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Description

  • leçon - matière potentielle : anatomie
  • leçon - matière potentielle : orales et du reste de l' enseignement
  • fiche - matière potentielle : individuelles sur les malades
  • leçon - matière potentielle : dissection
  • cours - matière potentielle : chaque maladie spécifique
  • leçon - matière potentielle : morgagni
  • exposé
« Les évolutions de la clinique, de la médecine hippocratique à la méthode anatomo-clinique » Céline Lefève Le terme de clinique vient du verbe grec klinein qui signifie « être couché ». La clinique est l'activité du médecin qui s'exerce au chevet du malade et consiste dans l'observation directe des manifestations visibles de la maladie. Les enjeux de ce cours sont, au plan de l'histoire de la médecine, de définir la nature et la place de la clinique dans la médecine hippocratique qui, en Grèce au Vème siècle avant Jésus-Christ, marque la naissance de la médecine occidentale, puis de décrire l'émergence, au XVIIIème
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Extrait

« Les évolutions de la clinique, de la médecine hippocratique à
la méthode anatomo-clinique »
Céline Lefève

Le terme de clinique vient du verbe grec klinein qui signifie « être couché ». La clinique
est l’activité du médecin qui s’exerce au chevet du malade et consiste dans l’observation
directe des manifestations visibles de la maladie. Les enjeux de ce cours sont, au plan de
l’histoire de la médecine, de définir la nature et la place de la clinique dans la médecine
hippocratique qui, en Grèce au Vème siècle avant Jésus-Christ, marque la naissance de la
médecine occidentale, puis de décrire l’émergence, au XVIIIème siècle, de la méthode
anatomo-clinique qui fait accéder la clinique au statut de science. Enfin, au plan de la
philosophie de la médecine, le cours vise à relier les évolutions de la clinique et celles du
statut du malade et à s’interroger sur la place que la médecine contemporaine de plus en
plus fondée sur les sciences biologiques accorde à la clinique.

I. La clinique dans la médecine hippocratique
1. La naissance de la médecine rationnelle : la médecine des humeurs
C’est dans la seconde moitié du Vème siècle avant J. – C. que naît la médecine
grecque et, avec elle, la médecine occidentale. La médecine grecque nous est connue à
travers une soixantaine de traités médicaux, que l’on appelle Corpus hippocratique, rédigés
par des membres de l’Ecole de Cos dont Hippocrate (460 – 377 av. J. – C. ) fut le
représentant le plus marquant mais aussi par des membres de l’Ecole rivale de Cnide.
La médecine hippocratique marque une rupture avec la conception alors dominante,
religieuse et magique, de la maladie comme résultat de la colère divine. Les Grecs confiaient
la guérison de leurs maux à Asclépios (Esculape pour les Romains), dieu de la médecine,
représenté tenant à la main un bâton noueux, symbole du voyageur universel, sur lequel
s’enroule un serpent, symbole de prudence et de force, dont les venins entrent dans la
composition de certains antidotes et les mues évoquent les altérations et rétablissements
successifs de la santé des hommes. Les malades se rendaient au temple d’Asclépios, s’y
endormaient, Asclépios qui apparaissait dans leurs rêves causait leur guérison. Cette
conception a bien sûr perduré en Grèce pendant des siècles de sorte qu’il y eut cohabitation
de la médecine religieuse et magique et de la médecine rationnelle. A partir du Vème siècle,
la médecine grecque se caractérise par une approche rationnelle de la santé, de la maladie
et de la guérison qui sont tenues pour l’effet de causes naturelles accessibles à la
connaissance rationnelle. Pour cette nouvelle médecine, tout ce qui se produit a une cause :
c’est une médecine déterministe. La médecine passe ainsi de la recherche de la faute à celle de la cause naturelle de la maladie, elle se dégage de la magie et se veut rationnelle et
scientifique.
« Chaque maladie a, par elle-même, sa nature et sa puissance, et aucune n’est inaccessible et
réfractaire. » (La maladie sacrée, ch. 18 in HIPPOCRATE DE COS, De l’Art médical, trad. E.
Littré, Livre de Poche, coll. Bibliothèque classique, 1994, p. 142)
« C’est un savoir de même ordre de pénétrer la cause des maladies et d’être habile à y
appliquer tous les traitements qui les empêchent de grandir. » (De l’Art, ch. 11 in HIPPOCRATE
DE COS, De l’Art médical, trad. E. Littré, Livre de Poche, 1994, p. 192)
Les médecins grecs du Vème siècle ont repris à leur compte la conception
philosophique de la nature selon laquelle celle-ci est composée de quatre éléments : la terre,
l’air, le feu et l’eau. Ces éléments sont soit en état d’équilibre et d’alliance, soit en état de
conflit. Ils sont plus fondamentalement composés de quatre qualités primaires : le chaud et
le froid, l’humide et le sec. Les médecins grecs appliquent cette conception au corps humain.
Celui-ci est formé de quatre humeurs : les humeurs sont des flux, des fluides voyageant
dans le corps. Le sang, lié selon les traités au cœur ou au foie, est le fluide de la vitalité. Le
phlegme, lié selon les traités au cerveau ou aux poumons, a une fonction de refroidissement.
La bile jaune, liée à la vésicule biliaire, est le liquide gastrique nécessaire à la digestion. La
bile noire enfin, liée à la rate, se compose avec les autres humeurs.
La médecine des humeurs inscrit l’organisme dans la nature. Il existe ainsi une relation
entre les humeurs et les saisons : chaque saison produit l’humeur qui lui ressemble et
repousse celle qui possède les caractéristiques opposées. En faisant varier la proportion des
humeurs, chaque saison cause par conséquent un certain type de maladies. Au printemps
chaud et humide, prédominent le sang, humeur chaude et humide, ainsi que des fièvres, des
dysenteries et des hémorragies. L’été, sec et chaud, prédominent la bile jaune, humeur
sèche et chaude, et des maladies gastro-intestinales. En automne, froid et sec, prédominent
la bile noire, sèche et froide, et les maladies sèches (pleurésies, pneumonies, enrouements,
ophtalmies). L’hiver, froid et humide, fait prédominer le phlegme, froid et humide, cause des
refroidissements, des maladies respiratoires où l’on crache et l’on mouche (rhume,
bronchite), mais aussi de l’épilepsie.
« Le corps de l’homme renferme du sang, du phlegme, de la bile jaune et de la bile noire. Voilà
ce qui constitue la nature du corps ; voilà ce qui est cause de la maladie ou de la santé. Dans
ces conditions, il y a santé parfaite quand ces humeurs sont dans une juste proportion entre
elles tant du point de vue de la qualité que la quantité et quand leur mariage est parfait ; il y a
maladie quand une de ces humeurs, en trop petite ou trop grande quantité, s’isole dans le corps
au lieu de rester mêlée à toutes les autres. Car nécessairement, quand l’une de ces humeurs
s’isole et se tient à part soi, non seulement l’endroit qu’elle a quitté devient malade, mais aussi
celui où elle va se fixer et s’amasser, par suite d’un engorgement excessif provoque souffrance
et douleur. De fait, quand l’une de ces humeurs s’écoule hors du corps plus qu’il ne faut pour
résorber la surabondance, la vacuité provoque de la souffrance ; si, inversement, c’est à
l’intérieur que l’humeur s’évacue, change de place et se sépare des autres, de toute nécessité,
d’après ce qui a été dit, c’est une double souffrance qu’elle provoque : à l’endroit qu’elle a quitté
et à celui où elle s’est amassée en excès. » POLYBE, Nature de l’homme, in L’Art de la
médecine, trad. J. Jouanna et C. Magdelaine, Paris, GF-Flammarion, 1999, § 4-5, p. 169-170)
La médecine des humeurs conçoit la santé comme le résultat d’un équilibre, d’une
juste proportion des humeurs (appelée la « crase ») et la maladie comme le résultat d’un déséquilibre, d’une insuffisance ou d’un excès d’une humeur et de sa séparation d’avec les
autres humeurs. L’organisme travaille à l’équilibre de ses humeurs, de sorte que la nature
est considérée comme médecin. La maladie est scandée par des « crises » qui reflètent
précisément les efforts de l’organisme pour évacuer l’humeur en excès et ramener
l’équilibre. La maladie se résout donc naturellement par une crise définitive, qui peut mener
soit à la guérison soit à la mort. Cette conception de la maladie comme perturbation des
rapports entre les humeurs a perduré dans la médecine occidentale jusqu’au XVIIIème
siècle.
La médecine hippocratique met en évidence les liens qui unissent la santé de l’homme
et le milieu dans lequel il vit. L’homme est solidaire de son milieu naturel. Hippocrate
s’intéresse particulièrement aux « maladies générales » ou « constitutions médicales »,
parmi lesquels figurent les maladies que l’on trouve habituellement dans une région et qui
sont dues à des facteurs locaux permanents comme le climat, l’orientation des vents,
l’ensoleillement du lieu, la nature des sols et des eaux. Ce sont les maladies que nous
appelons aujourd’hui des endémies. Y figurent également les maladies qui frappent
occasionnellement un lieu et se transmettent par les miasmes, ce que nous nommons
aujourd’hui les épidémies. La médecine hippocratique relie par ailleurs les « maladies
générales » au genre de vie que mènent les hommes

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