Quelles sont les finalités de l école obligatoire celle qui accueille aujourd hui en France tous les enfants et adolescents de ou ans Comment définir les rapports entre cette école de base cette école pour tous et le monde du travail
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Quelles sont les finalités de l'école obligatoire celle qui accueille aujourd'hui en France tous les enfants et adolescents de ou ans Comment définir les rapports entre cette école de base cette école pour tous et le monde du travail

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Description

Niveau: Secondaire, Lycée
158 Quelles sont les finalités de l'école obligatoire, celle qui accueille aujourd'hui en France tous les enfants et adolescents de 6 à 16 ou 18 ans ? Comment définir les rapports entre cette école de base – cette école pour tous – et le monde du travail ? Depuis plusieurs siècles, deux grandes conceptions divergentes s'af- frontent… ou se superposent de façon confuse et contradictoire : le modèle économiste place au premier plan la formation de « l'homo eco- nomicus » tandis que le modèle humaniste privilégie celle de « l'homo humanus ». Chacun (se) pose la question essentielle du sens de l'école, du sens que l'on donne à la formation de base (ou initiale) de l'être humain : l'enfant (le jeune) doit-il être préparé à la « vie économique » ou bien à la « vie spirituelle » ? Doit-on éduquer le (futur) producteur ou Ville-Ecole-Intégration, n° 113, juin 1998 L'ÉCOLE DU TRAVAIL DANS LA PENSÉE OUVRIÈRE Gérard CHAUVEAU (*) (*) Chargé de recherche INRP-CRESAS. Dans la France d'aujourd'hui, deux grandes conceptions de l'école pour tous continuent de s'affronter, l'une économiste et intégrative, l'autre humaniste et émancipatrice. La (re)découverte de l'ensemble des réflexions et expérimentations pro- duites tout au long du XIXe siècle par le mouvement ouvrier et socialiste per- mettrait de dégager une nouvelle voie pour penser les rapports entre ensei- gnement et travail, entre école et entre- prise, entre

  • groupe de femmes de ménage dans les habitations

  • image de l'homo hominus

  • idées de base de la pensée ouvrière

  • départ du groupe

  • besoin de la société

  • société socialiste

  • travail productif


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Publié par
Publié le 01 juin 1998
Nombre de lectures 91
Langue Français

Extrait

Ville-Ecole-Intégration, n° 113, juin 1998
L’ÉCOLE DU TRAVAIL
DANS LA PENSÉE OUVRIÈRE
Gérard CHAUVEAU (*)
Dans la France d’aujourd’hui, deux
grandes conceptions de l’école pour
tous continuent de s’affronter, l’une
économiste et intégrative, l’autre
humaniste et émancipatrice.
La (re)découverte de l’ensemble des
réflexions et expérimentations pro-
eduites tout au long du XIX siècle par
le mouvement ouvrier et socialiste per-
mettrait de dégager une nouvelle voie
pour penser les rapports entre ensei-
gnement et travail, entre école et entre-
prise, entre éducation et qualification
professionnelle, à l’horizon 2 000.
Quelles sont les finalités de l’école obligatoire, celle qui accueille
aujourd’hui en France tous les enfants et adolescents de 6 à 16 ou
18 ans ? Comment définir les rapports entre cette école de base – cette
école pour tous – et le monde du travail ?
Depuis plusieurs siècles, deux grandes conceptions divergentes s’af-
frontent… ou se superposent de façon confuse et contradictoire : le
modèle économiste place au premier plan la formation de « l’homo eco-
nomicus » tandis que le modèle humaniste privilégie celle de « l’homo
humanus ». Chacun (se) pose la question essentielle du sens de l’école,
du sens que l’on donne à la formation de base (ou initiale) de l’être
humain : l’enfant (le jeune) doit-il être préparé à la « vie économique »
ou bien à la « vie spirituelle » ? Doit-on éduquer le (futur) producteur ou
(*) Chargé de recherche INRP-CRESAS.
158bien la personne ? Va-t-on viser la formation d’un « membre accompli
de la société » ou bien « le développement harmonieux de l’individu » ?
Dans la France d’aujourd’hui, la lutte entre ces deux principes conti-
nue, même si elle est souvent occultée dans les discours autorisés. Il y
a, d’un côté, ceux qui veulent une école « fonctionnelle », outil d’inser-
tion socioprofessionnelle ; et, de l’autre, ceux qui défendent l’idée
d’une école « désintéressée ». Dans sa version caricaturale, elle est ten-
tée d’associer la formation littéraire ou esthétique à l’image de l’homo
hominus et la formation (pré)professionnelle à celle de l’homo econo-
micus. Dans sa forme la plus élaborée, elle oppose deux définitions de
« l’école républicaine » : l’une, intégrative, qui veut adapter, insérer,
intégrer (sur le plan social et économique) ; la seconde, émancipatrice,
qui s’efforce d’épanouir, d’affranchir, de libérer (sur le plan intellectuel
et culturel).
Classiquement, la relation école/travail productif est donc conçue soit
comme une simple succession entre deux périodes de la vie de l’être
humain, soit comme un rapport de dépendance. Dans le premier cas,
l’école est extérieure et indifférente à « la vie active » ; dans le second,
elle est dominée par le monde économique, au service de l’emploi ou de
l’entreprise.
Il existe pourtant une tout autre façon d’envisager le problème : elle
consiste à faire de la production la base – ou une base – de l’éducation.
Au siècle dernier, cette conception a connu des dénominations et des
modalités variées : instruction (éducation) intégrale, école du travail,
éducation (enseignement) polytechnique, école-atelier, éducation par le
travail, éducation industrielle… Mais surtout elle a été reprise, avec des
variantes et des nuances, par l’ensemble du mouvement ouvrier et socia-
eliste du XIX siècle. On la trouve chez les socialistes utopistes et chez
les socialistes scientifiques, chez les réformistes et chez les révolution-
naires, dans la Première Internationale (Association internationale des
travailleurs) et dans les premiers partis ouvriers et socialistes français,
chez les pédagogues de 1848 et chez les Communards de 1871, chez
Owen, Fourier, Saint-Simon, Proudhon et chez Marx (et Engels)… Elle
est aussi bien l’affaire d’éducateurs comme Paul Robin que de poli-
tiques comme Karl Marx. Le premier explique : « Il ne faut pas oublier
que l’éducation physique et intellectuelle (ou instruction) doit com-
prendre la science et l’art, le savoir et le faire. Un véritable intégral est
159à la fois théoricien et praticien. Il réunit les deux qualités systématique-
ment séparées par la routine officielle, maintenant d’une part l’ensei-
gnement primaire et professionnel, de l’autre l’enseignement secondaire
et supérieur : il est à la fois le cerveau qui dirige et la main qui exécute,
le savant et l’ouvrier » (1). Et le second réclame une « éducation qui
unira, pour tous les enfants au-dessus d’un certain âge [9 ans], le tra-
vail productif avec l’instruction et la gymnastique, et cela non seule-
ment comme moyen d’accroître la production sociale, mais comme le
seul et unique moyen de produire des hommes complets » (2).
Une formule succincte résume la position marxienne (de Marx) :
« réunion du travail productif et de l’éducation ». C’est l’une des dix
thèses du Manifeste communiste de 1848. Et en 1918, en Union sovié-
tique, elle deviendra l’un des thèmes centraux de l’instruction
publique : « Instituer l’instruction gratuite et obligatoire, générale et
polytechnique (enseignant la théorie et la pratique des principales
branches de la production), pour les enfants des deux sexes jusqu’à
16 ans. […]. Réaliser une liaison étroite de l’enseignement et du travail
social productif » (Programme du PCUS de 1919). Après la Révolution
d’octobre 1917, c’est l’une des idées-forces de la pédagogie marxiste
(se réclamant de Marx) : créer une école du travail productif associée à
la formation intellectuelle.
Les précurseurs et le socialisme utopique
Robert Owen (1771-1858) est l’un des précurseurs – au niveau théo-
rique et au niveau pratique – de la pédagogie socialiste du travail. Sa
recherche pédagogique vise en premier lieu la formation d’une nouvelle
société… et donc la disparition de la société actuelle (celle du début du
eXIX siècle), fondée sur l’inégalité des hommes. La nouvelle société
refuse et supprime la propriété privée, la concurrence, la division
sociale du travail qui produisent « la pauvreté, l’ignorance, les conspi-
rations, les oppositions, l’exploitation, le crime, la misère, les faiblesses
du corps et de l’esprit ». Et elle repose au contraire sur la forme commu-
nautaire de la propriété, l’égalité des droits et des devoirs, la non-division
des rôles dans le travail. Comment se mettre en marche vers cette
société meilleure et plus heureuse ? Par l’éducation, répond Owen.
L’éducation « est la source de tout bien et de tout mal, de toute misère
et de tout bonheur » ; c’est pourquoi « à tout être de la communauté, de
même qu’à l’humanité dans son ensemble peut être donné n’importe
160quel caractère, du meilleur au pire, du plus ignorant au plus éclairé ».
Le système actuel se caractérise par l’insuffisance et l’hétérogénéité de
l’éducation. Il faut éliminer cette « erreur » en donnant à chacun une
formation « universelle » et « fondée sur la raison ». C’est par « la pro-
duction d’hommes universellement développés », c’est-à-dire par la for-
mation de l’entendement humain et par la participation au travail dans
divers métiers, que l’on parviendra au perfectionnement moral de l’es-
pèce humaine et à la société socialiste. En particulier, l’enfant (puis
l’adulte) doit apprendre successivement tous les travaux nécessaires à la
société (la communauté) : par cette mesure, on supprime tout métier
individuel et l’évaluation de l’homme qui lui est liée.
Owen essaie d’appliquer son programme éducatif dans les colonies
coopératives qu’il crée entre 1800, et 1825 :

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