«Du mensonge au malentendu», la tribune au vitriol d un élu MoDem contre le programme Fillon
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DU MENSONGE AU MALENTENDU Tribune de Patrick Mignola Voter Fillon, non plus pour l'homme mais pour le programme. Telle est l'antienne de cette fin de campagne pour certains de mes amis dits «de la droite et du centre». Inversant Saint Augustin, qui voulait haïr l'erreur mais aimer l'homme, il faudrait détester l'homme mais soutenir son projet. Car l'homme est dans l'ombre du doute mais le projet rassemblerait tout un camp. Pourtant ce programme, quoique plébiscité en décembre dernier, s'est évanoui aussi sûrement que la confiance en son rédacteur. Prenons trois exemples emblématiques. Qu'est la suppression de cinq cent mille fonctionnaires en cinq ans devenue ?Au fil d'explications successives et confuses, les collectivités locales s'en sont vues affectées la moitié alors que la pyramide des âges de leurs agents est jeune et qu'il leur est interdit de licencier... Quant au solde, il résiderait dans le non‐remplacement d'un fonctionnaire sur deux, « tout en maintenant un niveau de recrutement significatif sur la période »*. Dans le calcul le plus indulgent, l'on parviendrait à contracter les effectifs de 100 000, soit moins que ce qu'Alain Juppé proposait avec une supposée – et vertement dénoncée – mollesse. « En fait, il ne reste à peu près rien des annonces motivant les électeurs de droite à voter pour ce « programme » Où sont les 39 heures payées 35 ?

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Publié le 19 avril 2017
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Langue Français

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DU MENSONGE AU MALENTENDU Tribune de Patrick Mignola Voter Fillon, non plus pour l'homme mais pour le programme. Telle est l'antienne de cette fin de campagne pour certains de mes amis dits «de la droite et du centre». Inversant Saint Augustin, qui voulait haïr l'erreur mais aimer l'homme, il faudrait détester l'homme mais soutenir son projet. Car l'homme est dans l'ombre du doute mais le projet rassemblerait tout un camp. Pourtant ce programme, quoique plébiscité en décembre dernier, s'est évanoui aussi sûrement que la confiance en son rédacteur. Prenons trois exemples emblématiques. Qu'est la suppression de cinq cent mille fonctionnaires en cinq ans devenue ?Au fil d'explications successives et confuses, les collectivités locales s'en sont vues affectées la moitié alors que la pyramide des âges de leurs agents est jeune et qu'il leur est interdit de licencier... Quant au solde, il résiderait dans le non‐remplacement d'un fonctionnaire sur deux, « tout en maintenant un niveau de recrutement significatif sur la période »*. Dans le calcul le plus indulgent, l'on parviendrait à contracter les effectifs de 100 000, soit moins que ce qu'Alain Juppé proposait avec une supposée – et vertement dénoncée – mollesse.« En fait, il ne reste à peu près rien des annonces motivant les électeurs de droite à voter pour ce « programme » Où sont les 39 heures payées 35 ?Trois jours après la Primaire, elles étaient payées 37, soit un surcoût de 6% pour toutes les administrations. En trois semaines la référence aux 48 heures hebdomadaires européennes s'était évanouie. Punchline des promesses du candidat à la Primaire, elle ne figure plus nulle part au programme du candidat à la Présidentielle. Désormais, la fin des 35 heures est renvoyée à des accords d'entreprise, et « aucun accord ne pourra se traduire par une réduction salariale par rapport à la situation actuelle. »** S'il s'agit juste de maintenir le salaire mensuel, il convient d'indiquer aux salariés qu'ils travailleront quatre heures gratuites et qu'une réduction salariale sera donc opérée. Si le salaire horaire est effectivement maintenu, il s'agit peu ou prou... de la proposition d'Emmanuel Macron. Et quid de l'exonération des plus‐values immobilières, qui devaient être ramenée de 30 à 15 ans ? Elle est subrepticement repassée à 22 ans***, soit la durée de détention avant que François Fillon Premier Ministre ne la prolongeât à 30... Quant à la promesse phare de la campagne des Primaires de supprimer les frais de notaires pour les biens détenus plus de cinq ans, elle a purement et simplement été abandonnée. Et pour cause, elle coûtait 12 milliards d'euros et allait mettre en banqueroute les Conseils départementaux. Supprimer les suppressions avant qu'elles ne soient effectives n'est malheureusement pas original dans ce nouveau programme. En fait, il ne reste à peu près rien des annonces motivant les électeurs de droite à voter pour ce « programme ». Rien qui justifierait qu'on le soutînt dans les urnes malgré les vicissitudes du candidat, comme on le porterait en pince à linge sur le nez. L'effondrement de son autorité morale suite aux révélations sur son rapport à l'argent et le rapport étrange à sa propre famille qui en découle, mâtiné des vieilles habitudes de faire des promesses sitôt formulées sitôt oubliées, auront eu raison d'une partie de sa volonté pour la France. Fillon avait un projet de libéralisme économique et de conservatisme sociétal. Il ne reste plus que le deuxième pilier. Pour mes amis de la droite et du centre, l'engagement de libérer l'entreprise, de mieux rémunérer les salariés du public comme du privé et d'alléger les fardeaux fiscaux se trouvent chez Macron ! Celui‐ci tempère certes cet engagement libéral en matière économique d'une même liberté sur les questions de société et d'une conscience que les solidarit és doivent être préservées
dans une société fragile. Mais je sais que nombre des électeurs dits de droite se retrouvent en réalité dans cet équilibre, dans un projet de progrès partagé. Cette campagne s'est déroulée dans une ambiance de mensonge ; il est indispensable pour les électeurs de la droite et du centre qu'elle ne s'achève pas sur un malentendu. Celui d'un prétendu programme qui n'existe plus. Je les exhorte à regarder cette réalité en face et à oser franchir le pas d'un vote en faveur d'Emmanuel Macron. Patrick MIGNOLA est chef d'entreprise, maire de La Ravoire depuis 2001 et vice‐président du conseil régional Auvergne Rhône‐Alpes depuis 2015 * chapitre Fonction Publique point 3 **chapitre Droit du Travail point 10 *** chapitre Pouvoir d'achat et Fiscalité point 6
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