pourquoi rétablir la continuité écologique des cours d'eau

Description

Sensibilisation
aux politiques
publiques
P ourquoi rétablir la continuité écologique des cours d’eau?ommaireS
6 Plus de 60 000 seuils et barrages sur les cours d’eau
en France
• Le référentiel des obstacles à l’écoulement : mieux connaitre les obstacles et évaluer
leurs impacts
8 Une entrave à la continuité écologique
• Des écoulements et un régime hydrologique fortement modifiés
• Des sédiments immobilisés à l’amont de l’ouvrage
• La mobilité des espèces et l’accès à leurs habitats restreints, voire condamnés
12 Un contexte réglementaire à l’origine
d’intervention de restauration des milieux aquatiques
• Atteindre le bon état des eaux d’ici 2015 : une forte ambition nationale
et un objectif fixé par une directive européenne
• Sécuriser les ouvrages hydrauliques : un impératif du code de l’environnement
14 Améliorer ou rétablir la continuité écologique :
des solutions pour agir
• Effacer les ouvrages
• Abaisser les ouvrages
• Ouvrir les vannes
• Installer des dispositifs de franchissement
• Ne pas intervenir19 Quand la rivière retrouve sa continuité
• Le retour à un écoulement et à un régime hydrologique naturel
• Le rétablissement du transport des matériaux
• Des habitats redevenus accessibles aux organismes vivants
23 D’autres avantages issus de ces interventions
• L’amélioration de la pratique des sports d’eaux vives
• La reconquête des terrains libérés par la retenue
• La reconquête des berges de la rivière pour des chemins de randonnées
• Le renouveau d’une pêche ...

Sujets

• multiplication
• cours

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Extrait

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Plus de 60 000 seuils et barrages sur les cours d’eau en France • Le référentiel des obstacles à l’écoulement : mieux connaitre les obstacles et évaluer leurs impacts

Une entrave à la continuité écologique • Des écoulements et un régime hydrologique fortement modifiés • Des sédiments immobilisés à l’amont de l’ouvrage • La mobilité des espèces et l’accès à leurs habitats restreints, voire condamnés

Un contexte réglementaire à l’origine d’intervention de restauration des milieux aquatiques • Atteindre le bon état des eaux d’ici 2015 : une forte ambition nationale et un objectif fixé par une directive européenne • Sécuriser les ouvrages hydrauliques : un impératif du code de l’environnement

Améliorer ou rétablir la continuité écologique : des solutions pour agir • Effacer les ouvrages • Abaisser les ouvrages • Ouvrir les vannes • Installer des dispositifs de franchissement • Ne pas intervenir

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Quand la rivière retrouve sa continuité • Le retour à un écoulement et à un régime hydrologique naturel • Le rétablissement du transport des matériaux • Des habitats redevenus accessibles aux organismes vivants

D’autres avantages issus de ces interventions • L’amélioration de la pratique des sports d’eaux vives • La reconquête des terrains libérés par la retenue • La reconquête des berges de la rivière pour des chemins de randonnées • Le renouveau d’une pêche amateur sportive

Glossaire

m le L d i u st r e ét d a e b s li e s x s e em p ent s eq l u l gi itrustlan unitnocaolocéétidel a’émilrotaoin

■ sur la Beaume (Haute-Loire) - 2007Effacement du barrage de Fatou ■ Abaissement du seuil du moulin de Régereau sur le Vicoin (Mayenne) - 2009 ■ Gestion coordonnée des ouvrages de vannage sur l’Oudon (Mayenne et Maine-et-Loire) - 2008 ■ Ouverture des vannes de plusieurs ouvrages sur la Vence (Ardennes) - 2004 ■ Effondrement du seuil de Vecoux sur la Moselle amont (Vosges) - 2000 ■ d’aménagements d’ouvrages sur la Sèvre nantaise (Vendée et Deux-Sèvres) - 2005Etude globale ■ Ouverture d’un seuil sur l’Aume (Charente) - 2008 ■ Effacement du seuil de Cussy sur le ruisseau de la Maria (Nièvre) - 2004 ■ Effacements et abaissements de seuils sur le Vicoin (Mayenne) - 2008 ■ Maisons-Rouges sur la Vienne (Indre-et-Loire) - 1998Effacement du barrage de ■ seuil sur la Corrèze (Corrèze) - 2008Effacement d’un ■ Effacement du barrage de Kernansquillec sur le Léguer (Côtes d’Armor) - 1996 ■ Effacement du barrage de Kernansquillec sur le Léguer (Côtes d’Armor) - 1996 ■ Effacement du seuil du Moulin du Viard sur l’Orne (Calvados) - 1997

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épor (R ne n)EC011°200/id07tienanfi méneàtalimesneuœvredurèglementeu 1-412Reledocud90vienl’deenemnnro o5vu1t55psiraregaireorit rtic s 3-Aqugi

Ouvrage sur la Maria (Nièvre) conçu pour l’alimentation en eau potable en 1932 mais abandonné 20 ans plus tard. Cet obstacle a été effacé en 2004.

Qu’est ce que la continuité écologique ? Notion introduite en 2000 par la directive cadre sur l’eau, la continuité écologique d’un cours d’eau est définie comme la libre circulation des organismes vivants et leur accès aux zones indispensables à leur reproduction, leur croissance, leur alimentation ou leur abri, le bon déroulement du transport naturel des sédiments ainsi que le bon fonctionnement des réservoirs biologiques (connexions, notamment latérales, et conditions hydrologiques favorables) 3 .

eééitloco

E n France, plus de 60 000 ouvrages 1 – barrages, écluses, seuils, moulins - ont été recensés sur les cours d’eau et sont potentiellement des obstacles à la continuité écologique. La directive cadre européenne (DCE), la loi sur l’eau de décembre 2006, le plan national de gestion pour l’anguille 2 et aujourd’hui la loi Grenelle 1 du 3 août 2009 avec son objectif de mise en place d’une « trame verte et bleue », convergent vers la nécessité d’assurer la continuité biologique entre les grands ensembles naturels et dans les milieux aquatiques. Concrètement, ces textes réglementaires nous conduisent collectivement à augmenter les efforts et à démultiplier les actions en faveur de la restauration de la continuité écologique des cours d’eau. L’objectif ambitieux est le retour au bon état écologique des eaux d’ici à 2015 pour au moins deux tiers des masses d’eau.

santunobtdéfiniscanoituntscaellà5 itcu I nondort aplrFaarcneedncéembre2008conform vtneisreednosram1020 Pl2-adantéop itnoleanossblaedesàltaclulem’écooD-1ursdéenntienéréf

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Barrage de Grandval sur la Truyère - Cantal -

Un barrage 4 est un ouvrage qui barre plus que le lit mineur d’un cours d’eau permanent ou intermittent ou un talweg*. Sa hauteur est presque toujours supérieure à 5 m.

Un seuil 4 est un ouvrage, fixe ou mobile, qui barre tout ou partie du lit mineur d'un cours d'eau. Sa hauteur est en général inférieure à 5 mètres.

Seuil du Moulin Marin sur la Besbre – Allier

4- Définition du SANDRE (données et référentiels du système d’information sur l’eau)

D  dès la fin du XIXème siècle. Mais au cours epuis l'antiquité, les hommes ont construit des  diminué seuils et des barrages dans les rivières pour  des dernières décennies, de nombreux travaux produire de l’énergie, rendre possible la navigation,  hydrauliques (stabilisation des cours d’eau, prélever et transporter de l’eau pour la consommer  protection des infrastructures…) ont conduit à la ou pour irriguer ou encore créer des étangs de pis-  multiplication des seuils, dont la plupart ont une ciculture. En France, les rivières ont ainsi été mar-  hauteur inférieure à deux mètres. quées par l’aménagement de très nombreux  Début 2010, plus de 60 000 ouvrages sont ouvrages, essentiellement des moulins.  recensés sur les cours d’eau en France. D’après un La découverte de nouveaux moyens de production  inventaire national réalisé par l’Office national de d'énergie - machines à vapeur, turbines hydro-  l’eau et des milieux aquatiques (Onema), plus de électriques - a conduit ensuite à leur déclin : le  la moitié n’ont pas d’usage avéré. nombre de moulins en activité a ainsi fortement

ufeaw.ww//p:tt-hhp.pips/rf.ecnar&id_ue87briqp?ru45lc=erait 7 5

Obstacles à l'écoulement Bassins hydrographiques

Sources: ONEMA et partenaires (ROE v1 mars 2010) - Fonds cartographiques: ONEMA Réalisation: Amandine Claverolas, OIEau © ONEMA, 2010

Les obstacles à l’écoulement recensés en France métropolitaine dans la base ROE

L érentiel des obstacles à l’écoulement : x connaître les obstacles et évaluer leurs impacts A fin de mieux connaître les seuils et les barrages  Progressivement, ce référentiel sera enrichi d’une qui fragmentent nos rivières, l’Onema met en  base de données sur la continuité écologique (ICE) place,ave à c l’é s c e o s ul p e a m rt e e n n t a ( i R re O s,unréf e é c r ti e f ntie R l é des desouvrages.Elles’intéresseranotammentà obstacles E). L’obj ? per-  l’évaluation des possibilités de leur franchissement ar les e t t o e r r i ri e t r o l i ’ r e e ns n e at m io bl n e al d s e o s u o s u l v a ra f g or es me dé d jà u i n d e en b ti a fi n é q s u s e ur d le e l p etransp s o p rt è s c é e d s i p m is e c n i t c a o i l r e e s .L et es au do ri n s n q é u e e s d n ’i é m ce p s a s c a t ir s e u s r ’ données. Cette dernière contient des informations  à l’évaluation seront collectées selon un protocole restreintes - code national unique, localisation,  national harmonisé. La méthodologie de recueil de caractéristiques - mais essentielles et communes  données sur le terrain, puis d’évaluation du risque pour l’ensemble des acteurs de l’eau et de  d’ ct es l’aménagement du territoire. Ce référentiel est  impa t actuellement en cours d’élaboration. diffusé sur le site Eaufrance 5 et permet de visualiser la position des obstacles sur des cartes ou sur des photographies aériennes et de télécharger les données de chaque ouvrage.

0 10 20 km Communes Départements

Vosges

Haute- Marne

Meuse Meurthe- et- Moselle

Marne

Obstacles à l'écoulement

Aube

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8

D  de la continuité écologique est donc à L’altération es obstacles présents sur les rivières induisent des perturbations et des impacts sur la continuité  étudier de manière globale, en prenant en compte écologique, plus ou moins importants selon leur  le cumul des effets. hauteur, leur emplacement - de l’embouchure à la  Cependant, au vu de la diversité des ouvrages et source du cours d’eau – et selon l’effet cumulé de  des cours d’eau, les impacts décrits ci-après ne leur succession. Ainsi, un impact important sur le  sont pas généralisables, n’apparaissent pas dans cours d’eau peut résulter d’un unique ouvrage très  le même temps ni de manière systématique. Leur pénalisant tout comme du cumul le long du cours  connaissance apporte néanmoins des éléments de d’eau de petits ouvrages chacun éventuellement  compréhension des différents phénomènes ob- de faible impact. Pour exemple, le département  servables. des Landes qui possède un relief relativement plat compte plus de 239 mètres 6 de hauteur de chute cumulée sur l’ensemble de ces cours d’eau.

6- M. Chanseau « La démarche mise en œuvre par le département des Landes » Séminaire : Restaurer la continuité écologique : un axe phare du plan de gestion de l’anguille, janvier 2010. 7- P. Namour (1999). Auto-épuration des rejets organiques domestiques. Nature de la matière organique résiduaire et son effet en rivière. LYON 1, Université Claude Bernard : 164

ement modifiés E n créant des chutes d’eau artificielles lors de la ■ un débit réduit à l’aval de l’ouvrage (débit réservé) constructiond’unoudeplusieursouvrages,laligne ( o é u clu e s n é c e o s) re en deb d r e us d q é u ri e v s ati v o a n ri d at e i s on e s aux d ; edébits d’eau et la pente naturelle du cours d’eau sont ■ cas denunimioitun 7 de la capacité auto-épuratrice modifiées. Les eaux courantes se transforment alors en une succession de retenues d’eau stagnante,  d ■ cuoursd’eau; uneauitatnemguahsedno’esdurteonamenaut pouvant provoquer : ■ unralentissement l e t s e b n e u r u g ei e n s o m f e m r r s s io i n t d a -roinmompsiplntouus o’sbdle -é , ’ e l c e a d a n t o l i cagnécompneimed’u coulement; par un é argisseme ■  du cours d'eau selon la hauteur de l’ouvrage. tant une modification de la température; ■ une augmentation de l’eutrophisation, représen- tée notamment par les proliférations algales, du fait d’un apport en éléments nutritifs (phosphore, azote…) en provenance du bassin versant et du faible renouvellement des eaux; ■ une baisse de la quantité d’oxygène dissout dans l’eau; ■ une diminution de la quantité d’eau à l’étiage*, due à l’évaporation plus forte des eaux stagnantes en période estivale;

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L orsque ces ouvrages sont associés à une prise d’eau ou une dérivation alimentant un moulin par exemple, ils contribuent à l’uniformisation du débit du cours d’eau à un très faible niveau sur

Prolifération d’une végétation aquatique liée aux eaux stagnantes sur une retenue du Couasnon (Maine et Loire)

Etiage prononcé à l’aval d’un ouvrage sur la Touyre (Ariège)

une grande partie de l’année et réduisent la fréquence des variations de débits liées en particulier aux petites crues.

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a rivière est un flux continu de matériaux solides, fins ou grossiers, arrachés au bassin versant. De manière générale, l’obstacle peut entraîner un blocage du flux de sédiments et un déficit à l’aval, déséquilibrant la dynamique du cours d’eau et impactant la morphologie du lit. Transport solide et transport liquide étant naturellement équilibrés dans la dynamique fonctionnelle d'un cours d'eau, le déficit génère souvent une érosion du lit en aval de la retenue et

Les sédiments du cours d’eau (l’Ardèche) sont piégés en amont du seuil

ntdel’ouvrage

provoque la disparition des substrats favorables à la vie et à la reproduction des espèces aquatiques. Selon l’importance du piégeage des sédiments par l’obstacle, on assiste à des phénomènes d’érosion et d’enfoncement du lit à l’aval pouvant aboutir au déchaussement de ponts et autres ouvrages d’art.

Zone de dépôt des sédiments bloqués par l’obstacle Absence de matériaux solides

ecèpltesdétiseseilb

Taux de mortalité par usine 2 % 5 % 1 0 % 2 0 %

Nb dusines hydroélectriques 2 u s in e s 5 u s i n e s 1 0 u s in e s 2 0 u s i n e s

Pourcentage de survie en fonction du nombre d’usines et du % de mortalité dans chacune des usines % de su rv ie  1 0 0 9 0 8 0 7 0 6 0 5 0 4 0 3 0 2 0 1 0 0

■de l’effet cumulé des obstacles à l’écoulement sur lesCe schéma illustre bien l’impact populations de poissons migrateurs. Par exemple, si 1000 anguilles doivent franchir une série de 20 turbines ayant chacune un taux de mortalité de 10%, seulement 120 anguilles atteindront la mer.

condamnés L es possibilités de déplacement des espèces sont  progression vers es ieux e croissance ou e fortement réduites en raison des obstacles à  reproduction est de plus en plus difficile, voire l’écoulement, plus ou moins infranchissables, et de  totalement impossible. Il en résulte un retard ou une la segmentation du cours d’eau induite par la suc-  absence des géniteurs sur les lieux de ponte et par cession d’obstacles.  conséquence, une réduction du renouvellement des Selon les estimations, les ouvrages seraient  populations. Résultat : une nette diminution des responsables de la diminution de 44% de la den-  effectifs, voire l’extinction de l’espèce 9 . Le saumon sité d’anguilles depuis 1983 tandis que les turbines  sauvage, considéré comme vulnérable en France, des centrales hydroélectriques provoqueraient un  a ainsi disparu de la plupart des grands fleuves taux de mortalité des anguilles retournant en  français : Rhin, Seine, Garonne… mer de l’ordre de 10% à 20% pour les moins  Enfin, la fragmentation des aires de répartition dommageables 8  l’isolement des populations. Ce cloison-. favorise O egnghaécuttoheêcselertneeuqiténénementem , p r toutes les espèces de poissons ont besoin  différents groupes d’une même espèce, augmente de circuler sur un linéaire plus ou moins long  les risques en cas de pathologies et réduit les de la rivière afin d’accomplir leur cycle de vie :  possibilités de fuite et d’éventuelles recolonisations reproduction, alimentation, croissance... Les grandes  lors de perturbations accidentelles (pollutions,…). espèces migratrices amphihalines* - anguilles,  Ces impacts influent sur l’état des populations en saumons, aloses, lamproies…-, qui peuvent avoir  combinaison à d’autres facteurs anthropiques, un parcours long de plusieurs centaines de  à la pression liée à la pêche et aux évolutions kilomètres entre l’estuaire et l’amont des bassins  globales des biotopes et des espèces. versants, sont particulièrement concernées. Cette

L

8- Plan de gestion anguille de la France - volet national - approuvé le 15 février 2010 en application du règlement R(CE) n°1100/2007 du 18 septembre 2007, MEEDM, MAP, Onema : 116 p. + annexes. 9- Cas notamment de l’anguille, de l’esturgeon ou de l’apron du Rhône classés sur la liste rouge 2008 de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature)

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