LITTERATURE POPULAIRE ET SOCIETE
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Description

Niveau: Elementaire

  • cours - matière potentielle : la relation de conflit

  • cours - matière potentielle : des fêtes religieuses

  • cours - matière potentielle : voyages

  • mémoire


LITTERATURE POPULAIRE ET SOCIETE Que savons-nous de la littérature populaire d'expression arabe au Magh? reb ? De quels textes disposons-nous? Si nous faisons le bilan quantitatif des publications, nous sommes bien obligés de constater que celles-ci ne rendent compte ni de la distribution géographique (pour l'Algérie, à peine pourrions-nous citer une dizaine d'en? quêtes éparses: Sud-Oranais, Ouarsenis, Blida, Alger, Annaba, Djidjelli, le Souf, etc.) ni de la diversité et de la richesse des genres (1). On peut déplorer bien entendu le manque d'intérêt manifesté par les chercheurs pour ce fonds culturel de langue arabe, alors que dans d'autres régions du monde, à la fin du et au début du siècle, la recherche fut si féconde. Quant à la qualité des ouvrages, force nous est de ne retenir qu'une partie d'entre eux. C'est aux linguistes que nous devons les textes les plus sûrs. Mais il va sans dire que ceux-ci se trouvent éparpillés, parce que traités comme échantillons de langue, et non pas comme témoignages ma? jeurs de la pensée et de la vision du monde d'une société. Notre critique sera plus vive pour juger des publications présentées comme recueils de littérature orale. Un premier constat de carence concerne l'absence des ren? seignements élémentaires sur les conditions de recensement, sans lesquels une partie du travail scientifique est rendue impossible.

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  • genre contes arabes

  • littérature populaire

  • littérature populaire d'expression arabe au magh? reb


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Extrait

LITTERATURE POPULAIRE ET SOCIETE
Quesavons-nousdelalittératurepopulaired'expressionarabeauMagh­ reb?Dequelstextesdisposons-nous? Sinousfaisonslebilanquantitatifdespublications,noussommesbien obligésdeconstaterquecelles-cinerendentcomptenideladistribution géographique(pourl'Algérie,àpeinepourrions-nousciterunedizained'en­ quêteséparses:Sud-Oranais,Ouarsenis,Blida,Alger,Annaba,Djidjelli,le Souf,etc.)nideladiversitéetdelarichessedesgenres(1).Onpeutdéplorer bienentendulemanqued'intérêtmanifestéparleschercheurspource fondscultureldelanguearabe,alorsquedansd'autresrégionsdumonde, àlafinduetaudébutdusiècle,larecherchefutsiféconde. Quantàlaqualitédesouvrages,forcenousestdeneretenirqu'une partied'entreeux.C'estauxlinguistesquenousdevonslestexteslesplus sûrs.Maisilvasansdirequeceux-cisetrouventéparpillés,parceque traitéscommeéchantillonsdelangue,etnonpascommetémoignagesma­ jeursdelapenséeetdelavisiondumonded'unesociété.Notrecritique seraplusvivepourjugerdespublicationsprésentéescommerecueilsde littératureorale.Unpremierconstatdecarenceconcernel'absencedesren­ seignementsélémentairessurlesconditionsderecensement,sanslesquelsune partiedutravailscientifiqueestrendueimpossible.Undeuxièmeconstat, plusgraveànosyeux,portesurlemanqued'authenticitédetextesquinous sontparvenusdansdesversionsfragmentaires,destraductionsquilesdé­ forment,voiremêmetendentàlesadapterauxgoûtslittérairesdupublic européen(2).Cequenousentendonspartextesdetraditionorale,cesont destextesfixésdansleurlangued'origine,l'arabe,etleursversionsinté­ grales. Enfin,nousdevonsnoterl'absenced'étudesmêmepartiellesdelaliité­ populaired'expressionNousn'avonspasàl'heureactuellene serait-cequ'unouvragederéférence,quoiquevieilli,comparablel'Essai la desdeHenriBasset(Alger,1920).
(1)Pourendonnerunexemple,Claude-HébertBreteaun'apasrecueillimoinsde 300textes,entrelesannées1964et1969,dansunepetitecommunautéduNord-Constantinois (180personnes,dont15conteursetconteuses). (2)Ils'agitdenuancercetteaffirmation:certainsauteursquiontpubliédes dansuneseuletraductiononteuneanrnoinslesoucidesuivreleplusfidèlement possibleletexteoriginal(parex.,J.Desparmet,ladoct.oubiennousoffrentdu texteoriginaluneversionstylisée(parex.,S.Bencheneb).Maismettonsengarde lecteurcontredestitresquinouségarent,dugenreContesarabes(E.deLorral),ou Contes,légendes,histoires,Alger(H.Angel),lesauteursexploitantdesélémentsde traditionoralepourfaire«œuvrelittérairepersonnelle».
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C.H.BRETEAUETM.
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Malgrétouteslesréservesquenousvenonsd'exprimer,nousallons essayerdecaractériserl'undesgenreslemieuxconnuetgénéralement identifiécommeconteouennouslimitantaudomaine algérien.Sinousnousattachionsauxcritères.externesetsuperficiels,nous pourrionsdégagerlaparentédescontesalgériensavectelouteltypemédi­ terranéen,ouautre(3).Cen'estpasnotrepropos.Notreproposestde sidérerlestexteseneux-mêmes,del'intérieur,defaçonàdégagerleursens propre,àsaisirceenquoileconteestleproduitunique,spécifiqued'une sociétédéterminée.Maisavantd'aborderlecontenu,avantdenousinterro­ gersurlafréquence(oul'absence)decertainsproblèmesposésparleconte algérien,examinonslesconditionssocialesdanslesquellesleconteestdit, etparqui.
SOCIALESDE
DIFFUSIONORALEDUCONTE.
C'estpresqueàunereconstitutionqu'ilfautnouslivrercienosjours. Noussavonspardesrécitsdevoyageursetdetémoinsencorevivantset pouvonsencorel'observericietquelquefoisqu'ily adeslieuxpro­ picesetdesmomentsfavorables:endehorsdel'intimitédomestique,les endroitspublics(placesdevillages, cafés,échoppesdebarbiers,bains maures...),aucoursdesfêtesreligieuses(particulièrement,pendantles veilléesdeRamadan),lejourdumarché,etc.Demêmesavons-nousque certainstravauxmanuelsétaientaccompagnésdelarécitationdecontes,ou qued'anciensrécitsépiquesfurentréactualisésparlaGuerred'Indépen­ dance.Cepatrimoineculturel(4),simenacédecéderlepasauxmassmedia, n'acependantpasdisparudetouteslesmémoires.L'occasiondedireun contepeutsurgirauhasarddesconversations,pourlesimpleplaisir;ou bienellepeutnaîtred'unévénementfortuitqu'unconte(ouunproverbe) vient,àpointnommé,éclaireràlamanièresdesexemptaduMoyenAge. Onobserveencorechezdesgroupesdetravailleursastreintsàdesdéplace­ mentsdeplusoumoinslongueduréel'échangedeconiespourcomblerles heuresd'inactivité(5).
(3)Parex.,letypeàefiIleaubasilic.présentenSicileLoNICRO,1958) etenTurquieCW.EBERHARDetP.N.BORATAV,1953),descontesassimilablesàceuxdes etUneNuits(histoiresd'Harounar-Rachid,entreautres),oudel'Egypteancienne Rhampsinite",deuxfrères.).Mêmes'ilyeutemprunt-etl'onpourraitfaire appelàl'histoiredecetterégionlescontactsontétéd'uneintensitéexceptionnelle l'intérêtserait,selonnous,devoirquellesynthèseoriginaleauraitréaliséeentre élémentsempruntésetélémentsàsoi,qu'ils'agisse,selonlescas,dediffusionorale.ou defolklorisationàpartirdelalittératureécrite. (4)Nousnousréjouissonsdeconstaterl'intérêtmanifestéparlesAutorités (cf.AhmedTALERIBRAHIMI,DeladécolonisationàlarévolutionAlger,SNED, 1973,pp.22et26). (5)Pardesouvriersdespontsetchausséesqui,avantdes'endormirsousla tenteouàlabelleétoile,seracontentdeshistoiresentreeux.D'unefaçongénérale, l'occasiondepasserlanuitdanslanatureparaitpropice,parmileschasseursparexemple. decontesrelevantdugenrefantastique.
LITTÉRATUREPOPULAIREETSOCIÉTÉ
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Cequenousvenonsdediretendraitàsuggérerquetoutlemondeest conteur.Cen'estpastoutàfaitlecas.Ilestgénéralementadmisqu'ily a deuxtypesdeconteurs,lesconteursprofessionnels(dontlaprofessionse faitraredenosjours)etdespersonnes,hommesetfemmes,dontlarenom­ méeestd'êtrede«bonsconteurs».Lesrépertoiresquenouspossédons,ont étérecueillisauprèsdeconteursnon-professionnels:paysans,tisserands, petitscommerçants,tisseusesdeburnous,couturières,femmesdeménage, etc. Nousavonsfaitallusionplushautàladiversitéetàlarichessedes genres.Maisplutôtquedeparlerde«genres»,ilseraitplusjustededire quecertainscontesontunclimatépique(6),d'autresunclimatmerveilleux oufantastique,d'autresunealluredenouvellesoudesatiressociales,etc. Ilesteneffetartificieldevouloirclasserunecatégoriefigée(contede mœurs,contemerveilleux,parexemple)untexteinterfèrentréalitéet fiction,l'onpasseinsensiblementdumondedelaviequotidienneau mondedel'imaginaire(7).Inversement,certainscontesquifontfigurerune sociétécomposéeuniquementd'ogres,mettentenjeu,aumoyend'une transfigurationfantastique,destactiquesetdesstratégies«humaines»(8). Cecidit,unpourcentagepUTementexploratoirefondésur13textesorigi­ nairesd'unemêmerégionculturelle,quelquesoitle«genre»auquelceux­ ciappartiennent,montrequeplusdelamoitié(51,3%)traiteenprioritédu problèmedumariage.Etabliàpartirdesmêmestextes,unpourcentaged'une autrenatw"e-portantsurlesrapportsentrepersonnages-révèleque l'ensembledesrelationsdeparentévientencoreaupremierrang.Lapro­ blématiquefondamentaleposéeiciapparaîtdonccentréesurmariageet famille.
MARL\GEETFAMILLE.
Essayonsdediscernerlescourantsidéologiquesexprimésencommun parlesdifférentscorpusdontnousdisposons.Sansdouteexiste-t-il,icietlà, quelquestextesayantlaclartédevéritablesmanifestesàlafoiscontrela bigamieetcontreleprincipedumariageavecl'étrangère:lacousine,fille del'onclepaternel,estproposéecommelafemmeidéale(soumise,fidèle, discrèteetbonnemère)s'opposantcatégoriquementàl'étrangère(ennemie del'homme,quine'pensequ'àacquérirsalibertédemouvementpourse livreràl'adultère).Maislamajoritédestextesestplusambiguë.Uncer­
(6)Parex.,lesversionstransmises,sousformedecontes,del'histoirede«Dyâb etDjâzya.Cf.notrebrefessaisurlestransformationssubiesparl'épopéehilâlienne dansActesduCongrèsd'étudesdescuLturesméditerranéennesd'injLuencearabo­ berbère,Alger,SNED.1973,pp.358-364. (7)Certainesformulesinitiales,devenuesclichés,dutypeétaitetiln'étaitpas" ontpeut-êtrepourbutdenousintroduiredansunmondeàlafoisvraisemblableet invraisemblableàlafoisdansletempsethorsdutempstelquenousleconcevons. (8)Cespersonnagessurnaturelssontenproieàdespassions.àdesmouvements séditieux,àdesconspirations,àdesconflitspourlasuccessionaupouvoir,etc. (J.ContespopuLairessurlesogresrecueiLlis àParis,1909).
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C.H.BRETEAUETM. GALLEY
tainnombred'entreeuxnousprésentelehérosallantcherchersafemme ailleurs,traduisantainsiunetendanceàprendresafemmeàl'extérieurdu grouped'appartenance.Leplussouventalors, lechoixestàl'initiative del'homme.Maisilestimportantdesoulignerquel'héroïnepeutlancer son dévolu,malgrél'opposition familiale,surl'undesprétentantsquilui sontoffertsetauxquelss'estjointle«voyageureût-ill'apparenced'un teigneux.Ils'agitdecontesàclimatmerveilleux.Enrevanche,dansle conteàalluredenouvelle,plusprochedelaréalitésociale, semanifeste davantagelapréférenceaccordéeàl'endogamie(9).aussi,l'hommea l'initiativeduchoix.Lesqualitésreconnuesàlafemmesontcellesqui correspondentaupointdevuedel'homme.Néanmoins,aucoursdela relationdeconflitplusoumoinssimuléquiprécèdelemariagedansun certainnombredetextes,lafemmes'affirmecommel'égaledel'homme,en touscas sousl'angledel'intelligenceverbale.Pourlereste,avouonsqu'elle usequelquefoisdemoyensquinesontpasétrangersàladuplicité(kid en-nsâ').Maiselleenuse,toutendéfendantlesvaleursdugroupe,et finalementellereconnaîtraensonmarile«maîtredesamaison Pournousrésumer,disonsschématiquementque,danslaperspective masculine,deuxtypess'opposent:«femmedudedans»,«femmedude­ horsPourtantilexisteuntroisièmecourant(bienquemoinsrepré­ senté)quiproposepeut-êtreunerésolutiondecetteopposition,grâceàun jeusubtildedédoublementchezlepersonnagedel'héroïne(10):jew1e épousée, ellerefuseàl'hommelaconsommationdumariage,jouantlerôle d'unêtremuetetindifférent;«étrangère»rencontréeàtroisreprisesau coursdevoyages, elleséduitparsabeautéetsaconversationlemaridéçu etluidonnedesenfants.Serait-elle,auniveaudelafiction,l'imageidéale delafemme,appartenantcommeunesœuraugroupesocialdel'hommeet sachantêtreà la foisl'épouseetl'amante? Quandlecontes'achèvesurlemariage,lasituationidéaledupointde vuedel'hommesemblebienêtrel'installationducouplechezlesparents dumari.Dupointdevuedelafemme,l'accentestmissurlasécuritéque luiaccordel'institutiondumariagerienneluimanquait»,diradansun raccourcileconteur).Leproblèmedelacohabitationaveclafamilledu mariestsouventéludé(11). Maisunensembledetextesdécritouvertement les conflits quinaissentdelavieauseindugroupefamilial. Cesconflitsnesontpas lesmêmesd'unerégionàl'autre.Unconflit majeurestceluiquiopposemère,filsetbru.Dansces conditions,ilapparaît quel'uneoul'autredesdeuxrelations,maternelleouconjugale,doitêtre éliminée.Ceciestliéaufaitquelefils semontretropfaibleàl'égarddesa mère,unemèrequin'estpas,oun'estplus(parcequeveuve)subordonnée àl'autoritéd'unAi1leurs, les conflitssurgissententresœurdumari
(9)Letermen'estpasàprendreausensd'endogamiestrIctementfamlIlale:il s'agitd'épouserunefille,sinondelafamille,dumêmegroupesocial. (10)Celle-ciappartienteffectivementaumêmegroupequelejeunehommequise marieavecelle.UneversiondececontefiguredansM.GALLEY,Badraz-Zinetsix contesalgériens,ParIs,1971(voirenparticulierpp.164-175). (11)Iln'estpasquestIondelamèredumarietlepèremeurtdevieillessepour laisserlasuccessionàsonfils.
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