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  • mémoire
Rome ou Marseille? Le problème de l'hellénisation de la Gaule transalpine aux deux derniers siècles de la République Pierre GROS L'adoption par les notables gaulois de formes grecques dans l'architecture (maison à pastas, bouleutérion de Glanum) ou de l'écriture gallo-grecque con titue un signe extérieur de leur supériorité sociale. comme plus tard celle de fomles ro­ maines (domus) ou du latin. Mais les formes grecques elles­ mêmes paraissent souvent liées à une koine gréco-italique, dans laquelle le rôle de Marseille apparaît mal.
  • colonisation italique
  • trophées romains
  • massalia hellénistique
  • enracinement des cultes marseillais dans la tradition reli­
  • glanum
  • problème de l'hellénisation de la gaule transalpine
  • pro­ vence
  • époque
  • époques

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Langue Français
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Extrait

Rome ou Marseille?
Le problème de l'hellénisation
de la Gaule transalpine
aux deux derniers siècles de la République
Pierre GROS
L'adoption par les notables gaulois de formes grecques
The adoption of Greek forms in architecture (house with
dans l'architecture (maison à pastas, bouleutérion de Glanum)
pastas, bouleuterion of Glanulll) or Gallo-Greek script by the
ou de l'écriture gallo-grecque con titue un signe extérieur de
Gallic notables constitutes an exterior sign of their social su­
leur supériorité sociale. comme plus tard celle de fomles ro­
periority, just like that of Roman forms (domus) and Latin
maines (domus) ou du latin. Mais les formes grecques elles­
later on. But the Greek forms themselves often appear to be
mêmes paraissent souvent liées à une koine gréco-italique,
related to a Greco-Italie koine, in which the role of Marseille
dans laquelle le rôle de Marseille apparaît mal. Sans doute
is obscure. The Italic hellenism, c1early in evidence in Gla­
l'hellénisme italique, dont les manifestations sont évidentes à
IlL/ill, can obviously only have developed on a thoroughly
Glanulll, n'a-t-il pu se développer que sur un substrat profon­
hellenized substratum, nowadays poorly visible.
dément hellénisé, mais aujourd'hui peu visible.
Key lVords : hellenistic architecture, Greek Marseilles, Gal/ia
Mots-clés : architecture hellénistique, Marseille grecque, Gaule
narbonensis, Rome, Glanum, Saint-Rémy-de-Provence, Bouches-du­
narbonnaise, Rome, Glanum, Saint-Rémy-de-Provence, B.-du-Rh.,
Rhône, late hellenistic era.
époque tardo-hellénistique.
dans Marseille grecque et la Gaule
Collection ElLldes Massaliètes, 3 (1992), pp. 369-379­
370 Pierre GROS
Rien de tel ne se manifeste vraiment dans nos régionse développement de la recherche sur les habitats pré­
où au contraire il devient beaucoup plus difficile, en raisonL romains a conduit, au cours de ces dernières années, à
des découvertes qui permettent de mieux apprécier, pour de leur entrée précoce dans l'orbite culturelle et écono­
les ve et Ive s., l'effet de stimulation dû à la présence pho­ mique de l'Italie romaine, de démêler ce qui procède de
l'influence directe de Marseille de ce qui descéenne, de Marseille à Ampurias, dans les domaines les
plus divers de l'activité, architecture, urbanisme, écono­ formes d'hellénisation médiatisées par la présence romaine
mie, artisanat. Songeons par exemple aux quartiers de la - celle des éléments commerciaux d'abord, puis mili­
taires, administratifs, religieux et politiques.Thélinè arlésienne récemment dégagés, qui présentent dès
le ve s. un habitat et un réseau viaire directement dominés, Lorsque l'Institut de Berlin, organisateur du XIne
si l'on en juge du moins par leur organisation et leur mobi­ Congrès international d'Archéologie classique en juillet
lier, par une composante hellénique apparemment impor­ 1988, m'avait demandé de rédiger un rapport sur les siècles
tante (Arcelin 1987a et 1987b) ; songeons aux tablettes bi­ hellénistiques en Gaule transalpine, j'avais conduit une ré­
lingues d'Emporion et de Sigean qui témoignent de l'ac­ flexion caractérisée par une suspension de jugement puis­
cession précoce des élites indigènes au grand commerce qu'essentiellement fondée sur des données de fait plutôt
maritime et de leur faculté à traiter sur un pied d'égalité ambiguës (Gros 1990). L'attitude des archéologues et des
avec les principaux acteurs de ce commerce (Salviat 1988 ; historiens me paraissait osciller alors entre deux tendances
Sanmartf-Grego 1988 ; Lejeune 1988). Ces éléments - et qui 'excluaient mutuellement: d'une part celle qui consis­
bien d'autres auxquels il serait trop long de se référer ici te à aligner la région sur les provinces limitrophes (Gaule
jettent les bases d'une réflexion féconde et en grande partie cisalpine en particulier) ; d'autre part celle qui privilégie,
renouvelée sur l'hellénisation des milieux celtiques en pé­ pour expliquer certains phénomènes retenus comme spéci­
riode haute, avec les nuances qui s'imposent entre les di­ fiques de la Transalpine, l'exemple et l'action de la grande
vers secteurs d'influence, Marseille et Ampurias générant cité phocéenne ou de ses comptoirs, quels que soient par
de ce point de vue des situations assez différentes 1. ailleurs les avatars de leurs relations avec le pays indigène.
Paradoxalement, quand on en vient aux siècles sui­ Les choses ont-elles évolué depuis? Il suffit de consta­
vants, c'est-à-dire à l'époque hellénistique proprement dite, ter que la plupart des communications des présents col­
les paysages se brouillent et les problématiques s'enrayent. loques concernent les périodes hautes pour en douter. Pour
Dans les autres régions périphériques du monde grec, ce l'arc temporel plus tardif qui nous occupe ici, l'impression
qui caractérise pourtant cette époque c'est l'accélération qui prévaut est celle d'un déclin de Marseille. Tout se passe
des processus, et le passage d'une "acculturation" plus ou comme si l'image de la ville se ternissait à partir du me s.,
moins subie (le mot n'est plus à la mode, parrot-il, mais je si son alliance avec Rome lui faisait perdre, avec
n'en connais pas d'autre) à une volonté délibérée d'assimi­ son originalité, une part même de son existence. Pourtant
lation. Les modes de vie, les types de représentation, les les textes sont formels: le rayonnement intellectuel et cul­
schémas plastiques et architecturaux plus ou moins dérivés turel de Marseille est alors à son plus haut niveau dans
de la Grèce ou de l'Asie Mineure sont dès lors recherchés l'Occident romain 3 ; et de surcroît un objet comme le très
globalement et appliqués avec des bonheurs divers. Ce beau chapiteau retrouvé dans la fouille de la rue de la Ca­
phénomène de "réception" active (voilà un mot qui plaira thédrale suggère la permanence d'une grande tradition io­
edavantage) se manifeste aussi bien dans la Rome des m _ nique en plein Ile s. 4 Mais la tendance actuelle est, à
Ile s. av. l-C. que dans l'Illyrie, l'Epire, la Phrygie ou la quelques notables exceptions près, de réduire sensiblement
Syrie de la même période 2. L'une des découvertes les plus la fonction de Marseille comme diffuseur des modes de vie
fascinantes de ces dernières années est celle des villes an­ et des monuments propres à l'hellénisme.
tiques d'Albanie: nous pouvons apprécier maintenant
comment, en l'espace de 150 ans à peu près, cette région
MAISONS ITALIQUES, MAISONS GRECQUES?s'est couverte de villes remparées pourvues d'agoras, de
portiques, de théâtres, de gymnases, etc. Une culture urbai­
ne y fleurit, qui ne répond peut-être pas exactement à Par exemple, nous n'allons plus chercher aussi facile­
l'idéal attique formulé par Isocrate, mais qui manifeste ment que naguère des antécédents grecs aux maisons à
malgré tout l'extraordinaire puissance d'expansion alors cour ou à péristyle de Narbonnaise; l'ignorance où nous
acquise par les modèles grecs, indépendarnrnent des vicis­ sommes toujours des caractères propres de l'architecture
situdes politiques (Ceka 1990 ; Baçe 1990). domestique de la Marseille hellénistique, malgré les décou­
vertes prometteuses de la butte des Moulins et du site de la
1 Si l'on en juge du moins par les communications présentées lors des col­
loques.
3 Voir particulièrement Strabon, IV, 1,5.2 Voir à ce sujet les Actes du XIIIe Congrès intern. d'archéol. c1ass. de Berlin
(1988) et particulièrement les rapports présentés p. 19 sq, p. 76 sq., p. 207 sq. 4 Ce chapiteau fait l'objet d'une étude préliminaire de la part de Chr. Le Ro)
et p. 259 sq. (1990).­
Le problème de l'hellénisation de la Gaule transalpine 371
Cathédrale, les difficultés rencontrées pour restituer le plan municipales italiennes de leur temps. Il s'agit moins en
des premières phases des domus de GLanum ou d'Ensérune, l'occurrence d'hellénisation ou de romanisation que d'une
qui nous parviennent en général sous leur forme tardo-ré­ volonté d'intég

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