politique spécifique mais le résultat d’une politique, le signe de sa réussite.
La notion d’attractivité pour un territoiretel que la France ne peut avoir qu’un sens limité à cause du déséquilibre qu‘il existe entre la capitale et la province. Dun coté l’île de France et ses multiples attraits tant économiques que culturels pour laquelle le risque principal est le risque d’encombrement. D’autres part, en province, on déplore l’absence de grandes agglomérations. Les firmes, conscientes des inconvénients de la taille excessive de Paris, estiment que les villes de second rang sont trop petites.
Finalement, l’attractivité la plus efficace est bien celle qui s’adresse déjà aux gens qui sont sur place, certes pour qu’ils créent si possible de nouvelles activités, mais de façon encore plus urgente pour qu’ils consolident le développement de celles qu’ils ont déjà créées.
III- Impulser, anticiper : politique technologique et marchés du futur.
Il incombe aux pouvoirs publics de promouvoir une action d’impulsion là où il existe une demande manifeste mais où la capacité d’offre s’avère déficiente. Dans les technologies de l’information, l’échec européen est manifeste. De nombreux motifs expliquent cette situation :la difficulté des entreprises européennes à passer de la recherche à l’industrialisation, l’insuffisante coopération entre firmes européennes, l’insuffisante intégration verticale et horizontale. L’objectif des pouvoirs publics doit être d’agir au sein des coalitions d’initiative privée afin de les doter de stabilité, de les dynamiser, et de les orienter dans le sens d’un intérêt collectif. Dans d’autres domaines, l’impulsion doit prendre la forme d’une initiative propre des pouvoirs publics pour contribuer à constituer des alliances et des consortiums. L’action publique doit favoriser des synergies et des complémentarités potentielles.
D’autre part, il est de vastes domaines tels que la santé, l’environnement ou l’éducation pour lesquels les demandes potentielles sont immenses mais où les marchés ne sont nullement constitués. Des offres sont ainsi entravées, qui pourraient posséder une forte
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utilité sociale et constituer des secteurs nouveaux d’activité où se forme et se décide l’emploi de demain. Dans ces domaines, il est du devoir et de la responsabilité des pouvoirs publics de veiller à ce que les directions essentielles soient empruntées. L’anticipation, possible et souhaitable, permettrait ainsi tout à la fois de préparer une offre compétitive et d’infléchir les orientations de l’industrie, vers des offres plus cohérentes, mieux intégrées, et plus respectueuses des grands équilibres sociaux et écologiques.
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