La Bible en ses Traditions : définition d un projet scientifique
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2 La Bible en ses Traditions : définition d'un projet scientifique
  • bras multiples
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  • appui aux interprétations ultérieures
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Extrait

2
La Bible en ses Traditions :
définition d’un projet scientifique 19
La Bible en ses traditions
Orientations générales
a Bible de Jérusalem a vu le jour dans le sillage de des trouvailles archéologiques (manuscrits de la mer Ll’encyclique Divino afflante Spiritu de Pie XII Morte).
(1943), qui reconnaissait la légitimité des études his- Le questionnement historique garde donc une place
toriques et critiques et recommandait en particulier essentielle, mais on ne privilégie pas la recherche d’ori-
l’étude des genres littéraires pour reconnaître la vérité gines souvent inaccessibles à la seule méthode histo-
des textes inspirés. Récoltant les fruits de plusieurs rique. Dans la Bible, au fil des périodes, la mémoire
décennies de critique historique des textes sacrés, elle croyante recueille et interprète dans le langage de son
entendait les rendre accessibles à un très large public. temps l’action de Dieu dans l’histoire. Autant qu’un
Au fil des années, La Bible de Jérusalem a connu trois document brut, la Bible est une écriture.
éditions en un volume (1956, 1973, 1998) et de nom-
breuses adaptations dans d’autres langues. La Bible en ses Traditions entend restituer au texte
Héritière de ces premières réalisations, La Bible en biblique la caisse de résonance qu’est l’histoire de sa
ses Traditions souhaite offrir au public cultivé une réception. Elle présente l’Écriture en tant que reçue
édition actualisée de l’Écriture, sans oublier que tra- et transmise : son autorité est attestée par une com-
versant siècles et langues, porté jusqu’à son lecteur munauté croyante qui l’a reçue, produite et portée,
par les traditions des communautés qui le précèdent, qui la célèbre et l’actualise dans sa liturgie.
le texte biblique n’a jamais été un objet figé. C’est bien Le canon retenu est celui de la Vulgate latine fixée
ce que suggère le prologue de la Constitution dogma- par le Concile de Trente en 1546, qui reprend celui
tique sur la révélation divine promulguée par Paul VI de la Septante par laquelle les chrétiens ont reçu les
en 1965, qui commence en citant ce verset : « La vie Écritures.
s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous vous Quant à la Tradition, deux idées-force orientent
annonçons cette vie éternelle » (1 Jn 1,2). S’il est vrai le projet. Tout d’abord, le fait que pour la tradition
que la Bible recueille et suscite cette annonce, les pre- catholique, la Bible n’est pas la source unique des
miers chrétiens se sont pourtant passés de Nouveau dogmes, mais qu’elle les encadre ou les illustre,
Testament officiel pendant un siècle. Lete xte était comme le montre son usage liturgique. Ensuite, le
en cours de composition, mais non la confession de constat que la Bible ne s’est jamais asservie aux cultu-
foi : la foi provient de l’écoute, enseignait alors saint res ambiantes ; bien qu’immergés dans leurs époques,
Paul… l’Ancien comme le Nouveau Testament reflètent
c ertaines ruptures. On s’attache en particulier à souligner
Pour exprimer le projet par une image simple, on les ruptures et les continuités du Nouveau Testament,
peut considérer la Bible et ses interprétations comme en amont avec le judaïsme diversifié du premier siè-
un fleuve aux affluents multiples qui se jetterait dans cle et en aval avec la patristique, à commencer par les
la mer. En posant que la mer représente le monde Pères apostoliques.
actuel, celui dans lequel le lecteur lit la Bible, on vou-
drait se placer à l’embouchure, et regarder vers l’amont, Trois principes guident le projet.
en se demandant d’où provient tout cela ! On essaie
de remonter jusqu’aux sources, situées dans des pay- 1. Établissement des textes : restituer une
sages très variés ; on découvre parfois que certaines polyphonie
rivières se divisent en bras multiples pour se rejoin- Le processus de canonisation, pour l’Ancien comme
dre ensuite avec quelques remous (remaniements, pour le Nouveau Testament, s’est étendu sur une lon-
variantes) ; que d’autres se perdent et ne réapparais- gue période : aussi de nombreux passages, voire des
sent que par hasard, comme en ont témoigné bien livres entiers nous arrivent-ils portés par plusieurs 20 La Bible en ses Traditions
traditions textuelles. Ce fait rend aléatoire la restitu- l’invitation à la lecture et à la relecture, à l’analyse et
tion et même la définition d’un original : bien sou- à la méditation, pour entendre ou réentendre l’Écri-
vent, il n’y a pas de frontière nette entre la critique ture avec des échos toujours nouveaux.
littéraire et la critique textuelle. Du moment que ces Une attention particulière sera portée aux jeux de
formes diverses du texte auront fait l’objet d’un usage l’intertextualité, extrabibliques et intra-bibliques.
liturgique, on ne cherche pas à réduire ces différences L’évaluation de la première dépend de notre docu-
mais plutôt à souligner la façon dont elles expriment mentation sur les cultures anciennes. Elle est signalée
une foi commune sous des formes variées. dans un registre de notes approprié. L’intertextualité
intra-biblique ou canonique (typiquement, mais non
2. Traduction : faire goûter une saveur « originale » pas seulement l’« accomplissement des Écritures »)
Comme celle d’autres textes sacrés, la réception des relativise quelque peu la première, puisque la réalité
écrits bibliques s’est faite très tôt dans un réel souci même du canon détache les écrits bibliques de leurs
du texte en tant que texte. C’est la matière linguisti- contextes d’origine. Elle est prise systématiquement
que signifiante elle-même, avec ses « bruissements » et en compte dans la traduction, et signalée sous forme
ses apparentes incohérences, qui a fourni les pierres de références marginales. Une attention particulière
d’attente des relectures et développements ultérieurs ; sera portée aux jeux intertextuels à l’intérieur de
on le constate déjà dans les réécritures ou allusions l’Ancien Testament lui-même et surtout entre les deux
intra-bibliques. Le traducteur de La Bible en ses Tra- Testaments.
ditions maintient donc deux exigences simultanées : L’annotation inclut en outre une sélection parmi
Premièrement, dans la traduction elle-même, il les interprétations traditionnelles, éventuellement
prend nettement le parti du texte de départ, et pré- en débat ; les patrologies grecque, latine, syriaque
fère le respect des figures présentes en langue-source seront mises à profit. L’histoire de ces interprétations,
à la facilité de lecture dans la langue d’arrivée. Sa prolongées ou contredites par l’exégèse des scolas-
maxime est : « ni plus obscur (!) ni plus clair (surtout) tiques, des réformateurs (Luther, Calvin) et celle des
que l’original ». traditions juives (targums, littéralistes médiévaux),
Deuxièmement, il propose des notes philologi- fait l’objet d’une synthèse. Elle peut enfin être illus-
ques, allant de la grammaire à la prosodie, signalant trée par les témoins marquants de la réception du
les faits littéraires les plus importants (qui ont servi texte édité dans la culture, de la littérature aux arts
de points d’appui aux interprétations ultérieures). visuels.
Il signale les meilleurs résultats des méthodes d’ana- L’innovation la plus visible de La Bible en ses Tra-
lyse littéraire heureusement inventées ou réinventées ditions est la présentation analytique de l’annotation.
par l’exégèse biblique contemporaine sous l’influence Les notes sont divisées et réparties le plus rigoureu-
des sciences humaines. sement possible en plusieurs registres. Le but de cette
présentation est double. D’une part, rendre l’annota-
3. Annotation : tirer de son trésor du neuf et du tion aussi transparente et documentaire que possible,
vieux, distinguer pour unir en distinguant chaque aspect du commentaire.
Jésus annonçait aux apôtres qu’ils continueraient sa D’autre part, manifester l’enracinement profond dans
prédication (Mt 13,52 : « Tout scribe devenu disciple des faits textuels, littéraires et traditionnels des inter-
du Royaume des Cieux est semblable à un maître de prétations proposées.
maison qui tire de son trésor du neuf et du vieux »),
ou encore qu’ils feraient des « œuvres plus grandes » Les pages qui suivent traitent en détail chacun de ces
que lui (cf. Jn 14,12). Le ton de ces notes sera celui de trois principes de La Bible en ses Traditions.
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Quel tex

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