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L’Europe sociale : entre modèles nationaux et coordination européenne  Communication aux Entretiens de l’AFSE 16 mars 2005  Christine Erhel (Université Paris I, Centre d’Etudes de l’Emploi et MATISSE), Bruno Palier (CNRS, CEVIPOF)    L’Europe est souvent différenciée des autres pays industrialisés par l’existence d’un « modèle social ». Lorsqu’il a fait usage de cette formule au début des années 1990, Jacques Delors voulait signifier qu’une alternative existait au modèle de capitalisme anglo-saxon, fondé sur la dérégulation et le seul marché, qu’il y avait une façon proprement européenne de concilier croissance économique et cohésion sociale. Cette alternative avait existé, s’incarnait notamment dans les systèmes de protection sociale généreux des Etats européens, et ne devait pas être abandonnée mais être refondée pour affronter les défis à venir.  Le « modèle social européen » repose sur un socle commun érigé au cours des trente glorieuses, qui associe recherche du plein emploi, garantie de droits sociaux et du bien-être relativement déconnectée de la situation sur le marché du travail, et politiques keynésiennes de soutien de la demande. Chaque pays ouest-européen a cependant élaboré ses propres compromis politiques autour de ce socle commun, et instauré des façons de faire, des institutions de protection sociale particulières. Le modèle social européen est en fait décliné en différentes familles (britannique, nordique, continentale, méditerranéenne). Depuis le milieu des années 1970, ce modèle est en crise et fait l’objet de nombreuses réformes, certains préconisant l’élaboration d’un nouveau modèle social européen. Historiquement, les liens entre évolution des systèmes de protection sociale et intégration européenne sont relativement faibles, la construction européenne ayant été marquée par une dichotomie de l’économie et du social. Néanmoins, depuis la fin des années 1990, les institutions de l’Union européenne ont fait une place plus explicite aux questions d’emploi et de protection sociale : on peut penser qu’elles participent ainsi à la construction d’un nouveau modèle social.  Dans ce contexte, la question de l’Europe sociale se décline en un double problème d’opportunité (faut-il plus d’Europe sociale ?) et de moyens (sur quelle base et avec quels outils institutionnels ?). Nous traiterons des deux questions en cherchant à relier des travaux souvent épars : analyses comparatives des systèmes nationaux de protection sociale et de leurs dynamiques récentes ; travaux sur les renouvellements de la construction européenne en matière sociale (stratégie européenne pour l’emploi et méthodes ouvertes de coordination) ; approches théoriques de la coordination et le changement institutionnel (en économie et en science politique).  Après avoir rappelé la relation fondamentale entre l’Europe sociale et les modèles nationaux de protection sociale (section 1), nous évoquerons successivement les enjeux actuels (section 2) et les dynamiques (section 3) des politiques sociales en Europe.  
 
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 Section 1- L’Europe sociale face à la diversité des modèles sociaux européens  La notion de modèle social européen, en dépit de son imprécision apparente, est très importante pour comprendre la construction de l’Europe sociale et ses perspectives. Elle comprend une double dimension analytique et normative (Barbier, 2005). D’un point de vue positif, elle conduit à montrer que les systèmes nationaux de protection sociale sont marqués à la fois par des principes communs, qui les différencient du cas américain en particulier, mais également par une forte diversité. Dans sa dimension normative, ce concept renvoie également à une série de principes concernant la relation entre la sphère économique et la sphère sociale, permettant de concilier compétitivité, croissance et cohésion sociale.   1.1 Les éléments communs du modèle social européen.   Ce que les pays européens ont en commun, c’est de considérer que les individus ne doivent pas être laissés seuls face au marché pour subvenir à leurs besoins, notamment lorsqu’ils ne peuvent plus travailler (de façon temporaire : maladie, accident, chômage) ou définitive (invalidité, grand âge). Tous les pays ouest européens reconnaissent qu’une intervention collective, publique ou obligatoire est nécessaire pour garantir à tous qu’ils ne seront pas laissés seuls en cas de difficulté. Cette intervention publique était perçue comme d’autant plus légitime qu’elle apparaissait compatible avec le modèle keynésien de développement économique des années 1940 à 1970.  Les systèmes européens de protection sociale se sont considérablement développés au cours des années 1945-1975 (les « trente glorieuses »). Durant cette période, l’objectif central de l’intervention publique est le maintien du plein emploi, les politiques sociales étant considérées comme un instrument privilégié de réalisation de cet objectif, complémentaire des politiques macroéconomiques keynésiennes. Les dispositifs de protection sociale ont eux-mêmes des effets macroéconomiques favorables, par des canaux divers : effet direct sur les créations d’emploi (au sein des systèmes de santé et des administrations de gestion de la protection sociale), effet sur la consommation via l’accroissement du revenu disponible des ménages du fait des prestations sociales (d’autant plus important que celles-ci conduisent à une redistribution en faveur des catégories à faibles revenus, ayant les propensions à consommer les plus importantes), via la réduction de l’épargne de précaution du fait de la sécurisation du lendemain, effet de stabilisation en cas de ralentissement de l’activité…. La croissance économique des années 1945-1975 repose donc en grande partie sur les interactions vertueuses entre développement industriel, consommation de masse et généralisation de la protection sociale.  Si les politiques sociales ont favorisé la croissance économique, celle-ci (et notamment les forts gains de productivité du secteur industriel) a permis de dégager les ressources nécessaires à un développement sans précédent des politiques sociales1. Les transferts sociaux opérés à travers les politiques sociales ont permis de garantir des droits sociaux à tous les citoyens européens, sans faire complètement dépendre leur bien-être de leur situation sur le                                                  1Ainsi, les seules dépenses d’assurance sociale, collectives et obligatoires de l’Europe de l’Ouest sont passées en moyenne de 9,3 % du Produit Intérieur Brut (PIB) en 1950 à 19,2 % en 1974 (Cf Flora, 1986, p.XXII), les dépenses sociales (entendues dans un sens large, incluant les dépenses de logement et d’éducation) étant passées de 10 à 20 % du PIB à plus du quart voire du tiers du PIB selon les pays en fin de période. Ce sont les dépenses sociales qui expliquent la quasi-totalité de l’augmentation des dépenses de l’État au cours de ces années.
 
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