Chronique : La décroissance est-elle souhaitable ? -Stéphane Lavignotte-
3 pages
Français

Chronique : La décroissance est-elle souhaitable ? -Stéphane Lavignotte-

-

YouScribe est heureux de vous offrir cette publication
3 pages
Français
YouScribe est heureux de vous offrir cette publication

Description

La décroissance est-elle souhaitable ? De Stéphane Lavignotte Éditions Textuel, 2010. Sujet complexe et controversé, la « décroissance », au fur et à mesure des années, n ’en demeure pas moins éclaircie et il n ’est pas étonnant que des critiques émergent à propos des théories avancées par les partisans de celle-ci. Les informations autour de ce mouvement se relayent à travers des magazines tels Silence, l ’Âge de Fer, la revue scientifique Entropia mais surtout à travers le journal La Décroissance. 1Stéphane Lavignotte pose ce cadre dans son introduction et engage une analyse des acteurs 2de la décroissance qui proposent de sortir de « l ’économicisme » actuel. Dans sa première partie (« La décroissance, le retour d ’une écologie politique radicale »), il dresse un panorama des différents acteurs et des critiques écologistes passées. Il pose les bases : les objecteurs de la croissance refusent celle-ci en même temps que la société de consommation. La « décroissance » reprendrait les critiques écologistes historiques car dans les années soixante-dix, le Massachusetts Institute of Technology (connu sous l ’abréviation MIT) prévient des limites d ’une telle croissance économique. Quelques années plus tard, on parle du Pic de Hubbert, qui permet de visualiser concrètement l ’épuisement des ressources pétrolières.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 mars 2013
Nombre de lectures 134
Langue Français

Extrait
















La décroissance est-elle souhaitable ?
De Stéphane Lavignotte

Éditions Textuel, 2010.

Sujet complexe et controversé, la « décroissance », au fur et à mesure des années, n ’en
demeure pas moins éclaircie et il n ’est pas étonnant que des critiques émergent à propos des
théories avancées par les partisans de celle-ci. Les informations autour de ce mouvement se
relayent à travers des magazines tels Silence, l ’Âge de Fer, la revue scientifique Entropia
mais surtout à travers le journal La Décroissance.
1Stéphane Lavignotte pose ce cadre dans son introduction et engage une analyse des acteurs
2de la décroissance qui proposent de sortir de « l ’économicisme » actuel.

Dans sa première partie (« La décroissance, le retour d ’une écologie politique radicale »), il
dresse un panorama des différents acteurs et des critiques écologistes passées. Il pose les
bases : les objecteurs de la croissance refusent celle-ci en même temps que la société de
consommation. La « décroissance » reprendrait les critiques écologistes historiques car dans
les années soixante-dix, le Massachusetts Institute of Technology (connu sous l ’abréviation
MIT) prévient des limites d ’une telle croissance économique. Quelques années plus tard, on
parle du Pic de Hubbert, qui permet de visualiser concrètement l ’épuisement des ressources
pétrolières. De même, de nombreux intellectuels critiquaient la société marchande capitaliste :
3Jean Baudrillard , Henri Lefebvre, Guy Debord et Georges Perec, nous cite
l ’auteur. Aujourd ’hui, la critique est prolongée à la sphère socioéconomique avec en France
4Serge Latouche, Vincent Cheynet et Paul Ariès.
Selon les « anticroissance » (sic), la société serait passée à un stade supérieur. Paul Ariès parle
5de mésusage , il dénonce la « junkproduction » (production pourrie) et la


1 Théologien, pasteur à la Maison Verte (Paris 18e).
2 C ’est-à-dire voir l ’homme comme périphérique et l ’économie comme sujet centrale,
tout faire pour celle-ci.
3 Jean Baudrillard, La Société de consommation, Paris, Gallimard, 1996.
4 Ancien directeur artistique dans un groupe international de communication qui a créé
le journal Casseurs de Pub en 1999 et La Décroissance en 2004.
5 Paul Ariès, Le Mésusage, Saint-Juste-la-Pendue, Parangon, 2007. « junkconsommation » (consommation pourrie). Il remarque l ’écart qui existe entre les
productions actuelles et nos besoins réels (vitaux). Ensuite, l ’auteur présente
les indicateurs suivants : le Genuine Progress Indicator (GPI) et l ’Indicateur de Santé Sociale
(ISS). Le GPI a été mis en place par l ’agence américaine Redefining Progress. Il intègre le
bénévolat et le travail domestique, et soustrait les externalités négatives (accidents, délits,
etc.).
Globalement, l ’auteur expose les propositions politiques des auteurs de la « décroissance » et
aussi d ’Attac : gratuité des transports en commun, favoriser l ’agriculture paysanne, création
de monnaie locale et/ou alternative comme la monnaie SOL, réduction du temps de travail,
revenu universel inconditionnel, revenu maximal. Il rappel l ’existence d ’un parti politique
chez les décroissants : le parti pour la décroissance (P.P.L.D.). Aux élections européennes de
2009, une liste intitulée Europe-Décroissance était présentée par le MOC et le PPLD, ils
récoltèrent 6 381 voix (p.48). Cela nous fait remarquer à quel point le mouvement devient réel
en France et en Europe, la voix politique étant celle de la volonté concrète du changement
social.

Deuxième partie (« Quand le flou entretient la polémique : critique et autocritique de la
décroissance »). La controverse autour du terme « décroissance » ne laisse pas indifférent les
partisans car elle permet d ’éclaircir le flou existant. Serge Latouche nous aide en précisant :
« En toute rigueur, il conviendrait de parler d ’a-croissance comme on parle d ’a-théisme,
plutôt que de décroissance. C ’est d ’ailleurs très précisément de l ’abandon d ’une foi ou d ’une
religion qu ’il s ’agit : celle de l ’économie, de la croissance, du progrès et du
6développement. » . Paul Ariès parle d ’un mot-obus visant la sortie de l ’économisme.
Globalement, ce qu ’on apprends de ces auteurs, c ’est que la décroissance n ’est pas
uniquement économique, prend des formes multiples mais qu ’en terme économique celle-ci
reste un peu douteuse quand a son efficacité environnementale, sociale et politique.
7Vincent Cheynet refuse l ’amalgame avec la thèse malthusienne (Thomas Malthus
(1766-1834)) qui consiste à dénoncer la surpopulation et donc de réguler de manière
autoritaire les populations pauvres (p.62). Le problème est dans les rapports à la production
8selon le démographe Barry Commoner , dont les objecteurs de croissance se rapprochent le
9plus d ’après S. Lavignotte. Paul Ehrlich , démographe aussi, interpelle plus les individus sur
leur mode de vie, un peu comme Nicolas Hulot.
Selon Attac, la décroissance se fera après la réduction des inégalités, tandis que les objecteurs
de croissance prônent la décroissance comme solution au problème des inégalités. L ’auteur
rappelle que les deux sont du pareil au même (p.72).

Dans la troisième partie (« La décroissance, à souhaiter à gauche »), il aborde la question de la
valeur d ’usage. Les marchandises ont une valeur d ’usage (utilité) et une valeur d ’échange
(rapport marchand entre elles). Un des facteurs d ’échange est en crise : le travail. La
production nécessite globalement moins de force productive et donc cela entraîne une baisse
de la distribution des revenus.
Michaël Löwy (directeur de recherches émérite au CNRS) et Paul Ariès rejoignent l ’idée qu ’il
faut rompre avec une consommation inutile, on parle ici de l ’ostentation, du gaspillage, de
l ’aliénation marchande, de l ’obsession accumulatrice.

6 Serge Latouche, Le Pari de la décroissance, Paris, Fayard, 2006, p.4.
7 Vincent Cheynet, « Un débat miné », in Les Cahiers de l ’IEESDS, N°3, Juillet 2009,
P.2.
8 Barry Commoner, The Closing Circle, Alfred Knopf, 1971.
9 Paul Ehrlich, The Population Bomb, Ballantine Books, 1968. L ’auteur critique Serge Latouche à propos de la décolonisation de l ’imaginaire qui aurait trop
tendance à s ’apparenter à une déculturation, ce dernier remettrait trop en cause
l ’occidentalisation et une partie de son histoire dans sa critique du capitalisme. Ce dernier
expose souvent dans ses interviews ce terme de « décolonisation de l ’imaginaire », terme
abstrait qui vise à souligner la puissance de l ’économicisme dans nos esprits. Ce que souhaite
transmettre comme information Serge Latouche est que l ’économie capitaliste s ’est imposée à
nos esprits (coloniser) au point que nous ne voyons rien d ’autre de possible, aucune
alternative sociétale. Il faudrait donc retirer nos œillères, décoloniser notre imaginaire.
Plus loin, il s ’intéresse aux normes et aux institutions, notamment à travers David Hume et
Michel Foucault. « Pour Hume, l ’institution n ’est pas une limitation comme la loi, mais au
contraire un modèle d ’actions, un système inventé de moyens positifs » (p.109). Foucault
pense que la norme construit comme le sujet en tant que tel, la norme issue du pouvoir libéral.
L ’auteur est d ’accord sur le fait de repenser les institutions pour mieux s ’accorder à nos
valeurs mais de se figer contre ces dernières. On ne comprends pas très bien où veux en venir
l ’auteur à prendre des parallèles intellectuelles comme comparer la vision de Michel Foucault
sur les institutions et celle des partisans de la décroissance.

Pour conclure, Stéphane Lavignotte encourage à envisager la politique non

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents