EUROPEAN RESEARCH ADVISORY BOARD (EURAB) - GROUPE D’ÉTUDE UNIVERSITÉS
12 pages
Français

EUROPEAN RESEARCH ADVISORY BOARD (EURAB) - GROUPE D’ÉTUDE UNIVERSITÉS

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
12 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L’Europe de laConnaissance en2020FR Vision de la rechercheuniversitaire et de l’innovationPalais des Congrès de Liège, Belgique25-28 avril 2004Studio image création« EUROPEAN RESEARCH ADVISORY BOARD » GROUPE D’ÉTUDE UNIVERSITÉS L’EUROPE DE LA CONNAISSANCE EN 2020 :VISION DE LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE ET DE L’INNOVATION« EUROPEAN RESEARCH ADVISORY BOARD » (EURAB) GROUPE D’ÉTUDE UNIVERSITÉS Palais des Congrès de Liège, Belgique25-28 avril 2004« EUROPEAN RESEARCH ADVISORY BOARD » GROUPE D’ÉTUDE(1)UNIVERSITÉS INTRODUCTIONLe groupe d’étude Universités du Comité consultatif européen pour la recherche (EURAB) a produitle présent document en vue de préparer la conférence intitulée « L’Europe de la Connaissance 2020 :une vision pour la recherche et l’innovation universitaire », qui se tiendra à Liège du 25 au 28 avril2004. L’approche visait à identifier une série de questions clés destinées à orienter le débat sur l’a-venir des institutions d’enseignement supérieur en Europe. Ce document ne prétend pas donner desréponses, mais vise à proposer un ensemble de considérations afin d’animer le débat lors de laconférence susmentionnée.QUESTIONS CLÉSL’EURAB a convenu d’adopter les questions clés suivantes comme principaux thèmes de la conférence :1. Les études universitaires de premier cycle2. Les études universitaires de deuxième et troisième cycles3. La différenciation de la mission4. Les rôles de l’université5. L’indépendance, l’autonomie et la ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

FR
L’Europe de la Connaissance 2 0 2 0 en
Vision de la recherche universitaire et de l’innovation
Palais des Congrès de Liège, Belgique 25-28 avril 2004
L’EUROPE DE LA CONNAISSANCE EN 2020 :
VISION DE LA RECHERCHE UNIVERSITAIRE ET DE L’INNOVATION
« EUROPEAN RESEARCH ADVISORY BOARD » (EURAB) GROUPE D’ÉTUDE UNIVERSITÉS
Palais des Congrès de Liège, Belgique
25-28 avril 2004
« EUROPEAN RESEARCH ADVISORY BOARD » GROUPE D’ÉTUDE (1) UNIVERSITÉS
INTRODUCTION
Le groupe d’étude Universités du Comité consultatif européen pour la recherche (EURAB) a produit le présent document en vue de préparer la conférence intitulée « L’Europe de la Connaissance 2020 : une vision pour la recherche et l’innovation universitaire », qui se tiendra à Liège du 25 au 28 avril 2004. L’approche visait à identifier une série dequestions clés destinées à orienter le débat sur l’a-venir des institutions d’enseignement supérieur en Europe. Ce document ne prétend pas donner des réponses, mais vise à proposer un ensemble de considérations afin d’animer le débat lors de la conférence susmentionnée.
QUESTIONS CLÉS
L’EURAB a convenu d’adopter les questions clés suivantes comme principaux thèmes de la conférence :
1. Les études universitaires de premier cycle 2. Les études universitaires de deuxième et troisième cycles 3. La différenciation de la mission 4. Les rôles de l’université 5. L’indépendance, l’autonomie et la gestion financières
1. Les études universitaires de premier cycle Ce sujet a été sélectionné en raison de son importance majeure pour la capacité de recherche et d’innovation future et le contexte financier dans lequel opèrent les universités.
En Europe, les universités privilégient traditionnellement l’enseignement des étudiants de pre-mier cycle. Elles contribuent principalement à l’économie de leur pays en formant des citoyens qualifiés et professionnellement capables. La nouveauté réside toutefois dans le besoin toujours croissant de notre société de former une partie plus importante de chaque génération à un niveau avancé. L’apprentissage à distance et la formation continue ne cessent de gagner en importance. L’une des principales questions est de savoir qui doit assumer le coût de l’ensei-gnement et de la formation : la société, l’individu ou les deux ? Faut-il recommander un modèle axé sur les choix/la participation financière des étudiants ? Comment réconcilier les choix des étudiants avec les besoins nationaux ?
REDEVANCES DE PRESTATION DE SERVICES Dans bon nombre de pays, l’aide d’État accordée aux universités s’accompagne de plus en plus sou-vent de conditions et de restrictions et ne peut être utilisée que dans certains cas qui font généra-lement l'objet d'un vaste audit. L’argent octroyé par l’État offre donc peu de flexibilité. Étant donné qu'au contraire des universités américaines, les universités européennes n’ont pas coutume de rece-voir des dons philanthropiques, le seul autre flux de recettes majeur se compose des droits d’inscription. L’augmentation des droits d’inscription est considérée comme un moyen de couvrir
(1) Le terme « université » tel qu’utilisé dans le cadre de ce document fait référence à l’univers des institutions d’enseigne-ment supérieur et centres de recherche associés aux universités existant actuellement en Europe.
4
l’augmentation des coûts alors que s’amenuise le financement du gouvernement. Elle est également considérée comme un moyen de rendre les universités plus autonomes financièrement, impliquant que les droits puissent générer des recettes couvrant davantage que le simple coût de l’enseigne-ment et de la formation. Un débat intense a lieu actuellement dans de nombreux pays européens entre ceux qui estiment que l’État doit payer du fait qu’il est bénéficiaire et ceux qui estiment au contraire que l’individu est le bénéficiaire et doit donc payer.
LE MODÈLE DE COÛT MIXTE PAR OPPOSITION AU MODÈLE DE RECOUVREMENT TOTAL DES COÛTS Dans la plupart des pays européens, les universités demandent des droits d’inscription plutôt modestes, voire aucun (Danemark et Suède). Par définition, ces institutions ont opté pour un modè-le de financement mixte. À l’autre extrémité, on trouve l’Irlande et le Royaume-Uni, qui demandent (1) (2) des droits d’inscription relativement élevés aux étudiants étrangers , à l’instar des États-Unis et de l’Australie. Les institutions de ces pays ont opté pour un modèle de recouvrement total des coûts pour les étudiants non européens.
LA LOGIQUE DE MARCHÉ Les droits d’inscription sont perçus comme ayant un impact positif car ce qui est proposé gratuite-ment est souvent moins apprécié. Si l’étudiant et ses parents contribuent directement à l’intégrali-té ou à une partie des coûts de l’enseignement, alors le choix de l’étudiant devient beaucoup plus plausible et acceptable. Cela permet également d’accroître la responsabilité des universités qui doi-(3) vent veiller à ce que les taux de rétention restent élevés . Le choix de l’étudiant devient alors une tendance du marché qui pourra éventuellement orienter le développement des institutions d’ensei-gnement supérieur ; et peut-être même améliorer la qualité de l’enseignement et de la formation à certains endroits. Les institutions de rang supérieur pourraient attirer plus d’étudiants que les insti-tutions de rang inférieur. Ces premières institutions peuvent donc demander des droits d’inscription plus élevés et générer des recettes plus importantes.
BESOINS DE LA SOCIÉTÉ Tandis que le choix individuel influence la formation de citoyens qualifiés et professionnellement capa-bles, l’État doit continuer à suivre les besoins de la société en termes d’enseignement et de forma-(4) tion . La société doit veiller à garantir l’accès à un enseignement et à une formation de haute qua-lité de diverses manières et pour différents groupes. Même si les droits d’inscription sont perçus comme un facteur positif, il est entendu que l’État doit créer des mécanismes en vue d’accueillir les excellents lycéens qui ne peuvent assumer le paiement des droits d’inscription.
Construire l’Europe de la Connaissance 2020 exigera des institutions d’enseignement supérieur qu’elles continuent à produire de plus en plus de ressources humaines qualifiées à l’avenir. Il est pos-sible d’influencer les choix des étudiants en fonction des besoins de la société, par exemple en utili-(5) sant des régimes de prêts pour soutenir certains cours . On remet toutefois en question le fait que les interventions de l’État en matière de gestion prévisionnelle du personnel puissent être totalement concluantes étant donné l’évolution rapide des exigences. Il est clair que les ensembles de compé-tences des étudiants influenceront le cours de leur économie nationale.
(1) Étude sur les droits d’inscription demandés aux étudiants étrangers intitulée « Studiengebühren und ausländische Studenten », Academic Cooperation Association (ACA), juin 2002. (2) À la Georgia Tech, par exemple, la part du budget provenant de l’État de Géorgie est d’environ 25 % ; le reste du budget se composant des droits d’inscription, dons, subventions, contrats et recettes. Au cours des dernières années, l’État a réduit ses contributions, ce qui a engendré une augmentation des droits d’inscription – pour les étu-diants de l’État. Il existe cependant des aides pour les bons étudiants : actuellement, les étudiants qui parviennent à conserver une moyenne B lors de l’enseignement secondaire reçoivent une bourse Hope qui couvre la totalité des droits d’inscription (et un peu plus) lorsque les étudiants entrent dans une université publique de Géorgie. Les bour-ses Hope sont financées par les recettes de la loterie. (3) Le taux de rétention constitue un critère important du classement des écoles aux États-Unis. (4) À l’heure actuelle, il existe un besoin évident et incontesté de scientifiques, mathématiciens et ingénieurs. (5) En Australie par exemple, où des droits d’inscriptions sont demandés et un régime de prêts pour étudiants a été instauré, les droits à payer pour les cours essentiels à l’économie sont subventionnés par le gouvernement et les étudiants payent donc moins. En d’autres termes, les étudiants qui étudient les arts et les lettres paient plus que les étudiants ayant opté pour l'ingénierie.
5
Comment réconcilier les besoins des sociétés et les souhaits des étudiants ? Le programme euro-péen de recherche sera motivé par les choix de ces étudiants de premier cycle. Ceci est particuliè-rement vrai dans le système européen actuel qui est rigide.
2. Les études universitaires de deuxième et troisième cycles
Les établissements d’enseignement supérieur américains sont plus attrayants que leurs homologues européens car ils sont en général plus grands, peuvent offrir un éventail de cours plus large et sont mieux financés. Il existe également un système de classement impartial et transparent permettant de classer ces établissements dans différentes disciplines. Enfin, les établissements d’élite en particulier supposent qu’il existe une diversité de bourses et postes d’étudiants chargés de travaux dirigés pour les étudiants acceptés ayant besoin d’un soutien financier. Par contraste, les établissements d’ensei-gnement supérieur sont moins courants en Europe et les programmes de doctorats sont moins structurés, si bien que l’étudiant ignore en partie dans quoi il s’engage au moment de son inscription.
Toutefois, les temps changent. Depuis cinq ans, le processus de Bologne assure la promotion d’un système de référence commun, y compris un premier diplôme de premier cycle de trois ans, une licence de deux ans suivi d’un programme de doctorat de trois ans. Outre la convergence (lente) des systèmes d’enseignement supérieur, nous avons assisté au lancement de programmes de doctorat et de licence communs proposés par plusieurs institutions européennes. La promotion d’établisse-ments d’enseignement supérieur avec des normes minimales d’admission, de supervision et d’orien-tation semble souhaitable pour la mise en place de tels cours. Cependant, la mise en œuvre de ces établissements peut s’avérer difficile dans certains pays européens. Autrement, les universités peu-vent souhaiter s’associer pour créer des programmes de doctorat communs plus intéressants, tant au niveau local qu’international.
Il est de plus en plus important de disposer d’une structure institutionnelle dans laquelle les pro-grammes interdisciplinaires peuvent être structurés pour les étudiants. Des structures similaires dans lesquelles les étudiants peuvent apprendre l’importance et les effets de la protection des droits de propriété intellectuelle et les compétences d’innovation au sein et en dehors de leur contexte aca-démique revêtent une importance croissante.
L’Europe doit s’engager dans un réel effort pour devenir aussi attrayante que les États-Unis aux yeux des étudiants étrangers. Des régimes et dispositifs spéciaux ne suffiront pas à eux seuls, il est nécessaire également d’ouvrir la totalité du financement européen aux étudiants étrangers. Nous devons passer du modèle « Nous finançons les doctorats à titre de formations pour nos ressortis-sants nationaux » au modèle « Nous finançons les doctorats qui offrent un moyen efficace de réali-ser les recherches ». En prime, nous avons une chance véritable de pouvoir garder ensuite des individus talentueux dans notre économie fondée sur les connaissances.
3. Différenciation de la mission:l’enseignement et la recherche sont-ils nécessairement liés ? Les systèmes nationaux disparates engendrent–ils des coûts ou offrent-ils un avantage ? Répondent-ils à l’objectif visé ?
Il existe des raisons valables de combiner recherche et enseignement dans l’environnement universitai-re : exposer les étudiants à la recherche dès le début de leur carrière favorise un esprit investigateur, développe les compétences analytiques et de communication, et aide les étudiants à gérer l’incertitu-de – ce sont toutes les compétences essentielles à une économie fondée sur les connaissances.
Malheureusement, les frais en augmentation constante et la concurrence rapide dans le domaine de la recherche impliquent l’impossibilité de financer une recherche de classe internationale dans tous les domaines et dans chaque université. Cela nous mène donc aux trois modèles d’universités actuels. Le premier d’entre eux est le modèle britannique, avec une recherche de classe internatio-nale concentrée dans une petit nombre de services de classe mondiale répartis dans un nombre relativement restreint d’universités. Ces groupes universitaires bénéficient dans certains domaines
6
du soutien d’instituts de recherche financés par le conseil de recherche. Vient ensuite le modèle alle-mand avec les Länder imposant le devoir de répartir les capacités de manière relativement unifor-me. La Max Planck Society offre la possibilité de mettre sur pied de vastes groupes de recherche concentrés. Enfin, le modèle français pratique une recherche concentrée dans les laboratoires du CNRS, par exemple, avec des groupes de recherche universitaires relativement faibles.
La question est de savoir si la recherche est nécessaire dans une université ou si la simple notorié-té et les bourses d’étude de la recherche actuelle sont suffisantes. Marquant une réelle rupture avec le passé, le gouvernement britannique a déclaré que la recherche n’était pas nécessaire à une formation de base efficace. Il s’agit là d’une reconnaissance explicite des réalités vécues par la majorité des universités britanniques au cours des 30 dernières années.
Dans les autres pays européens, des choix doivent encore être faits quant à savoir s'il convient d’in-vestir plus ou moins fortement dans les activités de recherche, dans quels domaines et à quels niveaux. Alors que certains caressent l’idée de déconnecter la formation de base de la recherche pour des raisons de commodité, la formation des masters, et à plus forte raison des doctorats, sans la participation active des enseignants à la recherche semble inconcevable pour de nombreuses insti-tutions. Conformément à une tendance plus largement suivie de fusion dans l’enseignement supérieur européen, la partie francophone de Belgique, par exemple, procède actuellement à la consolidation de neuf universités dans trois « académies ». On peut supposer qu’au sein de chaque « académie », tout le monde ne fera pas tout.
Comment faire en sorte que les universités contribuent plus efficacement aux stratégies et besoins locaux et régionaux ? Comment instaurer une coopération plus étroite entre les universités et les entreprises afin de garantir une meilleure diffusion et une meilleure exploitation des nouvelles connaissances dans l’économie et la société dans son ensemble ? Ce serait une grossière erreur de penser qu’il s’agit là d’une tâche facile et peu onéreuse. Cette tâche requiert en effet de la patience, la formation du personnel et l’engagement des institutions.
Dans ce contexte, il apparaît important que le succès puisse être défini en répondant aux stratégies et besoins régionaux, ainsi qu’en assurant une compétitivité mondiale lorsque les avantages de marché (y compris les « spin-offs » et partenaires industriels) se trouvent à l’autre bout du monde.
La différenciation de la mission est un fait objectif dans de nombreux pays européens. Il existe des universités clairement compétitives à l’échelle mondiale. De même, il existe des universités claire-ment régionales et un attrait évident des grandes universités métropolitaines pour le personnel plus compétitif. Dans la plupart des domaines scientifiques, la mise à disposition des infrastructures scientifiques est très inégale. De telles pressions et inégalités réclament à grands cris un modèle de finance et de gestion explicite pour gérer ces tensions. Aux États-Unis, les systèmes d’État for-tement structurés sont souvent cités comme des modèles potentiels. Il existe des exemples structurés en Europe, par exemple les universités finlandaises selon le système de Lake.
L’EXCELLENCE EN MATIÈRE DE RECHERCHE Comment faire en sorte que l’Europe consacre suffisamment de ressources à l’excellence et crée les conditions permettant aux universités d’atteindre et de développer l’excellence ? La question est de savoir si les universités nationales en Europe peuvent accéder à des fonds de recherche à un niveau qui leur permet de concurrencer les principales universités américaines. L’échelle continentale des fonds mis à la disposition du NIH, du DOE ou de la NSF permet de réaliser des initiatives qui vont bien au delà des rêves de la plupart des universités européennes. Une telle envergure et une telle influence constituent généralement une condition préalable pour attirer les sociétés internationales dans un département universitaire. L’un des objectifs potentiels du conseil européen envisagé dans le domaine de la recherche est d’y parvenir.
Dans ce contexte, l’augmentation des ressources totales constitue une question importante. L’objectif de 3 % de Lisbonne s’applique. Il est question de créer un Conseil européen de la recherche qui -pourrait contribuer à accroître la compétitivité et promouvoir l’excellence au niveau du continent.
Alors qu’il apparaît souhaitable de disposer d’un organisme central européen pour financer la recher-
7
che, certains déclarent que les institutions européennes doivent également travailler à la diversification des revenus provenant d’autres sources. On peut citer en exemple le Department of Defence des États-Unis qui constitue un organisme de financement majeur pour la recherche fondamentale.
Beaucoup estiment que les nouveaux secteurs en pleine croissance tels que les services financiers ont une culture médiocre de la recherche explicite. Le défi posé au système universitaire est de savoir com-ment réagir rapidement face à de telles opportunités. Cela reflète la difficulté de réagir aux nouveaux paradigmes de la recherche tels que la constitution d’équipes véritablement interdisciplinaires au sein d’un système universitaire axé sur le service d’enseignement.
4. Les nouveaux rôles du système universitaire.
L’enseignement et la recherche sont perçus comme des activités centrales des institutions d’enseigne-ment supérieur. Une troisième dimension fait son entrée, à savoir le rôle potentiel des universités en matière d’innovation. Le concept en lui-même n’est pas véritablement nouveau ; la recherche universi-taire a contribué aux progrès industriels par le passé ; l’ascension du secteur chimique à la fin du XIXe siècle n’est qu'un exemple parmi d’autres de la manière dont les universités ont influencé la croissance industrielle. Cependant, la révolution de la connaissance s’est entre-temps pleinement déployée et l’in-novation axée sur la recherche est devenue un facteur de plus en plus important de la société dans son ensemble.
En générant de nouvelles technologie et idées, les universités jouent dans une large mesure le rôle de moteur de la nouvelle économie. Parmi les exemples récents figure notamment la science à la base du développement du secteur biotechnologique et d’une grande partie du secteur des technologies de l’in-formation. Les universités offrent également à l’industrie un accès aux connaissances et technologies mondiales et contribuent au lancement de sociétés « spin-off » locales.
Potentiellement, le rôle de l’université en matière d’innovation englobe toutefois bien plus que la simple innovation industrielle ou le soutien de la croissance économique. Les universités contribuent à l'inno-vation de la société de manière plus générale. Elles prodiguent des conseils externes solides aux gou-vernement et parlements. Les universités offrent également une toute nouvelle dimension à l’apprentis-sage tout au long de la vie en offrant une formation continue pour les différents besoins au moyen de méthodes d’enseignement novatrices centrées sur l’apprenant. Les technologies capacitantes, telles que la formation à distance et les plates-formes d’apprentissage électronique, apportent une valeur ajoutée concrète à nos vies.
L’attrait des universités réside dans le soutien politique qu’engendrent de tels efforts et l’attente de revenus supplémentaires. Ces derniers semblent véritablement difficiles à atteindre. Les États-Unis par exemple appliquent les règles empiriques suivantes : une invention pour 2 millions de dollars de finan-cement et une création d’entreprises innovantes pour 50-90 millions de dollars de financement. Le revenu moyen pour chaque opération réalisée avec les sociétés est inférieur à $100 K. La grande majo-rité des bureaux de transfert technologique des universités américaines perdent de l’argent. Il existe donc un conflit réel entre les universités et la société qui s’empare de la valeur ajoutée de leurs résul-tats et les coûts que cela implique.
Il existe un risque réel qu’un système lourd et complexe de saisie de la valeur engendre des inefficaci-tés grotesques dans la manière dont elles mènent à bien leurs missions principales. Le défi pour chaque institution consiste à trouver le rôle qu’elle estime adaptée pour jouer le rôle d’innovateur dans notre société.
Il existe donc dans ce domaine un risque réel de méprise. À un niveau, les idées du personnel universi-taire ont engendré et continuent d’engendrer des révolutions industrielles imprévisibles. Mais au jour le jour, l’ajout aux tâches universitaires des exigences concernant la protection des droits de propriété intellectuelle, la formation des étudiants à l’entreprenariat, la création d’entreprises innovantes, la ges-tion du capital-risque, la prise d’engagements avec l'industrie locale, etc. ne peut s’effectuer sans financement supplémentaire. De même, il existe un risque évident que la mise en place de vastes
8
bureaucraties dans les universités pour traiter de ces questions détruise les valeurs. Il existe un besoin urgent d’échanger les meilleures pratiques et de communiquer les attentes réalistes dans ce domaine.
5. L’indépendance, l’autonomie et la gestion financières - L’argent non gouver-nemental est-il la clé d’une véritable autonomie ?
Les universités sont des entreprises majeures qui jouent un rôle clé dans l'économie fondée sur les connais-sances. Il est donc important qu’elles soient aptes à assumer leur propre gestion de manière dynamique. Après tout, la concurrence ne cesse de croître dans les domaines de l’enseignement et de la recherche.
Plus les universités gagnent en autonomie, plus elles ont besoin d’avoir des objectifs de haut niveau expli-cites, déterminés conjointement avec leurs différentes parties prenantes. Dans de nombreux pays, il exis-te une dissonance totale entre la manière dont les universités sont perçues de l’extérieur (contrôle de ges-tion médiocre, irresponsable, inefficace, etc.) et la manière dont elles se considèrent (excellente optimisa-tion des ressources, responsables, structures collégiales solides assurant une gouvernance efficace, etc.). C’est un cliché de dire que la liberté académique est un privilège qui implique, par conséquent, certaines responsabilités. Les universités doivent être administrées selon des directives plus commerciales et béné-ficier d’une meilleure gestion. Le défi consiste à concilier cela avec les exigences de chaque enseignant.
L’une des principales questions pour les universités est donc de posséder des informations précises sur les coûts de toutes ces missions de façon à pouvoir prendre des décisions rationnelles concernant le finan-cement relatif. Nous estimons que la Commission pourrait rendre un service très utile en finançant de manière explicite l’intégralité des coûts de recherche lorsqu’une université est en mesure de présenter ses coûts de la manière déterminée et conformément à l’audit. Une telle transparence sera plus cruciale enco-re lorsque les missions universitaires deviendront plus complexes et essentielles à l’économie. Cette transparence constitue un outil de gestion indispensable pour les universités. La pratique des subventions croisées et coûts inconnus est extrêmement préjudiciable.
Dans l’élaboration des missions universitaires par les gouvernements ou l’industrie, il convient de mettre en place une culture évidente de paiement explicite des résultats. Si la recherche offre de grands avantages aux PME ou à d’autres secteurs, et si cette recherche est reconnue comme un besoin national ou européen, alors le soutien de la part des bénéficiaires, de même que le financement explicite du gouvernement, doivent être pris en considération.
Pour financer toutes les activités d’une université, un objectif essentiel consiste à fournir des revenus suf-fisants pour permettre à l’université d’agir et de saisir les opportunités. Comme on pouvait s’y attendre, les institutions européennes présentent certaines variations dans leur niveau de dépendance financière par rapport aux revenus des fonds publics. Alors que de nombreuses universités européennes luttent pour sur-vivre étant donné la restriction des fonds publics, certaines institutions ont jugé opportun de s’engager dans des activités lucratives. Les dotations et les droits d’inscription de plus en plus élevés sont perçus comme des flux de revenus importants permettant d’atteindre une certaine rentabilité et une indépendan-ce durable par rapport au contrôle gouvernemental.
En tant qu’acteurs importants de l’économie fondée sur les connaissances, il est nécessaire pour les uni-versités de disposer d’une autonomie financière et de gestion pour pouvoir agir et saisir les opportunités. Cela implique pour les universités de disposer de systèmes de gestion intégrés permettant d’agir et d’a-gir rapidement.
Cette exigence entre souvent en conflit avec les systèmes démocratiques des facultés traditionnelles ou le contrôle serré des gouvernements. Presque toutes les universités européennes sont gérées par l’État et, par conséquent, la plupart du temps par des fonctionnaires. Il convient donc d’instaurer un nouveau système de gestion distinct, mais autonome de la fonction publique. Le système de gouvernance actuel de nombreuses institutions a été décrit comme une « collégialité pervertie ». À l’extrême, les différentes facultés interprètent la collégialité et la gouvernance par le consensus comme une unanimité.
9
FONDS PROPRES Tant que les universités ne disposeront pas de dotations, il sera difficile pour elles de gérer les affaires financières. Le revenu provenant des fonds propres permet d’accroître la marge de manœuvre. Dans le même temps, une plus grande indépendance financière déclenche un processus d’apprentissage qui aidera les universités à maîtriser leur avenir. Il est clair également que les universités ont beaucoup plus de mal à générer des fonds propres en cas d’engagement trop important du gouvernement. Si vous payez pour les universités par le biais des impôts, qui paiera de nouveau au moyen de dotations ?
DROITS DINSCRIPTION Le revenu provenant directement des étudiants bénéficiant de l’enseignement assurera une certaine indépendance financière aux universités. Étant donné le souhait des gouvernements d’accroître la pro-portion de la population ayant reçu une formation universitaire, et l’avantage financier évident pour les diplômés, il existe une pression toujours croissante pour que les étudiants assurent directement le coût de leur éducation. Ce paiement permettra aux étudiants d’accroître leur capacité à évoluer en dehors des systèmes nationaux. Pour ce faire, les universités devront connaître leurs coûts et commercialiser efficacement leur enseignement.
Les initiatives de marketing de l’enseignement supérieur se sont propagées dans de nombreux pays européens recrutant des étudiants étrangers d’autres marchés mondiaux. Les universités européennes mettent tout en œuvre pour recruter des étudiants nationaux et, en particulier, des étudiants étrangers dans leurs institutions. Généralement, les frais de scolarité des étudiants étrangers sont considérable-ment plus élevés que ceux des étudiants nationaux. Toutefois, la nature ouverte du système de finance-ment américain constitue une part essentielle de son attrait pour les étudiants les plus brillants au monde. Les organismes de financement prennent en charge l'intégralité des coûts ; il est donc inutile de négocier ou de dissimuler des subventions croisées.
ATTRACTIVITÉ Qu’est-ce qui empêche les universités européennes d’engager le meilleur personnel et d’attirer les meilleurs étudiants du monde entier ?
Dans un monde en proie à une concurrence croissante, l’attractivité des universités européennes pour les étudiants étrangers est déterminée par la notoriété de leur personnel et la flexibilité de leurs appro-ches. Cette attractivité correspond à une mesure de l’efficacité du système européen, une méthode per-mettant de générer des revenus et un moyen d’influencer à long terme les personnes instruites dans les autres pays. Il s’agit par conséquent d’une mesure extrêmement importante des performances.
En vue d’améliorer l’attractivité des institutions européennes, il convient d’entreprendre tous les efforts possibles pour encourager la mobilité. La transférabilité des bourses et des prêts est considérée comme une question importante, tout comme la transférabilité des droits sociaux, y compris les pro-grammes de santé et de retraite. Les salaires compétitifs sont également perçus comme un moyen d'inciter les personnes à choisir une institution européenne pour leur travail, de même que les conditions-cadres dynamiques au niveau du service.
De manière générale, les meilleurs étudiants recherchent un ensemble de conditions favorables que devront mettre à leurs disposition les universités européennes.
Brigitte Hasewend Rapporteuse du groupe d’étude Contact : téléphone : (+32-2) 2984345, Brigitte.Hasewend@cec.eu.int
10
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents