L'Université des Nations Unies - article ; n°1 ; vol.21, pg 616-631

Sandra Szurek

Description

Annuaire français de droit international - Année 1975 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 616-631
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• juridique
• Droit et juridique

Informations

• Publié par: ANNUAIRE_FRANCAIS_DE_DROIT_INTERNATIONAL
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mme le Professeur Sandra
Szurek
L'Université des Nations Unies
In: Annuaire français de droit international, volume 21, 1975. pp. 616-631.
Citer ce document / Cite this document :
Szurek Sandra. L'Université des Nations Unies. In: Annuaire français de droit international, volume 21, 1975. pp. 616-631.
doi : 10.3406/afdi.1975.2349
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1975_num_21_1_2349L'UNIVERSITÉ DES NATIONS UNIES
Sandra SZUREK
Le 20 janvier 1975 a été officiellement inaugurée à Tokio, l'Université des
Nations Unies. M. James M. Hester, premier recteur, a dépeint en ces termes
pessimistes, le contexte dans lequel s'inscrit la dernière née des institutions du
système des Nations Unies : « II n'est pas difficile de sentir maintenant qu'il n'y
aura pas apparement de gagnant dans la course entre l'éducation et la catastrophe...
C'est particulièrement en notre qualité d'éducateurs que nous avons, à l'échelon
mondial, le sentiment d'insuffisance et c'est pourquoi le moment semble si propice
pour tenter de trouver des solutions nouvelles à nos problèmes communs. » (1)
L'idée d'Université internationnale est fort ancienne et avait déjà été examinée
sans succès sous la S.N.D. (2) , puis après la IIe Guerre Mondiale, par 1'U.NJE.S.
CO. (3).
Le mérite ou la témérité de la mise en œuvre de ce «vieux rêve», revient
cepedant à U Thant qui, en sa qualité de Secrétaire Général de l'Organisation,
le reprenait à son compte en 1969(4) et faisait figurer depuis cette date au rang
(*) Sandra Szurek, Assistante à l'Université de Paris-X.
(1) O.N.U. A.G. Doc. Off., Conseil de l'Université des Nations Unies, 17 mars 1975.
Actes de la IVe session du Conseil, Annexe II, p. 12, A/AC. 169/L.2
(2) Les premières universités avaient pour vocation « naturelle > d'être des pôles
d'attraction pour des étudiants venus d'horizons géographiques très vastes, et unis par une
langue commune. La mosquée université d'Al Azhar desservait l'ensemble du monde
musulman, de même pour les universités médiévales d'Europe. Sur le projet d'université
élaboré en 1920 sous les auspices de la S.D.N. cf. G. Fischer, « Problèmes juridiques inté
ressant les établissements internationaux d'enseignement supérieur », A.F.D.I., 1960, pp. 709-
723.
(3) En 1945, lors de la réunion de la première commission préparatoire de l'U.N.E.S.C.O.,
le gouvernement de Colombie fit une déclaration préconisant l'établissement d'une université
internationale. Depuis cette date, l'U.N.E.S.C.O. a reçu quelques 150 propositions de diffé
rentes origines gouvernementales. U.N.E.S.C.O. : « Une étude sur la justification d'une
université internationale », 15 septembre 1971. ED/WS/257, §§ 1.5 à 1.6, p. 10. L'Université
des Nations Unies n'est pas l'héritière de l'Ecole des Nations Unies et ne doit pas être
confondue avec elle. Organisée en 1949 pour prolonger l'Ecole maternelle internationale
fondée en 1947 à Lake Success par des fonctionnaires de l'O.N.U., l'Ecole des Nations Unies
dispense un enseignement primaire et secondaire complet aux enfants des fonctionnaires
de l'O.N.U. ou assimilés. Cette Ecole connaît actuellement de graves difficultés financières.
(4) O.N.U. Doc. off. Secrétaire Général, « Introduction au Rapport annuel sur l'activité
de l'Organisation », 15 septembre 1969, XXIVe Session, Sup. N° 1 A A/7601/Add. 1 § 196-197,
p. 26. UNIVERSITÉ DES NATIONS UNIES 617
des préoccupations de l'Organisation, la création d'une université authentiquement
internationale, création que l'Assemblée Générale décida le 11 décembre 1972(5).
La conception d'ensemble de l'Université après six années d'études et de
consultations auquelles furent associés 1'U.N.E.S.C.O., 1'U.N.I.T.A.R., ainsi que
des mouvements internationaux de jeunesse et différents gouvernements, a cons
idérablement évolué depuis le projet initial de 1969(6). Celui-ci prévoyait l'accueil
dans des campus dispersés en divers points, d'étudiants de tous pays auxquels
devait être dispensé un enseignement consacré aux problèmes mondiaux (7), par
un corps professoral recruté dans tous les horizons politiques et idéologiques.
Programmes, Enseignements — sur les buts et objectifs de la Charte des Nations
Unies — Professeurs et Administration devaient porter la marque du caractère
international de l'Université, qui délivrerait des diplômes « internationaux » et
se distinguerait par ses quatre composantes de toutes les universités nationales.
Les difficultés pratiques que le projet soulevait, les critiques souvent pertinentes
sur son caractère aussi ambitieux que vague (8) , aboutirent à définir avec plus
de modération ses objectifs, et à concevoir sa réalisation avec plus de modestie.
Il est en effet très vite apparu que le principe du financement par des contributions
volontaires — principe que les Etats dans leur majorité ont posé avec beaucoup
de vigueur — n'était pas compatible avec une organisation trop complexe à
l'échelle mondiale; de plus, l'Université devait faire la preuve de sa spécificité
par rapport à d'autres organisations, faute de quoi les Etats seraient peu enclins
à l'aider.
On est donc passé de la conception traditionnelle d'une université, fût-elle inter
nationale, à celle d'un centre international, à un sorte de club de savants de toutes
disciplines : une « Brain Bank » : « Le terme Université, au sens où il est mainte
nant entendu désigne une communauté de savants au sein de laquelle les fonctions
de recherche, de formation et de service sont étroitement imbriquées. » (9)
(5) O.N.U. A.G. Doc. Off. Résolution 2951 (XXVII) adoptée par 101 voix contre 8 et
4 abstentions. La première résolution de l'Assemblée Générale concernant l'Université, Rés.
2573 (XXIV) du 13 décembre 1969 avait été adoptée à l'unanimité. Quant à la résolution
adoptant la charte de l'Université : Rés. 3081 (XXVIII) du 6 décembre 1973, elle fut votée
par 118 voix contre 0 et 10 abstentions. Les pays qui s'abstinrent sont : Bulgarie, République
Socialiste de Biélorussie, Cuba, Tchécoslovaquie, République Démocratique Allemande,
Hongrie, Mongolie, Pologne, République Socialiste Soviétique d'Ukraine, U.R.S.S.
(6) Première étude sur la possibilité de créer une université internationale établie par
le Secrétariat de l'Organisation. O.N.U., Doc. Off. Conseil Economique et Social. Note du
Secrétaire Général, 49e Session, 25 juin 1970, E/4878. Le Secrétaire Général avait été invité
à entreprendre cette étude par l'Assemblée Générale, Résolution 2573 (XXIV), le 13 décembre
1969, § 1 et 2.
(7) L'ampleur et la généralité de ce programme témoignent d'un certain irréalisme. A
titre d'exemples, on peut citer les points suivants : Réseau interculturel couvrant le monde
entier (pt. 10) ; Dialogue entre la science, les humanités et la politique (pt. 15) ; L'homme,
les mers et les calottes neigeuses (pt. 17) ; Possibilités de l'homme dans l'enfance, la
jeunesse, la maturité et la vieillesse (pt. 23), qui voisinent comme sujets d'études possibles
avec la théorie générale des organisations internationales, le désarmement, etc. Rapport
E/4878 précité, pp. 22-23.
(8) O.N.U. A.G., Doc. Off. XXVe, Supp. N° 3 (A/8003), Rapport du Conseil Economique
et Social, 9 août 1969 - 31 juillet 1970, § 511 : Un des membres a estimé qu'il était imposs
ible, au vu du rapport du Secrétaire Général de dégager une idée précise sur l'université.
Le rapport semblait défendre les principes de supranationalité ou de transnationalité, le
squels supposaient une harmonie internationale qui n'existait pas. Une autre critique faite
au était de ne pas tenir compte des conditions réelles dans lesquelles l'O.N.U. fonc
tionnait. Le représentant de l'U.R.S.S. (Conseil Economique et Social, 49e session, 28 juillet
1970 E/SR. 1720) qualifiera le travail de c phraséologie », d'une conceptio