st pas une
franchise –, seraient à la charge des malades. Ces
franchises ne seraient pas remboursables, y com- Les procédures de ticket modérateur, de for-
pris par les assurances complémentaires. Les pre- fait hospitalier, de franchise, etc. ne visent pas en
% Attac, 66-72, rue Marceau, 93100 Montreuil-sous-Bois - Tél. : 01 41 58 17 40 - Fax : 01 43 63 84 62 - Mel : attacfr@attac.org - Internet : www.france.attac.org %
juillet 2007 IInstauration des franchises médicales :
la financiarisation de la santé se poursuit
fait à maîtriser les dépenses de santé dans leur type de formation qu'ils reçoivent (formation
ensemble, mais à maîtriser les seules dépenses indépendante, formation aux questions de pré-
socialisées, et à laisser courir ce qui relève désor- carité et d'accès au soins...), prix des médica-
mais de chacun. Il s'agit en fait d'une rupture ments, mise en place d'actions de prévention et
avec le principe de solidarité de la sécurité d'éducation à la santé, actions sur les conditions
sociale suivant lequel chacun cotise en fonction de vie des personnes, santé au travail, qualité de
de ses revenus et est soigné en fonction de son l’environnement. « Responsabiliser le patient » a
état de santé. assez peu de sens quand les déterminants d'une
pathologie lui échappent tout comme la
manière de la traiter. D'ailleurs, la mise en place
QUAND LA SANTÉ EST PRIVÉE, IL NE S'AGIT PAS
de forfaits ces dernières années n'a pas empêchéDE DÉPENSER MOINS, MAIS DE DÉPENSER PLUS
l'accroissement des dépenses de soins.
Une enquête a été réalisée par un institut indépendant,
3.- Le plus grave, c'est qu'en limitant l'accèsle Commonwealth Fund, portant sur six pays, Australie,
Canada, Allemagne, Nouvelle-Zélande, Angleterre, États- aux soins primaires, chez le généraliste notam-
Unis. Elle met une nouvelle fois en évidence que les États- ment, les franchises vont non seulement aug-
Unis sont le pays dont les dépenses de santé sont le plus menter les dépenses, mais surtout renforcer les
élevées – 6102 dollars par habitant, soit deux fois plus que inégalités. Si les personnes hésitent, ou renon-
les cinq autres –, mais se classe à la dernière place pour cent, du fait de la franchise, à avoir recours aux
l'état sanitaire de la population, l'accès aux soins, l'effica- soins primaires, il y a un risque sérieux que la
cité du système et l'équité. L'absence de couverture-santé pathologie dont elles souffrent s'aggrave. Elles
universelle aux États-Unis explique notamment les difficul-
auront recours aux soins plus tard et ces soins
tés d'accès aux soins : plus de la moitié des étatsuniens
seront plus onéreux, la pathologie s'étant aggra-disent avoir renoncé à des traitements, des examens ou
vée, et pour un résultat sanitaire moins bon.mêmes des visites pour des raisons financières, contre
13% des anglais, alors que le système sanitaire de
On connaît déjà ce phénomène : les catégo-l’Angleterre est pourtant en très mauvais état.
ries socioprofessionnelles les plus modestes uti-
2.- Les dépenses de santé sont très fortement lisent moins la médecine de ville – les dépenses
concentrées sur un très petit nombre de patients. de médecine ambulatoire des cadres sont supé-
Sur une année, la moitié de la population est à rieures de 16 % à celles des ouvriers –, et ce
l'origine de 5 % des dépenses sur une année, moindre recours à la médecine ambulatoire
tandis que les 5 % des personnes qui « consom- conduit à un recours plus important à la méde-
ment » le plus effectuent la moitié des dépenses. cine hospitalière. Ainsi, les dépenses de méde-
Le Haut Conseil de l'assurance maladie avait cine hospitalière des ouvriers sont supérieures
d'ailleurs mis en évidence cet aspect en 2004. Si de 13 % à celles des cadres. Le résultat final
l'on élargit aux 10% des personnes qui étant, avec des pathologies plus graves prises en
« consomment » le plus, elles effectuent plus des charge plus tard, une dépense totale plus
deux tiers de la consommation totale de soins. importante. Pour une consommation moyenne
de 100, la consommation moyenne des cadres
Quel enseignement en retirer par rapport au est de 91, celle des ouvriers non qualifiés de
système de franchises ? Comme dans l'assurance 118. En retardant l'accès aux soins, on ne fait
automobile, la franchise sert à limiter la consom- aucune économie. Au contraire on augmente
mation des usagers « petits consommateurs » de les dépenses, tout en dégradant encore les iné-
galités sociales face à la santé. En matière desoins. Elle ne peut en aucun cas agir sur celle des
personnes gravement malades. Au final, elle dépenses de santé, la meilleure façon de maîtri-
s'attaque aux dépenses de santé, là où elles sont ser les dépenses c'est d'être solidaire.
peu importantes en volume, mais pourtant
déterminantes à terme (voir infra plus loin). Une logique de privatisation
La question des dépenses de santé, et de leur Dans le même temps, les désengagements de
maîtrise relève essentiellement de l'organisation la sécurité sociale ouvrent un boulevard, le
du système de santé et de l’organisation sociale : «marché» de la santé, en pleine expansion
mode et niveau de rémunération des soignants, pour des raisons démographiques, économiques
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juillet 2007 IIInstauration des franchises médicales :
la financiarisation de la santé se poursuit
diverses, dont Attac. Il faut maintenant amplifier
La mise en place de la franchise prétend s'appuyer sur
encore cette mobilisation afin de créer les rap-l'exemple de l'Allemagne, où existe une «franchise».
ports de force nécessaires. Dès le mois de septem-Or l'instauration d'une franchise n'a pas empêché
bre, des initiatives unitaires doivent être prisesl'Allemagne d'être un pays plus dépensier que la France en
dans tout le pays. Il s'agit de construire un mouve-matière de santé. Si l'objectif est de maîtriser les dépenses,
s'appuyer sur cet exemple est une idée curieuse. De plus, ment national suffisamment ample pour empê-
en Allemagne, l'accès au médecin généraliste est gratuit cher le gouvernement d'adopter une telle mesure.
(tiers payant intégral) et la franchise ne s'applique en
aucun cas à ce niveau, contrairement au projet français. Première étape de la mobilisation
Les Allemands ont la capacité de plafonner l'impact de la le 29 septembre
franchise en fonction du revenu des plus modestes. En
France, le système informatique des caisses d'assurance-
Un appel unitaire à la mobilisation a été lancé
maladie est dans l'incapacité totale de réaliser ce type de
début juillet. Il se fixe comme premier objectif
plafonnement. La «référence» à l'Allemagne est donc
d'organiser le 29 septembre une journée de sen-grandement fantasmatique.
sibilisation et de mobilisation dans toute la
et sociales. Ce marché attise les convoitises des France. A Paris, une grande réunion publique « 4
assurances privées, mais aussi des banques, qui heures contre les franchises et pour l'accès aux
rivalisent d'imagination pour capter les jeunes, soins » sera organisé au gymnase Japy. Les signa-
riches et bien portants. Alors que les « bancassu- taires de l'appel prévoient déjà une suite.
reurs » se ruent sur la couverture santé avec l'in- « Réussir la mobilisation du 29 septembre, c'est
tention bien affichée de capter les « bons ris- permettre ensuite, s'il n'y a pas abandon par le
ques», les assurances diversifient leurs offres, gouvernement de cette proposition injuste,
proposant, pour l'une une couverture de luxe à d'engager, dans la deuxième quinzaine d'octo-
1 000 euros par mois, pour l'autre le rembourse- bre, des manifestations décentralisées dans
ment des produits alimentaires au nom de la toute la France. »
lutte contre le cholestérol ! Il s'agit pour tous ces
groupes privés de segmenter les populations, et
QUEL « REDRESSEMENT » de proposer des garanties « low coast » suscepti-
DE L’ASSURANCE-MALADIE ?bles d'attirer les populations à faible risque, sur-
tout les jeunes, peu consommateurs de soins.
Dans ce contexte, les mutuelles ont le plus grand e déficit de la sécurité sociale devrait
mal à maintenir les solidarités et s'engagent sou- atteindre 12 milliards d'euros en 2007. Il
vent dans une logique strictement marchande. Lconcerne l'assurance-maladie et la bran-
En incitant les assurés à se couvrir en fonction che retraite. Concernant cette dernière, il s'agit
de leurs besoins, on porte gravement atteinte au essentiellement de l'effet de la seule mesure
principe de la solidarité, de la mutualisation des progressiste de la loi Fillon qui permet le départ
risques et, au final, à l'assurance maladie obliga- en retraite anticipé des salariés ayant eu une
toire. Car même si ces pratiques ne concernent carrière longue. Ce déficit est donc passager.
que la couverture complémentaire santé, elles
introduisent l'idée de « bonus » et de « malus »
PRINCIPALES MESURES PRISES
dans la santé et prônent l'individualisation et la PAR LE GOUVERNEMENT
sélection des risques.
- baisse de 10 points du taux de remboursement des
Contre les franchises construire consultations hors parcours de soins ; ce taux tombera à
le front le plus large 50 %, contre 70 % pour les consultations dans le cadre du
parcours.
- franchise de 1 euro par acte médical jusqu'à quatreFace à un projet qui accentuera encore la mar-
fois par jour au lieu d'une ;chandisation de la santé, la mobilisation a déjà
- tiers payant réservé aux génériques ;commencé. Une pétition en ligne, initiée pendant
- prix en baisse sur des médicaments délivrés en ville etla campagne présidentielle par deux médecins,
à l'hôpital, ainsi que sur les pansements et les prothèses ;
Christian Lehman et Martin Wincker, a déjà
- baisse de tarifs des biologistes et radiologues (si accord
recueilli plus de 50 000 signatures. Un appel d'or-
avec les syndicats médicaux, sinon nécessité d'une loi) ;
ganisations a été lancé et a été si