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Description

Niveau: Supérieur, Master, Bac+5

  • mémoire

  • mémoire - matière potentielle : fin d' études novembre


Université Paris 1 Panthéon Sorbonne UFR de Sciences Politiques Master II Coopération Internationale, Politiques de Développement et Action Humanitaire Julie DAMOND Mémoire de fin d'études Novembre 2007 L'évaluation de l'Action Humanitaire L'exemple de Médecins Sans Frontières Sous la direction de Monsieur Philippe RYFMAN Professeur et chercheur associé Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

  • retour critique sur les opérations

  • logique d'action

  • action humanitaire

  • vision particulière de la technique d'évaluation

  • adaptation des procédures aux situations d'urgence humanitaire

  • revue tiers


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Publié le 01 novembre 2007
Nombre de lectures 66
Langue Français

Extrait

Université Paris 1 Panthéon Sorbonne  UFR de Sciences Politiques   Master II Coopération Internationale, Politiques de Développement et Action HumanitaireJulie DAMOND Mémoire de fin d’études Novembre 2007
L’évaluation de l’Action Humanitaire L’exemple de Médecins Sans Frontières
Sous la direction de Monsieur Philippe RYFMAN Professeur et chercheur associé Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
« (…) la logique d’action et la logique de connaissance s’affrontent en permanence : la connaissance tendant vers l’optimum, l’action vers le faisable. »1 
1Patrick, FONTENEAU Bénédicte, POLLET Ignace, « Lévaluation dans les ONG belges : DEVELTERE entre volonté et contrainte », in :Revue Tiers Monde, oct.-déc.2004, n°180, p.820
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Synthèse Celui qui souhaite conduire une évaluation trouvera toute une série de documents lui
indiquant la marche à suivre. Il en est de même dans le domaine de laction humanitaire.
Dans sa première partie, ce mémoire se propose donc de voir quels rapports entretient
Médecins Sans Frontières avec le concept et la technique de lévaluation. Le lecteur
découvrira le scepticisme de lassociation quant à lopportunité dutiliser lévaluation pour
évaluer ses propres actions. Avoir les moyens dun regard sur la médecine pratiquée est
cependant reconnu comme une nécessité. Ce sera lobjet dune deuxième partie qui
sattachera à montrer, en pratique, les contours de la démarche dévaluation à MSF, et en
quoi celle-ci est-elle appelée à évoluer.
Mots clés : Evaluation / Médecins Sans Frontières / MSF / Action Humanitaire
Abstract The person who would like to undertake an evaluation will find a number of documents
describing the procedure to be followed. It is also the same in the humanitarian arena. In its
first part, this paper will highlight the link and interaction that Doctors Without Borders
(MSF) has with the concept and the technique of the evaluation. The reader will discover
the scepticism that the association has as regards to the opportunity of utilizing the
evaluation in order to evaluate its own actions. Yet, having the means of overlooking the
medical practices is recognized as a necessity. This will constitute the object of the second
part, that will focus in demonstrating, practically, the overall MSF evaluation procedure,
and why it is meant to evolve.
/ Doctors Without Borders / MSF / Relief InterventionKeywords : Evaluation
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Remerciements Je tiens à remercier en premier celui qui ma fait découvrir et aimer Médecins Sans
Frontières : Fouad Ismaël. Cette soixantaine de pages ne reflètent en rien tout ce quil
partage continuellement de son expérience, de son amitié et de ses « scuds ». Un grand
merci à Thierry Allafort-Duverger, responsable du desk urgences de MSF, pour mavoir si
spontanément associée à la réalisation de laRevue Critique des urgences 2006, à lorigine
du choix du thème de ce mémoire. Que Fabrice Resongles, coordinateur médical
durgence, reçoive ce merci pour la patience dont il a fait preuve avec la « non-médicale »
que je suis.
Que Monsieur Philippe Ryfman, professeur et chercheur associé à luniversité Paris 1
Panthéon-Sorbonne, soit ici remercié pour sa disponibilité et pour avoir encadré cette
rech
erche.
Avertissement « LUniversité Paris 1 nentend donner aucune approbation aux opinions émises dans les mémoires. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. »
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Sommaire Partie 1 - L’évaluation et MSF : un rapport distancié au concept et à la technique 1. L’évaluation : un concept et une technique formalisée dans le domaine de l’action humanitaire  1.1. Adaptation des procédures aux situations durgence humanitaire  1.2. Principes généraux dune opération dévaluation : une technique formalisée   2. Les réticences de MSF face à l’appropriation de la méthode d’évaluation  2.1. perçue comme une technique aux possibilités restreintesLévaluation 2.2. Une vision particulière de la technique dévaluation   Partie 2 - L’évaluation à MSF : institutionnaliser une démarche flexible 1. Une démarche d’évaluation pensée comme un retour critique sur les opérations 1.1. Développer et améliorer la démarche dévaluation  1.2. Contours de la démarche dévaluation   2. Une démarche appelée à évoluer 2.1. Se doter des moyens dun regard sur la qualité de la médecine pratiquée 2.2. évolutions au sein du mouvement MSFDes
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Avant-propos La difficulté de ce sujet vient du doute constant dans lequel il ma plongé. Lorsque je
rencontrais des interlocuteurs divers au sein de MSF, jentendais continuellement deux
versions contradictoires. «L’évaluation à MSF ? Vaste sujet… Quand j’étais sur le terrain,
on avait des guides, on évaluait, puis on était évalu酻 Me voici donc partie à la
recherche de ces fameux guides, puis au détour dun couloir : «A MSF ? De l’évaluation ?
Il n’y en a pas vraiment…» Cette situation est la conséquence de lutilisation dun vocable
appartenant au vocabulaire courant et qui, pour beaucoup, ne renvoie pas à une technique
précise. Finalement, ce mémoire est le reflet de ces tergiversations. Il peut donner
limpression de dire le tout et son contraire. Il se veut aussi refléter lévaluation à MSF ;
«il y en a eu plein d’évaluations de faitesNon, mais », «Ce n’est pas que l’on aime pas, mais…», « avec le regard extérieur… blèmeJ ’ai», «Comment veux-tu que e n aucun pro
quelqu un de l’extérieur vienne juger de la pertinence de nos opérations ?...» Cest un positionnement tout en contraste. Prendre le parti de ne décrire que les circonstances de
production de « vraies » évaluations nous aurait fait omettre toutes ces initiatives internes
pour se doter des moyens dun regard sur la qualité de la médecine pratiquée. On trouvera
donc du «Oui, mais…» dans les pages qui vont suivre. Elles sont le résultat dune
recherche de quatre mois entre lidée du sujet et lécriture de ces mots. Ce travail est loin
dêtre exhaustif. A défaut délaborer un raisonnement, il est peut-être seulement le résultat
dune perception. Finalement, il pose plus de questions quil napporte de réponses. Et
pour combler un certain manque de données écrites et chiffrées, il a fait ce que lévaluation
préconise dans les situations durgence : lobservation et lutilisation de méthodes
qualitatives pour glaner linformation. Tout comme son sujet détude, il produit une image
de la réalité que daucuns viendront juger avec leurs propres critères dévaluation.
Alors, ami lecteur, évaluez-bien ces quelques mots, qui selon vos propres critères,
trouveront grâce ou ne trouveront pas
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Introduction
Pour introduire cette recherche, il nous semble intéressant de revenir sur les étapes
successives qui ont mené à la formulation de notre objet détude. A lorigine, lintitulé du
mémoire aurait du être celui-ci : « La pratique de lévaluation appliquées aux ONG
médicales durgence : le cas de Médecins Sans Frontières ». Il impliquait, à notre avis, de
disposer déléments significatifs nous permettant détayer une double spécificité. La
première aurait été davoir pu souligner une différence dans lévaluation des soins
médicaux par rapport à dautres secteurs motivant lintervention des ONG. La deuxième
supposait que Médecins Sans Frontières ait une particularité dans lévaluation de ses
propres actions comparativement à dautres ONG agissant dans le domaine de la santé. Ne
disposant ni de connaissances médicales suffisantes pour traiter cette problématique, ni
même dun temps détude assez long pour lintroduction dun regard comparatif, une
première réorientation du champ de recherche sest avérée nécessaire. La deuxième
formulation du sujet fut la suivante : « La pratique de lévaluation de laction humanitaire :
le cas de Médecins Sans Frontières ». Ce thème détude induisait ici que le principe même
de lévaluation des actions fut accepté et quil sagissait alors seulement de mettre en
lumière la pratique. Cette problématique aurait pu sappliquer comme telle à dautres
ONG, mais ce ne fut pas le cas pour Médecins Sans Frontières. Finalement, notre sujet
sintitule plus simplement : « Lévaluation de laction humanitaire : lexemple de
Médecins Sans Frontières ». Il nous permet ainsi dintroduire plusieurs autres concepts
sous-jacents à lévaluation nous autorisant alors à pouvoir penser notre sujet, lorsquil
prend pour exemple Médecins Sans Frontières. Tout au long du développement qui va
suivre, nous introduisons une différenciation entre le concept, la technique, la pratique et la
démarche. Pour nous, le concept renvoie à la définition de lévaluation dans son sens
premier et à la question de lopportunité dune évaluation de laction humanitaire. Il
appelle une série de questions du type : « Lévaluation de laction humanitaire est-elle
souhaitable ? Est-elle réalisable ? » La technique renvoie aux méthodes dévaluation telles
quelles ont été formalisées dans des guides et autres méthodologies pour ceux qui
souhaitent initier de « vraies » évaluations. La pratique est lutilisation de la technique
dévaluation telle quelle est mise en oeuvre concrètement au sein des organisations. Elle
permet de déceler certaines priorités pour lorganisation : « Sapplique-t-elle
majoritairement sur des politiques opérationnelles ou des activités ? Est-elle simplement
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systématique ? Interne ou externe ?... » Enfin, pour pouvoir penser lévaluation au sein de
MSF, il a fallu introduire une autre notion, la démarche. La démarche dévaluation
rassemble une série dinitiatives dont les contours sont ceux de l « outil évaluation ». Elle
donne tout autant à lassociation les moyens dun regard sur la médecine pratiquée. Les
pages qui suivent se proposent ainsi détudier les relations quentretient MSF avec chacune
de ces déclinaisons de lévaluation, tant au niveau du concept, de la technique que de la
pratique. La réintroduction du terme de démarche nous permettra alors de pouvoir parler de
lévaluation au sein de MSF.
La construction de ce raisonnement a donné lieu auparavant à une tentative de recensement
des documents portant la mention « évaluation ». Devant le succès tout relatif de cette
entreprise, nous nous devons de préciser que nous ne prétendons pas avoir pu établir une
liste exhaustive des différentes sortes de documents, qui pourraient sapparenter de près ou
de loin à des évaluations. Pour lheure, notre recherche nous a seulement permis de
distinguer une certaine diversité de rapports. La première catégorie identifiée se compose
souvent de documents se présentant comme des « évaluations finales » ou des
« évaluations rétrospectives », mais ils savèrent plutôt être des bilans dactivités
présentant les résultats des actions. Ils ne font pas référence à lidentification des objectifs
de départ et ne seffectuent pas dans le cadre dune commande définie par des termes de
références précis. En outre, ils sont souvent le fait de rédacteurs « juge et partie » ayant
eux-mêmes conduit ou initié les actions quils décrivent. La deuxième catégorie est celle
des évaluations menées par Epicentre, Centre pour la recherche en épidémiologie. Pour
celles que nous avons pu identifier, il sagit de « vraies » évaluations mais elles portent
plutôt sur laspect médical dune activité et ne répondent pas à des questions plus larges
sur la pertinence ou lefficacité dune opération. La troisième catégorie la plus étoffée est
celle des guides et méthodologies portant sur lévaluation des situations durgences avant
la phase du déclenchement de lopération. Ils sont des outils dévaluations « ex-ante » et
sintitulent souvent « mission dévaluation » mais portent en fait sur la phase de « mission
exploratoire » préalable à la mise en place dune activité. A ce titre, il nous faut préciser
que ce mémoire ne porte pas sur ce type dévaluation. Il concerne plutôt ce quil est
convenu dappeler « évaluation intermédiaire » portant sur des opérations en cours ou
« évaluation a posteriori » après que lintervention ait eu lieu. Il est une quatrième
catégorie que nous savons exister, mais sur laquelle nous navons que peu dinformations.
Elle concerne les différentes évaluations réalisées par les bailleurs de fonds comme ECHO.
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Ce rapide tour dhorizon des différents documents portant la mention « évaluation » nous a
permis démettre trois hypothèses. La première dentre-elles suppose que lévaluation nest
pas réellement pratiquée au sein de lassociation. Elle attesterait ainsi de la rareté de ces
documents et supposerait que lon sintéresse aux raisons motivant une pratique restreinte.
La seconde hypothèse soriente vers la possibilité dune politique dévaluation strictement
interne à laquelle lobservateur extérieur na que difficilement accès. La dernière de ces
trois hypothèses préjuge de la présence dune démarche dévaluation qui se lit ailleurs que
dans des rapports portant la mention « évaluation ». Nous verrons au cours de notre
recherche que ces trois hypothèses ne sont en réalité pas exclusives les unes des autres.
Cest leur complémentarité qui nous permet en fait de comprendre quelle forme prend
lévaluation au sein de MSF.
Née en 1971, MSF fut à lorigine du mouvement « sans frontièriste » qui verra naître de
nombreuses organisations se réclamant du même courant. Nous savons cette association
empreinte dune forte culture identitaire. Elle est connue pour ses prises de position dans
lespace public. Soucieuse de préserver son indépendance daction, elle est souvent perçue
comme « arrogante » par ses pairs et apparaît de plus en plus en marge dun « système
humanitaire » témoignant dune volonté grandissante de travailler collectivement. John Mitchell, directeur du réseau ALNAP2, analyse cet isolement comme tel :« En raison de
l’opérationnalisation du principe d’indépendance, MSF a dû devenir un électron libre. Le
simple fait de se joindre à d’autres groupes, à d’autres mouvements, à des initiatives
communes, etc. exigera inévitablement une perte de cette indépendance qui permet l’action
la plus directe. MSF ne se prête pas bien à la mentalité de comité et, par conséquent, je présume qu’elle rechigne à adhérer.»3 Nous aurions pu envisager de traiter notre sujet
sous cet angle « culturel » et partir dune idée simple postulant que la « culture MSF » ne
se prête pas à une « culture de lévaluation ». Nous avons délibérément pris le parti de ne
pas lanalyser de cette façon. Dabord parce que la « culture MSF » et la construction
identitaire de lONG est un sujet détude récurrent, ensuite parce quil est trop facilement
un facteur explicatif à toutes les prises de position de lassociation, enfin parce que nous
considérons que la raison dagir de MSF est avant tout motivée par les priorités de laction
et puise des explications dans lanalyse passée de ses expériences de terrain. Dans une 2The Active Learning Network for Accountability and Performance in Humanitarian Assistance 3MSF,My sweet La Manchade contributions écrites entre juillet et octobre 2005, décembre 2005,, recueil p.84
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première partie, ce travail se propose de voir quelles relations MSF entretient avec le
concept et la technique de lévaluation. Ce faisant, il faut revenir sur lévaluation de
laction humanitaire dun point de vue général. Comment lévaluation des actions des
Organisations de Solidarité Internationale est apparue nécessaire, en quoi celle-ci sest-elle
récemment adaptée aux contraintes liées aux situations durgence ? Malgré cette
adaptation, MSF montre des réticences à sapproprier ces méthodes dévaluation. Celles-ci
sont avant tout motivées par un scepticisme lié à lopportunité et à lutilité de lemploi de
ces techniques. Une deuxième partie nous permettra de pénétrer plus au cur de
lassociation et de voir, en pratique, que lévaluation est parfois utilisée dans certaines
circonstances. Plus que tout, MSF reconnaît aussi une nécessité aux finalités de
lévaluation, celle du rendu de comptes et de sa fonction dapprentissage. Concrètement
alors, quels contours la démarche dévaluation des actions prend-elle au sein de MSF ? En
quoi celle-ci, tant pour des raisons internes quexternes, est-elle appelée à évoluer encore ?
Ces questions constituent la trame des pages qui vont suivre.
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Partie 1 – MSF et l’évaluation : un rapport distancié au concept et à la technique
Cette partie se propose de voir quelles relations MSF entretient avec le concept et
lutilisation des méthodes dévaluation. Avant de mettre en corrélation ces ceux éléments,
il convient de sarrêter un moment sur la diffusion de cette méthode dans le domaine de
laction humanitaire, den préciser la définition et les contours.
1. L’évaluation : un concept et une technique formalisée dans le domaine de l’action humanitaire
Lévaluation est un mot appartenant au langage courant, qui, pour beaucoup, ne renvoie
pas à une procédure précise. Il est dusage dentendre quun tel a été évalué, que tel autre a
évalué. Pourtant, lévaluation est un exercice particulier dont lopportunité a été adaptée au
domaine de laction humanitaire, puis plus récemment aux situations durgence.
1.1. Adaptation des procédures aux situations d’urgence humanitaire
Les deux points suivants témoignent de ce cheminement. Il fallait dabord que les acteurs
du domaine de lhumanitaire acceptent le principe même dune évaluation, avant quil ne
savère que cette procédure devait être complétée pour optimaliser son utilisation dans les
situations portant sur des opérations de secours.
1.1.1. Evaluer laction humanitaire
Avant même lapplication dune méthode ou dune technique dévaluation formalisée,
lidée dévaluer laction humanitaire est longtemps apparu comme un néologisme à lui tout
seul. Rony Brauman, ancien président de Médecins Sans Frontières France, définit laction
humanitaire comme« celle qui vise, sans aucune discrimination et avec des moyens
pacifiques, à préserver la vie dans le respect de la dignité, à restaurer dans leur capacité
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