Le thème relatif à l’endettement extérieur et taux de croissance économique a fait l’objet des nombreux travaux empiriques afin de déterminer le lien, l’impact mutuel ainsi que ses canaux de transmission. Cependant ces travaux empiriques sont consacrés, dans la plupart des cas, à des panels de pays qu'à des cas particuliers. Il est pourtant probable que l'impact de la dette extérieure, sur la croissance des économies des pays pauvres très endettés, diffère de celui des pays industrialisés ou pays à revenu intermédiaire et, d'un pays à un autre. En plus, les résultats des travaux empiriques sont contradictoires quant à la nature de la relation entre la dette extérieure et la croissance économique, selon le panel de pays choisis et la période d’étude considérée. Ces contradictions amènent à penser qu’une analyse, pays par pays, permettrait de mieux comprendre la relation entre la dette extérieure et la croissance pour proposer des solutions adéquatement spécifiques aux pays endettés. Pour ce faire des nombreuses questions méritent de trouver réponse dans l’analyse. Il s’agit en effet des questions telle que : le niveau de la dette extérieure incompatible avec la croissance économique ; les canaux par lesquels la dette extérieure affecte la croissance ; et surtout l'impact d'un niveau très élevé de la dette extérieure sur la croissance ! Ebauche des réponses à ces questions fera l’objet de notre travail pour le cas spécifique du Maroc
Master Finance et Économétrie Appliquées F.S.J.E.S- Fès
Dette extérieure et croissance économique au Maroc
Préparé par Issa Habou Rendu à Mr Ait Oudra
Année universitaire 2010/2011
PLAN DU TRAVAIL
Introduction ........................................................................................................... 2
I. Relation dette et croissance économique ..................... 3
A. Fondement théorique. .............................................................................. 4
B. Etat de lieu de la dette et croissance économique au Maroc .................................................. 6
II. Analyse pratique des relations entre les variables ....................................... 7
A. Spécification du modèle .......................................................................... 7
B. Analyse individuelle et corrélation des variables. ... 9
III. Estimation des modèles. ........................................ 13
A. Interprétation ......................................................................................................................... 13
B. Diagnostics et validation du modèle ...................... 20
Conclusion et recommandations ......................................................................... 23
Bibliographie ....................................... 24
Annexes ............... 25
Données utilisées ................................................................. 29
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Master Finance et Économétrie Appliquées F.S.J.E.S- Fès
Introduction
Le thème relatif à l’endettement extérieur et taux de croissance économique a
fait l’objet des nombreux travaux empiriques afin de déterminer le lien, l’impact
mutuel ainsi que ses canaux de transmission. Cependant ces travaux empiriques
sont consacrés, dans la plupart des cas, à des panels de pays qu'à des cas
particuliers. Il est pourtant probable que l'impact de la dette extérieure, sur la
croissance des économies des pays pauvres très endettés, diffère de celui des
pays industrialisés ou pays à revenu intermédiaire et, d'un pays à un autre. En
plus, les résultats des travaux empiriques sont contradictoires quant à la nature
de la relation entre la dette extérieure et la croissance économique, selon le panel
de pays choisis et la période d’étude considérée. Ces contradictions amènent à
penser qu’une analyse, pays par pays, permettrait de mieux comprendre la
relation entre la dette extérieure et la croissance pour proposer des solutions
adéquatement spécifiques aux pays endettés. Pour ce faire des nombreuses
questions méritent de trouver réponse dans l’analyse. Il s’agit en effet des
questions telle que : le niveau de la dette extérieure incompatible avec la
croissance économique ; les canaux par lesquels la dette extérieure affecte la
croissance ; et surtout l'impact d'un niveau très élevé de la dette extérieure sur la
croissance ! Ebauche des réponses à ces questions fera l’objet de notre travail
pour le cas spécifique du Maroc. On va passer de l’analyse théorique à
l’empirique dans ce qui suit. Mais avant cela ; on va essayer de définir les deux
concepts que sont la croissance économique et la dette extérieure.
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I. Relation dette et croissance économique
Après définition des concepts, il va être question dans ce qui suit, une analyse
théorique de relation endettement et croissance économique. Nous verrons
également dans cette partie l’état de la dette en cette dernière décennie au
Maroc.
LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET SES INSTRUMENTS DE
MESURE
La croissance économique est une augmentation de la production sur le long
terme, une croissance du PIB n'implique pas nécessairement une élévation du
niveau de vie. En effet, si la croissance démographique est plus rapide que la
croissance du PIB, le PIB par habitant diminue. En outre, certaines activités ne
sont pas prises en compte dans son calcul que nous allons voir plus loin dans les
limites du PIB.
La notion de croissance est un phénomène récent et ses instruments de mesure
ont connu aussi une longue histoire et continuent d'alimenter les débats sur leurs
efficacités et leurs pertinences. On propose dans cette approche la mesure la
plus courante il s’agit de l’évolution annuelle exprimé en pourcentage du
produit intérieur brut ou du P.N.B. (Produit national brut). Pour éviter le
problème dû à l'augmentation des prix, la croissance est calculée en "monnaie
constante" (hors inflation), le P.I.B. étant corrigé de l'augmentation de l'indice
des prix. Ceci permet de calculer une croissance en volume.
La formule de calcul, dans le cas du PIB de l'année "n", est la suivante.
Taux de Croissance PIB = [PIB (n) - PIB (n-1)] / PIB (n-1)
LA DETTE EXTERIEURE
En économie, la dette extérieure désigne l'ensemble des dettes qui sont dues
par un pays, à des prêteurs étrangers.
Il est important de faire la distinction entre la dette extérieure brute (ce qu'un
pays emprunte à l'extérieur) et la dette extérieure nette (différence entre ce
qu'un pays emprunte à l'extérieur et ce qu'il prête à l'extérieur). Ce qui est le plus
significatif, c'est la dette extérieure nette.
Un niveau trop élevé de dette extérieure nette témoigne d’un risque-pays élevé :
en cas de fluctuations de la devise nationale, les montants des intérêts et du
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principal de la dette extérieure, si elle est libellée en monnaie étrangère, peuvent
devenir insupportables.
A. Fondement théorique.
De manière théorique, on peut penser que la dette extérieure aura un effet
positif sur l'accumulation du capital physique et donc sur la croissance
économique. En supposant que cette dette est contractée afin de soutenir la
croissance compte tenu d’insuffisance des ressources intérieures, on peut ajouter
en outre que les pays en développement par exemple ont un faible niveau de
stock de capital, ce qui offre des opportunités pour de nouveaux investissements
dont le taux de rentabilité est généralement plus élevé que celui des pays
développés. On peut donc admettre que ces pays utilisent les emprunts
extérieurs pour investir dans des secteurs productifs, dans un environnement
économique stable, sans distorsions ni chocs extérieurs, cette dette leur
permettra d'accélérer la croissance économique et d'assurer les remboursements.
Cependant il est logique de penser également qu’au delà d’un certain taux la
tendance s’inverse. Le seuil est estimé par certains auteurs à environ 50% du
PIB pour la valeur actualisée du stock de la dette extérieure, 20 à 25% pour la
valeur nette actualisée et de 100 à 105 pour la valeur nette de la dette extérieure
en pourcentage des exportations. Ce qui laisse dire qu’un taux d'endettement
élevé induit un faible taux de croissance économique mais reste à trouver ses
canaux de transmission.
Une autre explication de l’effet dépressif de l’endettement sur la croissance se
trouve dans l'hypothèse du fardeau virtuel de la dette "overhang debt". Selon
cette hypothèse, lorsqu'il apparaît de plus en plus clair que le niveau de la dette
dépassera la capacité de remboursement du pays débiteur, le coût anticipé du
service de la dette décourage les investisseurs, aussi bien domestiques
1qu'étrangers, qui prévoient un taux de taxation élevé pour le futur . En effet, un
niveau élevé d'endettement signifie que l'Etat sera contraint d'augmenter les
taxes pour payer le service. Théoriquement l'anticipation de la hausse de
taxation décourage le secteur privé qui réduit ses investissements ; ce qui
affecte alors le taux de la croissance économique. Les pays endettés ne jouissent
pas beaucoup de l'accroissement de leur production et de recettes d'exportation.
La grande partie de la production et des recettes, additionnelles, est utilisée pour
payer le service de la dette extérieure, ce qui réduit les ressources pour effectuer
de nouveaux investissements. Cette dégénérescence des investissements
entraîne alors un ralentissement du taux de la croissance de la production. La
croissance de la dette rend et augmente l’incertitude quant aux actions et aux
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P. Krugman
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mesures de politiques économiques que le gouvernement sera amené à initier
pour honorer le service. L'accroissement de la dette extérieure, cumulé au climat
d'incertitude engendrent une augmentation de sortie de capitaux, si le secteur
privé anticipe une dévaluation ou une augmentation des taxes. Ce qui a pour
conséquence la réduction des ressources disponibles pour le financement des
investissements nouveaux ou le renouvellement du capital existant. L’effet de la
dette extérieure peut affecter la croissance via le ralentissement du taux
d'accumulation du capital physique ou même la baisse de la productivité des
facteurs. La relation entre le stock de la dette extérieure et la croissance
économique, par le canal du capital physique, fut empiriquement mise en
évidence par Pattillo et al. Selon les résultats de leur travail, le doublement du
stock de la dette extérieure réduit, en moyenne, de 1 point de pourcentage la
croissance de capital physique par tête et celle de la productivité totale des
facteurs dans la même proportion.
Le paiement du service de la dette réduit les ressources disponibles pour
l'investissement privé e