Chapitre III L équilibre macroéconomique keynésien
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Chapitre III L'équilibre macroéconomique keynésien

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E. Legrand– IUFM d’Auvergne/Université de Rennes Préparation aux concours du professorat d’économie et gestion
Chapitre III L’équilibre macroéconomique keynésien
Introduction Tout au long du XIXe et au début du XXe siècle, les économies ont connu des crises économiques périodiques caractérisées par le chômage et la misère. En 1929, le monde capitaliste a été ébranlé par une dépression économique sans précédente par son ampleur, sa durée et ses conséquences politiques, économiques et sociales. La théorie néoclassique, dominante à lépoque, se révéla impuissante à expliquer la situation et à assurer la reprise économique.Elle recommanda la non-intervention de l’Etat, considérant que les mécanismes de marché restaureraient automatiquement et rapidement le plein emploi grâce à la parfaite flexibilité des prix qui assure l’équilibre de l’offre et de la demande sur tous les marchés. Léchec de ce discours libéral jeta le discrédit sur la théorie néoclassique et contribua à expliquer la réorientation de la recherche économique et lémergence danalyses nouvelles comme celle de Keynes (1883-1946). Les analyses de Keynes sont principalement contenues dans deux de ses nombreux ouvrages : Traité sur la monnaie (1930) et Théorie générale de lEmploi, de lIntérêt et de la Monnaie (1936). Dans ce second ouvrage, Keynes cherche à expliquer à partir dune approche macroéconomique : 9 comment se détermine à court terme léquilibre macroéconomique ; 9 cet équilibre peut correspondre à un équilibre de sous-emploi des facteurs depourquoi production et notamment du travail ; 9 comment lintervention de lEtat peut aboutir à la résorption du chômage. Les recommandations des politiques économiques de Keynes furent suivies par les responsables politiques dans tous les grands pays occidentaux. Leur efficacité est attestée par la longue période de prospérité et de haut niveau de lemploi enregistrée par le monde occidental après la seconde guerre mondiale id pendant les trente glorieuses. Ce succès explique pourquoi la théorie keynésienne a connu de multiples approfondissements, perfectionnements et prolongements. En dépit des critiques dont elle est lobjet, lanalyse de Keynes  qui est à lorigine de toute la macroéconomie contemporaine et des systèmes de comptabilité nationale, inspire toujours largement les politiques économiques actuelles et se trouve encore aujourdhui au cur de la réflexion économique et des enseignements déconomie. Les caractéristiques de l’analyse keynésienne : une logique de demande  La principale rupture de Keynes par rapport au courant néoclassique est de considérer que les prix sont fixes à court terme.Cette rigidité des prix résulte d’une circulation imparfaite de l’information sur les marchés. Linformation étant imparfaite, les prix sajustent avec retard et approximativement aux modifications de lenvironnement. Les quantités sont censées sajuster plus rapidement que les prix. Dans MonnaieLa Théorie Générale de l'Emploi, de l'Intérêt et de la (1936), KEYNES rejette la position des classiques1en contestant la fameuseloi des débouchésde J.B SAY, qui est au cur de la logique des libéraux fondée sur l'offre de produits.
1 courant  classique désignait à lorigine  Leles économistes anglais de la fin du XVIIIième siècle. LEcole classique développe les valeurs fondatrices du libéralisme. Les principaux chefs de cette Ecole, qui se succèderont entre 1776 (La richesse des nationsA. Smith) et 1848 (Traité déconomie politique de J. S. Mill),, sont des auteurs anglais et français. Les économistes anglais (dont A. Smith, D. Ricardo, R. Malthus) constituent toutefois les principaux artisans de lEcole classique (principaux auteurs français : JB Say, Sismondi). NB : Sismondi met en cause la conception de la justice développée par les libéraux anglais qui est une vision commutative ( A chacun selon ses mérites ). Cette vision est basée sur le principe de la société méritocratique. Sismondi milite en faveur dune justice distributive ( à chacun selon ses besoins ) qui implique une intervention de lEtat afin de redistribuer les richesses.
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E. Legrand– IUFM d’Auvergne/Université de Rennes Préparation aux concours du professorat d’économie et gestion
La loi des débouchés de JB SAY(1803) montre limpossibilité dun déséquilibre entre loffre et la demande globale de produits. Toute production trouvera toujours un débouché dans la mesure où « loffre créer sa propre demande » (Keynes). Cette loi repose sur lhypothèse de neutralité de la monnaie : la monnaie na pas dutilité propre, elle nest quun « voile » (JB SAY), un simple intermédiaire des échanges. Elle est utilisée exclusivement pour faciliter les transactions cest-à-dire les échanges de produits. En conséquence, les revenus distribués aux agents lors de la production seront intégralement réinjectés dans le circuit économique sous forme de demande de produits. Lhypothèse de neutralité de la monnaie a donc pour conséquence que la demande globale de produits est toujours égale à loffre globale. On peut donc dire, en reprenant lexpression de JB SAY, que « les produits séchangent contre des produits ». Par conséquent, tous les biens offerts dans léconomie ont un débouché ; une situation de surproduction généralisée est impossible. Seuls peuvent exister des situations de déséquilibres sectoriels entre loffre et la demande sur un marché particulier, déséquilibres qui seront rapidement résorber grâce à la parfaiteflexibilité des prix.  Si l'offre est trop importante pour le prix existant, ce dernier va baisser jusqu'au point où la quantité demandée sera égale à la quantité offerte : la baisse du prix va conduire à une réduction de la production (qui devient moins profitable) et une augmentation de la demande.  Symétriquement, si la demande excède l'offre, la hausse des prix, en provoquant à la fois une augmentation de l'offre de biens et services (l'activité productive est plus profitable) et une diminution de la demande va permettre d'obtenir l'équilibre entre offre et demande. Les entreprises n'ont donc pas à se préoccuper de l'écoulement de leurs produits qui trouveront nécessairement un débouché. Elles peuvent donc produire ce qui est optimal pour elles, c'est à dire le volume de biens qui maximise leur profit et donc embaucher des travailleurs jusqu'au point où leur profit est maximum. C'est donc une logique de l'of e qui prévaut : la demande s'adaptera à l'offre fr grâce à la flexibilité des prix. On peut dire que l'offre de produits détermine la demande. L'équilibre de l'économie ne dépend en quelque sorte que de facteurs "techniques" : la technologie et les facteurs de production disponibles vont déterminer la situation optimale grâce à la flexibilité des prix qui assure en permanence l'équilibre de l'offre et de la demande sur tous les marchés. On en déduit que l'équilibre optimal étant spontané, il n'est pas nécessaire qu'une intervention extérieure  l'État  se manifeste. Bien au contraire, les économistes classiques considèrent que lintervention de lEtat va perturber le fonctionnement naturellement harmonieux des marchés (cf. la célèbre  main invisible  dAdam Smith). Leurs conclusions en matière de politique économique sont donc radicalement libérales : lintervention de lEtat est néfaste et, même si léconomie na pas toujours la fluidité, la flexibilité que décrivent les modèles théoriques, les déséquilibres temporaires provoqués par les imperfections de marché sont moins dommageables que ne peuvent lêtre les rigidités créées par lEtat.2 Que se passe-t-il si les agents décident d’épargner une partie de leur revenu3? La partie du revenu qui nest pas consacrée à la consommation, cest-à-dire lépargne, est placée sur le marché des capitaux et permet de financer linvestissement. La monnaie nayant aucune utilité propre, les agents épargneront en contrepartie dune rémunération. Cette rémunération est le taux dintérêt qui influence positivement le niveau de lépargne. Le taux dintérêt est défini comme le prix de la renonciation à une consommation immédiate. La thésaurisation (cest-à-dire lexistence dune épargne oisive) nexiste pas. Lépargne ne constitue donc pas une « fuite » hors du circuit A la fin du XIXième siècle se développe lécole néoclassique qui renouvellera lanalyse des classiques. 2Par exemple, il se peut que le marché du travail prenne du temps à sadapter et que de façon temporaire il existe un volant de travailleurs souhaitant travailler pour le taux de salaire en vigueur mais ne trouvant pas demplois. Pour les néoclassiques, ce déséquilibre temporaire  liés à des problèmes dinformation, dinsuffisante mobilité géographique  se résorbera au fur et à mesure que les agents prendront conscience des caractéristiques du marché. Par contre, si lEtat intervient, en imposant par exemple un salaire minimum ou en empêchant des licenciements, les adaptations ne pourront se faire et le déséquilibre saggravera. 3les agents épargneront en contrepartie dune rémunération. Cette monnaie nayant aucune utilité propre,  La rémunération est le taux dintérêt qui influence positivement le niveau de lépargne. Le taux dintérêt est défini comme le prix de la renonciation à une consommation immédiate.
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