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  • mémoire
  • cours - matière potentielle : martiales
  • exposé
1 Conférence de Guy Krivopisko (Conservateur du Musée National de la Résistance à Champigny) en vue de la préparation du Concours National de la Résistance et de la Déportation (Nantes, Oct. 2010) Introduction Le thème qui est proposé aux collégiens et aux lycéens cette année, « La répression de la résistance en France par les autorités d'occupation et le régime de Vichy « invite à réfléchir sur les enjeux philosophiques, politiques et civiques de cette période durant laquelle se joue pour notre pays le sort du pays, de la nation, ainsi qu'une conception de l'homme et de la société.
  • idée démocratique de la masse
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Extrait

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Conférence de Guy Krivopisko (Conservateur du Musée National de la Résistance à Champigny) en vue de la préparation du Concours National de la Résistance et de la Déportation (Nantes, Oct. 2010) Introduction Le thème qui est proposé aux collégiens et aux lycéens cette année,  La répression de la résistance en France par les autorités doccupation et le régime de Vichy  invite à réfléchir sur les enjeux philosophiques, politiques et civiques de cette période durant laquelle se joue pour notre pays le sort du pays, de la nation, ainsi quune conception de lhomme et de la société. On peut articuler la recherche autour de 3 questionnements. La première question naît du choc des images de leffondrement national, en premier lieu la signature de larmistice franco-allemand à Rethondes le 22 juin 40 et le vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain par les Chambres réunies à Vichy le 10 juillet 1940. Des évènements qui ouvrent pour les français et les peuples de lempire français, parce quon oublie que la France est aussi le second empire au monde à cette époque, une longue période doppression imposée par les vainqueurs allemands et italiens dune part et dun état dit français dirigé par Philippe Pétain dautre part. Je naborde pas la question si particulière de lIndochine, parce que lempire cest aussi lIndochine et on pourrait inclure parmi les occupants et les oppresseurs les japonais. Le cas de lIndochine est un tout petit peu particulier et donc, au jury national, nous avons décidé de limiter à la métropole, avec quelques ouvertures sur lempire, en particulier lAfrique du nord, lAlgérie, puisquune partie des résistants, des réprimés, seront déportés en Afrique du nord ; il y en a plusieurs centaines en particulier en Algérie. En plus lAlgérie est un laboratoire extraordinaire de ce quest lEtat français et sa révolution nationale, où là il ny a pas doccupant et il peut développer sa politique en toute indépendance. Par rapport à cette période longue de 4 années doppression, intérêt de réfléchir sur les fondements et la nature de cette oppression, ses buts et ses cibles, les acteurs et les formes que prend la répression. La deuxième série de questionnement part dun constat : immédiatement, des individus et des petits groupes, à lintérieur et à lextérieur du pays, refusent cet état de fait, ce quon appellera la résistance. Sils sont peu nombreux, isolés, dispersés durant ces 4 années, les refus grandissent, sorganisent, sunissent et rassemblent la population au printemps et à lété 44 en un large mouvement majoritaire sur tout le territoire national, à la fois pour la reconquête de lindépendance du pays, cest la libération, mais aussi pour la reconquête de la souveraineté du peuple et de ses libertés, une république nouvelle, démocratique et sociale, la quatrième république qui est fondée sur le Droit et la Justice. Là aussi des images chocs nous viennent en mémoire, cest évidemment ce défilé du 26 août à la libération de Paris avec ces foules immenses autour du général De Gaulle symbole de cette résistance et de cette république restaurée dans sa capitale, mais aussi les élections du printemps 1945 avec, pour la première fois le droit de vote des femmes et on pourrait aussi, à lété 1945, autre image, louverture du procès de Philippe Pétain. Comment comprendre ce processus, ce mouvement, sans sinterroger sur les moments et la nature de ces refus grandissants, cette résistance, les buts de ces refus, les acteurs, les formes. Enfin un troisième questionnement plus philosophique et plus contemporain porte sur les conditions de conservation et de développement dans un monde en paix de sociétés démocratiques qui permettent lépanouissement de chacun et de tous et donne corps aux valeurs de liberté, dégalité et de fraternité. Tel est à mon sens lun des objectifs du concours
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national de la résistance et de la déportation, tel que lont voulu ceux qui lont fondé il y a cinquante ans. Première partie Autour de loppression et des oppresseurs. Quels sont les fondements et la nature de cette oppression ? Pour les vainqueurs, en premier lieu lAllemagne nazie, la France représente un enjeu idéologique majeur. La défaite et loccupation se révèlent être, pense-t-elle, une occasion inespérée pour régler son compte à 1789, aux idéaux républicains et démocratiques quelle forme. Cest la prétention du discours intitulé  Lor et le sang » que prononce en Novembre 40 Alfred Rosenberg qui est lidéologue du parti nazi, discours quil prononce dans la patrie des droits de lhomme, à Paris la ville des révolutions, à la Chambre des Députés, symbole de la république, de la démocratie et du parlementarisme, lors dune manifestation de la section de France du parti nazi. Je cite :  Lépoque de 1789 touche à sa fin, cette époque qui, bien que pourrie, voulait encore déterminer le destin de lEurope ». Dun autre côté, pour ceux qui, en France, à droite et à lextrême droite, rêvaient dinstaurer un régime hiérarchique et autoritaire, la situation créée par la défaite représente une  divine surprise » (qualification des milieux maurassiens). Dès le 10 juillet1940, sous la protection des vainqueurs, regroupés autour de leur héros, Pétain, dans un état dit français, ils détruisent la république et toutes les libertés politiques et individuelles, cest la » révolution nationale ». Les français ne sont plus des citoyens mais redeviennent des sujets et qui plus est des sujets inégaux, puisque immédiatement cet état instaure une législation raciste et antisémite. Pour les maîtres de lheure, donc autant les occupants allemands et italiens que létat français, les mêmes postulats idéologiques nourrissent leurs pensées et leurs actions. Dabord conception que les êtres humains ne sont pas différents mais inégaux naturellement ; je citeMein Kampf (Toutes les citations de Main Kampf sont empruntées à une traduction intégrale française, éditée en France en 1938) :  Lexistence de types humains inférieurs a toujours été une condition préalable essentielle à la formation de civilisations supérieures. » Cest une tautologie, mais elle vaut ce quelle vaut. Et de poursuivre :  Tous ceux qui en ce monde ne sont pas de race pure ne sont que déchets. » Citons Philippe Pétain, citation empruntée à lune des éditions exhaustives de ses discours et messages lors de la première année de létat français, discours qui sont distribués abondamment auprès de la population :  Le nouveau régime ne reposera plus sur lidée fausse de légalité naturelle des hommes. » Il en résulte logiquement pour eux que le principe fondamental des sociétés doit être aristocratique, cest à dire fondamentalement antidémocratique. Hitler :  La doctrine juive du marxisme rejette le principe aristocratique observé par la nature et mets à la place du privilège éternel de la force et de lénergie la prédominance du nombre et de son poids mort et prive ainsi lhumanité de la condition préalable à son existence et à se civilisation. Pétain :  Voilà le fait qui domine et commande toute la révolution nationale, le premier consiste à remplacer le peuple souverain exerçant des droits absolus dans lirresponsabilité totale par un peuple dont les droits dérivent de ses devoirs ( ?) . » Il en découle évidemment que ces systèmes politiques pour eux sont hiérarchiques, un ordre et une subordination incontestable et immuable puisquils sont posés comme sacrés. Hitler :  Une doctrine, le National-Socialisme, qui, écartant lidée démocratique de la masse, tend à donner cette terre aux meilleurs peuples, cest à dire aux individus supérieurs, doit se conformer aux mêmes principes aristocratiques à lintérieur de ce peuple et conserver aux meilleures têtes le commandement et linfluence. » Au lieu dédifier sur lidée de majorité, ces doctrines se fondent ainsi sur la personnalité. Pétain :  Un peuple est une hiérarchie de familles, de professions, de communes, articulées, fédérées, pour
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produire à tous les échelons une hiérarchie des hommes dont un petit nombre conseille, quelques-uns commandent et au sommet un chef qui gouverne. » Ces systèmes hiérarchiques et autoritaires ont pour corollaire la violence et la répression. Hitler :  Le jeune mouvement, dès son premier jour adopta le point de vue quil fallait propager ses idées par les moyens spirituels, mais que cette propagande devait être étayée, le cas échéant, sur la force brutale. » Pétain :  Demain nous remporterons une première victoire, nous remplacerons la critique par leffort. » Et de poursuivre :  De plusieurs régions on sent se lever un vent mauvais (Cest le discours daoût 1941) il provient surtout de notre lenteur à construire un ordre nouveau, ou plus exactement à limposer ; un long délai sera nécessaire pour vaincre la résistance de tous les adversaires de lordre nouveau, mais il nous faut dès à présent briser leurs entreprises en décimant les chefs. » A cet instant, il me semble nécessaire de préciser la définition du mot répression telle que la donne le dictionnaire Robert : Répression, synonyme de châtiment, dexpiation, de punition, cest à dire arrêter par la violence un sentiment, une expression, un mouvement. Mais les auteurs de cette définition poursuivent avec une citation dAlbert Camus que je trouve fort éclairante pour notre sujet. Albert Camus définit ainsi la répression: "La conquête, dirigée vers l'intérieur du pays, s'appelle propagande ou répression." Ainsi, autant que "Travail, Famille, Patrie", la devise de l'état français est aussi "Croire, Obéir, Servir", à l'instar des slogans de tous les pays fascisants en Europe, l'Espagne, le Portugal et j'en passe. Ainsi on comprend mieux pourquoi 1789, la France et la tradition démocratique et républicaine de son histoire sont au coeur de cette entreprise d'oppression. Hitler: "La France est et reste l'ennemi que nous avons le plus à craindre. Ce peuple qui tombe de plus en plus au niveau des nègres met sourdement en danger par l'appui qu'il prête aux juifs (Je traduis: marxistes, libéraux, démocrates, etc...) pour atteindre leur but de domination universelle l'existence de la race blanche en Europe, car la contamination provoquée par l'afflux de sang nègre sur le Rhin, au coeur de l'Europe répond aussi bien à la soif de vengeance sadique et perverse de cet ennemi héréditaire de notre peuple qu'au froid calcul du juif qui y voit le moyen de commencer le métissage du continent européen en son centre et infectant la race blanche avec le sang d'une basse humanité, de poser les fondations de sa propre domination. Pétain: "Libéralisme, Capitalisme, Collectivisme sont en France des produits étrangers et importés, que la France, rendue à elle-même rejette tout naturellement. L'idée national-socialiste de la primauté du travail, nous avons d'autant moins de peine à l'accepter qu'elle fait partie de notre héritage classique à telle enseigne que nous la trouvons telle quelle chez le plus français de nos écrivains, le bon La Fontaine. Rappelez-vous la fable que vous avez apprise à l'école Le laboureur et ses enfants." L'oppression naît d'abord, me semble-t-il, d'une violence d'état, une violence qui est consubstantielle de l'idéologie des hommes et des forces qui servent ces régimes. A l'été 40, dans la guerre qui continue, cette violence sert aussi d'autres desseins. Quels sont donc ces buts ou ces autres desseins. Pour les vainqueurs, et en premier lieu l'Allemagne nazie, la france représente aussi un enjeu stratégique, essentiel pour la guerre qui continue avec le Royaume-uni et celle qui est projetée à l'est. La France doit être un arrière sur, riche, à exploiter. Et, cas unique en Europe, Hitler et Mussolini font le choix de maintenir en place un gouvernement français doté de réels pouvoirs. Les armistices conclus entre les trois gouvernements entrent en vigueur le 25 juin, armistice du 22 juin avec l'Allemagne, du 24 juin avec l'Italie. Ils engagent l'état français, les deux, et toute son administration, à collaborer, le terme est déjà dans les textes des deux armistices, avec les vainqueurs pour garantir leurs intérêts et leur sécurité en France. L'état français, lui, convaincu de la victoire de l'Allemagne et de ses alliés fait le choix de la collaboration avec l'ennemi et s'emploie à devenir son brillant second dans une Europe qu'elle croit devenir nazifiée. Cette politique de collaboration est officialisée avec la rencontre de Montoire entre Hitler et Pétain le 24 octobre 1940. Immédiatement, quelles sont les cibles de cette oppression? C'est d'abord les individus, les
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groupes, les mouvements jugés ou supposés potentiellement adversaires de l'ordre nouveau, en premier lieu les élus et les fonctionnaires républicains, tout d'abord ceux liés au front populaire et à ce titre, le procès de Riom qui va s'ouvrir est exemplaire. En second lieu les partis politiques et les syndicats; s'ensuivent des mesures répressives à l'encontre en premier lieu des militants communistes et syndicalistes; entre octobre et décembre 1940 plus de 10000 d'entre eux sont arrêtés dans les deux zones. Troisièmement les étrangers, pire encore les étrangers juifs, les francs-maçons et tous ceux qui peuvent être suspectés d'être démocrates ou républicains. Sont aussi subvertis ou dénaturés les mots, les signes, les symboles de la république et ses valeurs. A titre d'exemple, je prendrai deux mots, celui de Constitution et de Loi. Ces deux mots sont continuellement répétés par l'état français pour se légitimer et légitimer ses actes. Je souhaiterai simplement rappeler leur définition, telle que nous la trouvons dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, texte fondateur de notre démocratie à la française. Constitution; je cite la déclaration, article 7: Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée n'a point de constitution. Définition de la loi, article 6: La loi est l'expression de la volonté générale; les citoyens ont le droit de concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse, tous les citoyens étant égaux à ses yeux. On conviendra qu'en l'occurrence, l'état de fait créé le 10 juillet 1940 à Vichy, ces mots et tant d'autres sont pervertis par l'état français. Enfin quatrième point, quels sont les acteurs de cette répression et quelle forme prend-elle? Je rappelle brièvement que le territoire français est émietté, en partie occupé, qu'il est divisé jusqu'en novembre 1942 en deux zones par la ligne de démarcation; je dis principalement parce que la carte des occupations et des statuts des zones est extrêmement complexe; et en particulier, un département comme la Loire Inférieure à l'époque, toute la partie côtière a un statut particulier qui est celui d'une zone interdite. Pour autant, à l'exception des départements annexés par l'Allemagne nazie, c'est à dire les trois départements alsaciens et mosellan et les territoires annexés par l'Italie; je dis annexés parce qu'il y a une annexion de fait de 13 communes entre Menton et la Savoie et qu'il y a une italianisation forcée, comme il y a une germanisation forcée en Alsace-Lorraine. Donc pour autant, en dehors de ces territoires annexés, de l'été 40 à l'été 44 le gouvernement français exerce tous les pouvoirs sur l'ensemble des zones occupée, non occupée et dans l'empire, jusqu'à la libération ou au ralliement des territoires ou la libération par les forces françaises libres ou les alliés. D'un côté, pour les occupants, on fait respecter les intérêts du Reich allemand et assurer l'exercice de tous les droits de la puissance occupante. Les allemands disposent de moyens importants qui sont codifiés par des ordonnances et des avis. Une administration pyramidale quadrille l'ensemble du territoire, avec à sa tête un haut-commandement allemand installé à Paris; exception pour la zone interdite Nord-Pas de Calais rattachée au haut commandement de Bruxelles. Le quadrillage du territoire est ainsi réalisé au niveau de grandes régions militaires qu'on appelle Bezirk , la plus importante et la plus célèbre étant celle que l'on appelle Gross Paris, le grand Paris et puis à l'échelle des départements et des arrondissements des Feldkommandatur ou Kreiskommandantur. En tout lieu cette administration s'appuie sur les forces armées, la wehrmacht dotée de tribunaux militaires et la police militaire feldgendarmerie; s'ajoutent à ses forces militaires deux structures spécifiques, une police secrète, la geheimfeldpolizei, c'est la sécurité militaire, et l'abwehr qui sont des services de renseignements de l'armée. Enfin agissent de manière moins visible les services de police politique, la sipo-SD, police de sécurité et celle-ci dépend directement de l'office central de sécurité du Reich, la .... Cette sipo-Sd coiffe les deux polices secrètes de l'état nazi, d'un côté la gestapo, police secrète d'état et la kripo, police criminelle. Les services de la sipo-Sd s'installent dès le début de l'occupation d'abord à Paris et de manière très discrète et dès 1942,
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en mai 1942, avec l'installation de Karl Oberg qui est le commandant supérieur des SS et de la police, la sipo-Sd prend en main l'ensemble des polices militaire et politique allemandes en France. Dans les territoires qui sont occupés par les italiens sévissent exactement les mêmes forces militaires et policières dont la sinistre opvra (organisation pour la vigilance et la répression de l'antifascisme) qui est la police secrète de l'état fasciste. Mais dans un pays aussi vaste que la France, le concours du gouvernement et de toute l'administration de l'état français est indispensable aux occupants. Le zèle des personnels qui sont chargés de la répression, l'appareil préfectoral, policier et judiciaire est garanti par un serment personnel prêté au maréchal Pétain et par une épuration impitoyable, je reviendrai là-dessus. La police en tenue et la gendarmerie jouent un rôle important dans l'application des lois racistes et antisémites de Vichy, ainsi que dans la surveillance quotidienne de la population et le maintien de l'ordre public. Mais rapidement, la police et la gendarmerie vont être jugées peu sûres pour les opérations de répression et la lutte systématique contre les résistants est menée par des forces spéciales, notamment les renseignements généraux et les brigades spéciales de la préfecture de police de Paris. Enfin le ministre de l'intérieur, Pierre Pucheu, crée trois autres polices spécialisées, une police antimaçonnique, une police aux questions juives et un service de police anticommuniste, plus les groupes mobiles de réserve, GMR, qui vont être déployés en zone nord dès la fin 1942 et venir en supplétifs des forces militaires allemandes. Enfin toujours du côté français des polices parallèles, en premier lieu la milice qui est créée en 1943 épaule, appuie ces forces spéciales. Pour couronner le tout ou que cette architecture soit bien soudée, la collaboration entre les services français, allemands, mais aussi italiens, est officialisée en avril 42, après une rencontre entre Karl Oberg, commandant des SS et de la police et René Bousquet, le secrétaire de la police de l'état français. C'est l'état des forces. La répression à la fois par l'occupant et l'état français passe aussi par une autre forme qu'une répression policière. D'abord cette répression passe aussi par la mainmise et le contrôle de tous les médias imprimés, audio et audio-visuels qui sont étatisés, contrôlés, soumis à la censure et transformés en instruments de propagande de masse. Les trois grandes expos antimaçonnique, antibolchevique et antijuive sont le fleuron de cet appareil de propagande. Cette propagande décline tous les thèmes idéologiques que j'ai présenté et le point culminant est atteint en février 1944 avec l'affiche qui est entrée dans l'histoire sous le nom de l'affiche rouge, l'armée du crime qui présente la résistance comme un complot de bandits et d'étrangers. Il convient aussi de ne pas oublier que la répression s'exerce au quotidien, sur le terrain, on dirait de l'ordre moral, ou de la discrimination. Terrain d'ordre moral, simplement un exemple: la seule femme exécutée en France est une avorteuse pendant cette période et le terrain de la discrimination, il y a évidemment l'élément antisémite, et puisque nous sommes en Loire-Atlantique, rappeler que depuis l'été 40, à la demande des allemands, sont internés tous les gens du voyage et les tziganes et que, d'abord à la Forge (Moisdon) puis au camp de Choiseul, sont internés pour la Loire Inférieure, ces gens dits indésirables. La répression s'exerce aussi par l'asservissement de tous les corps et administrations de l'état. C'est signifié fortement par l'obligation du serment personnel et par ... Je prends simplement l'exemple des corps de préfectorale: dès les premiers mois de l'installation de l'état français, Préfets, sous-préfets, secrétaire généraux: 76 sont mis à la retraite, 77 sont révoqués, 286 sont mutés d'office. Il en est de même dans toutes les administrations, y compris les forces de répression. Quand on parle de la police, la police en 41 n'est pas celle d'avant le 10 juillet 1940. Elle est épurée de milliers d'agents qui étaient réputés trop républicains. Enfin la répression passe par la mise au pas de la société, l'embrigadement de la population, c'est la légion des combattants, c'est pour la jeunesse les chantiers de la jeunesse, ce sont pour les étrangers les compagnies de travailleurs étrangers, enfin s'ajoute tout un travail de corruption
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des esprits et des personnes qui est réalisé par des officines de collaboration ou de l'occupant. Les instituts allemands, il y en a un à Nantes, ou les groupes du mouvement de collaboration, il y en a un à Nantes, 800 adhérents pour la Loire-inférieure. Pour terminer ce panorama, je ne voudrais pas oublier le rôle nouveau qui est dévolu à l'école et à ses enseignants. Je cite un des discours de Pétain: " L'école française de demain ne prétendra plus à la neutralité; la vie n'est pas neutre; il n'y a pas de neutralité possible entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal, entre la santé et la maladie, entre l'ordre et le désordre, entre la France et l'antifrance." Évidemment les enseignants, les maîtres sont amenés à ou conduits à appliquer ces directives. Les résistants ou opposants à ce nouvel ordre ainsi que les exclus de la communauté nationale parce que juifs sont traqués par toutes ces polices et sont l'objet de toutes ces propagandes et vindictes. Quand ils sont arrêtés, et pour la majorité d'entre eux ils le sont par les forces de répression françaises et le plus souvent livrés aux autorités d'occupation, s'ils ne sont pas assassinés, ils sont enfermés dans des camps ou des prisons sous administration française, allemande ou italienne; ils sont enfermés, après une condamnation par un tribunal civil ou militaire soit sans jugement comme internés administratifs. C'est la loi répressive la pire qui va être mise en oeuvre par l'état français. Elle s'appuie sur deux décrets de novembre 38 et novembre 39, mais l'état français en aggrave les dispositions et donc c'est sur simple décision du préfet que l'on peut arrêter et enfermer sans jugement un citoyen. En fait c'est une véritable loi des suspects et elle s'apparente à la détention de sécurité de l'état nazi qui est à l'origine de la création des camps de concentration en Allemagne nazie. Une fois arrêtés, souvent ils sont torturés, mais s'ils ne meurent pas sous les coups ou s'ils ne se suicident pas, ils sont "jugés" soit par des tribunaux militaires de l'occupant, soit par des juridictions ordinaires mais surtout des juridictions d'exception françaises, des sections spéciales, des tribunaux d'état, des cours martiales qui appliquent des lois rétroactives, sans recours, exécutoires immédiatement. En fait ils sont condamnés par avance pour le combat qu'ils ont mené ou pour celui qui est poursuivi par d'autres et dans ce cas ils sont désignés comme otages. Je précise que peuvent être aussi otages les juifs. La plupart des grandes fournées d'exécution en zone nord, à partir de décembre 41 vont comporter une moitié de résistants, une moitié de juifs qu'on va tirer de Drancy. Évidemment, les juifs que l'on retire de Drancy pour les exécuter au Mont Valérien, on a examiné leur dossier; en général, ils étaient des militants d'associations démocratiques et républicaines. Quand ils sont condamnés, ils le sont toujours à de lourdes amendes et à des peines sévères d'emprisonnement. Mais pour la plupart d'entre eux ces peines débouchent, pour des milliers d'entre eux sur leur mise à mort, fusillés par les allemands, les italiens, guillotinés par les français, sur la fin de la guerre on peut être aussi fusillé par des français si c'est la milice qui arrête le résistant et qui s'instaure en tribunal et pour près de 90000 d'entre eux, à partir de l'été 42 par leur déportation en camp de concentration. Pour autant je voudrais signaler, parce que c'est une histoire qui touche aussi le département, dès l'été, l'automne 40, les espagnols qui étaient internés dans des camps sont livrés aux allemands et déportés au camp de concentration de Mauthausen. Les résistantes, quand elles sont condamnées à mort sont déportées, jamais exécutées en France et souvent exécutées en forteresse ou en camp. Les jeunes de moins de 16 ans, filles ou garçons sont toujours déportés. Enfin, mesure terrible liée à la déportation qui est mise en oeuvre à partir de décembre 1941, pour accentuer l'effet de terreur pour les résistants, leurs proches et la population, c'est la mise en place du décret ... la procédure dite NN , Nacht und Nebel, c'est à dire que le résistant est déporté sans que l'on sache la destination et le devenir du résistant ou de la résistante. Pour conclure cette première partie. Dans le même temps que ces procédures à l'encontre de la résistance sont mises en place et exécutées, il ne faudrait pas oublier d'abord les crimes de
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guerre qui vont être commis par les armées d'occupation, en particulier par la wehrmacht durant la campagne de France à l'encontre de populations civiles et surtout à l'encontre des troupes coloniales. Tout le monde a en t^te l'épisode de tentative de suicide de Jean Moulin. Jean Moulin tente de se suicider parce que le commandant de la wehrmacht tente d'obtenir de lui la signature d'un texte qui reconnaîtrait les massacres et les viols de populations civiles par les troupes coloniales, alors que ces massacres et viols ont été commis par la wehrmacht. Refusant de signer ce texte et ayant peur de céder, dans la nuit, Jean Moulin tente de se suicider. Ces massacres sont commis en masse et un peu partout sur le territoire. Je vous rappelle qu'il y a un cimetière sénégalais dans la banlieue de Lyon, qui rassemble les corps de plusieurs centaines de tirailleurs sénégalais qui ont été massacrés à la grenade et écrasés par les tanks les 21 et 22 juin 40 en défendant Lyon. De l'été 40 à l'été 44, d'autres formes d'exactions sont commises. Des actes terroristes qui visent les familles, l'entourage des résistants, mais aussi les populations civiles. En fait des représailles et des châtiments collectifs de gens ennemis potentiels ou suspects, les exécutions des 48 résistants otages le 22 octobre à Châteaubriant, Nantes et Paris est un exemple, il y en aura beaucoup d'autres; la destruction du vieux port à Marseille les 22, 23, 24 avril 1943, c'est la destruction de 1500 maisons, la rafle de 40000 personnes et la déportation de 13000 d'entre elles. Il y en aura bien d'autres; c'est Clermont-Ferrand avec les alsaciens de l'université de Strasbourg, c'est Villeurbane, etc..., ou l'anéantissement de populations civiles comme à Oradour sur Glane en juin 1944, il y en a des dizaines, voire des centaines d'autres en France. On parle beaucoup de Maillé aujourd'hui, on pourrait parler de Dortan, de Pressiné le ... etc... Première partie donc sur cette oppression, cette terreur des conquérants.
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Deuxième partie. Je voudrais réfléchir avec vous sur le fait que sous ce régime de terreur des français, des immigrés, des étrangers, j'insiste bien sur ces trois catégories, au nom de l'idée qu'ils se font de la France et au nom d'autres conceptions philosophiques, confessionnelles ou politiques, conceptions de la société, refusent cet état de fait et cet ordre nouveau. Ils réalisent une synthèse de leurs idéaux respectifs dans un combat pour la république, la démocratie, les droits de l'homme et du citoyen. Il me semble que c'est extrêmement important de saisir que c'est le sens et le fondement même de la résistance. Ces hommes et ces femmes qui refusent sont issus de toutes les catégories sociales et de toutes les familles de pensée de la société française. Donc il n'est pas étonnant d'imaginer qu'au départ leur positionnement à l'égard de la république, mais aussi de la révolution nationale, de l'état français, peuvent être différents, multiples, contradictoires. Pour autant dans cette diversité leur engagement est fondé sur le refus de la défaite, le refus de l'occupation et le refus de l'oppression. Aussi, jusqu'à l'été 44, la libération, aux deux sens du terme, se libérer physiquement, mais aussi se libérer spirituellement, est le seul horizon vers lequel sont tendues toutes leurs forces. Aussi peu d'entre eux vont formuler, tardivement, un projet politique pour la libération. Certains, d'ailleurs, républicains convaincus, ajoutent une autre raison à ce fait, c'est que seul le peuple est souverain et que seule la libération rendra au peuple sa capacité à décider du futur régime politique. Je rappelle l'article 7-3 de la déclaration des droits de l'homme: "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément." Mais, qu'ils en soient conscients ou non, qu'ils le revendiquent ou non, leur engagement s'inscrit dans l' héritage démocratique et républicain et ils le font vivre dans l'action au péril de leur vie. En dépit de l'oppression et de la répression, il me semble que résister fondamentalement c'est tout simplement rester un homme et demeurer un citoyen. Pour moi, poursuivre la guerre au sein des FFL ou des réseaux, reconstruire le syndicalisme et s'engager dans des luttes sociales, puis dans la lutte armée, répond au droit de résistance à l'oppression qui est affirmé par l'article 2 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Manifester publiquement, taguer les murs, ronéoter, distribuer une feuille clandestine, bien souvent porteuse d'opinions différente des siennes, se regrouper en dépassant les clivages politiques, philosophiques ou confessionnels antérieurs dans une organisation clandestine, cacher, protéger les pourchassés et les persécutés n'est-il pas non plus dans les faits l'exercice le plus noble des libertés fondamentales de penser, de parler, d'écrire, d'imprimer, telles qu'elles sont énoncées dans les articles 9, 10 11 de la déclaration des droits de l'homme, mais aussi dans les principes d'égalité et de fraternité contenus dans le préambule de la déclaration. Dune autre manière et avec dautres mots, cest aussi ce quexprime le dernier vers du chant des partisans  sifflez compagnons, dans la nuit la liberté vous écoute. » Très tôt donc, en toute conscience, des petits groupes revendiquent aussi la république, ses principes, pour fonder leur action. Cest le cas aussi en loire-atlantique, les titres des journaux, les manifestations patriotiques, le 14 juillet, le 11 novembre, cela démarre le 11 novembre 40. Des textes politiques fondamentaux qui sont publiés en brochures, le nom des mouvements, 14 juillet, liberté, etc… Finalement, clandestinement, la république est à lœuvre dans la résistance, une république des catacombes comme la surnomme si justement Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin. Dans laction et le combat, les principes républicains et démocratiques vont senrichir. Pourquoi se construit cette république dans laction et surtout dans la période 42-43 ? Dabord il y a des incidents autant externes quinternes importants qui aménent les résistants à se réapproprier lhéritage républicain et démocratique : dabord il y a la mondialisation de la guerre qui ouvre des perspectives de victoire et de libération, deuxièmement la collaboration de plus en plus étroite entre létat français et les occupants ne trompe plus sur la nature réelle
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de létat français et sa prétendue révolution nationale, et la politique de collaboration met de plus en plus en danger, en péril même de mort la nation. Le pillage des hommes et des biens met en péril de mort le pays. Et donc la résistance se doit à la fois de regrouper ses forces et aussi de souvrir et dentraîner dans laction de plus en plus de fractions importantes de la population. Cest la naissance des mouvements. Enfin, dernier fait, cest la politique ambiguë de lallié américain qui … pour la souveraineté du pays et lindépendance à la libération. Finalement, pour tous les résistants, quelle quait été leur opinion antérieurement, la république est le seul héritage politique commun vers lequel ils peuvent se retourner pour puiser les forces et les raisons de sunir et dunir les français pour la libération du pays, son indépendance et sa souveraineté. Il me semble que la déclaration du général De Gaulle davril 1942 , suivie le 14 juillet 1942 de la création de la France combattante est lacte fondateur de cette république des catacombes. Comment se construit cette république dans la clandestinité ? A partir de 42 on assiste à une convergence progressive de toute la résistance vers lidée républicaine. 3 formes, à la fois une réappropriation, une création et une construction ; la réappropriation est en 43-44 largement affichée et revendiquée par toute la résistance. Cest dabord des références extrêmement nombreuses à la république, ses symboles, ses principes dans la presse clandestine, ou la multiplication des articles qui font linventaire critique de la troisième république. Cet inventaire critique conduit toujours à des analyses qui débouchent sur la nécessité dune nouvelle révolution qui portera un nouveau régime et une nouvelle ème république, la 4 république. Le mot révolution est présent dans les discours du général De Gaulle, dès 1940. La réappropriation rencontre un écho fort dans la population, cest lampleur des manifestations du 14 juillet 42, 43 et surtout 44, manifestations à lappel de la résistance qui sont interdites. Pourtant, des dizaines de milliers de français sont dans les rues. Lécho de cette réappropriation de lhéritage républicain, on le retrouve jusque dans les camps et dans les prisons ; deux exemples : le convoi des résistantes déportées, le convoi des 31000, où il y a Charlotte Delbo, Marie-Claude Vaillant-Couturier et tant dautres ; elles entrent à Auschwitz en chantant la marseillaise ; et les marseillaises et les chants du départ et lensemble de la symbolique républicaine présentes dans les journaux clandestins, dans les dernières lettres de fusillés, face au peloton dexécution. En dehors de la réappropriation, la création. A partir de 43, la résistance qui est devenue majeure sinscrit dans une démarche de recréation de la république. Cest dabord une multiplication, un foisonnement de programmes, de projets de réformes, de constitutions, des débats très violents, âpres, qui pour autant aboutissent à une synthèse devenue historique qui est le programme du CNR. Le programme est adopté à lunanimité ; il est le fruit de mois et de mois de débats démocratiques dans la clandestinité de toutes les composantes qui forment le CNR, partis politiques, syndicats. Sont assez intéressants les PV du bureau du CNR ; chaque PV indique les positions des uns et des autres, les remets en débat, les positions circulent, les critiques reviennent au bureau, sont prises en compte, remises en débat, etc … Le programme va se construire dans ces échanges sur 7 mois dans la clandestinité dans toutes les organisations composant le CNR. Et puis le programme se fait, dans lunanimité, autour de la république et de ses principes. Troisième point, la construction. En révolutionnaires, cest le terme quutilise le général De Gaulle, les résistants à lextérieur et à lintérieur bâtissent dans lunion, mais cest vraiment très important, autant face à létat français quaux occupants, mais aussi face aux alliés, les forces militaires et politiques qui permettront la libération du pays et la construction de la république. Et en républicains conséquents, ils construisent une architecture politique, administrative et militaire provisoire. Tant que le peuple ne peut pas sexprimer, le régime politique ne peut pas être décidé et défini à sa place. Enfin, et cest vrai aussi en Loire-inférieure, on a ces images de la libération à Châteaubriant, à Nantes, ces images des combats
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et aussi des fêtes de la libération ou la république et ses symboles sont partout présents. Ce combat va réinstaller cette république, une quatrième, et je ferai remarquer quil faut deux ans de débat démocratique pour quelle voie enfin le jour avec une constitution. Cest exemplaire dans lhistoire nationale. Pour terminer sur ce deuxième aspect de construction de la république je voudrais formuler quatre questions ou observations : Première question. Sans un enracinement en profondeur dans toute la population, de pratiques, de valeurs, de droits et de symboles attachés à la république, la résistance aurait-elle acquis cette force, cette créativité politique qui entraîne dans ses buts et ses projets limmense majorité des français, si divisés en 1940. Et non seulement des français, mais aussi dans ce combat un nombre extrêmement important dimmigrés et détrangers. Deuxième observation. Sans guerre civile, et cest une exception en europe, la résistance qui est fondamentalement démocratique assure le retour à lindépendance et la souveraineté du pays, le rétablissement immédiat des libertés républicaines et de toutes les libertés fondamentales, sans guerre civile. Et la république nouvelle qui est voulue par toute la résistance, elle est une, indivisible et laïque, oui, elle est démocratique, je rappelle le droit de vote des femmes ; on pourrait développer aussi dautres droits démocratiques contenus dans cette nouvelle république, et enfin elle est sociale. Dernière observation, comme en 1789, les hommes qui forment cette république nouvelle offrent au pays une déclaration des droits de lhomme et du citoyen enrichie de nouveaux droits, nouveaux droits qui sont présentés en préambule de la constitution de 46, mais je rappelle que ce préambule est aussi le préambule de notre constitution actuelle et au monde un texte de portée universelle, la déclaration universelle des droits de lhomme; rappelons que le juriste de la France libre, René Cassin est un des artisans essentiels de cette déclaration universelle des droits de lhomme. Troisième sujet de mon exposé, que je ne développerai pas parce que je nai pas à répondre pour nous tous, simplement, je voudrais quon poursuive le questionnement du thème, mais aussi réfléchir ensemble sur lessence même du concours. Je voudrais simplement vous lire un extrait du texte de lécrivain et résistant Jean Paulhan publié clandestinement sous le pseudonyme de Just dans des cahiers de Libération en 1943  Et je sais quil y en a qui disent - ils sont morts pour peu de choses ; un simple renseignement, pas toujours très précis ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin parfois assez mal composé - . A ceux-là il faut répondre cest quils étaient du côté de la vie et quils aimaient des choses aussi insignifiantes quune chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusquà ce quelle étouffe. Elle ne mourra pas sans tavoir piqué ; cest peu de chose dis-tu ; cest peu de chose ; mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps quil ny aurait plus dabeilles. Je vous remercie de votre attention.
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