J.-P. Charnay, La vie musulmane en Algérie d après la jurisprudence de la première moitié du xxe siècle - note biblio ; n°2 ; vol.18, pg 525-533
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J.-P. Charnay, La vie musulmane en Algérie d'après la jurisprudence de la première moitié du xxe siècle - note biblio ; n°2 ; vol.18, pg 525-533

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Description

Revue internationale de droit comparé - Année 1966 - Volume 18 - Numéro 2 - Pages 525-533
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

J.-P. Charnay, La vie musulmane en Algérie d'après la
jurisprudence de la première moitié du xxe siècle
In: Revue internationale de droit comparé. Vol. 18 N°2, Avril-juin 1966. pp. 525-533.
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J.-P. Charnay, La vie musulmane en Algérie d'après la jurisprudence de la première moitié du xxe siècle. In: Revue
internationale de droit comparé. Vol. 18 N°2, Avril-juin 1966. pp. 525-533.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-3337_1966_num_18_2_14597BIBLIOGRAPHIE 525
Jean-Paul Charnay. — La vie musulmane en Algérie d'après la jurispru
dence de la première moitié du xxe siècle, coll. « Bibliothèque de
sociologie contemporaine », Paris, Presses universitaires de France,
1965, XVI et 393 pages.
L'entreprise était ambitieuse : c'était une idée séduisante que de tirer
du négatif de la jurisprudence l'image positive de toute une sociologie.
Disons tout de suite que sa mise en œuvre a été rendue possible grâce
à la partie jurisprudentielle de la Revue algérienne, tunisienne et maro
caine de législation et de jurisprudence, que j'ai sauvée du naufrage après
quatre ans d'interruption en 1946, « nationalisée » au profit de la Faculté
de droit d'Alger, alors assez réticente, et, avec l'aide de M. Luc Murac-
ciole, doublée du Bulletin des arrêts de la Chambre de révision musul
mane de la Cour d'appel d'Alger. Après quoi est venu M. Georges Siband,
avocat à la d'Alger et, aujourd'hui, de Poitiers, dont le pré
cieux Répertoire alphabétique de jurisprudence musulmane (Alger, Fer
raris, t. I, 1945-1950 ; t. II, 1951-1955, 1956) a mis de l'ordre dans la masse
des documents bruts et rendu possible leur exploitation. Les outils étaient
en place. Ils attendaient les ouvriers. Le premier qui s'est présenté est
M. Charnay.
Il apportait lui-même en outre une incontestable expérience personn
elle des milieux musulmans : tout était donc réuni pour cet essai de
sociologie. Observons cependant qu'à être abordé sous l'angle sociologi
que, le sujet perd en clarté et en rigueur logique par rapport au tradition
nel point de vue du traité juridique. Il n'est pas sûr qu'à cet inconvénient
l'auteur ait réussi à nous donner une contrepartie substantielle : la socio
logie tire sa richesse du comparatisme. Or, à cet égard, le lecteur sera
totalement déçu, car on ne peut pas appeler comparatisme le prolonge
ment de l'enquête au Maroc et en Tunisie qui intervient ici et là, assez
arbitrairement, en dépit d'un titre qu'on a voulu plus restrictif. Que de
riches parallèles n'y avait-il pas à faire ! Que de points d'interrogation
posés, que de solutions évoquées pour le sociologue « généraliste » ou
spécialiste d'autres types de sociétés !
D'autre part, à délaisser la solution juridique des cas d'espèce sans
cesse analysés pour en retenir les faits révélateurs, l'auteur n'a pas manq
ué, c'était inévitable, de les solliciter à tout instant dans le sens de sa
démonstration : sans souci de la réalité cachée du dossier, il tiref ici argu
ment de la perte du procès par l'une des deux parties, là du gain qui en
a été fait (souvent, il le reconnaît, pour une autre cause que celle le
préoccupe), ailleurs enfin des préventions dont est empêtré le pauvre
juge colonial. C'est prendre assez allègrement son parti d'avoir toujours
raison.
Encore ne ressortirait-il de tout cela qu'une image brouillée, mais
non pas trop déformée, s'il n'y avait la redoutable distorsion qu'elle subit
du fait des prises de position délibérées de l'auteur. En substance, il a
adopté dès le début une attitude conforme à celle de ses informateurs
personnels et, malgré un effort certain pour rendre justice à tout le
monde, il écrit en homme bien persuadé que l'objectivité intègre le point
de vue du sujet-connaissant et n'a pas à s'en défendre. L'exemple le plus
éclatant n'en est pas tellement le parti pris en faveur du musulman à
rencontre de l'européen, mais le pris en de l'homme musul
man à rencontre de la femme musulmane : par un phénomène de mimét
isme parfaitement réussi, nous allons y revenir, notre auteur s'est fait
une psychologie d'oriental.
34 526 BIBLIOGRAPHIE
C'est assez dire que, renchérissant sur l'état d'esprit qui était déjà
celui des juges français d'Algérie, il fait un étalage inconscient de con
servatisme intégral, et certes on lui sait gré, à propos de l'Algérie, d'en
finir une bonne fois avec le vieux mythe de Bastian qui était le pendant
scientifique de la littérature de Victor Ségalen : le colonialisme oblitère
les cultures indigènes ; il va les étouffer, elles s'évanouiront à tout jamais.
Depuis le milieu du xxe siècle, nous savons bien, au contraire, que ces
cultures, non seulement ont su se défendre, au besoin en s'enterrant,
mais se sont souvent épurées, réduites à l'essentiel et, par contraste,
encore accusées au contact de la civilisation nouvelle.
De là cependant à pousser encore à la roue, il vaudrait mieux ne
pas franchir le pas si l'on veut que les peuples en voie de développement
progressent au lieu de revenir en arrière.
Serrons de plus près cette critique. M. Charnay s'est proposé de
traiter dans un chapitre Ier ce qu'il appelle « Les tensions familiales »,
un juriste simple dirait : le statut personnel. Le chapitre II recouvre bien
le statut réel sous le titre « La lutte pour la terre ». Le chapitre III, « Le
musulman dans les cadres français », surtout tourné vers le droit public,
se ressent plus particulièrement de ce que l'auteur qualifie d'historique
dans son entreprise, c'est-à-dire d'irrévocablement révolu : l'intérêt
s'émousse. Il réapparaît avec le quatrième et dernier chapitre, « Normes,
juges et justiciables », où l'on recueille le fruit de la connaissance appro
fondie que l'auteur a acquise du plaideur musulman.
Mais il va de soi que le chapitre premier commande tout le reste :
la meilleure connaissance que l'on peut avoir de l'homme, c'est dans sa
famille. Plus encore quand il s'agit du maghrébin.
Je regrette que M. Charnay n'ait pas prononcé le mot de clan. Le
Maghreb est le pays des clans entre lesquels il se compartimente de façon
primordiale, essentielle et indéfinie. Les Français d'Algérie eux-mêmes y
sacrifiaient largement.
J'entends par clan la grande famille, la famille étendue qui, tant
dans le monde kabyle qu'arabe, a un contour strictement agnatique :
c'est le vaste groupe de l'agnation, des açeb-s. Pourquoi faut-il aller cher
cher en note à la page 139 et à propos d'une conséquence incidente, la
formation du prolétariat des bidonvilles, la révélation de ce grand fait
majeur ? « Ce prolétariat, écrit M. Charnay, ne se forme pas, en génér
al, d'une façon aussi atomistique que le prolétariat européen : souvent
le nouveau venu est hébergé par un membre de sa proche famille habi
tant déjà la ville, voire de la açaba (c'est nous qui soulignons) ou du vil
lage : il en résulte la prolétarisation, non seulement de ceux qui arrivent,
mais également de ceux qui les reçoivent ».
Nous sommes là en présence de la solidarité familiale antique, qui
seule a permis aux individus de vivre pendant des millénaires. Cette
constatation domine tout le chapitre Ier, successivement consacré à
« l'homme et la femme », aux enfants, au patrimoine familial. Elle ne
domine pas moins le chapitre II, et notamment sa seconde partie, « la
dispute du sol entre les musulmans ».
C'est d'abord, en effet, toute la condition de la femme qui en est
affectée : elle n'est conçue que comme mère, fournisseuse d'agnats, ou
comme objet... Elle ne prend une petite place dans le groupe que comme
donnant la vie, non pour elle-même : la preuve en est que la seule insti
tution qui « réserve à la femme, dans la société islamique, et un rôle
de premier plan, et un véritable épanouissement » (p. 64), est la hadhana, BIBLIOGRAPHIE 527
l

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