Le tour du monde dun gamin de paris
668 pages
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Extrait

Louis Boussenard LE TOUR DU MONDE D’UN GAMIN DE PARIS Journal des Voyages 1879 Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits » Table des matières PREMIÈRE PARTIE LES MANGEURS D’HOMMES ............ 4 CHAPITRE PREMIER................................................................. 5 CHAPITRE II ............. 26 CHAPITRE III ........................................................................... 53 CHAPITRE IV ............ 91 CHAPITRE V ........... 124 CHAPITRE VI .......................................................................... 159 CHAPITRE VII ........ 184 DEUXIÈME PARTIE LES BANDITS DE LA MER ............. 212 CHAPITRE PREMIER............................................................. 213 CHAPITRE II ........................................... 237 CHAPITRE III ......................................... 261 CHAPITRE IV .......... 298 CHAPITRE V ........................................... 334 CHAPITRE VI .......................................... 373 CHAPITRE VII ........ 397 CHAPITRE VIII ....................................... 425 CHAPITRE IX.......................................... 455 CHAPITRE X .......... 488 TROISIÈME PARTIE LE VAISSEAU DE PROIE ................ 517 CHAPITRE PREMIER............................................................. 518 CHAPITRE II ........................................... 546 CHAPITRE III .........................................580 CHAPITRE IV .......... 616 CHAPITRE V ........................................... 642 ÉPILOGUE .............................................................................. 662 À propos de cette édition électronique 668 – 3 – PREMIÈRE PARTIE LES MANGEURS D’HOMMES – 4 – CHAPITRE PREMIER Terrible bataille sous l’équateur. – Les blancs et les noirs. – On fait connaissance entre des gueules de crocodiles et des mâchoires de cannibales. – Héroïsme d’un gamin de Paris. – Dévouement inutile. – Échec et mat. – À 1.200 lieues du fau- bourg Saint-Antoine. – L’envers de la Case de l’oncle Tom. – Un compatriote maigre et très peu vêtu. – À moi !… s’écria d’une voix étouffée le timonier sans lâ- cher la barre, bien qu’il eût le col furieusement étreint par les deux griffes crochues d’un noir. « À moi !… » hurla-t-il une seconde fois, les yeux blancs, la face violacée, la bouche tordue. – Tiens bon… Pierre !… On y va !… Et le timonier Pierre, défaillant, hors d’haleine, aperçoit, comme dans un brouillard, un petit bonhomme sortant on ne sait d’où, qui d’un bond s’élance vers lui. Le canon d’un revolver frôle son oreille. Le coup part. L’étreinte du noir se desserre aussitôt. La tête grimaçante, que Pierre ne peut voir, éclate, fracassée par la balle de onze millimètres. Le féroce ennemi qui s’était hissé par la chaîne du gouvernail dégringole dans le fleuve ; un crocodile le happe au passage, et l’entraîne à travers les herbes. – Merci tout de même, Friquet, dit Pierre en avalant une vaste lampée d’air. – 5 – – Y a pas d’quoi, va, mon vieux… à charge de revanche, pas vrai… « A pas peur !… Y va faire chaud tout à l’heure. » Friquet disait vrai. Il faisait doublement et terriblement chaud, sur le pont de la jolie chaloupe à vapeur qui remontait en ce moment, à grand’peine, le cours de l’Ogôoué. En dépit de l’excellence de sa machine, dont le piston bat- tait comme le pouls d’un fiévreux, l’embarcation avançait len- tement au milieu des rapides. Sa cheminée fumait comme celle d’un steamer, l’hélice faisait rage, la vapeur qui mugissait et ho- quetait dans les conduits de métal, sifflait sous les soupapes empanachées de buées blanches. Par 9 degrés de longitude ouest, sous l’équateur, les vingt hommes de l’équipage eussent pu, sans aucun doute, apprécier vivement les bienfaits d’une carafe frappée et d’un éventail. Nul, parmi eux, ne semblait pourtant se préoccuper de ces raffine- ments de la vie civilisée, dont il était permis de déplorer la pri- vation, sans être pour cela taxé de sybaritisme. Tous, le chassepot à la main, le revolver à la ceinture, la hache à portée, épiaient avec une sorte de vigilance inquiète les allures de tout un clan de noirs éparpillés des deux côtés du fleuve. L’enseigne de vaisseau commandant la chaloupe, chargé d’une mission toute pacifique par l’amiral en station navale au Gabon, avait recommandé de ne faire feu qu’à la dernière ex- trémité. – 6 – Malheureusement, les tentatives de conciliation, opérées antérieurement, ayant toutes complètement échoué, il fallait rétrograder ou avancer par force. Reculer est un terme inconnu en marine. C’est pourquoi l’équipage tout entier se tenait à son poste de combat. On était en plein pays ennemi, au milieu des Osyébas an- thropophages, que le regretté marquis de Compiègne, et son intrépide compagnon, Alfred Marche, ont les premiers visités, au milieu de périls inouïs, au commencement de l’année 1874. La sauvage agression qui avait failli être fatale au timonier Pierre, prouvait que les moyens pacifiques ne réussiraient pas. L’assaillant, victime du coup de revolver, était arrivé sournoi- sement à la nage, en nombreuse compagnie, à quelques mètres à peine de la chaloupe. Voyant que jusqu’alors les hommes blancs ne faisaient pas mine de résister, ils avaient cru, dans leur naïveté anthropopha- gique, à la réussite complète de leur projet. Aussi leur désillu- sion se traduisit-elle en clameurs furibondes, accompagnées d’une retraite rapide. Ceux qui étaient à terre, exaspérés de leur déconvenue, ou- vrirent un feu violent sur les matelots qui ne se donnèrent même pas la peine de s’abriter derrière le bordage. Cette salve, exécutée avec les mauvaises patraques de fusils à pierre, fournis par les traitants, n’eut d’autre résultat qu’un peu de fumée, et beaucoup de bruit. Le jeune commandant, voyant les masses confuses des noirs échelonnés en quantité innombrables dans les lianes et les larges feuilles du rivage, fit charger la légère mitrailleuse placée à l’avant de son bâtiment. – 7 – – Tout est paré ? interrogea-t-il d’une voix calme. – C’est paré, commandant, dit le maître canonnier. – Ça va bien. L’aspirant de première classe, faisant fonction de second, était, en ce moment, en colloque animé avec un grand diable de matelot nommé Yvon, qui, insoucieusement appuyé sur son chassepot, regardait venir les noirs. – Sauf vot’respect, capitaine, c’est donc ces particuliers là qui ont croché not’docteur il y a quinze jours ? – Je crois, en effet, que ce sont eux. – Mais, capitaine, comment diable le docteur, un vieux ma- telot, s’est-y laissé pincer par ces mauvais cabillauds ? – Il est parti herboriser un jour, puis… il n’est plus revenu. Je n’en sais pas davantage. Maintenant nous allons à sa re- cherche, un peu à l’aventure. – Drôle d’idée, pour un homme si savant, de se mettre her- boriste, à seule fin de ranger des boutures dans une boîte en fer blanc !… « Et comme ça, continua Yvon, encouragé par la bienveil- lance de son chef, tous ces nègres-là sont des mangeurs de « monde » ? – Hélas ! Oui. J’ai bien peur pour notre pauvre ami. – Oh ! Y a pas d’danger, capitaine. Voyez-vous, sauf vot’respect, le docteur est si maigre… et puis, il doit être si dur ! – 8 – L’officier sourit sans répondre à cette boutade. Cinq minutes à peine s’étaient écoulées. La chaloupe re- montait toujours vers les rapides qui mugissaient au loin. En face, à mille mètres à peine, une ligne noire interceptait la vue. Avec la lorgnette, on distinguait une cinquantaine de pi- rogues rangées côte à côte, comme les bateaux d’un pont dont le tablier n’est pas encore posé. Un long câble végétal, amarré à deux arbres, de chaque cô- té du fleuve, servait à les maintenir en ligne malgré le courant. À droite et à gauche, d’autres barques évoluaient silencieusement, escortant la chaloupe à distance respectueuse. – Tonnerre à la toile ! Y va grêler dur, grogna un vieux quartier-maître en glissant amoureusement sous sa joue une chique énorme qu’il tira de son béret. Il y eut tout à coup un grand silence, interrompu seulement par la toux saccadée de la machine. Puis, comme si tous les singes-hurleurs, tous les hérons- butors, toutes les grenouilles-taureaux du continent africain se fussent donné rendez-vous en cet endroit, éclata la plus épou- vantable cacophonie qui ait jamais fait vibrer un tympan hu- main. À ce signal, la ligne de pirogues amarrées en avant se brisa, et toutes les embarcations descendirent le courant, pendant que celles qui suivaient formaient en arrière une ligne transversale destinée à couper la retraite à la chaloupe. Les Européens étaient pris entre deux feux. – 9 – – C’est fini de rire, les enfants ! fit le quartier-maître en mâchonnant son tabac. En un clin d’œil, les blancs sont cernés, tant la manœuvre de l’ennemi est exécutée avec précision. – Feu ! Tonne la voix du commandant. La chaloupe s’embrase comme un cratère. Au crépitement de la fusillade se mêle le déchirement strident de la mitrailleuse, qui, tirant en éventail, coule trois ou quatre embarcations, et fracasse horriblement les corps de ceux qui les montent. Pendant que les servants rechargent la pièce, la fusillade continue, serrée, implacable, mortelle. Les eaux qui commen- cent à rougir, charrient, au milieu des débris de bois, des torses d’ébène, immobiles déjà, ou encore en proie à d’atroces convul- sions. Le cercle se resserre. Les assaillants ripostent à peine. Ils ont le nombre pour eux et veulent prendre la chaloupe à l’abordage. La mitrailleuse tire sans relâche. Les canons des fu- sils sont brûlants. On remarque à ce moment, près du commandant, un jeune homme de haute taille, vêtu d’un costume civil, coiffé d’un casque blanc, qui, un fusil à la main, canarde les noirs avec l’aisance d’un vieux soldat. Le front de l’officier se rembrunit. C’est
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