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Niveau: Secondaire, Lycée
- Académie des Sciences morales et politiques. 1 Le roman non-populaire et Eugène Le Roy par M. Xavier Darcos, Membre de l'Institut Le roman populaire, au XIXème siècle, privilégiait le cadre citadin, plus propice aux rebondissements et aux machinations. Les Misérables, comme Les Mystères de Paris, pour citer deux différents « best sellers » qui balisent toute l'époque, prennent la capitale pour personnage central, la période historique choisie ne modifiant pas fondamentalement la structure narrative, à la fois policière et passionnelle. Par contraste, les romans du terroir subissaient tous l'influence de la sensibilité pré-romantique et de Rousseau : le monde paysan y restait perçu comme un univers de sentiments nobles et vertueux. Dès la fin du siècle des Lumières, un roman comme Le paysan perverti de Nicolas Restif de la Bretonne installait ce topos romanesque du contact avec la nature comme purification, par opposition aux Babylone modernes, tandis que le temps s'étire sans vrais accidents autre que les saisons et les fêtes. Nul doute que George Sand, dans ses romans écrits entre 1845 et 1853 (La petite Fadette, La Mare au Diable, François le Champi, Les maîtres sonneurs), a contribué a fixé dans un lectorat assez large une telle représentation. Certes, Balzac dans Les Paysans ou, plus encore, Zola dans La Terre tentèrent de subvertir une vision aussi idyllique, en insistant au contraire sur les enjeux sociaux de la lutte pour la propriété foncière.

  • littérature

  • auteur

  • populaires de l'époque féodale7

  • roman populaire

  • harmonie entre l'homme

  • abrégé de l'histoire sociale

  • local

  • contraire sur les enjeux sociaux de la lutte pour la propriété foncière


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Langue Français

Extrait

http://www.asmp.fr - AcadÈmie des Sciences morales et politiques.
Le roman non-populaire et EugËne Le Roy
p a r
M. Xavier Darcos,
Membre de lÕInstitut
Ëme Le roman populaire,au XIXsiËcle, privilÈgiait le cadre citadin, pluspropice aux rebondissements et aux machinations.Les MisÈrables, commeLes MystËres de Paris, pour citer deux diffÈrents ´ best sellers ª qui balisent toute lÕÈpoque, prennent la capitale pour personnage central, la pÈriode historique choisie ne modifiant pas fondamentalement la structure narrative, ‡ la fois policiËre et passionnelle. Par contraste, les romans du terroir subissaient tous lÕinfluence de la sensibilitÈ prÈ-romantique et de Rousseau : le monde paysan y restait perÁu comme un univers de sentiments nobles et vertueux. DËs la fin du siËcledes LumiËres, un roman commeLe paysan pervertide Nicolas Restif de la Bretonne installait ce topos romanesque du contact avec la nature comme purification, par opposition aux Babylone modernes, tandis que le temps sÕÈtire sans vrais accidents autre que les saisons et les fÍtes. Nul doute que George Sand, dans ses romans Ècrits entre 1845 et 1853 (La petite Fadette, La Mare au Diable, FranÁois le Champi,Les maÓtres sonneurs), a contribuÈ a fixÈdans un lectorat assez large une telle reprÈsentation. Certes, Balzac dansLes Paysansou, plus encore, Zola dansLa TerretentËrent de subvertir une vision aussi idyllique, en insistant aucontraire sur les enjeux sociaux dela luttepour lapropriÈtÈ fonciËre. Mais les stÈrÈotypes ont rÈsistÈ. Voyez comment Erckmann & Chatrian, entre 1860 et 1870, continuent ‡ mettre en scËne un monde rural et provincial qui reste naÔf,rituel et moral, mÍme si la paysannerie y prend consistance et si les intrigues sÕy structurent autour de revendications rÈpublicaines, comme dansLÕAmi Fritzou dansHistoire dÕun paysan.
EugËne Le Roy entre dans cette catÈgorie littÈraire imprÈcise, o˘ cohabite lieu-commun et idÈologie. La critique, embarrassÈe, voit dans son oeuvre, avec un peu de condescendance, "de l'art 1 2 rÈgionaliste". Elle dÈfinit lÕauteur comme un "romancier rustique" , un "romancier pÈrigordin", voire 3 un inventeur du "roman rustique social" . On se souvient que Paul Vernois essaya, en 1962, sans vraiment convaincre, de faire la clartÈ sur les limites du genre quÕil nommait ´ le roman rustique ª, en annexant mÍme des auteurs comme Balzac et Mauriac. Il proposait que lÕon dÈnomme ainsiles Ïuvres dontles protagonistes Ètaient des paysans, yadmettant cependant des ´personnages Èpisodiques ª tels lÕinstituteur, le curÈ et le mÈdecin. Ces flottements conviennent de la maniËre dont EugËne Le Roy a choisi de sÕexposer dans ses livres, cherchant lesrealia, les petits faits vrais pittoresques, avec des intrusions dÕauteur frÈquentes dans la narration. L'engagement du narrateur est partout perceptible,dans le systËme de focalisation qui guide ses descriptions ou dans la figuration de ses personnages.Il va jusqu'‡ se camper en "Èchosonore" local et particulariste, comme dans l'Èpigraphe souvent citÈe duMoulin du Frau: "Ce livre est purement pÈrigordin ; celui qui n'aime pas l'ail, le chabrol et l'huile de noix peut le fermer, il n'y comprendrait rien". Le PÈrigord vient marquer la fiction dÕune estampille vÈridique, comme feront le dÈpartement de lÕAllier chez …mile Guillaumin (La Vie dÕune simple), lÕAuvergne chez Henri Pourrat (Gaspard des montagnes), la Sologne chez Maurice Genevoix (Raboliot) ou la Provence chez Giono.
Mais, pour en rester ‡ la pÈriode o˘ Ècrit EugËne Le Roy, lÕoption littÈrairerÈgionaliste comporte en soi un enjeu polÈmique. DÕune part, les auteurs locaux exigent dÕÍtre reconnus comme
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